Tous ces bruits sans fondement, cette agitation vaine, inutile et sans raison d'être. Tous ces mouvements autour de moi, ces rires et ses grands sourires.

Dans ces moments-là je sais que je ne suis pas comme eux, je me sens si seule, étrangère. Une observatrice silencieuse de leurs mœurs que je hais et que j'envie à tour de rôle. Ou peut-être en même temps.

Mes réflexions se perdent dans ce brouhaha parasite, je me perds dans ces paroles oubliées de tous sitôt prononcées. Sauf de moi.

Elles continuent à résonner dans mon esprit, elles ne s'éteignent jamais vraiment, elles sont toujours là, invaincus et inépuisables. Leur flot a toujours le dessus sur le mien, elles sont intarissables et même mon mur factice d'indifférence ne peut m'en protéger.
Elles me submergent, ou alors je les laisse rentrer, je ne sais plus...

Mais qu'est-ce que je peux y faire moi qui suis complètement perméable à chacun de leurs mots et qui me blesse sur les pointes tendues de la vie.

Ma seule force est aussi ma faiblesse.
Au lycée, j'essaye de l'ignorer, d'être indifférente, imperméable et de passer au-dessus de ça. Quand j'y arrive, je me déteste pour ce que je deviens et quand j'échoue je m'en veux pour ma faiblesse.

Désormais je prends de plus en plus l'habitude de passer en mode off, de ne plus rien ressentir, ou plutôt de reporter mes émotions.
La nuit, je me rends des comptes, j'écris jusqu'à ce que la pointe du critérium se brise, je m'assois sur le rebord de ma fenêtre et je regarde les étoiles.

Même le ciel me paraît avoir plus de sens, tout y est sa place. Les astres forment toujours les mêmes constellations. Que je sois ici ou ailleurs, elles sont toujours là, fidèles et contrairement à mes semblables  elles ne s'éteignent pas et ne disparaissent pas dans l'obscurité.

Elles sont là, visibles quand plus rien ne l'est et alors je me répète que je ne marche pas seule.