5 | 'FOULE'
Ça faisait une semaine que Yamaguchi avait pleinement commencé son projet, et il était aujourd'hui bien embêté.
De quelle couleur étaient les yeux du jeune homme qu'il avait rencontré déjà ?
Il savait que ce n'était pas une couleur commune, mais il n'arrivait plus à la déterminer exactement, ce qui était assez frustrant. Plus le temps passait, moins il se souvenait de son visage. Effectivement, son œuvre allait bien montrer que tout était éphémère.
— Je dois le retrouver.
C'était tout ce qu'il s'était dit. Il avait besoin de le revoir.
Alors il attrapa ses clés, son téléphone et sa sacoche. Il enfila son manteau, et au moment où il était sur le point de partir, il tourna les talons et partit rapidement nourrir son poisson. Oui, il avait acheté un poisson. Il aurait bien acheté un autre animal comme un chat, mais il n'était pas sur que les chats soient autorisés dans les avions, et il ne comptait pas l'abandonner trois ans plus tard quand il rentrerait définitivement au Japon.
Il sortit ensuite en trombe de son appartement directement vers les escaliers. Pas question de prendre l'ascenseur, vu l'ancienneté de l'appareil, les chances de rester coincé à l'intérieur devaient probablement être élevées. Il descendit quatre à quatres les marches des escaliers, croisant son voisin qui lui montait avec deux gros sacs pleins de nourriture dans les mains.
— Bonjour, lâcha-t-il simplement, pour rester poliment.
— Salut !!
Il n'aimait pas trop son voisin. Il avait peut être l'air d'avoir son âge, et était peut être amical avec lui, mais depuis le jour où il l'avait entendu avec son petit ami faire l'amour contre la cloison qui séparait leurs deux appartements, il ne pouvait plus l'encaisser. Il n'avait après tout pas réussi à dormir de la nuit. C'était dommage, parcequ'avant ce jour, ils s'étaient plutôt bien entendus.
— Oh, eh Yamaguchi ! l'interpella le jeune homme aux cheveux blonds en se retournant dans les escaliers.
Tadashi s'arrêta rapidement pour se retourner.
— Hm ?
— Je fais une fête demain soir, ça ne te dérange pas ?
— Pas de problème, répondit-il, jurant mentalement.
Impossible de se concentrer pour lui demain soir alors.
— Tu devrais venir au fait !
— Ah ... Désolé Atsumu, je ne parle pas encore très bien la France.
Son voisin se mit à rire.
— Je vois ça ! Bon, bah si tu sens que tu as envie de venir, fais-toi plaisir, ramène toi ! Je pourrais te présenter mon copain, enfin si j'arrive à le forcer à venir !
— Ah d'accord, murmura-t-il avant de faire demi-tour et de murmurer entre ses dents, Crois-moi, ton copain je l'ai déjà vu.
Il se souvenait bien du garçon aux cheveux noirs quitter l'appartement d'Atsumu au même moment où lui partait à l'Université. Il lui avait lancé un regard assez hautain, l'air pas dérangé par le fait qu'ils avaient absolument ruiné la nuit du pauvre japonais.
Enfin bon, il laissa ses problèmes d'immeuble de côté et partit en courant en direction du métro. Il ne savait pas du tout où il allait aller, mais il comptait retourner à la même station où le blond était sorti ce jour-là. Et ce n'était peut être que le temps d'une station, mais il était 18:20. Heure de pointe. Oh, horreur. Oh, désespoir. L'heure de pointe.
Les cinq ridicules minutes de trajet dans le métro furent unes des pires. Il s'était retrouvé complètement écrasé entre une femme avec une forte surcharge pondérale et un homme qui n'avait pas mis de déodorant. Il s'était fait bousculer de tous les côtés, et en sortant de là, il était complètement lessivé. Lessivé, mais ça ne voulait pas dire qu'il n'était plus déterminé.
C'est seulement en sortant du métro pour se retrouver dans une avenue bondée par des hommes d'affaires et des femmes d'affaires qu'il sentit toute sa motivation s'évaporer. Comment était-il sensé trouver quelqu'un dans toute cette foule ? Il ne se sentait même pas à sa place. Il n'y avait que des gens en costards ici, des cadres sûrement haut-gradés de compagnies sûrement assez populaires. Et lui, à côté, il était un pauvre étranger japonais. Dans quel coin était-il encore tombé ? Il n'y avait même pas de SDF ici, alors qu'on était à seulement une station de métro de son quartier – qui lui était bourré de sans abris et de manouches qui quémandaient de l'argent.
Alors qu'il avançait d'un pas mal assuré, regardant les immeubles et les verrières autour de lui, il se fit bousculer par un homme qui paraissait assez pressé, et il tomba au sol, complètement déséquilibré.
— Regarde où tu mets les pieds sale gosse ! jura l'inconnu avant de repartir d'un pas vif.
Tadashi cligna des yeux, incrédule, et resta le cul par terre quelques instants, essayant de réaliser ce qu'il venait de se passer.
On était un mardi soir, il était 18:30. Pas étonnant que les rues soient agitées. Les gens sortaient du travail, reprenaient le métro, cherchaient à rentrer chez eux au plus vite.
Yamaguchi finit par se relever et essuyer sa veste avant de reprendre sa route, complètement perdu. Ses sens étaient troublés. De tous les côtés, il entendait des gens parler, assez agacés, des pleurs de bébés. Tout autour de lui, des gens marchaient, dans un sens comme dans l'autre sur le trottoir qui paraissait alors vraiment étriqué. Il était perdu, avec rien pour réussir à se repérer.
Ça lui rappela la fois où il avait accompagné Hinata à un concert de ce groupe de K-pop qu'il adorait. Lui et Yachi n'étaient pas spécialement fans, et il s'étaient jurés de ne plus jamais retourner à ce genre de choses après ce qu'ils venaient de vivre.
Pourquoi est-ce qu'il y avait autant de monde dans la rue, d'ailleurs ? Même en pleine heure de pointe, ce n'était pas aussi bondé.
À côté de lui, une petite fille se faisait traîner par sa mère.
— Maman où on va ?! pleurnicha-t-elle.
— Le PDG d'une grande société japonaise est dans le quartier, il donne une conférence ! Je sais que tu n'as rien à faire ici mais ton père est un connard !
Le jeune homme aux cheveux verts n'avait pas tout compris, mais il sût que quelqu'un d'assez important était dans le coin. Il n'avait vraiment pas choisi le bon jour pour venir dans ce quartier alors.
Il continua de marcher, scannant du coin de l'œil les gens autour de lui.
— Pardon ! s'écria quelqu'un avant de le bousculer.
Il manqua de tomber sur la chaussée, se rattrapant rapidement à un lampadaire. Décidément, les foules n'étaient vraiment pas quelque chose qu'il aimait.
Et alors qu'il restait collé à son lampadaire, il jura apercevoir ce trench-coat beige qu'il connaissait si bien.
Sa bouche s'entrouvrit, surpris, et il se précipita pour essayer de suivre ce manteau. Et effectivement, quand il vit au loin, marchant rapidement, une touffe de cheveux blonds et un casque sans fil sur les oreilles, il n'eut plus aucun doute.
Il essaya de passer en contresens de la foule, s'excusant vainement alors qu'il essayait de se faufiler entre les gens. Il tendit même le bras désespérément, comme si ça allait l'aider à attraper ce blond si odieux qui envahissait ses pensées.
Il sauta un peu pour essayer de le voir, mais il était déjà loin.
— Non, tu ne peux pas partir ... se plaint-il avant de continuer à le suivre, s'excusant tout aussi platement dès qu'il bousculait des gens, bien qu'il n'en ait plus grand chose à faire.
Quand finalement, il fut sorti du brouhaha qu'était l'avenue, il resta statique.
Il l'avait perdu.
Encore une fois.
Il lui avait échappé.
Il manqua de s'effondrer au sol, épuisé. Tout ça pour ça.
Malgré tout, il décida d'aller se chercher un frapuccino au Starbucks qui trônait à sa gauche. C'était la seule chose qui pourrait remonter un peu son humeur.
Après quinze minutes de queue et deux minutes à essayer d'épeler désespérément son prénom au serveur, il ressortit de la boutique avec sa boisson et le nom 'Yamahgouchy' écrit sur le gobelet. Ça lui avait fait mal aux yeux de voir son nom écrit comme ça, mais franchement, c'était le cadet de ses soucis.
Il avait perdu son inconnu.
Comme il n'avait plus rien à faire, il décida d'entrer dans la bibliothèque de l'autre côté de la rue. Après tout, qu'est-ce qu'il avait à faire maintenant ? Il n'allait clairement pas retrouver ce blond. L'univers lui avait déjà donné trois chances, et il n'avait pas su les saisir. Il n'allait pas en avoir une quatrième.
Et alors qu'il allait s'installer à l'étage avec un manga (ça allait être dur pour lui de lire en français), il se figea, complètement sidéré.
Sous ses yeux, son inconnu était assis sur un fauteuil, sur son ordinateur portable et avait l'air de travailler.
Il finit par sentir le regard intense et éberlué de Tadashi sur lui, et quand il vit qui l'observait, il parut assez surpris.
— Ah, lâcha-t-il simplement.
Le monde était petit quand même.
~La SuIte Au PrOcHaIn ÉpIsOdE ¡!¡!
Bon, vous l'aimez comment le chapitre ?
Celui ci n'est pas mon préféré non plus, mais par contre dans le prochain on aura vraiment une vraie discussion entre je-ne-citerai-pas-son-nom-même-si-vous-savez-toutes-qui-c'est et Yams donc on se voit samedi ٩(๑'^´๑)۶
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