Junhui était à l'étranger quand tout ça était arrivé. Ils étaient tous réunis depuis peu, Chan venait d'effectuer son service militaire, et il fallait désormais juste attendre que Junhui ait terminé de tourner ce drama dans lequel il avait un rôle principal pour enfin faire leur grand retour.

Mais le soir qui avait précédé son retour en Corée, Junhui avait reçu un appel dévastateur.

C'était Minghao qui avait appelé. Mais son calme habituel n'était visible nulle part. Il semblait tendu, apeuré. Traumatisé, même. Junhui avait tout de suite compris que quelque chose de grave était en train d'arriver. Ou même, était déjà arrivé, vu l'état de Minghao. Ce dernier était en larmes, et peinait à articuler des mots audibles, que ce soit en mandarin ou en coréen. Sa voix était plus faible que Junhui l'avait jamais entendue, et un mauvais pressentiment lui serra la poitrine.

- Il.. ça a fait un grand bruit.. puis plus rien.. j'ai mal partout.. je me souviens pas de ce qu'il s'est passé.. il.. il faut que tu rentres.. s'il te plaît.. j'ai besoin de toi Jun-ge.

Minghao n'avait pas utilisé ce surnom depuis des années. Et à chaque fois qu'il l'avait utilisé, il était dans tous ses états et qu'il avait vraiment besoin de lui. Il n'avait pas eu besoin de plus de mots pour comprendre que la situation était grave. Il devait rentrer au plus vite. 

Il aurait dû rentrer la semaine suivante, mais comptait faire la surprise aux autres membres de rentrer plus tôt, comme pour compenser son absence quand Chan était revenu au dortoir après la fin de son service militaire. Il allait devoir rentrer pour quelque chose de bien plus terrible que ce qu'il aurait pu imaginer.

Il rangea négligemment le peu d'affaires qu'il avait emporté dans sa valise, tout en restant au téléphone avec Minghao. Il sentait qu'il devait à tout prix continuer de lui parler, ou ça risquait d'être la dernière fois qu'il entendait sa voix. 

- Hao, tiens bon. Je fais ma valise et je prends le prochain avion. Ne t'inquiète pas, tu n'es pas seul. Tu ne le seras jamais. Tiens bon jusqu'à ce que je rentre d'accord? Assure-toi que tout le monde va bien ou est aidé si besoin, et je prendrai le relais à mon arrivée.

- Je.. je vais faire de mon mieux..

Junhui eut l'impression que son sang se glaçait quand il entendit Minghao faiblement appeler à l'aide. Il avait compris ce qu'il aurait voulu ignorer: les membres de son groupe, sa famille avait eu un accident.

Il ne se souvenait pas avoir déjà fait sa valise aussi rapidement. D'habitude, il était plutôt méticuleux et vérifiait plusieurs fois qu'il avait bien tout rangé et rien oublié. Mais pas aujourd'hui. Il n'y avait pas le temps pour ça. Il devait prendre le prochain avion et être là pour les autres membres. 

- Sois fort Hao.. ça va aller je te le promets.. tout le monde va s'en sortir, on est tous forts et on va se sortir de là.. ne laisse personne abandonner d'accord? Tu me le promets?

- O..Oui.. Je te le promets..

Ses mains tremblaient alors qu'il quittait la chambre d'hôtel, continuant de parler à Minghao pour le distraire et s'assurer qu'il était toujours là, avec lui. La pensée qu'il allait devoir quitter l'appel très bientôt et le laisser livré à lui-même le temps qu'il arrive le terrifiait, mais il n'avait pas le choix. Il serait plus utile en arrivant là-bas, et Minghao pouvait encore tenir un peu, non?

Il serait sûrement soigné entre temps, il le fallait, et quand il arriverait, les membres se reposeraient tranquillement en attendant que leur corps guérisse de cet incident. 

Il monta dans l'avion en tentant d'afficher une façade sereine, bien qu'en lui c'était la tempête. Il fit promettre à Minghao de rester fort encore quelques heures. Il entendait les sirènes approcher du lieu de l'accident à travers le téléphone de Minghao, et la pensée qu'ils allaient recevoir de l'aide le rassurait beaucoup. 

Ils allaient tous s'en sortir. C'était juste un mauvais moment à passer, non?

Junhui voulait y croire. Il voulait se dire que tout irait bien. Que l'aide était arrivée rapidement et que tout le monde allait s'en sortir. 

Ses espoirs avaient été brisés dès qu'il était arrivé aux urgences, à Séoul, auprès des siens. 

Il avait remarqué son absence. Et savait déjà ce qu'il en était, bien que quelque part dans son cœur subsistait l'espoir qu'il se trompe et que son esprit s'emballe juste.

Il manquait deux membres. Et cette absence pesait lourdement sur le reste du groupe. Il ne restait plus qu'à espérer qu'elle soit temporaire.