Prologue
Chasseur-Loin-Voyant-Au-Pelage-Donné-Par-La-Nuit sut au tréfonds de ses entrailles que quelque chose n'allait pas avant même d'ouvrir les yeux.
Pour commencer, le loup avait froid. Plus froid qu'il ne l'avait jamais eu auparavant. Si froid qu'il sentait déjà la Dernière Ombre creuser des sillons à même sa peau gelée. L'hiver mordant attaquait sa chair et perçait son pelage épais dans une facilité aussi déconcertante que douloureuse. Tout son corps tremblait, incapable du moindre mouvement, frigorifié et meurtri. L'idée même d'un simple clignement des paupières lui semblait insurmontable.
Il n'entendait pas non plus les bruits, ni ne sentait les effluves qui émanaient habituellement de son territoire : les Plumes-Colorées-de-Sang ne chantaient pas dans les grands arbres censés entourer sa tanière, l'odeur lourde des Pétales-cœur-de-soleil, les fleurs qui s'épanouissaient même en plein cœur du plus terrible des hivers, ne chatouillaient pas son museau. Il n'entendait rien. Rien, mis à part les bourrasques glacées qui charriaient avec elles la torpeur impitoyable, la lente agonie qui précède la mort.
Et pour finir, il souffrait atrocement. Tout à l'intérieur de lui semblait avoir été tordu, mordu, déchiré, comme si on lui avait retourné la peau pour étaler ses os à la Lune. Le loup émit un faible grognement, accentuant sa respiration déjà hachée puis se retrancha dans ses plus profondes pensées.
Loin du monde réel. Loin de la douleur. Et loin de la mort qui se rapprochait à grands pas.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro