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Chapitre 2.2 : Je l'ai perdu



Immédiatement, les oreilles du loup se plaquèrent contre son crâne, tous ses sens en alerte. Ses yeux graves dévisagèrent la prêtresse avec stupéfaction.

Les épaules de cette dernière tressautaient au rythme de ses éclats de voix, un drôle de bruit oscillant entre l'aigu et le grave, s'échappait de ses lèvres entrouvertes. Le loup n'avait jamais entendu un son aussi étrange. Il frémit quand s'élevèrent tout autour d'eux des caquètements de protestations; signe que les éclats de voix dispersés par le vent, échos bruyants dans la forêt silencieuse avaient tout aussi bien surpris le loup que les oiseaux nichant dans les arbres alentours.

Quel était le but ce son ? Un appel pour ses congénères ? Une sorte de parade nuptiale ? Un mélange des deux ?

La rage ?

L'air ahuri du garçon fit redoubler les éclats de rire de la prêtresse qui porta une main à sa bouche, les larmes dévalant ses joues. Elle tenta tant bien que mal d'apaiser son hilarité, mais en vain.

- C..Chasseur-Loin-Voyant-au-Pelage-Donné-par-la-Nuit, répéta-t-elle entre deux hoquets.

Ne comprenant rien à ce que l'étrange bipède venait de dire, le loup la laissa un instant de côté pour observer les alentours, anxieux à l'idée qu'ils puissent avoir été repérés par tous les prédateurs sur des lieux et des lieux à la ronde avec le raffut qu'elle était en train de faire. Il plissa les yeux et scruta les arbres morts, le paysage marmoréen qui les entouraient. Louveteau, l'une des premières leçon qu'on lui avait inculqué était que, dans la forêt, ceux qui faisaient le plus de bruit n'étaient pas forcément ceux qui vivaient le plus longtemps, et la deux-pattes n'était pas l'exact modèle de la discrétion. Heureusement, aucun ennemi ne semblait s'avancer, et pas une ombre n'altérait la blancheur de la neige. Un peu rassuré, il coula un regard interrogateur au corbeau en désignant la deux-pattes de la tête.

- Que lui arrive-t-il ?

Fenned lâcha un croassement amusé. Dans ses prunelles rubigineuses, un éclat d'espièglerie brillait.

- Ce n'est rien, petit frère. Rien de grave tout du moins. C'est ainsi que les bipèdes expriment leur amusement. On appelle cela « le rire ». Tu as les mêmes cordes vocales qu'eux, toi aussi tu pourrais le faire.

Le loup frémit rien qu'à l'idée. Reproduire cette espèce de caquètement ? La Bête-Divine avait-elle perdu l'esprit ? Il pencha la tête.

- Et qu'est-ce qui l'amuse ... autant?

- Oh, je suppose qu'elle a entendu quelque chose de particulièrement... hilarant, comme dirait ma maîtresse. Je dirais même quelque chose de totalement incongru.

La prêtresse renifla, un peu calmée et s'essuya les yeux.

- Fenned... murmura-t-elle, en voyant déjà les dérives que la conversation pouvait engendrer.

Le loup grogna.

- Je connais le sarcasme, ô Bête-Divine-plumée. Serais-tu en train de te moquer de moi ?

Si le surnom amusa la prêtresse, il n'en fut rien pour le corbeau. Il claqua son bec, puis vint se poser sur le bras que lui tendait la jeune femme.

- Disons que j'ai moi aussi entendu quelque chose de particulièrement hilarant.

Le garçon haussa un sourcil, ce qui fit sourire la prêtresse, amusée à la vue de cette mimique si profondément humaine. Pour un peu, si elle ne s'était pas autant méfié du garçon au point de ne pas lui adresser la parole, elle lui en aurait fait la remarque.

- Et quelle est donc cette chose si hilarante, petit maître ? demanda-t-il.

Et bien. Les choses promettaient d'être divertissantes.

- Ton prénom, petit-frère.

Les étranges oreilles du garçon se plaquèrent contre son crâne. Discrètement, Cyl passa son bras libre dans les pans de son manteau et décrocha son poignard.

- Peux-tu me dire en quoi il te fait tant rire ? grogna la voix mentale de l'homme-loup.

L'espièglerie de Fenned causerait sa perte, c'était à parier. Cyl choisit cet instant pour mettre le poignard en évidence. La lame brilla dans sa main, réverbérant les rayons du soleil. Le garçon posa brièvement ses yeux ambrés sur l'arme, puis dévisagea le corbeau avec animosité.

- Je le peux, mais j'aurais trop peur que tu ne te décides de me manger après cela, acheva la Bête-Divine.

La prêtresse leva les yeux au ciel. Elle miserait au moins cinq cents pièces d'or. L'homme-loup se mit à grogner comme il l'avait fait quand Cyl lui avait pointé le poignard sur la gorge. Ses crocs se dévoilèrent sous ses lèvres retroussées.

- Ce n'est pas un prénom commun, c'est tout.

La prêtresse avait choisit ses mots avec prudence, pourtant le visage devint encore plus sauvage et effrayant. Par la grâce de la Grande Mère ! Elle qui voulait seulement apaiser la situation !

- Nous ne partageons pas les mêmes coutumes que les bipèdes.

- De là à dire que tu as un pelage, petit frère, je trouve ça un brin excessif.

C'était décidé. Elle plongerait cette stupide volaille dans les chaudrons des cuisines dès la porte du temple passée, et à la Dernière Ombre ce que pourrait bien en penser sa Déesse. La respiration de la prêtresse s'accéléra, imités pas ses battements de cœur. Elle banda ses muscles, prête à recevoir de plein fouet l'attaque vindicative du garçon.

Mais celle-ci ne vint pas. Alerte, Cyl redoubla d'attention. L'aigreur déformait certes les traits de l'homme-loup, ses poings s'étaient certes refermés en deux étaux tranchants, mais il ne bougea pas d'un pouce. Les minutes défilèrent. Minutes pendant lesquelles tous trois se jaugèrent en silence.

- Je l'ai perdu, lâcha enfin le garçon, brisant le silence tendu.

Ses épaules s'affaissèrent. Il baissa la tête et son visage se retrouva dissimulé par la masse épaisse de ses cheveux au noir bleuté. Peu de temps après, ses épaules se mirent à tressauter sous les spasmes nerveux qui l'agitaient.

Accablé, le loup venait de réaliser ce qu'il avait perdu. Et sa perte était immense.

Il avait perdu son corps. Sa fierté. Son identité.

Même son nom n'avait plus aucun sens, désormais.

Les siens ne l'accepteraient plus, comment le pourraient-ils ? La forêt qui avait été sa demeure toute sa vie durant lui était désormais hostile. Il n'était plus qu'un paria, étranger à son propre corps, un corps faible, traître. Un loup prisonnier dans le corps d'un homme. Pire : Il était seul. L'image de sa mère, la louve qui l'avait recueilli et qui s'était occupée de lui comme de son propre petit s'imposa à son esprit, lui donnant la nausée.

Jamais plus sa mère ne lui accorderait le regard empli de fierté qu'elle réservait à lui et à ses autres enfants. Jamais plus il ne connaîtrait le bonheur simple d'être entouré des siens.

La réalité venait de le rattraper, forçant son esprit comme une tornade déchaînée. Cyl cligna des paupières et sera les dents pour ne pas crier, affectée elle aussi par ce sentiment de perte démesuré qui inondait le lien mental. Sur son bras, le corbeau remua lui aussi. Ses serres se plantèrent avec force dans la fourrure, comme si il cherchait à se maintenir debout. Le regard perdu dans le vide, il se terra dans un coin inatteignable de son esprit.

Le garçon, lui, tomba à genoux. Ses longs cheveux dévoilèrent un pan de son visage dont les larmes striaient la peau et dont la bouche n'était plus qu'un trou béant ouvert en un cri muet.

Cyl porta une main à ses propres joues et recueilli une larme dans le creux de sa paume.

« Mais par Mihil'Ban ! Qu'a bien pu vivre cet enfant ? » L'écho de ses pensées trahirent son désarroi.

Sous son regard impuissant, le garçon se recroquevilla sur lui-même, enfouissant son visage entre ses mains, les coudes posés sur les cuisses, les épaules secouées de sanglots incontrôlables. Et sa tristesse immense lui donna un air terriblement chétif et enfantin.

Instinctivement, Cyl fit un pas vers lui. Elle avança de quelques mètres, puis se ravisa. Essuyant une nouvelle larme sur sa joue, elle hésita. Qui pouvait bien prédire comment le garçon réagirait si elle s'approchait, lui qui semblait la haïr elle et les êtres humains par dessous tout ?

Son bras retomba le long de sa poitrine, inerte. Elle ne pouvait pas l'aider.

Pendant de longues minutes, Cyl goûta avec amertume l'immense chagrin qui ravageait le garçon de l'intérieur. Son sentiment d'impuissance la torturait. Prenant une grande inspiration, elle s'arracha du lien mental qui la reliait au garçon, mettant fin à son supplice. Elle papillonna des paupières quelques secondes. Devant ses yeux dansèrent des petits points blancs, et la bile lui monta à la bouche. Elle s'accroupit avec précaution puis attrapa une grosse poignée de neige qu'elle s'étala sur le visage.

Une fois à nouveau maîtresse d'elle-même, elle reporta son attention sur l'oiseau agrippé à son avant-bras.

« Fenned ... »

Son murmure se perdit dans la bise glaciale. L'oiseau semblait être plongé dans une transe profonde, hors d'atteinte, totalement prisonnier du lien mental qui le reliait au garçon. La prêtresse poussa un gémissement désespéré. Que devait-elle faire ? Elle passa un doigt sur le long bec du corbeau, mais sans plus de résultat. La jeune femme ferma les yeux.

En tant que prêtresse d'Itte'naere et, surtout, en tant que voleuse, Cyl savait qu'en cas de situations d'extrême urgence, il fallait absolument tout faire pour ne pas paniquer, car la panique conduisait irrémédiablement aux mauvaises décisions.

- Réfléchis, Cyl, réfléchis, siffla-t-elle entre ses dents serrées.

« Ils sont tous les deux happés par les sentiments du garçon... » Son constat lui laissa un goût d'amertume dans la bouche car elle ne pouvait absolument rien faire pour les sortir de leur catatonie. Elle serra les poings, puis ouvrit les yeux.

Et, tout en se relevant, elle fit la seule chose qu'elle estimait bénéfique pour ses deux compagnons.

Elle balaya la neige qui les entourait d'un mot de Sirdh, alluma un feu avec un autre et installa le camp pour la nuit. Ensuite, elle déposa Fenned dont les grands yeux fixaient le vide sur une épaisse couche de fourrures. Elle glissa ses doigts dans l'entrelacs de ses plumes, sans que l'oiseau n'émette la moindre réaction, ce qui ne fit

qu'augmenter son inquiétude d'un cran. Puis elle se dirigea vers son lourd sac de voyage qu'elle avait abandonné le temps de préparer le campement, elle attrapa ensuite une pierre de protection qu'elle posa au sol. Enfin, quand le campement fut prêt, elle s'installa aux côtés de l'oiseau, portant sur la silhouette de ses deux compagnons un regard désolé.

Sa veille commençait. 

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