Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Chapitre 2.3 : Nurh



Les heures s'écoulaient, lentes et paresseuses.

Dans la forêt silencieuse, seuls les doux craquements des pas de Cyl dans la neige se faisaient entendre. Sinon, le calme régnait.

La prêtresse observa les alentours avec attention. Elle avait marché un certain temps avant de débusquer le lieu idéal où piéger sa proie. Désormais, une petite clairière recouverte d'un manteau neigeux, bordée d'arbres de part en part et baignée par les rayons d'un soleil de fin d'après-midi lui faisait face. Le cadre aurait pu être enchanteur, si l'esprit de la prêtresse n'avait pas été aussi encombré de pensées sombres et si il n'avait pas fait aussi froid.

« Maudite pisse froide. » maugréa la prêtresse en s'installant derrière l'un des larges buissons qui donnaient sur la clairière, balayant la neige de ses mains. Elle posa son arc et deux flèches à grosses pointes au sol puis s'installa de façon à ce que le buisson la dissimule le mieux possible tout en conservant une vue dégagée sur la clairière. Voir sans être vu, sans être senti, tels étaient les secrets les plus élémentaires de la chasse. Par chance, le vent soufflait dans la bonne direction.

Toutes les conditions étant réunies, il n'y avait plus qu'à attendre.

Cyl laissa échapper un bâillement. Son utilisation de la magie datant du matin-même et les charmes de protection qu'elle avait mis en place tout autour du campement avant de partir l'avaient vidée de son énergie, mais c'était un mal nécessaire.

Après avoir veillé sur les deux êtres hagards pendant quelques heures sans constater la moindre amélioration dans leur comportement, elle avait décidé de partir à la chasse. Après onze jours passés dans la nature, son stock de nourriture était quasiment à sec. Elle avait compté sur ses compétences de chasseuse pour les sustenter, la Bête Divine et elle, mais avec le garçon comme nouvelle charge, il allait falloir plus qu'un occasionnel lapin par jour. Devant son impuissance pour aider ses deux compagnons, elle avait pesé le pour et le contre et s'était décidée, le cœur lourd, à partir en quête de nourriture, se promettant de partir moins de trois heures. Elle frissonna.

Il était normal de ressentir ce sentiment, un amer mélange de compassion teintée de tristesse, pour le corbeau, car elle le connaissait depuis toujours. Adoptée dès son plus jeune âge par le temple de Itte'naere, et profondément aimée de sa Déesse, Fenned était naturellement devenu l'un de ses premiers amis.

L'homme-loup, lui, était un parfait inconnu. Et dangereux en plus de ça. Elle n'avait cependant aucun mal à comprendre pourquoi son immense sentiment de perte l'avait tant touchée. Quand le garçon l'avait attaquée, elle ne lui avait épargné la vie que parce que le corbeau le lui avait ordonné, et pas par bonté de cœur. Avec le temps, elle avait appris à supprimer les potentiels dangers avant qu'ils ne deviennent réels. Pourtant, la tristesse démesurée du garçon l'avait affectée. Elle avait rendue l'homme-loup plus humain, lui qui avait tout d'un animal. Cyl ignorait parfaitement ce qui avait bien pu se produire pour déchirer un être d'une telle façon, mais cela avait dû être terrible. L'image du visage juvénile tordu en un cri de douleur muet n'avait eu de cesse de la hanter depuis qu'elle était partie du campement.

Elle connaissait la perte, elle y était familière : En ses soixante deux années d'existence sur cette terre, Cyl avait vu la mort emporter des proches à de nombreuses reprises. Mais cette perte là était différente. C'était le sentiment d'une perte incommensurable. Le sentiment d'une perte qui affecte à tout jamais une vie. Par leur lien mental, Cyl avait eu l'impression de revivre la perte de son Aimé, revivre la sensation que tout lui avait été arraché, revivre la torpeur, le sentiment d'injustice énorme. Et, par les entrailles de Mydhir, c'était une sensation abominable.

Perdue dans ses pensées, elle faillit manquer la masse colorée de brun qui traversa paresseusement la clairière.

La prêtresse cligna des paupières, puis se redressa le plus silencieusement possible. Un sourire victorieux fendit ses lèvres tandis qu'elle attrapait son arc.

L'avantage qu'il y avait à chasser les Gwenettes contrairement aux lapins de Mirabois, c'était que leurs habitudes réglées comme du papier à musique ne trompaient jamais. Ces étranges créatures, curieux mélange entre une perdrix et un félin, dont la fourrure et la chair étaient fort appréciées, logeaient toujours au même endroit : dans de larges terriers qui s'ouvraient sur un espace dégagé pour permettre leur envol. Ces petits mammifères ailés, de la taille d'un chat bien nourri, élevaient leurs rejetons au sol, puis leur apprenaient à voler dans les arbres une fois leurs ailes suffisamment développées, d'où la clairière entourée par les bois.

Cette Gwenette-ci promenait sa truffe humide à quelques pas à peine de Cyl sans aucune conscience du danger qui la guettait. Malheureusement pour la prêtresse, la petite créature était seule.

Si Cyl avait choisit cette proie en particulier, c'était pour la facilité qu'elle avait à la débusquer et à la tuer. De fait, mettre la main sur ce genre de clairière n'était pas bien difficile à Silwëne. Ces petites étendues d'herbes fleurissaient un peu partout à travers le bois. Mais Cyl n'avait pas choisit le mammifère pour cette unique raison : ce dernier vivait habituellement en couple, et si la prêtresse pouvait tuer deux bêtes plutôt qu'une, sachant qu'elle avait deux autres bouches à nourrir, cela lui convenait parfaitement.

Elle maudit silencieusement la Gwenette qui avait visiblement renoncé à ses instincts primaires et fait vœu de chasteté puis encocha la flèche.

Le trait fusa, impossible à suivre du regard. Il se planta en plein dans la poitrine de l'animal qui s'affaissa au sol, abattu sur le coup. La prêtresse remercia silencieusement ses dons d'archère puis se releva pour s'approcher du cadavre. La hampe s'était enfoncée en plein dans le cœur de la bête. Elle s'accroupit aux côtés de la carcasse fumante.

- Ta chair revigorera la mienne. Que ton chemin vers l'autre rive se passe sans encombre, que ton âme parte en paix et qu'Otaïsha t'accueille dans son domaine, récita la prêtresse en suivant les rituels des chasseurs de l'Est.

Elle posa une main sur la fourrure soyeuse. Cette dernière était merveilleuse : Austère et brune au premier regard, elle se révélait être parsemée d'une multitude de tâches plus claires, une sorte de châtain tirant sur le beige, qui créaient une mosaïque incroyable.

« Quelle pitié de ne pas pouvoir la revendre ! J'en tirerais un bon prix, c'est certain. » pensa la prêtresse.

Elle retira la flèche qui s'était logée dans la poitrine de l'animal, puis en essuya la pointe dans la neige pour la remettre dans son carquois. Ensuite, elle attrapa son poignard dans son baudrier et, d'un geste vif et précis, ouvrit le ventre de la créature pour la vider de ses entrailles. Il était exclu de le faire près du camp car l'odeur attirerait irrémédiablement les prédateurs et les charognards, et même ses charmes de protection n'y pourraient rien. Les tripes se déversèrent sur le sol, et avec elles, leur odeur âcre. La prêtresse plissa le nez mais continua son travail : Elle avait déjà vu pire.

Un léger bruissement derrière son dos lui fit stopper sa besogne. Elle releva la tête, interdite, puis lorgna avec suspicion le buisson ou elle s'était tenue quelques secondes plus tôt. Rien. Elle haussa les épaules et reprit le nettoyage de la carcasse.

Son cœur rata plus qu'un battement, quand, quelques minutes plus tard, la lame effilée d'un poignard se posa sur sa gorge. Ses instincts aiguisés prirent à nouveau le dessus : telle l'anguille qui glisse entre les filets du pêcheur, elle se contorsionna de façon à se remettre debout le plus rapidement possible tout en évitant la lame. Dans un cri rauque, elle fendit ensuite sa propre lame vers le visage de son assaillant.

Celui-ci, dont le visage était dissimulé sous une ample capuche, esquiva d'un mouvement de la tête. La prêtresse ne lui laissa pas le temps de tenter une nouvelle riposte : elle lança à nouveau son bras, visant cette fois ci la poitrine. Plus rapide et félin, son adversaire virevolta pour esquiver l'attaque et attrapa le bras de Cyl qu'il tira en avant de façon à la déséquilibrer. La prêtresse, qui connaissait la technique, s'accrocha de toutes ses forces au bras de son opposant, entraînant ce dernier dans sa chute.

Ils roulèrent tout deux dans la neige et atterrirent à deux mètres l'un en face de l'autre, haletants et dégoulinants de neige. La capuche de l'homme était tombée, révélant une masse imposante de cheveux d'un blond lumineux tirant sur l'argenté. Cyl poussa un couinement de surprise en découvrant les beaux yeux verts qui la couvaient d'un regard ou perçaient tant malice qu'espièglerie. Un regard qu'elle ne connaissait que trop bien.

- Nurh ! s'exclama-t-elle en parvenant à s'agenouiller.

Un sourire en coin apparut sur le visage anguleux de l'homme.

- Cyl, répondit-il en esquissant un salut galant de la main.

L'espace de quelques secondes, la prêtresse ne sut comment réagir, déchirée entre l'adrénaline qui rayonnait encore dans tous ses membres, la joie face à ces retrouvailles impromptues, et la colère pour la raison suscitée. Finalement, ce fut la colère qui l'emporta sur les autres.

Elle se jeta sur lui.

- Espèce de salaud ! hurla-t-elle en agrippant. J'aurais pu te tuer !

Elle lui décocha un coup que Nurh accepta sans esquiver. Le poing de la prêtresse rebondit sur la pommette de l'homme dans un bruit mat.

- Tu exacerbes prodigieusement tes capacités, dit-il en parvenant à garder son air débonnaire malgré l'évidente douleur qui parcourait sa joue.

- Et toi, tu rabaisses trop souvent les miennes, gronda Cyl en se préparant à frapper une nouvelle fois.

Nurh lui fit un clin d'œil désarmant, et s'installa sur les coudes.

- Je vois que ma mie sort les griffes. Tu en serais presque devenue entreprenante, tu sais ?

Du menton, il désigna la position pour le moins tendancieuse de Cyl : À califourchon sur le ventre de Nurh, la poitrine en avant et le corset pour moitié dénoué – certainement pendant leur lutte, elle n'était pas l'exact modèle de la pudeur. Cyl sentit le rouge lui monter aux joues, suivit de près par une autre vague de colère :

- Imbécile aux bourses trop pleines ! jura-t-elle en balançant à nouveau son poing.

Cette fois-ci, Nurh avait vu l'attaque venir. Le poing de Cyl se referma dans l'étau puissant de sa main.

- Tu ne jouais pas la jouvencelle effarouchée lorsque tu étais dans ma couche, répliqua-t-il avant de se relever brusquement.

Son mouvement fit basculer Cyl au sol. D'un geste brusque, il la plaqua ventre à terre. Il appliqua ensuite une pression sur son dos de façon à la maintenir dans cette position.

- Et toi, tu ne te comportais pas comme un rustre malappris doublé d'un imbécile profond, lâcha-t-elle, le souffle coupé.

- Ô Mihil, toujours cette langue acérée. Je vais finir par me dire que tu m'avais manqué.

La prêtresse grogna.

- Pousse ton séant puant de mon dos, tu veux ?

Nurh lâcha un gloussement.

- Apprends que ce n'est pas mon séant. Mais sache que pour ta réflexion injurieuse envers ce dernier – qui n'a rien mérité de tel -, je ne te relâcherai que lorsque tu auras reconnu ta défaite.

Cyl se contorsionna dans tous les sens et battit des jambes frénétiquement, cherchant en vain à se dégager de son emprise. Peine perdue, il y mettait toute sa force.

- Lâche-moi Nurh ! Où je te jure, je te jure...

- Que vas-tu me jurer, Cyl ? coupa l'homme en s'appuyant un peu plus sur son dos. J'écoute, mais en attendant, sache que tu es très confortable.

La prêtresse lutta encore quelques secondes, puis abandonna. Elle laissa retomber sa tête dans la poudreuse en lâchant un cri d'exaspération.

- Tu es infâme !

- Et patient en plus de ça. Pour toi, j'ai toute la nuit, et bien plus encore.

D'un geste délicat, il passa une main dans les boucles brunes de la prêtresse et replaça l'une d'entre elles derrière son oreille. Il récolta pour tout remerciement une œillade aussi noire qu'un ciel de tempête, ce qui l'amusa.

- Toujours ce fichu caractère. Nous allons être coincés ici longtemps, je suppose.

La prêtresse serra les poings à s'en faire blanchir les phalanges. Cet imbécile lui faisait perdre son temps, et c'était bien l'unique chose qu'elle ne pouvait se permettre de gaspiller.

- J'ai perdu, tu as gagné, siffla-t-elle entre ses dents.

Les yeux vert sombre de l'homme s'écarquillèrent de surprise.

- Pardon ?

- J'ai dis : J'ai perdu, tu as gagné. Maintenant, bouge-toi de là.

Nurh la considéra avec étonnement mais se décala sans insister. L'air sombre de la prêtresse suffit à le faire taire : il y avait un moment pour plaisanter, et un autre pour être sérieux. L'heure était donc à la diligence. Il se releva, épousseta ses vêtements puis tendit une main aidante à la prêtresse.

Celle-ci lui jeta un regard emplit de rancœur et de suspicion mais attrapa sa main sans rechigner. Une fois remise sur pied et après une nouvelle œillade amère pour Nurh, la prêtresse se dirigea vers la carcasse encore fumante de la Gwenette qui gisait à quelques mètres d'eux. Nurh l'observa à distance respectable, hésitant sur la manière dont il fallait la questionner. Le pli qui barrait le front de la prêtresse et le fait qu'elle abandonne si rapidement leur petit duel étaient autant d'indices qui suffisaient à Nurh pour qu'il s'interroge : quelque chose la préoccupait.

- Que fais-tu ici ? demanda-t-il.

La prêtresse refit les lacets de son corset, renoua les boucles de son manteau, puis balança la carcasse sur son épaule après avoir rangé son poignard dans son baudrier.

- Je chasse.

Nurh croisa les bras contre sa poitrine.

- Tu sais très bien que ce n'est pas ce que j'ai voulu dire, mais je vais tout de même reformuler. Que fais-tu ici, à trois jours de marche du temple, perdue en pleine forêt ?

- Et toi alors, hein ? répondit Cyl d'un ton cassant. Que fais-tu ici, mis à part me sauter dessus et me faire perdre mon temps ?

- Figure-toi que j'ai été convoqué, et par la Déesse en personne !

Elle lui jeta un coup d'œil surprit :

- Toi aussi ?

Un large sourire se dessina sur le visage coupé à la serpe de son ancien amant.

- Alors toi aussi, répliqua-t-il. D'où venais-tu ?

Cyl s'avança vers l'orée de la forêt et Nurh lui emboîta le pas.

- D'un endroit qui s'appelle « mêle-toi de tes oignons. », tu connais ?

- Charmante destination pour une charmante personne, combien de temps y as-tu séjourné ?

La prêtresse soupira et s'enfonça dans les bois. Revoir Nurh après tant de temps la mettait profondément mal à l'aise. L'homme n'avait pas changé, il était toujours aussi beau, fier comme le coq, et rusé comme le renard. Mis à part la longue cicatrice rose qui venait barrer sa joue, son apparence était la même qu'autrefois. Sentant sa présence derrière son dos, Cyl stoppa sa progression. Elle se retourna en tâchant de garder son air impérieux.

- Je t'arrête de suite, Nurh. Nous ne voyageons pas ensemble.

Il haussa un sourcil.

- Pourquoi pas ? Nous allons dans la même direction, et je serais heureux d'entendre tes histoires, après tant de temps passé loin de ton exquise personne et de ta capacité inouïe à t'embourber dans les situations les plus rocambolesques qui soient. La vie n'avait plus la même saveur, sans ta chance calamiteuse à mes côtés.

« Si seulement il savait » pensa-t-elle.

- Non. Je voyage de mon côté et tu voyage du tien. Tout le monde est heureux ainsi, merci bien.

- Soit, mais sache que tu te diriges dans la mauvaise direction. Le temple est par ici, fit-il en pointant son doit vers le nord-est. Juste à titre indicatif.

Par les bourses molles de Mydhir ! Il ne manquait plus qu'il pose des questions !

- Je sais, mais j'ai laissé mes affaires un peu plus loin, pour la nuit.

- Tu as préparé le camp avant d'aller chasser, en sachant que tu allais devoir rebrousser chemin, toi, Cyl, qui détestes par dessus tout le froid et qui ferait tout son possible pour gagner ne serait-ce qu'une minute loin de la neige ? Laisse moi rire. Que cache-tu dont là-bas, un nouveau prétendant ? Une nouvelle prétendante, peut-être ?

Cyl se hérissa.

- Occupe-toi de tes affaires.

L'homme posa le menton sur le dos de sa main, toisant la prêtresse avec obstination.

- Mmh... Tu es une piètre menteuse, Cyl. Tu caches quelque-chose, et je le sais. ( son sourire effronté fit son retour sur le coin de ses lèvres. ) Je t'accompagne.

Peste soit de sa curiosité dévorante ! Elle imaginait déjà très bien la réaction de Nurh en voyant l'état de la Bête-Divine, et en découvrant le garçon. Connaissant la fierté de son ancien amant, et la sauvagerie du garçon, il y avait fort à parier qu'ils se battraient comme deux bêtes sauvages à la moindre remarque de l'une ou l'autre des parties. Sauf si ses deux compagnons n'étaient pas sortis de leur catatonie, auquel cas ce serait pire encore : Nurh poserait des questions, trop de questions, s'inquiéterait plus que de ne nécessaire et deviendrait vite ingérable.

- C'est hors de question.

Elle se campa fermement sur ses deux jambes, le défiant de la contredire. Ce qu'il s'empressa de faire. Relevant le menton, il la considéra avec amusement :

- Ah oui ? Et comment comptes-tu m'en empêcher ?

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro