Santé !
Le problème lorsqu'on a une tête de premier de la classe, comme Jin, et qu'on ne sait pas dire non, c'est qu'on se retrouve aisément pris au piège dans une situation inconfortable. Le vieux bonhomme, finalement très heureux d'avoir de la compagnie, voulut lui faire faire le tour du propriétaire.
— Et pour l'essence, vous pourrez nous dépanner ? tentait timidement, de temps à autre, Jin, slalomant entre les machines agricoles.
— Oui, oui, attends gamin, regarde cette merveille ! poursuivait l'agriculteur.
Yoongi observait les cinq autres suivre chacun à leur manière : Hoseok, déjà profondément exaspéré, soufflait en se demandant à haute voix si ce calvaire n'allait pas bientôt finir. Namjoon tentait désespérément de le calmer en lui montrant le bon côté des choses. Bon côté qu'il peinait lui-même à trouver. Jungkook était resté collé au quad et tournait autour comme un gamin qui n'attendait qu'un petit signe d'approbation pour sauter sur l'engin. Alors que Taehyung, lui, espérait que tout le monde soit hors de vue rapidement pour sauter sur un autre engin.
Et, loin derrière tous, il y avait Jimin accroché à sa main. Ils marchaient, regardant leurs pieds, concentrés sur une conversation que seuls eux pouvaient entendre. Yoongi relevait parfois la tête et montrait un visage désolé.
— Tu es certain ?
— Certain.
— Il ne revient pas pour te récupérer ?
— Minie, non.
— Alors quoi ? Et toi ?
— Moi ?
— Toi, répéta Jimin l'air féroce.
— Moi, je ne vois plus que toi.
— Ton ex, là, tout droit sorti des magazines, on le refourgue à sa copine et on se carapate vite fait bien fait ! Et t'as intérêt à te faire pardonner ensuite. J'ai bien mon idée... ajouta-t-il en pinçant le derrière de Yoongi.
— Hé ! Qu'est-ce que vous avez tous avec mon postérieur ?
— Postérieur ? explosa de rire Jimin. Puis, aussi vite qu'il avait ri, il s'assombrit. Comment ça, tous ?
Pour son plus grand soulagement, Yoongi fut interrompu par son téléphone qui se mit à clignoter comme un phare sur la côte de Busan.
De « L'autre » 🐿️ : Putain, Yoongi, fais quelque chose ! Le vieux croûton nous montre son alambic, maintenant ! 💀💀💀
De « My best best best brother » : Alambic ? Attends, j'arrive !
De « L'autre » 🐿️ : Merde, Yoongi ! PAS TOI !
C'était peine perdue. Jimin et Yoongi avaient rappliqué plus vite que l'éclair. Enfin quelque chose qui les intéressait dans cette ferme !
Ils passèrent devant le couple de supers stars qui, tout compte fait, n'avait pas su patienter et se lessivait le visage, à cheval sur le quad.
— Hé ! Vous ne voulez pas aller vous user la langue dans la voiture, plutôt ? avait lâché Jimin, narquois mais avec un brin d'envie.
Taehyung ne prit pas la peine de reprendre son souffle pour lui répondre et le gratifia d'un magnifique doigt d'honneur.
— Je rêve ou t'es rouge comme une pivoine ? demanda Jimin.
— Arrête ! Laisse-moi... marmonna Yoongi, pressant le pas pour rejoindre le reste de la troupe.
— Allez, on fait pire, toi et moi !
— Arrête, j'te dis... supplia Yoongi rougissime.
Jimin le rattrapa, se pendit à son bras et lui susurra à l'oreille :
— Minou, dès que j'en ai l'occasion, je t'embrasse autrement que ces deux collégiens timides et je rends hommage à ton divin... comment tu dis, déjà ? Ah oui, postérieur !
La vue de l'alambic et le bruit des verres qui se remplissaient et s'entrechoquaient fut un véritable soulagement pour Yoongi. Il se figurait déjà entraîner son amoureux dans la grange, de l'autre côté de la cour boueuse, pour lui montrer lequel des deux rougirait le plus fort et supplierait qu'on célèbre sa lune bien rebondie s'il venait à perdre son self-control.
Jin regarda bientôt, accablé, l'ensemble des occupants de la voiture s'extasier et réclamer un autre verre. Encore et encore. La matin était bien là et il redoutait de devoir rester indéfiniment à faire des politesses à ce petit monsieur ressemblant à Mario ! Ou peut-être Luigi... L'agriculteur se réjouissait de la bonne compagnie et semblait avoir oublié pourquoi ces jeunes gens se trouvaient là.
— Monsieur, s'il vous plaît, est-ce que ce serait possible de nous donner un peu d'essence ? Je peux vous dédommager.
— Haaaaaaaaa... pardon, gamin ! Oui, oui !
Et le vieux tituba en traversant la cour, disparut sous l'œil inquiet de Jin, avant de reparaître, triomphant, un jerrican à bout de bras.
— En voituuuuuuuuuuureeeee, belle troupe !
Jungkook peina à ouvrir la trappe du réservoir et sa propre maladresse le faisait tant rire qu'il en tombait à genoux.
— Meowmeow, je crois qu'on est tous bourrés comme des coings ! s'esclaffa Hoseok en tapant sur l'épaule de son meilleur ami.
— Je dirais même mieux, surenchérit Yoongi le doigt en l'air, le front contre celui du grand blond platine, on est murgés comme des gorets, on s'est napalmé la glotte, on est chauds comme des marrons !
Jimin avait fini sur le dos de Namjoon, et Taehyung les suppliait :
— Allez, à mon tour, maintenant....... Descends Jiminiiieeeee... faisait-il en tirant sur le jean de la petite chose comateuse sur le dos de son meilleur pote.
Jin comprit vite qu'il allait devoir conduire lui-même. Mais le plus difficile serait peut-être de parvenir à tous les faire monter dans le van.
Namjoon déposa Jimin, avec une délicatesse maladroite, sur le premier siège de la rangée du milieu qui était à sa portée, avant de s'asseoir près de Hoseok à l'arrière. Les deux super stars étaient comme engluées et refusaient de s'asseoir loin l'une de l'autre et s'engouffrèrent aux côtés du petit blond comateux.
— Me voilà entre deux créatures de rêve ! conclut Taehyung en claquant ses paumes sur les cuisses de ses voisins qui réagirent à peine.
Il ne restait à Yoongi que le siège avant passager ! Et cela ne lui disait rien qui vaille : il avait encore une confiance toute relative envers l'acteur. Il l'imaginait parfaitement s'enfuir avec certes son nouveau doudou, Jungkook, car lui était à présent une victime consentante voire demandeuse, mais aussi son petit trésor découvert à Noël. Des images lui venaient. Il aurait fallu écrire pour s'en libérer, même avec l'énorme nausée qui commençait à l'envahir. Le second souci était d'un autre calibre. Il devait s'asseoir près de son ex, peut-être faudrait-il lui parler pour ne pas qu'il s'endorme au volant (c'est ainsi qu'ils faisaient avant, avant que tout ne tourne mal). Yoongi trainait des pieds pour s'installer et Jin l'observait d'un air dépité. Lui non plus semblait ne pas trop savoir quoi penser de cette situation.
Le clac de sa ceinture de sécurité venait tout juste de retentir que Jimin bondit hors du véhicule pour ouvrir la portière de son « amoureux » à la volée. Tout le véhicule, du moteur à la plage arrière, sans compter les passagers, fit un bond de surprise.
— Jamais de la vie, je te laisse à côté de lui pour plusieurs heures !
— Je te croyais HS, pleurait de rire Namjoon depuis l'arrière entraînant Hoseok dans sa bonne humeur. Monsieur Park Jimin ressort les crocs...
Jimin, les yeux effectivement explosés, trouva la force de lui tirer la langue et d'extraire un Yoongi qui fondait de l'intérieur devant cette manifestation brutale de tendresse. Le petit blond s'installa, déterminé, claqua sa portière et mit sa ceinture.
— Je t'ai à l'œil ! fit-il, mauvais, à Jin qui se décomposa.
La neige recommençait à tomber mais Yoongi restait là, droit comme un piquet, de l'autre côté de la portière, à assister à la scène, le visage inexpressif et l'œil morne.
— Putain, je suis amoureux !
Jin descendit la vitre.
— Tu montes ? lui demanda-t-il d'un air triste, se penchant devant Jimin à deux doigts de lui écrabouiller sa face de mannequin à l'aide d'une seule de ses mains.
— Je m'en grille une, avant.
— Mais on avait arrêté...
Yoongi pensa : « Il n'y a plus de « on » ».
Yoongi sourit.
Yoongi se sentit léger et heureux, pour la première fois depuis très longtemps.
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