[15/06/2022]
Cette nuit, je n’ai pas pu dormir, l’esprit encombré d’idées parasites, de questionnements sans certitude. Le cœur battant, les poings serrés, les yeux fixés vers l’obscurité, j’ai régulé la crise d’angoisse qui arrivait. Une curiosité nostalgique et amère l'a remplacée.
Sous une structure de la charpente, dans une boîte ignorée, j’ai redécouvert des choses que je me suis obstiné à oublier. Ton ancienne adresse, passée outre lors de mon étourderie géographique en avril dernier, ton ancien numéro, que tu possèdes peut-être encore, des écrits, des images...
Ma cervelle avait conservé le souvenir des traits harmonieux de ton visage. Nos « je t’aimerai toute ma vie », tes « pour toujours », les « à jamais », ma mémoire ne les avait pas inventés. J’ai retrouvé leurs traces écrites. Pourtant mon souvenir avait effacé ta calligraphie, bien moins jolie que ton visage. Pourtant, le feu avait mangé certaines de tes lettres et photos… Dans cette boîte, il en restait tant d'autres. Les fantômes de ces mots prononcés m’avaient poursuivi si longtemps… J'en étais parvenu à me demander s'ils avaient un jour existé. Des dates, inscrites de nos deux écritures, soutenaient ma réalité qui avait fluctué.
Ni nostalgique, ni amer, assis dans la nuit que remplaçaient peu à peu les piaillements d'oiseaux matinaux, j’ai souri à nos mièvreries échangées à l’époque, à nos photos du passé. L’année dernière encore, je ne m'en serais pas cru capable. Ces dates, cette encre sur ces papiers, m'ont rappelé que neuf mois après notre séparation, tu m’avais envoyé une carte. Elle racontait ton installation dans un pays étranger pour ton dernier stage. Je ne me souvenais pas à quel point tes mots sonnaient si différemment de l’année précédente. J’avais oublié que le « je t’embrasse » avant ta signature était la même phrase, et si différente, des années précédentes. Ces mots auraient dû piquer. Cette nuit, ma plaie, maintenue à vif si longtemps, n’était plus accessible à ton spectre. J’ai encore du mal à mettre un mot sur mes sensations. Je pense que « surprise » serait le plus adapté. Je suis étonné de ne plus souffrir face à ces vieilleries.
Du 26 décembre 2003 jusqu’à une nuit de novembre presque quatre ans plus tard : d’épuisantes montagnes russes. Écœurement causé par les hauts vertigineux et par les bas incessants, qui ont perduré trop longtemps après la fin du manège, fantastique et ridicule, avec toi. Étonnement qu'il ait cessé enfin, sans même que je ne m'en aperçoive.
J'ai retrouvé ce que j'ai griffonné, une autre nuit, il y a près de quinze ans : « Je vais seulement enfermer mes souvenirs de toi dans une boîte, avec mon amour, mes espoirs, mes regrets, ma tristesse et ma joie. (… ) Peut-être ouvrirai-je « ta » boîte dans quelques années, quelques décennies, voire jamais. Je veux être aimé et aimer à nouveau – et continuer à te voir m'en empêche. Alors adieu. »
Je ne sais plus si je t'ai envoyé ces mots. Je ne sais pas si, un jour, je t’enverrai ceux-ci. Peu importe. Je referme ta boîte. Je la rouvrirai peut-être plus tard, peut-être pas. Le plus important : j'ai admis que tu as existé dans ma vie et qu'il n'est plus nécessaire de m'obstiner à t’oublier. Au revoir.
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