4 : Un sauvetage spectaculaire
Cinq jours étaient déjà passés, et Paris semblait enfin respirer, depuis cette période. Il n'y avait plus eu de combats depuis le début de la semaine, et les habitants de la capitale se laissaient croire que peut-être le nouveau costume de Chat Noir ne signifiait rien au fond, qu'il s'agissait d'une décision du héros, et pas d'un plan du Papillon pour se mettre le félin dans sa poche.
Adrien n'était pas gêné par les rumeurs qui enflaient autour de Chat Blanc, restant un peu en retrait pour le moment, patrouillant le soir dans son costume immaculé en attendant Ladybug pour lui donner un avis sur ce qu'il avait vu au cours de sa ronde. Cela concernait autant les enfants imprudents en bord de route, que les petits cambrioleurs de quartier ou les touristes qui les prenaient en photo en le voyant.
Sa Lady n'était pas enjouée de le voir, mais elle commençait à se détendre, ne craignant plus qu'il ne lui vole ses boucles d'oreilles si elle baissait sa garde. Elle restait tout de même à distance, sans doute par acquis de conscience, mais il était hors de question de trop l'approcher et de lui donner raison.
Chat Blanc était surtout soulagé que le Papillon tienne bel et bien sa promesse, de le désakumatiser lorsque le héros le lui demandait, sans chercher à fouiller son esprit pour connaître sa véritable identité. L'entrain de l'homme était comme apaisé, et leur accord semblait avoir pris un bon départ, au vu de la situation initiale. Leur alliance n'était pas prête d'échouer.
La seule chose qui tracassait véritablement Adrien, c'était le silence de Plagg.
Le petit kwami noir n'était plus ressorti de son miraculous depuis le début de toute cette affaire, comme s'il n'avait jamais existé. Est-ce que l'akuma le tenait au silence, ou bien se taisait-il de son propre chef ?
L'adolescent ne le savait pas, et la solitude engendrée par ce silence recommençait à devenir pesant. En l'absence de danger dans Paris, il passait plus de temps seul, sans la compagnie de son camarade kwami ou de sa tendre coccinelle. En l'attente de quelque chose, sans savoir quoi.
On toqua à la porte de sa chambre, et l'adolescent se tourna pour voir Nathalie, toujours aussi tirée à quatre épingles, qui venait simplement lui annoncer que le dîner était déjà servi.
– Père a-t-il déjà mangé ? demanda-t-il.
– Pas encore, mais il prendra le repas plus tard, il est occupé avec l'une de ses créations.
Le soupir léger du garçon ne trompa pas son interlocutrice, mais elle fit comme si elle ne l'avait pas entendue. De toute façon, Adrien ne souhaitait pas l'ennuyer, alors qu'elle était si dévouée à son père et à s'occuper de lui.
Cela résumait un peu sa vie. Il obéissait gentiment, en essayant de ne gêner personne (à part le Papillon, mais même à présent, il ne se mettait pas vraiment en travers de sa route).
Le repas était délicieux, même si l'adolescent trouvait qu'il manquait de saveur. Il tourna la tête vers Nathalie qui organisait des fichiers sur sa tablette et envoyait quelques mails, et elle dut sentir son regard attentif sur elle.
– Vous avez besoin de quelque chose Adrien ?
– Non Nathalie, je me demandais si vous aviez déjà dîné, avoua-t-il avec un sourire un peu gêné.
– Je prends mes repas un peu plus tard, ce n'est pas une heure où j'ai déjà de l'appétit.
Juste avec cette réponse, Adrien s'attendit à ce qu'elle reprenne son travail, mais la secrétaire de son père reposa sa tablette sur la table, le scrutant en silence.
– Adrien, est-ce que tout va bien à l'école ? Vous paraissez plus soucieux, depuis quelques jours...
– Ce n'est rien, voulu rassurer l'adolescent en décidant de mentir, quelques contrôles à venir mais ils devraient bien se passer.
– Très bien. Mais si jamais vous voulez me confier quoi que ce soit, sachez que vous le pouvez, et à moins que vous soyez en danger, je n'en n'avertirai pas votre père.
L'adolescent sentit son cœur s'arrêter quelques secondes sous les yeux perçants de Nathalie, se demandant si, peut-être, elle savait. Pour Chat Noir, pour Chat Blanc, pour sa vie de super-héros et les combats constants qu'ils devaient mener. L'envie de se confier le traversa quelques instants, avant qu'il ne lui adresse ce sourire faux qu'il faisait lors de shooting-photos, et que la séance durait bien plus longtemps qu'escomptée.
– Merci Nathalie. Mais je vous assure que tout va bien.
Elle ne sembla pas totalement convaincue, mais elle n'insista pas, apportant elle-même le dessert à l'adolescent, revenant au passage avec une tasse de café pour elle-même.
**********
Marinette se sentait totalement sur les nerfs. Cinq jours depuis que Chat Blanc était venu lui parler, cinq jours qu'elle le voyait lors de ses patrouilles. Cinq jours à se demander s'il finirait par devenir la marionnette du Papillon le mois prochain.
Elle s'était régulièrement inquiétée de la possibilité d'échouer dans son rôle de super-héroïne. Sa bonne volonté ne voulait pas dire qu'elle était parfaite, même si l'opinion publique tendait à la mettre sur un piédestal. Elle ne s'y était pas attardée avant, mais l'annonce du changement de Chat Noir en Chat Blanc avait provoqué des dizaines d'articles dénigrant son camarade, en l'érigeant comme un modèle à suivre de par son pouvoir de création, alors que le pouvoir du miraculous du chat noir était plus profondément instable et dangereux.
C'était son rôle de surveiller à ce que son duo soit équilibré avec Chat Noir, la création et la destruction formant un tout qui ne devait pencher d'aucun des deux côtés. Mais si son ami devait se retourner contre elle, est-ce que Ladybug pourrait l'affronter ? Est-ce qu'elle serait vraiment capable de se battre contre celui qui l'avait tant aidé et protégé par le passé ?
Oui, elle avait souvent vaincue les super-méchants par des actions de dernière minute venant d'elle. Mais uniquement parce que Chat Noir la couvrait ! Et si quelque chose devait se dérouler à présent, est-ce qu'elle réussirait, en étant seule ?
– Marinette je crois que tu te fais trop de soucis, pépia Tikki, Chat Blanc n'a pas causé d'ennuis à Paris, et il n'a pas envie de t'attaquer, c'est une bonne nouvelle !
– Tu ne comprends pas, si je ne le convaincs pas d'abandonner son alliance avec le Papillon, il sera à sa merci dans quelques semaines ! Et même si j'arrivais à le convaincre, peut-être que le Papillon aura déjà mis la main sur son miraculous ! Et si ça arrive, je devrais demander de l'aide à maître Fu, mais il réprimandera Chat Noir pour s'être laissé aller, et peut-être qu'il me retirerait mon miraculous à moi aussi parce que j'aurai échoué à protéger Chat Noir, et il lui faudrait beaucoup de temps pour retrouver des porteurs de miraculous, Paris serait en danger, et...
La panique commençait à la faire se raidir alors qu'elle songeait à la gravité de la situation, mais Tikki se posa sur sa main pour la calmer.
– Tu sais Marinette, je suis sûre que Chat Noir ne pense pas ce qu'il t'a dit, et que c'est un moyen pour lui d'essayer de déterminer la cachette de Papillon.
– Mais c'est dangereux qu'il le fasse seul, pourquoi est-ce qu'il ne m'en n'a pas parlé ?
– Il essaye de le tromper, et il faut bien que ce soit crédible. J'en ai parlé avec son kwami, il m'a tout expliqué. Alors respire un bon coup, et détends-toi, d'accord ? Paris n'a pas besoin de toi que pour des super-vilains, et il faut que tu sois en pleine forme pour aider les citoyens ! Je t'assure qu'il n'y a pas de soucis à se faire !
La petite voix enjouée de Tikki acheva de rassurer Marinette, même si la petite coccinelle se sentit aussitôt coupable d'avoir menti à sa porteuse.
Elle était bien allée chez Adrien Agreste pour parler de sa situation avec Plagg, mais le kwami ne s'était pas du tout montré, alors qu'aucun akuma n'était pourtant présent sur les lieux pour le restreindre d'agir. Il faudrait certainement en parler à maître Fu, mais quelques jours de plus pour voir les agissements de Chat Blanc ne seraient pas de trop.
– En plus, tu as ton devoir d'histoire à finir, lui rappela la petite coccinelle.
– Pourquoi, j'ai encore un peu de temps pour... oh la la, il est déjà si tard ?! s'écria Marinette en voyant l'heure sur son téléphone. Qu'est-ce qu'il me manque déjà ?
– Tu dois répertorier les capitales d'au moins deux pays pour chaque continent, et expliquer depuis quand elles sont des capitales...
– Mais je l'ai déjà fait ça, se rappela la bleutée, même pour l'Océanie !
– ... et tu dois aussi donner quelques caractéristiques géographiques de ces pays !
Marinette soupira lourdement. Ce n'était pas inutile... mais elle ne risquait pas de voyager tout de suite, elle avait déjà assez à faire avec Paris !
Elle se mit pourtant à la tâche, même si sa motivation n'était pas idéale pour cet exercice, qui se trouva rapidement mis de côté de part des cris à l'extérieur. L'adolescente se précipita à sa fenêtre pour analyser la situation, constatant que deux grues de chantier s'étaient percutées, et risquaient de tomber sur un immeuble près d'eux.
– Tikki, transforme-moi !
Ladybug n'hésita pas, atteignant le lieu de l'accident au plus vite alors que l'une des grues penchait dangereusement vers les fenêtres de l'immeuble. Elle lança son yo-yo sur la flèche horizontale pour la retenir, mais le poids de l'engin était bien plus lourd qu'elle ne s'y serait attendue. Elle qui avait pourtant combattu des akumatisés massifs, ils ne faisaient pas le poids face aux tonnes de métal de la machine !
– Évacuez l'immeuble ! cria-t-elle aux travailleurs de chantier. Ou essayez de contrôler ces grues !
– Le vent est trop fort, nous n'arrivons plus à garder les contrôles ! lui fit savoir quelqu'un. Essayez de tenir, on utiliser un camion pour essayer de repousser la grue et gagner du temps !
Du temps, est-ce qu'ils en auraient assez ?
Ladybug vit du coin de l'œil un énorme camion pousser le socle de base de la grue, sans succès, et l'énorme tour de métal semblait prête à s'effondrer sous la force de la gravité.
Chat Blanc apparut.
Et en quelques secondes, il repoussa violemment la grue avec son bâton de combat, suffisamment faire pour entraîner la machine plus sur le côté.
– Les habitants ont déjà évacués les lieux ma Lady !
– Super, aide-moi à redresser la grue dans l'autre sens !
Le félin blanc ne se le fit pas dire deux fois, utilisant son bâton pour stabiliser déjà la position de l'engin, et retirer un peu le poids qui pesait sur les bras de Ladybug à force de tirer sur son yo-yo. Lentement, ils redressent la machine et la démêlèrent de sa jumelle, et les techniciens les mirent dans un mode particulier, les laissant tourner doucement comme deux girouettes sans qu'elles ne risquent de s'effondrer à nouveau.
– Il n'y a pas de blessés ?
– Aucun, Ladyubg, l'alarme incendie a été utilisée pour évacuer les immeubles au plus vite, et à part quelques personnes qui sont tombées dans les escaliers, il n'y a rien de plus grave que des chevilles foulées, l'informa quelqu'un.
Une ambulance arriva sur les lieux pour vérifier qu'il n'y avait pas de personnes restées bloquées dans des appartements ou des ascenseurs sous l'effet de l'urgence, mais Ladybug ne regardait que Chat Blanc, étrangement silencieux à présent que le danger était passé.
– Merci pour ton aide, sans toi il y aurait eu de gros dégâts.
– C'est normal, on doit protéger Paris, je ne vais pas te laisser le faire toute seule ma Lady...
– Laissez-moi passer ! cria M. Bourgeois en arrivant sur les lieux. Écartez-vous ! Ah, Ladybug, Chat N-Blanc, est-ce que l'immeuble a été touché ?
– C'est votre première préoccupation, la sécurité de l'immeuble, pas celui des parisiens ? rétorqua aussitôt la super-héroïne.
– Bien sûr que les parisiens sont ma priorité ! Mais j'ai déjà été informé qu'il n'y avait que des blessés légers, et je dois savoir s'il faudra reloger les habitants, ça fait partie du rôle de la mairie en cas d'accident !
Le ton un peu vexé du maire surprit Ladybug qui se sentit un peu stupide de s'être indigné si vite. Le père de Chloé avait toujours été plutôt frivole de son point de vue, et le voir agir selon ses responsabilités était inhabituel, mais pas déplaisant au fond.
– Nous allons vous laisser, nous avons encore quelques rondes à faire. Bonne continuation ! lui lança-t-elle.
Elle lança son yo-yo sur l'une des cheminées alentour, allant sur les toits de Paris en se sentant à la fois soulagée d'avoir pu éviter un drame, et frustrée. Frustrée par son ami qui avait agi comme il le devait, et dont elle se sentait mal de ne pas lui parler davantage. Frustrée de voir que son costume blanc n'était pas redevenu noir, après l'aide qu'il lui avait donné. Frustrée de se demander s'ils devaient se taire à ce sujet, le mettre sous le tapis et faire comme s'il n'existait pas pendant un mois.
**********
Chat Blanc regarda sa Lady filer, et partit dans une direction opposée, se sentant très calme. Depuis quand était-il si serein, après une telle intervention ?
– Bien joué Chat Blanc, on dirait que tu vas facilement regagner la confiance des parisiens, souffla la voix du Papillon dans sa tête.
– Je n'avais pas perdu leur confiance, prétendit le félin.
– Inutile de me mentir, nous savons tous les deux que ce n'est pas vrai, les médias n'ont pas cessé de cracher sur toi... Tu as bien vu comme ils te tournent le dos malgré tout ce que tu as fait. Quel intérêt de me résister dans ce cas, quand ceux que tu protèges des dangers sont si ingrats ?
– Vous avez dit vous-même que j'étais en train de regagner leur confiance...
– Et c'est le cas, mais n'oublie jamais ce que les gens sont prêts à dire à ton sujet à la moindre incartade... Peut-être qu'ils seraient capables d'en faire de même pour Ladybug.
Chat Blanc repoussa l'akuma violemment, ne voulant pas écouter ces mots dans sa tête. Le papillon sombre s'envola loin de lui, sans tenter de revenir, comme s'il savait que le fiel qu'il avait soufflé dans l'esprit de l'adolescent serait un poison lent et sournois à agir.
Adrien se détransforma après être retourné dans sa chambre, sans que Plagg ne réapparaisse à nouveau. D'un geste furieux, il mit le miraculous dans un tiroir, comme si le portait était trop douloureux.
Le Papillon avait raison, après tout... S'il voulait protéger sa Lady de toutes critiques acerbes qui la blesseraient, il devait la convaincre d'abandonner leur lutte contre le Papillon, et les risques d'être mal-aimés disparaîtraient eux aussi.
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