Partie 4
Lilith fit ricocher une croquette contre le mur, puis la chopa pour la projeter dans le couloir. À demi voûtée, elle la coursa pour déraper en la projetant contre le mur. Dans le contrecoup, elle voltigea dans le salon. La poursuivant, elle glissa pour stopper sur le tapis. Regard fixé sur les étagères en escalier, elle observa son lapin en peluche à environ un mètre quarante du sol. Inaccessible ! Dehors, des tumultes attirèrent son attention, elle se dirigea vers le balcon pour se mettre en l'affût lorsqu'un bougonnement tinta en contrebas. Sur le qui-vive, elle enjamba la balustrade de la porte vitrée pour approcher de la rambarde. Elle passa la tête entre les barres pour regarder le voisin du dessous saccageant les plantes en jouant avec sa femme. Quand il la bloqua dans le coin de la barrière, il lui déchiqueta la gorge de ses dents. « Ils avaient des jeux torrides en bas » ! Quand il leva subitement les yeux pour la fixer, Lilith souffla toute sa colère en hérissant les poils. Délaissant sa proie, il tendit les doigts dans sa direction en poussant des déglutinations rauques. Lilith bondit sur le sommet de la rambarde, bouscula un pot de fleurs pour le faire tomber. Le voisin au visage défiguré fut sonné par l'impact le faisant trébucher.
Satisfaite, Lilith en fit tomber un second, puis détourna le regard pour observer le siamois d'à côté en équilibre sur la rambarde. Son air prétentieux, son pelage médiocre, sa tête hideuse, sa queue sans poil, son air stupide, tout la rebutait chez lui.
— Miaouuuuu. Gémit-il en étant violemment arraché en arrière.
Du sang gicla sur la rambarde. « Bon, ben, il ne me snobera plus». Remarqua-t-elle en retournant dans le salon. Détournant le regard, elle fixa le siège de bureau de son maître, mais continua son chemin. Il n'était intéressant que lorsque son maître l'occupait. Elle traversa l'appartement pour rejoindre la chambre de son maître, mais surtout son arbre à chat au niveau de la fenêtre. Elle prit son élan, puis grimpa à la force de ses griffes. Elle pressa longuement le molletonné, puis posa les fesses pour regarder dehors. Elle observa les carambolages sur le parking donnant aux magasins, les gens courant en se bousculant afin de distancer leurs poursuivants. Une explosion retentit de l'autre côté du bâtiment, l'appartement vibra de partout, l'arbre à chat perdit l'équilibre. Lilith bondit sur le lit alors qu'une multitude de bibelots ricochaient pour se briser partout dans l'appartement. Elle traversa bientôt le couloir pour observer le portemanteau renversé, blouson de moto, veste de jogging, veste en laine étaient éparpillés sur le parquet. À l'entrée du salon, elle écarquilla les paupières, elle bondit pour enlacer sa peluche de gremlins. Elle roula au sol en lui mordillant une oreille.
La chaîne audio de son maître se mit en marche, dangerous de Michael jackson résonna dans la pièce. Lilith marqua le rythme sur ses pattes avant, puis tourna sur elle même. Elle recula ensuite en appuyant à chaque pas. Du remue-ménage dans l'escalier, des cris de terreur la firent stopper. Qui osait la déranger pendant Michael jackson ? Son maître ? Impossible, il n'avait pas cette démarche déséquilibrée. Un choc sourd sur la porte d'entrée la fit s'immobiliser. Avec appréhension, elle se rendit dans le couloir. Les supplications, gémissements incohérents dans l'entrée la mirent sur la défensive. Les martèlements brutaux, saccadés, firent tanguer dangereusement la porte. Elle partit se camoufler derrière l'arbre à chat. Immobile, elle ne faisait absolument aucun bruit. Malheureusement, quand le refrain reprit, les coups doublèrent de puissance.
Quand la serrure se brisa, deux zombis pénétrèrent dans l'appartement.
— Oooohhhhhh. Gémirent ils en se penchant.
Avec facilité, elle esquiva leurs doigts pour rejoindre le salon afin de se cacher sous la table. Apercevant sa peluche, elle hésita, détourna le regard pour les observer. Ils semblaient ignorer sa cachette, l'un d'eux se dirigea vers la chambre, le second, vers la cuisine. Elle se jeta sur sa peluche pour la saisir par l'oreille puis l'amena sous le bureau pour la camoufler. Elle dévisagea longuement sa peluche, frotta son museau dessus, puis déposa délicatement une patte dessus. Elle la repoussa pour subitement faire demi-tour afin de se rendre sur le balcon. Elle bondit aussitôt sur le sèche-linge, sur une étagère, puis regarda l'un des zombis traversant le salon. Elle prit de l'élan pour sauter sur une balconnière où étaient entreposées plusieurs fleurs.
Proche du vide, elle observa six mètres plus bas le sol. Lilith était un chat domestique, à aucun moment elle n'avait vécu dehors. Quand le mort vivant pénétra sur le balcon en tendant les bras, la fuite restait l'unique solution. Elle sauta dans le vide pour heurter violemment la terre. Souffle coupé, elle détourna le regard pour découvrir le voisin du dessous terminant de dîner sur sa femme. Elle fit immédiatement demi-tour pour traverser le petit jardin, puis se faufila sous le portail pour rejoindre le parking. Habituée au parquet, elle trouva le bitume rugueux, sale. Il régnait une odeur de pollution, d'air vicié, de pourriture. Elle bondit sur le capot d'une voiture pour regagner le toit afin d'observer la désolation. Elle chercha du regard un container poubelle qu'elle aperçut à une douzaine de mètres. Un peu plus loin, elle trouverait une piscine et encore plus loin le parc. Il prenait toujours le même chemin pour se rendre chez le vétérinaire, ou « le sadique » comme elle le nommait. Lorsqu'il longeait la foret du parc, Lilith ne la quittait pas des yeux. Ce devait être le paradis des chats !
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