Folie
Un doux rayon de soleil vînt doucement caresser ma joue. Je grognais. Je n'étais pas très matinale, et peut importe qui ou quoi et de quelle manière on me réveillait, je finissais toujours par lui râler dessus. Même si c'est du soleil dont on parlait. A mes côtés, mon poursuivant de la veille dormais paisiblement.
" Tu es un maître des loups n'est-ce pas?"
Quand il m'avait dit ça, j'étais restée scotchée. Comment avait-il pu deviner? Certes, je m'étais transformée en louve, mais je n'avais utilisé aucune de mes capacités annexes, rien qui puisse prouver que je n'étais pas ordinaire.
-Tu ne devrais laisser tes ombres se promener aussi tranquillement, c'est très dangereux.
- Ce n'est pas une ombre, c'est mon animal totem! lui avais-je rétorqué, les sourcils froncés.
Il m'avait jeté un regard surpris.
- J'admets que la forme de ton ombre-loup est assez singulière, mais ça n'est pas ton animal totem, personne ne peut les voir.
Puis ses yeux s'étaient arrondis.
- Ne me dit pas que... Tu ne t'en rends même pas compte?
- Compte de quoi?!
Il s'était passé la main dans les cheveux, passablement embêté.
- De quelle meute viens-tu? As-tu passé ton initiation?
Ok, il aurait pu parler chinois, le résultat aurait été le même.
- Je suis une villageoise, même si personne ne sais que je suis une louve. Et franchement, ton charabia me donne le tournis, donc si tu pouvais, disons, clarifier tes pensées, ce serait chouette, lui avais-je répliqué d'un ton sarcastique.
Il m'avait regardé encore plus bizarrement.
- Par la grande mère, tu ne sais vraiment rien. Comment as-tu survécu jusqu'à présent? Avec des ombres qui surgissent naturellement et n'importe où, tu aurais dû te faire repérer depuis longtemps. A quel âges t'es-tu déclarée?
Je n'avais aucune idée de quoi il parlais, mais j'avais quand même tenté une réponse
- A douze ans. J'étais avec mon père. C'est lui qui m'a tout appris, jusqu'à sa mort il y a quelques années.
Voyant qu'il ne disait rien, j'avais continué.
- Si je suis encore en vie, c'est grâce à lui, et aussi parce que j'ai pris toutes les précautions nécessaires. J'ai utilisé les rites anciens de l'archipel de la forêt de Jade pour me protéger des regards indiscrets quand je m'entraînais. J'ai fait attention à retenir ma louve. Mon père était connu pour être un chamane de talent, il avait un pass spécial pour sortir du Village. Nous nous en éloignions, et c'est dans ces moments qu'il me formait. C'est tout.
- C'est tout? avait-il rétorqué les yeux exorbités. Ne prends pas ça à la légère, ce que tes parents on fait en t'amenant dans un village d'humain est très dangereux. Ils auraient dû t'envoyer dans le Grand Nord dès qu'ils ont su ce que tu étais. Ce n'est pas pour rien que très peu de Maîtres des loups survivent quand ils sont élevé au loin. Ils ne passent pas le rite de passage, donc la probabilité que Mère Nature les rejette est extrêmement élevée. Avec des dons comme les tiens, je m'étonne que tu ne sois pas encore devenue folle.
Ben merci!
Étant assez perturbée et plutôt fatiguée, j'avais suivi sans rechigner les consignes d'Othrys (le loup), à savoir s'éloigner du Village le plus possible, et dormir.
Voilà pourquoi je me retrouvais donc sale et fourbue, après avoir dormi toute une nuit sur un tapis de feuilles très inconfortable.
J'avais besoin de passer mes nerfs sur quelqu'un, aussi me fis-je une joie de réveiller mon voisin de manière très douce et délicate. Notez le ton ironique. Othrys se révéla aussi heureux de se lever que moi.
- Je te déteste, grogna-t-il.
- M'en voilà ravie et touchée, rétorquais-je. Tu n'avais qu'à emmener un matelas, j'aurais été plus gentille avec toi.
- Je n'avais pas tout à fait prévu de prendre un Maître des loups novice sous mon aile, persifla-t-il.
- Novice?!
- Excuse-moi chérie, me répliqua-t-il d'un ton railleur, mais un Maître des loups qui ne sait même pas quand il créé une ombre n'est pas ce que l'on pourrait appeler très qualifié.
Je regardais d'un œil mauvais ma louve, que je n'avais as réussi rentrer depuis hier. Madame faisait tranquillement sa toilette, se grattant l'oreille pour déloger les derniers morceaux de feuille y étant coincé.
- Je vais t'étrangler, grommelais-je.
- Je crois que je t'adore, rit-il
J'éclatais de rire. Le soleil se levait, baignant le visage d'Othrys d'une lumière dorée. La vie me paraissait belle. Puis il y eut comme un sifflement, et ce fut comme un grand coup dans ma poitrine.
- Merde, ce sont des chasseurs du Village!
Je ne vis même pas Othrys se lever d'un bond, adoptant une position offensive, pas plus que les quatre chasseurs se déployant dans la clairière. Les yeux écarquillés, tout me paraissais comme assourdi, comme si on avait soudain baissé le volume pendant un concert de rock. Plus de bruit, le monde figé dans une atmosphère cotonneuse. Le sang battait à mes tempes, et le bruit des pulsations de mon cœur me paraissait assourdissant. C'était un son de tam-tam infernal, emplissant mon cerveau jusqu'à l'insoutenable, l'enserrant tel les tentacules vicieux d'une pieuvre maléfique.
Et soudain, un hurlement me déchira la gorge, un son inhumain, déchiquetant le silence d'une violence inouïe.
Ma louve était morte.
Mes yeux de focalisèrent sur le pointe rouge de la flèche. Elle lui avait traversé le front.
Peu m'importait le bruit de la bataille qui faisait rage entre Othrys et les quatre chasseurs.
Ma louve était morte.
Ses yeux glacés me fixaient, orbes morts et aveugles.
Ma louve était morte.
Un chasseur m'agrippa brusquement l'épaule.
- Eh, toi...!
la suite de perdit dans un hurlement de douleur. L'homme regardait, ahuri, son bras désormais amputé de moitié. Je le lui avait arraché. Lorsqu'il plongea ses yeux dans les miens, je sentis un sentiment nouveau éclore en lui. La peur. Il n'eut as le temps d'éprouver plus. Avec un hurlement de rage, je le décapitai sur place.
La haine que j'éprouvai envers les chasseurs n'était comparable avec rien de ce que j'avais vécu jusqu'à présent. J'avais soif de leur sang, ils avaient tués ma louve.
Je ne me sentais même pas bouger, bondir sur mes assaillants, et leur arracher la gorge à coups de dents, ou des griffes. le monde était couvert d'une voile rouge, j'allais leur faire payer ce qu'ils avaient fait. Ces maudits chasseurs qui tuaient mes semblables, qui tuaient les loups et saccageait mère nature. J'exterminerai jusqu'au dernier homme sur la terre si cela pouvait permettre de sauver ce qu'il restait du monde sauvage.
Je titubais, secouant la tête. Devant moi, je voyais les arbres se dédoubler, tandis que sens sens, étrange contradiction à ce phénomène, s'éclaircissaient. je n'avais jamais été aussi lucide de ma vie, pourtant je sentais que quelque chose n'allait pas. Un murmure de haine se faufila jusqu'à mon oreille et détruisit mes derniers scrupules.
Aujourd'hui était un jour particulier, aujourd'hui était le jour où les apprentis seraient nommés chasseurs ou chaperon au Village. Aujourd'hui ne verrait rien de tout cela. Aujourd'hui, j'allais anéantir une génération entière de tueurs.
Au souvenir de la joie de mes camarades en apprenant qu'ils allaient devenir chasseur, ma vue de brouilla. J'étais une louve, et les chasseurs tuaient les louves. Mes amis allaient me tuer, ils allaient faire exactement comme ces quatre chasseurs. Je ne distinguai plus le vrai du faux, et laissai éclater ma rage. Des ombres haineuses surgirent alors des arbres, les yeux flamboyant comme l'enfer. Un vent violent se leva, j'entendis les arbres craquer gémir, en un avertissement lugubre. La nature était en marche, et c'est moi qui allait la guider.
Avec un sourire cruel, presque jubilatoire, à la pensée du carnage qui allait se jouer, je posai mes mains sur le sol et plongeai dans les entrailles de la terre. J'étais connectée avec la forêt entière, mon esprit voyageant à travers chaque arbre, chaque racine. C'était comme un immense réseau veineux, fait de sève et de souffrance. Puis j'arrivai en vue d'un mur familier.
Je ricanai. Quelle protection dérisoire! personne n'échapperai à ma colère.
Je me glissai sous le mur d'enceinte du village et fit se déchaîner l'enfer.
Je m'attaquai d'abord à la mairie, ce symbole répugnant d'une démocratie en ruine. D'énormes racines sortirent de terre, s'enroulant autour du bâtiment comme des serpents. Serpents qui serraient, serraient...jusqu'à l'implosion. Dans un bruit de fin du monde, la mairie s'écroula. Je sentis les âmes présentes dans le bâtiment s'éteindre dans pschit! misérable, sans aucun état d'âmes. Ceci n'était qu'un coup de semonce.
Mon esprit s'éleva au dessus du village, loin, contemplant son assemblée d'assassins en devenir. Qu'ils étaient heureux tous ensemble, à manger, et rire innocemment. Qu'ils étaient cruels, prêt à tuer sans plus de remord que je ne venais de le faire. La plupart des gens méprisaient les assassins, et ne souhaitaient que leur mort. J'allais exaucer le vœu du monde.
Je fondis sur l'académie.
Les racines sombres qui avaient détruit la mairie me suivirent, surgissant des entrailles de la terre, poursuivant la foule affolée qui courait dans tous les sens. Je voyais distinctement leur totem, un rat, un chien, oh mon dieu c'était vraiment une licorne en face de moi? Cette pensée faillit m'arrêter. Tuer une licorne était un crime impardonnable.
Puis une racine éventra le mur de l'académie et je me détournai pour profiter du spectacle. Soudain, mon attention se focalisa sur une personne précisément. La directrice. Son aura de vipère sifflai dans toute les directions. Alors c'était elle qui formait les assassin?
Tu ne mérites pas de vivre.
Ses yeux s'agrandirent de surprise lorsque la racine lui transperça la poitrine.
Je sautais par dessus son cadavre et me plantai au milieu de la cour, les bras ouvert, la tête renversée en direction du ciel, riant comme une démente. J'avais tenu ma promesse, j'avais obéis aux ordres, je l'avais tuée!
Le vents se condensa et se mit à tourbillonner autour de moi. Et avec lui vint les chuchotement. Le murmure d'un millier d'âmes à l'agonie, qui battait l'air, comme un millier d'ailes de corbeaux. Je sentais la peur qui suintait des murs, la détresse sournoise d'autant de pleur que de vie. Malveillant, tapi dans les recoins, le maléfice pointait son nez, dardant ses longs doigts languissant sur mon corps. Je sentais la caresse lascive de la terreur m'envelopper toute entière, l'odeur du sang emplissait mes narines jusqu'à m'en donner mal à la tête. je voyais double, j'étais comme un ivrogne se réveillant brutalement d'une nuit de beuverie.
Je titubais.
Sous la caresse froide des ténèbres, je tournais lentement sur moi-même.
Étais-ce mon œuvre tout cela? Mon hurlement déchira l'espace. Mon esprit fut aspiré vers les sol, je revis un un éclair le réseaux des racines, puis je réintégrait brusquement mon corps.
- Athéma? Calmes-toi, tu...
- Ne m'approche pas! hurlai-je.
Othrys stoppa net son mouvement. Paniquée, je reculai, telle une bêtes prise au piège. Au mon dieu, était-ce bien du sang sur mes mains?! Que... Je poussai un cri strident lorsque mon pied buta dans quelque chose de rond, semblable à un ballon. Dans une tête arrachée. Mes jambes flageolèrent, puis me lâchèrent.
Qu'avais-je donc fait?
Coucou, maintenant on est sûr qu'Athéma perds la boule! je vais vous expliquer son délire avec les assassins et mère nature dans le prochain chapitre, et je peux vous dire qu'elle est carrément dans la merde! bises!
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