Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Chapitre 13


***Johan***

Je marchai derrière cette femme si sûre d'elle. Je pouvais l'avouer, elle me faisait un peu peur. Elle semblait sans pitié, et très détestable. Pourtant, elle avait quelque chose qui me permettait de me dire que je pouvais lui faire confiance. Les gens comme elle avaient souvent eu des problèmes dans leur vie et c'était cela qui forgeait leur caractère. La capitaine De Nîmes avait dû être maltraitée pour avoir acquis un tempérament comme celui qu'elle a. 

J'entrai dans sa cabine, qui n'était absolument pas décorée, à ma grande surprise. Je pensais qu'elle allait mettre quelques photos ou objets personnels, mais non. Rien. A part le sabre dont elle s'était servie pour menacer le lieutenant. 

— Tu te demandes pourquoi je n'ai rien touché dans cette pièce ? m'interrompit-elle dans mes pensées.

J'acquiesçai doucement, curieux de savoir son passé. Elle sourit tristement.

— Je n'ai personne qui m'attend sur terre, dit-elle, en se détournant de moi. Je n'ai plus de famille, plus d'amis, plus rien ni personne. Je suis seule. Je ne veux plus me souvenir du passé. Rien ne doit me relier à lui. 

— Vous voulez être libre.

Elle se retourna vers moi, surprise de ma compréhension.

— C'est tout à fait ça, confirma-t-elle.

Je lui souris, essayant de paraître rassurant. Puis, je me rappelai que je ne la voyais pas beaucoup, sous son tricorne. En effet, son chapeau était enfoncé jusque sous ses yeux et on ne voyait rien du reste de son visage. Elle paraissait se cacher. Alors, oubliant toute retenue, je demandai :

— Excusez-moi pour la question que je vais vous poser, mais quel âge avez-vous ?

— A toi de me le dire, répondit-elle.

Et la capitaine enleva son chapeau. Je fus stupéfait. 

— Vous... Vous... avez moins de vingt ans ! m'exclamai-je.

— Effectivement. Je compte à ce jour dix-huit ans.

— Mais... C'est impossible ! Comment avez-vous fait pour vous procurez un bateau ?!

La jeune fille me foudroya du regard.

— Je pensais que tu te fichais de ma qualité de femme ! grogna-t-elle. Finalement, tu ne vaux pas mieux que les autres !

Comprenant que j'avais fait une erreur, je m'excusai rapidement.

— C'est un malentendu, capitaine, je ne parlais pas de ça. Je voulais seulement savoir comment avez-vous eu ce bateau, vous n'étiez même pas majeure !

— Tu veux que je te raconte ?

— Avec joie ! dis-je.

La femme s'installa sur une chaise et prit un bouteille de vin. Je fus pris d'horreur en la voyant boire au goulot. Quand elle reposa la bouteille, elle éclata de rire à ma tête qui devait être dégoûtée.

— Toi, je parie que tu es aussi jeune que moi ! fit-elle.

— Oui et non, j'ai vingt-deux ans. Mais je ne bois toujours pas, je ne comprends donc pas pourquoi vous buvez, vous.

Et elle rit encore, avant de se rembrunir.

— Je comprends ta réticence, commença la capitaine. La boisson, c'est mauvais. Moi-même, je n'aime pas ça. Oui, c'est surprenant, mais l'alcool n'est pas bon. Souvent, si les gens boivent beaucoup, c'est pour oublier leurs problèmes. Tout semble aller mieux, dès que l'on commence à boire. 

— Et vous, est-ce aussi pour cette raison que vous avez...

— Oui, dit-elle simplement.

J'avais encore envie d'en savoir plus, je voulais connaître cette fille si forte. Elle m'intriguait. Mais, même si je savais que j'aurais dû rester à ma place, je l'interrogeai :

— Pourquoi ? Pourquoi buvez-vous, capitaine ?

— Appelle-moi Henriette, s'il te plaît.

Je fus encore plus surpris qu'elle m'autorise à la tutoyer ; je pensais qu'elle allait me gronder, mais, au contraire, je sentais qu'elle avait besoin de parler.

— Avec plaisir, Henriette.

Elle soupira, tout en jouant avec son tricorne.

— Ma mère ne m'a jamais aimée. Je ne pouvais que lui rendre la pareille. Nous nous sommes détestées dès le jour de ma naissance. J'avais poussé un cri pour je ne sais quelle raison - peut-être parce que j'étais horrifiée de sa laideur - et ma mère m'avait grondée parce qu'une demoiselle de qualité ne crie pas. 

— Elle était odieuse ! m'exclamai-je, mortifié.

— Je ne veux lui relier aucun défaut, ni compliment. Pour moi, elle n'est rien. Et je ne suis rien pour elle. Tant mieux. Loïc, un ancien ami, m'aimait passionnément.

Sentant qu'on abordait un sujet délicat, je ne la brusquai pas avec des questions impertinentes. Mais Henriette continua.

— Il m'a tout avoué il y a deux jours. Lui que je considérais comme un grand frère, il m'aimait ! Lui qui était mon meilleur ami, il m'aimait ! Moi qui voulait partir, lui voulait le mariage ! 

— Si loin ?! m'étonnai-je.

Elle hocha la tête.

— Il voulait que l'on se marie, qu'on vive ensemble. Mais, la seule chose qui m'avait permis de rester en vie, d'avoir un objectif dans mon avenir morne, c'était la mer. J'en avais toujours rêvé. Je voulais naviguer sur ses flots, la sentir, la toucher, voyager avec elle... Et Loïc voulait m'imposer le mariage ! Alors que nous rêvions tous les deux de la mer !

— Qu'est-ce qui vous empêchait de dire oui ? l'interrogeai-je.

Elle but une autre gorgée de vin. Je me retins de lui arracher la bouteille des mains, puis je me souvins qu'elle voulait oublier sa vie passée.

— Je ne pouvais pas faire plaisir à ma mère. Pas maintenant, après tant d'années à se disputer toutes les deux. Si j'avais eu des enfants, elle les aurait pris en charge et en aurait fait des moines ou des Marie-clapettes. En aucun cas je ne souhaite en avoir. Ensuite, je ne pouvais pas vivre sur terre alors que j'étais si près d'avoir réussi mon but ultime : être capitaine et naviguer. Impossible. Et puis... je n'aimais pas Loïc comme il m'aimait. 

— En effet, ce sont de bonnes raisons de refuser, admis-je. Mais comment avez-vous eu ce bateau ?

Henriette me regarda, l'air suspicieux.

— Le capitaine Hérault était originaire de Saint-Malo, et c'était un vieil ami. Il m'a financé la Diligente, mais il est mort avant que j'aie pu rembourser ma dette. 

— Dieu ait son âme !

Un silence s'installa entre nous deux. Elle semblait perdue dans ses pensées, certainement à ressasser des souvenirs douloureux, car elle buvait presque toutes les secondes. 

Moi, je réfléchissais à ce que j'aurais pu devenir, si j'avais été Henriette. Je n'avais pas son courage et son impétuosité, elle m'était largement supérieure. Mais, peut-être n'aurais-je pas choisi la mer. Un parti qui s'offre à vous, qui vous aime, qui peut vous assurer une belle vie, ça ne court pas les rues ! Mais Henriette rêvait de la liberté, chose qu'elle n'avait pas eue, qu'on lui avait refusée. Même l'amour lui était inconnu. Elle ne savait pas ce que cela entraînait. 

— Johan ?

— Oui ?

— J'aimerais que tu m'apprennes à jouer de l'épée.

— Vous ne le savez point ? m'exclamai-je.

— Non, fit-elle, honteuse. Je n'avais pas d'entraîneur, ni de lame pour me satisfaire. Acceptez-vous ?

— Mais... Pour l'équipage ? Ne va-t-il pas jaser ?

— Qu'ils osent, je leur botterai le derrière !

Je souris devant tant de naïveté et hochai la tête pour accepter cet engagement. J'avais découvert sous un autre jour notre capitaine, elle m'avait fait confiance. Je sus que nous nous entendrions bien.

— Oh, j'avais oublié la raison de ta venue dans ma cabine, se rappela-t-elle. Je te nomme second, comme je te l'avais promis. 

Je m'étranglai de surprise.

— Second ?! 

— Oui, ça ne te plaît pas ? rétorqua Henriette, en fronçant les sourcils.

— Si, si ! Mais Ronald ?

— Il est mousse, tu l'as bien vu ! Bon, demain, nous contrôlerons les cartes et l'équipage. Sois au rendez-vous !

Je pris ça comme un "Tu peux disposer". Je m'apprêtai à sortir quand je me souvins de quelque chose à ajouter :

— Merci de la confiance que tu me portes, Henriette. Je te promets que je ne faiblirais pas, dis-je.

Elle sourit légèrement. J'allai fermer la porte sur moi quand elle m'arrêta, ne laissant qu'entrevoir son visage.

— Johan...

— Oui ?

— S'il te plaît, ne finis pas comme Loïc...

Ne comprenant pas l'allusion, je fis semblant de l'avoir saisie.

— Je vous les promets.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro