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La première pause de la journée allait bientôt sonner et Luhan tapait du pied, impatient. Tout à l'heure, il avait fait sa chochotte en se carapatant alors que Baek l'avait surpris à le regarder et il s'en voulait. Il devait réparer sa bourde, parce qu'il était sûr que le jeune homme pour qui il craquait devait avoir mal interprété sa fuite. Il ne fallait surtout pas qu'il pense qu'il le fuyait, mais juste qu'il avait été très gêné de s'être fait pris en plein flagrant délit de matage.

« Allez, allez... » Grogna-t-il, les yeux rivés sur l'horloge au-dessus du tableau.

DRRRRRRRRRRIIIIIIIINNNNNG

Luhan se leva brusquement, faisant grincer les pieds de sa chaise sur la table et embarqua toutes ses affaires d'un coup, disparaissant comme un courant d'air dans le couloir. Le professeur arqua un sourcil, impressionné par la vitesse à laquelle son élève s'était éclipsé, et un poil vexé de voir qu'il se pressait autant pour quitter son cours. Les hélicoptères étaient-ils un sujet barbant ?

Le chinois se hâta d'aller jusqu'aux escaliers, connaissant l'emploi du temps de Baekhyun comme sa poche. Il savait qu'il passait par là pour se rendre dans la cour. En supposant qu'aujourd'hui, il ait envie de se traîner jusque dehors. À cette pensée, le blondinet ralenti. Vu la gueule qu'il faisait ce matin, y avait de fortes chances pour qu'il n'ait pas le courage de se bouger. Il soupira.

« Oh et puis... tant pis... »

Il grimpa à l'étage suivant, bien décidé à faire avancer les choses. Il était super stressé, son ventre lui faisait mal, il avait chaud et son débardeur lui collait désagréablement à la peau, mais tant pis. Il était plus que temps qu'il montre au joli coréen qu'il était lui aussi intéressé.

Essoufflé, les joues rouges, les cheveux en pleine guerre mondiale capillaire, il s'arrêta devant la salle de classe de Baekhyun. Et bingo, le noiraud était affalé sur sa table, la tête tournée vers la fenêtre.

« Bon, j'fais quoi... j'vais l'voir... ? » Se demanda Luhan, pas du tout emballé d'aller vers lui.

Il voulait faire avancé le schmilblick mais fallait pas non plus déconner. S'il était du genre fonceur, y a longtemps qu'il serait occupé à le tripoter dans un coin du bahut.

Une grande inspiration plus tard et il hésitait toujours devant la porte. Les étudiants le regardaient d'un air étrange. Il donnait l'impression d'être un être venu d'ailleurs n'ayant pas le droit d'entrer dans une pièce sans y avoir été invité.

« Baek, chuchota Chanyeol en se penchant sur lui, en équilibre sur sa chaise, j'crois qu'y a quelqu'un qui veut te parler. »

« Mh... ? »Le rouquin roula des yeux puis posa ses grands doigts sur le crâne de son hyung, l'obligeant à le tourner vers la porte.

« On dirait qu'il veut te voir... alors, bouge. »

Le plus vieux observa Luhan qui s'était figé, ses grands yeux scotchés à ceux de Baek, surlignés de khôl.

« T'es sûr que c'est pour moi qu'il est là... »

« Certain. Allez, bouge avant qu'il ne se tire encore une fois. »

Un long soupira s'échappa des lèvres du noiraud. Son cœur se mit à s'affoler tout doucement. Il avait peur de croire que Luhan était là pour lui, et pire encore, qu'il était là pour lui expliquer que tout ça n'était qu'un malentendu, l'effleurement, le regard de tout à l'heure, qu'il n'était pas intéressé et qu'il voudrait bien qu'il arrête de le reluquer. Seigneur. Baek avait envie de pleurer.

« S... salut. » Fit la voix toute tremblante de Luhan qui se torturait les doigts.

« Mh... salut. » Souffla Baek, le regard fuyant.

Se retrouver si proche de lui, même s'il s'était presque fait à l'idée qu'il allait se prendre un râteau, le mettait dans tous ses états. Intérieurement. Son ventre se tordait, une vive chaleur le traversait. Ce que c'était chelou d'être amoureux.

« Je... euh... on peut se parler ? » Proposa timidement un Luhan rouge comme une tomate.

« Si tu veux. » Marmonna Baek.

Ils restèrent là, comme deux cailloux.

« Euh... on... on peut aller... sur le toit ? »

« Mh... d'accord. »

Et ils restèrent là, encore comme deux cailloux.

Chanyeol avait envie de se taper la tête contre le sol. Bon dieu, comment pouvait-on être aussi con que ces deux-là. Il se leva, faisant mine de vouloir aller prendre l'air, et bouscula son ami pour que celui-ci se décide, enfin, à réagir.

« Allez discuter ailleurs, vous bouchez le chemin. » Dit-il, sans un regard.

Baek fit claquer sa langue puis se passa une main dans la nuque. Ensuite, il se mit en route vers les portes menant au toit, Luhan le suivant silencieusement.

La porte en métal refermée derrière eux, ils se dirigèrent vers le côté ombragé de la cage d'escalier et s'adossèrent au mur. Puis un silence s'installa.

Ce n'est qu'au bout de quelques minutes que Luhan se lança, plus embarrassé que jamais.

« Je... Je voulais m'excuser pour... pour tout à l'heure. J'ai... j'ai pris mes jambes à mon cou et... Commença-t-il, ses prunelles parcourant la ville au loin, je... j'étais... enfin, tu avais l'air... »

« Faut que je sache... le coupa Baek, les sourcils froncés... si extérieurement il semblait calme, intérieurement c'était le bordel, toutes les émotions se mélangeaient, la joie, la colère, la tristesse, l'envie, le désir... hier... dans les escaliers... »

« C'était volontaire ! » S'exclama vivement Luhan, avant de baisser la tête, extrêmement gêné.

Le coréen releva lentement la sienne pour la tourner vers lui, surpris.

« Vo... volontaire... ? » Répéta-t-il, son cœur battant la chamade.

L'autre acquiesça, le nez vers le sol.

« Tu veux dire que tu m'as effleuré parce que tu le voulais... c'était pas un accident ? Je... j'ai cru que... qu'en fait, tu pensais à cette fille et... je... »

Luhan secoua la tête cette fois.

« Non... en fait... je... je lui ai fait croire que je devais aller aux toilettes pour qu'elle me laisse tranquille, et... en vérité, je devais quand même y aller, mais je t'ai vu... et... je sais pas ce qu'il m'a pris... je... j'ai... fait style, je devais m'en aller et je t'ai frôlé en passant et... »

Baekhyun fondait. Le visage rougit de Luhan, sa voix craquée, son air perdu, terriblement mal à l'aise, bordel... il replongeait.

« Je... J'ai pensé plusieurs fois à.. à te bousculer, à te frôler, à me retrouver proche de toi pour avoir une excuse pour te toucher.... » Avoua le chinois.

« D... Depuis quand... ? »

Le plus grand haussa une épaule.

« Des semaines... depuis que je suis arrivé... »

Une explosion se fit dans la poitrine du coréen. Il n'en croyait pas ses oreilles. Luhan, le garçon aux yeux de biche, le plus sexy de tout le bahut, craquait pour lui aussi ?! Il se mit à trembler tant il était heureux. Chanyeol était à côté de ses pompes ! Aha !

« Wow... échappa Baek, agréablement choqué, un poids venait de quitter ses épaules, toutes ses peurs s'étaient envolées... »

Luhan osa finalement le regarder, les pommettes rosies.

« Pourquoi avais-tu l'air si triste ce matin... ? »

Un sublime sourire apparu sur les fines lèvres du plus jeune.

« Parce qu'on m'a persuadé que j'espérais pour rien. »

« Oh... on t'a induit en erreur, sourit doucement le blondinet... je suis désolé... je... »

Baek inspira profondément, les yeux rivés sur le ciel dégagé. Léger. Heureux. Il tendit le bras, le collant au mur, et agita les doigts. Le chinois le vit et se rapprocha du garçon, emmêlant ses doigts aux siens.

La sonnerie retentit soudainement et les deux garçons sursautèrent, comme violemment arrachés à leur petite bulle de bien-être. Ils grognèrent tous les deux, frustrés de ne pas avoir pu profiter un peu plus de ce moment.

Mais les doigts toujours accrochés, ils se décollèrent du mur, toujours très gênés par cette nouvelle proximité sans pour autant avoir la moindre envie de se quitter.

« Bon... »

« Ouais... on va devoir y aller. »

« Mh... »

La sonnerie leur vrilla à nouveau les tympans.

« Ouais, bon, on va y aller ou alors on va finir sourd. » Rouspéta Baekhyun se dirigeant vers la porte en fer, tirant derrière lui un Luhan grimaçant, un index dans l'oreille.

« Ah, attend ! » Dit ce dernier, retenant son dongsaeng avant que celui-ci ne disparaisse dans les escaliers sombres.Il l'attira à lui, en douceur, et déposa un rapide baiser sur sa bouche. Ensuite, il le dépassa et cavala, rouge d'embarras mais foutrement heureux de son audace. Baekn lui, récupéra ses esprits après avoir court-circuité puis afficha un large sourire, des papillons tourbillonnant follement dans son ventre.