Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

CHAPITRE 45 : Acte de piraterie (2ème partie)

Sitôt revenue de son escapade sidérale, Tiana Fry s'était extraite de sa combinaison spatiale, et ce, avec une grande difficulté. Tremblant à l'idée de se retrouver à nouveau face à ne serait-ce qu'un seul Charognard, elle peinait à enlever le lourd équipement qui s'était collé à sa peau moite et tremblante. Les parois rembourrées de son habit semblaient vouloir la retenir prisonnière, amplifiant son sentiment de claustrophobie. Seilah, qui avait attendu sa compagne, et la voyant en difficulté, avait dû mettre tout en oeuvre pour la libérer de cette carapace oppressante. Après avoir lutté pendant quelques minutes, la Capitaine, enfin délivrée de son carcan, se précipita, le souffle court, vers la passerelle où l'attendait Tooms.

— Sérieusement, t'es une grande malade ! s'exclama-t-il en la voyant arriver du coin de l'oeil. Tu pouvais pas attendre que je te donne le signal, hein ? Non, bien entendu, pourquoi suivre un plan quand on peut improviser ?

Le timonier affichait une expression mi-paniquée, mi-agacée. Sa supérieure, quant à elle, avait les traits tirés autant par l'adrénaline que par la fatigue, n'était pas en état d'argumenter. Et elle ne comptait pas plus s'excuser. Elle savait pertinemment pourquoi elle avait agi ainsi, et malgré son inquiétude apparente, Tooms en était tout autant conscient. Son éclat de colère n'était en réalité que le reflet de la situation désespérée dans laquelle ils se trouvaient : une flotte entière de vaisseaux charognards les poursuivaient, fondant sur le Charon comme une horde prédatrice, aussi implacable que terrifiante.

Le coeur de Fry battait encore à un rythme effréné et elle n'avait pas le luxe de s'attarder sur des regrets ou des justifications. Il en allait de la vie de ses deux camarades captifs. Chaque décision, chaque seconde pouvait leur coûter la vie. Elle planta son regard déterminé dans celui du pilote, cherchant à y puiser la moindre once de courage.

— Écoute, Ash. On avait pas le temps, rétorqua-t-elle d'une voix ferme, masquant à peine les tremblements qui la traversait encore. Jack et Sarina sont peut-être morts à l'heure qu'il est.

— C'est pas comme si nous, on était pas à deux doigts d'y passer, hein ?

— Oh, arrête un peu. J'ai une totale confiance en toi et en vous tous. Je sais qu'on va y arriver.

— Des promesses, toujours des promesses, répliqua-t-il, sarcastiquement.

Tiana fronça les sourcils tandis qu'elle recevait le reproche non-dissimulé de Tooms en plein visage. Toutefois, elle lui pardonna instantanément quand l'alarme de proximité beugla dans leurs oreilles : la flotte était bien plus rapide que le cargo qui ne serait bientôt plus qu'une des nombreuses épaves restant après le passage des Charognards.

Sentant une intense angoisse monter en elle, Tiana ne put retenir un cri de terreur alors qu'un grappin enduit d'une couche de tissus organiques les dépassait. L'adrénaline pulsait dans ses veines, mais le timonier du Charon, vétérans d'innombrables combats spatiaux, ne flancha pas. D'un geste sûr et précis, il évita avec une aisance déconcertante la pluie de projectiles qui fusaient vers le cargo. Un voyant vert s'alluma sur sa console, indiquant que le moteur supraluminique était prêt à être activé. Sentant la tension électrique dans l'air, Tooms prit une grande inspiration avant d'écraser un bouton sur ses commandes. En un instant, le vaisseau fut propulsé à une vitesse supérieure à celle de la lumière, laissant derrière eux, une traînée de lumière éphémère ainsi que les Charognards à leur poursuite.

"Plus que quelques secondes et notre rôle d'appât prendra fin." pensa Fry, les yeux rivés sur les relevés holographiques des senseurs qui montraient la flotte d'Atlan, toujours en orbite autour de Terra.

Du moins, c'est ce qu'elle espérait. Mais au fond d'elle-même, Tiana savait que les choses ne seraient pas aussi simples. Les Charognards n'étaient pas connus pour laisser la moindre petite proie leur échapper. Et le Charon était une cible de choix.

À l'arrière du cargo, les quelques membres d'équipage encore présents s'étaient attachés, prêts à affronter les manoeuvres risquées que Tooms allait entreprendre. Tous, sauf Mei, qui était encore et toujours affairée à l'entretien des systèmes primaires du vaisseau, notamment ceux des moteurs qui commençaient à surchauffer. Travaillant avec une précision chirurgicale, chaque mouvement était calculé pour leur donner un peu plus de temps.

Dans le cockpit, Tiana mettait encore au point son plan pour se débarrasser de leurs poursuivants et leur donner une cible bien plus intéressante qu'un simple transporteur. Aussi, elle donna ses ordres d'une voix ferme et déterminée :

— Tooms, on a pas le droit à l'erreur. Fais une approche en vitesse supraluminique. L'Alliance aura pas le temps de nous cibler.

— Ouais, ça c'est dans le cas où on se mange pas l'un de leurs croiseurs en pleine face.

— J'ai confiance en toi, Ash. Tu vas y arriver. Et puis, ça donnera l'occasion aux Charognards de...-

— ...- défoncer la première ligne de défense du blocus ! C'est brillant ! Enfin... aussi brillant que fou...

Sans attendre, l'ancien Sergent se précipita sur le bouton de l'intercom et bientôt sa voix retentit dans tout le vaisseau afin de poursuivre la mise en place de son plan insensé :

— Mei, prépare-toi à nous camoufler à mon signal !

Un énième sarcasme de Tooms ne tarda pas à fuser, son rire moqueur emplissant la passerelle.

— Espérons qu'elle soit pas comme toi, Boss... Sinon tout sera à refaire.

— C'est vraiment pas le moment ! tonna la Capitaine. Concentre-toi sur le pilotage. C'est pour ça que je te paye, non ?

— Ouais, eh bien, j'attends toujours de voir la couleur des crédits, hein ?

Sans prendre le temps de répondre à cette ultime plaisanterie de mauvais goût que Fry savait être l'expression de l'angoisse qui rongeait son timonier, elle s'accrocha aux accoudoirs de son fauteuil tandis que le moteur supraluminique se coupait. Devant eux, l'immense masse d'un croiseur. Ash, quant à lui, démarra une succession de manoeuvres d'évitement toutes aussi ardues et dangereuses les unes que les autres.

— Tu vois ? Je gère ! "Comme une feuille en pleine tempête !"

Tiana leva les yeux au ciel, amusée malgré elle par cette allusion à un vieux holo-vid de science-fiction que le timonier adulait. La tension palpable dans l'air recyclé du cargo ne pouvait masquer l'habileté et l'assurance dont faisait preuve le pilote. Certes, ils étaient en danger, mais avec Ash Tooms aux commandes du Charon, ils avaient une chance de s'en sortir.

À mesure qu'ils approchaient toujours plus près de la formation serrée des vaisseaux de l'Alliance, la détermination de Fry se raffermissait. La survie de son équipage dépendait de chacune de ses décisions, de chacun de ses choix. Tout devait être précis. Millimétré. Ils n'avaient pas droit à la moindre erreur. Mais malgré la peur et le danger qui la taraudaient, elle les savait prêts à affronter tout ce qui se présenterait à eux.

Une alerte commença à brailler dans l'habitacle du cargo, signe que la toile charognarde venait d'arriver à leur suite. Aussi, sans perdre un instant, l'ancienne militaire pressa de nouveau le bouton de l'intercom :

— Vas-y, Mei !

Le sifflement caractéristique du bouclier occulteur retentit à travers tout le vaisseau tandis qu'il se camouflait petit à petit, lui laissant tout le loisir de slalomer entre les vaisseaux de l'Alliance à la recherche du croiseur d'Atlan. Soudain, Tooms poussa un cri en pointant du doigt un minuscule point sur les relevés holographiques des senseurs du Charon :

— Je l'ai retrouvée !

— Quoi donc ?

— Notre navette !

— Bien, répondit la Capitaine. Au moins, ça sera ça de récupéré.

La jeune femme soupira tandis que Tooms essayait par tous les moyens de s'approcher du croiseur auquel la précieuse navette que Jack Daniels avait emprunté était accrochée.

* * *

Depuis qu'Atlan avait quitté la salle de torture, Jack et Sarina avaient immédiatement ressenti que quelque chose de grave se tramait. Le premier indice n'avait pas tardé à se manifester : l'alarme aussi stridente qu'intense qui s'était mise à hurler, perçant le silence oppressant du vaisseau, qui résonnait à travers les cloisons métalliques, se répercutant dans le couloir adjacent à la pièce plongée dans la pénombre où étaient enfermés les deux compagnons d'infortune.

La sirène emplissait l'air de vibrations anxiogènes, chaque pulsation semblant rapprocher toujours un peu plus la menace imminente. Lorsque Jack jeta un regard lourd de sens à Sarina, il put voir dans les yeux de la Synthétique un reflet de sa propre inquiétude. Mais, derrière la terreur qui semblait l'animer, il pouvait détecter autre chose, une froideur calculatrice. Une réserve qui lui passa inaperçue :

— Tu sais ce qui se passe ? demanda-t-il.

— Oui, répondit-elle, avec aplomb, sans développer plus ses pensées.

L'ancien mercenaire tenta de se redresser dans sa cage, mais les sévices qu'il avait subi plus tôt vrillaient chacun des muscles de son corps. Étouffant à grand peine un gémissement, il insista à nouveau afin de découvrir ce que la Synthétique avait en tête.

— Tu comptes me laisser là sans explication ?

— Non...

— Alors ? Qu'est-ce qui se passe ?

— Les Charognards... C'est le plan que j'ai soufflé à Tiana...

À l'évocation de ces monstres, le sang de Jack ne fit qu'un tour. Les poings serrés, il sentait la rage et la détermination bouillir en lui. Il savait qu'ils devraient trouver un moyen de sortir de cette situation de plus en plus désespérée. De sortir de là avant qu'il ne soit trop tard.

Un sentiment partagé par Sarina qui s'était mise à gigoter sur la chaise métallique sur laquelle elle était vissée. Toutefois, malgré tous ses efforts pour se libérer de ses attaches, les pointes métalliques plantées dans son squelette cybernétique ne bougeaient pas. Impuissante, coincée, elle ne pouvait rien faire. Juste rester là, sans le moindre espoir d'aider son compagnon à échapper à une mort aussi certaine que douloureuse.

Si, de par sa nature de Synthétique, elle savait qu'elle ne serait d'aucun intérêt pour ces monstres, le cas de Jack, un humain fait de chair fraîche, serait ô combien plus attrayant. La terreur qui l'assaillait monta brusquement d'un cran lorsqu'elle entendit, de l'autre côté de la porte, le raclement caractéristiques d'un nombre important de bottes sur le sol, suivis de tirs et de sifflements tout aussi reconnaissables : les monstrueuses créatures étaient bel et bien à bord.

Tenaillée par la panique, la Synthétique s'adressa brusquement à son compagnon, toujours dans sa cage :

— Jack ! Il faut que tu sortes de là !

— Sans blague ! Comme si j'avais envie de me faire bouffer...

En se relevant, l'artilleur gémit à nouveau de douleur, inquiétant la jeune femme par la même occasion :

— Jacky, est-ce que tout va bien ?

— Ouais, tout baigne ! répondit-il, sarcastique. Je viens de me faire torturer après tout.

Ses mots à peine prononcés, un hurlement déchirant résonna, suivi d'un choc brutal contre l'épaisse porte métallique qui se gondola. Le son était si soudain, si violent, que la Synthétique sursauta, son corps entier se crispant sous l'effet de la panique. Son visage impassible était désormais marqué par une terreur palpable.

— Tu peux te libérer ?

Le hurlement vibrait comme un avertissement sinistre. Chaque coup contre la porte résonnait comme le glas, signalant l'approche inexorable de leur ennemi. Sarina, d'ordinaire si calme et calculatrice, se retrouvait submergée par la peur et incapable de penser. Ses yeux fixaient Jack avec une intensité désespérée, tandis qu'elle l'imaginait périr face au monstre qui n'allait pas tarder à entrer.

Ce dernier, encore meurtri par les sévices qu'Atlan lui avait infligés, sentait bien qu'il ne pourrait pas compter longtemps sur sa compagne d'infortune. Même si son cerveau était une véritable ordinateur, ses émotions semblaient obscurcir toute forme de raisonnement logique. Cherchant une opportunité pour se libérer de sa prison métallique, il jeta un coup d'oeil alentour. Sans succès. Étreint d'une soudaine résignation, il soupira profondément. Il s'était attendu à se faire écraser par Atlan, ou bien se faire tuer par les militaires de l'Alliance, à la rigueur. Mais pas à se faire dévorer par des Charognards. Toutefois, il voyait le génie dans la tactique de la jeune femme : les Charognards occuperaient Atlan et les siens pendant leur fuite et pourraient même les débarrasser du Synthétique en détruisant son croiseur.

— Ton plan est vraiment tordu, ma belle. Mais il peut marcher.

— Peut-être... Mais il n'aura pas servi à grand chose si tu meurs bêtement dans cette cage.

— Ouais, c'est sûr... J'imagine que j'ai pas trop le choix alors...

L'artilleur se pencha alors vers l'unique ouverture de sa cage, et nota qu'elle n'était verrouillée que par un simple mais puissant cadenas magnétique. Il s'empara d'un bout de métal coincé dans sa ceinture et le positionna de telle sorte qu'il produisit un court-circuit. Un clic sonore retentit et la porte de la cage s'ouvrit dans un grincement particulièrement pénible.

— Mais comment... ? demanda la Synthétique.

— Mei est pas la seule à avoir des petits trucs sur elle... Tu croyais vraiment que c'était ma première prison ?

À la réflexion de l'ancien mercenaire, Sarina ne put réprimer un léger sourire. Bien sûr, l'artilleur n'en était pas à son premier séjour en cellule. Il avait même dû les collectionner, ainsi que les techniques pour s'en sortir.

Tandis que Jack sortait de la cage et se redressait, tant bien que mal, la Synthétique fixa son regard sur la porte complètement cabossée. Derrière la paroi, elle distinguait les grognements d'un ou plusieurs Charognards ainsi qu'un bruit immonde de succion : c'était l'heure de la curée.

Lorsqu'elle tourna son regard de nouveau vers Jack, elle le vit près de la console reliée à sa chaise. Il ne lui fallut qu'un instant pour comprendre que l'artilleur n'y comprenait rien. Pour lui, les boutons qui la composaient étaient plus étranges les uns que les autres. Ne sachant que faire, il s'avança vers la Synthétique mais voyant les piques enfoncées dans son corps, il hésita. Il savait qu'au moindre faux pas, il pourrait lui faire du mal et n'était pas résolu à agir. Dans un soupir, la Synthétique planta son regard dans celui de Daniels et prit sur elle :

— Jack, regarde-moi, dit-elle, doucement.

L'ancien mercenaire avait du mal à respirer. Il n'avait, pour ainsi dire, jamais ressenti ça.

— Jack ! réitéra la jeune femme. On ne va pas y passer la journée : on va les retirer manuellement. Ensemble. Mais avant toute chose, détache-moi.

Son compagnon ramassa une barre en métal et l'abattit d'un coup sec sur les attaches liant les poignets de Sarina à la chaise. Puis, voyant le succès de l'opération, il se pencha vers la jeune femme qui inspira profondément. Enfin, d'un signe convenu, les deux compagnons poussèrent brusquement les deux armatures principales et, sous les cris déchirants de Sarina, toutes les pointes s'arrachèrent du squelette de la jeune femme.

La douleur était telle que les yeux de Sarina s'emplirent de larmes. Le mercenaire, quant à lui, était partagé entre un malaise profond face à la souffrance de la jeune femme et le sentiment de fierté devant son courage. Le surprenant tout autant, les différentes entailles dans sa peau se mirent instantanément à se refermer d'elles-même. Voyant le regard ébahi de son compagnon d'infortune, la Synthétique haussa simplement les épaules avant d'expliquer le phénomène :

— Ma peau est composée d'un tissu nanique. Elle se répare d'elle-même à chaque fois qu'elle est détruite. C'était certainement pour faciliter l'infiltration au sein des humains que j'en ai été dotée. Atlan, lui, en est dépourvu, ce qui signifie qu'il doit être moins perfectionné que moi...

Un coup plus puissant sur la porte interrompit les deux compagnons qui se retournèrent comme un seul homme. Ils comprirent rapidement de quoi il en retournait quand un cri strident retentit : un Charognard avait senti la proie potentielle que représentait Daniels.

Instinctivement, Daniels se prépara à défendre la Synthétique. Armé de sa barre en métal, une arme bien dérisoire face à leur futur adversaire, il semblait déterminé à la protéger, quitte à y laisser la vie. Une telle dévotion qui fit remonter une unique question :

— Jack... Il faut que je sache... Pourquoi tu es venu ?

Une interrogation aussi incongrue ? Maintenant ? Ce n'était vraiment pas le moment...

— Tu veux vraiment savoir ça maintenant ?

— On va peut-être mourir dans quelques instants alors... Oui, je préfère savoir...

Une étrange lueur traversa le regard de l'ancien mercenaire. Une lueur que Sarina ne lui avait jamais vue. Il semblait... embêté ?

— Je te l'ai dit : tu me plais. Mais je comprendrais que...-

Il n'eut cependant pas le temps de finir sa phrase. Sarina venait de plonger vers ses lèvres pour y déposer un baiser aussi intense que rapide. Surpris, le souffle de l'artilleur se coupa quelques instants. Un bref moment de quiétude qui s'interrompit presque aussitôt : une masse rougeâtre se déversait par le creux qui s'était formé entre les deux battants de la porte métallique. Une masse sanguinolente et particulièrement odorante qui commençait déjà à se reprendre la forme effrayante d'un Charognard quadrupède.

— Merde, dit simplement Jack tandis que le monstre prenait forme devant lui. J'avais pas imaginé ça...

Tandis que le monstre aveugle reniflait l'air de la pièce à la recherche de sa proie – Daniels en l'occurence –, Sarina n'attendit pas un instant de plus et fonça vers la créature. En quelques enjambées, elle l'avait atteint et lui avait lancé un coup de pied en pleine face. Mais déjà, son adversaire avait changé de forme, prenant celle d'un colosse bipède. En quelques secondes, les tentacules de chair et de sang avaient commencé à s'enrouler autour des membres de la jeune femme. La matière organique suintante et molle devenant peu à peu un piège, si bien que la Synthétique fut bientôt incapable d'esquisser le moindre mouvement.

— Sarina ! s'écria alors la voix de Daniels dans son dos.

Effrayé, l'artilleur ne savait que faire. Il voyait bien que la créature avait le dessus sur l'élue de son coeur, mais n'avait aucune idée pour vaincre une telle créature. Tenaillé par la peur, il recula machinalement jusqu'à buter dans la console reliée à la chaise qui avait servi à torturer la Synthétique. Soudain, il sentit quelque chose tomber contre sa colonne vertébrale. Un objet qu'il aurait espéré ne jamais revoir : le "Bâton de la Mort", l'objet qui lui avait arraché les cris les plus effroyables de toute son existence. Une idée fusa dans son esprit et, malgré ses réticences, il s'empara de l'outil de torture. Avant de foncer également vers le monstre et de lui planter l'arme dans l'amas de tissus sanguinolents qui la composait.

Un hurlement aussi monstrueux que la créature qui l'avait poussé résonna dans la pièce. Et tandis qu'elle se tordait de douleur sur le sol en libérant la Synthétique, de nombreux cris tout aussi effroyables rejoignirent le premier. Comme si chacun d'eux étaient reliés les uns aux autres. En voyant l'amas de chair ramper au sol, Daniels regretta de ne pas avoir son arme sous la main pour abréger les souffrances de la créature. Mais, il fut rapidement sorti de ses pensées quand Sarina le prit par la main et l'entraîna hors de la salle de torture. Mais, tandis que la Synthétique semblait fonctionner telle la machine qu'elle était, le corps de Daniels quant à lui, ne pouvait tenir la cadence. Surtout après le traitement qu'Atlan lui avait infligé. Aussi, lorsqu'il manqua de s'écouler au sol, le bras de Sarina passa rapidement sous son épaule et il fut redressé en un instant.

Dans les corridors jusque là immaculés, ils découvrirent un immonde spectacle : le blanc des murs était taché du rouge des massacres qui les avaient précédés. Des morceaux de cadavres à moitié dévorés jonchaient le sol, ici et là, signe du passage des Charognards.

Reconnaissant le couloir où Atlan avait littéralement anéanti, Daniels indiqua le chemin à son soutien.

— C'est par là ! s'exclama Daniels, d'un voix rauque.

Ils parcoururent quelques mètres avant de se faire héler par une voix qu'il reconnaissait bien :

— Sarina ! Jack ! s'écria Seilah, une lueur de soulagement sur le visage. Ils sont là !

Ainsi la Synthétique et son compagnon venaient de retrouver leur Capitaine, suivie de sa propre concubine et du médecin de bord qui en voyant l'artilleur sembla à la fois affolé de son état et soulagé de le voir en vie.

— Comment nous avez-vous trouvés ? demanda Sarina, intriguée.

— Grâce au même gadget qui a permis à Jack de te tracer, commença Fry. On a isolé ta...-

— ...- ma signature bio-électrique et vous l'avez suivie jusqu'ici, c'est ça ? coupa la Synthétique.

Tiana eut un soupir de soulagement et un sourire s'étala sur son visage quand elle s'aperçut que la jeune femme était toujours aussi vive d'esprit.

— Ravie de voir que tu as toujours une longueur d'avance. On peut dire qu'on a eu de la chance que Cybil t'ait mené vers nous...

— Cybil ? Cette satanée I.A. ? Ainsi, c'est elle qui t'a permis de te libérer de nos chaînes ? Intéressant... tonna une voix menaçante que tous reconnurent.

Derrière eux, la silhouette en armure noire d'Atlan se découpait à l'extrémité du couloir. Il avait en main le même objet que Mei avait fait, celui-là même que Jack avait "emprunté".

Tiana et Alistair pointèrent leurs armes droit sur le demi-visage d'Atlan sur lequel une immense rage était visible. Celle de se venger de Fry et de son équipage.

— Je dois avouer que votre tactique était audacieuse, Capitaine Fry. Mais vous ne sortirez pas d'ici vivants ! hurla-t-il. Je vais vous réduire à néant ! Pour moi et pour l'Alliance ! Je vais détruire la nuisance que vous...-

Soudain, une décharge de plasma en plein visage interrompit son monologue, le projetant contre le mur derrière lui : sous les regards éberlués des amis de Sarina, le bras de cette dernière venait de se transformer en un véritable canon. Une arme que les scientifiques du projet D.I.M.A. avaient pris soin de cacher, pour faciliter son intégration dans la société et lui permettre de commettre ses funestes desseins en toute discrétion.

— On ne t'a jamais dit que tu parlais trop ? tonna-t-elle.

Mécaniquement, le Pisteur se releva et ne répondit pas. Le tir de Sarina venait de lui arracher le restant de peau qui lui servait de visage, dévoilant l'intégralité de son crâne de synthétique parsemé de diodes lumineuses et de circuits. Les yeux de Tiana s'écarquillèrent tandis qu'elle comprenait la dextérité et la force surhumaine de leur adversaire lors leur confrontation à bord du Charon. Mais, coupant court aux réflexions de chacun, Sarina fit feu à nouveau dans l'espoir de les toucher. Un tir qu'Atlan évita avec aisance. Consciente de la supériorité martiale du Commandant de l'Alliance, Tiana leva son arme. Mais la Synthétique l'arrêta d'un geste.

— Non, Capitaine. C'est à moi de régler ça.

Ainsi, elle souhaitait elle-même s'occuper de celui qui lui avait tant fait de mal. Le détruire si possible pour être enfin en sécurité. Loin de l'Alliance. Loin de toute cette souffrance.

Mais, tandis que les deux Synthétiques commençaient à combattre, un hurlement strident retentit. Un hurlement qui glaça le sang de Tiana Fry tant il lui était familier : des Charognards approchaient. L'ancienne militaire se figea un instant, revivant les événements qui s'étaient déroulés sur Sieran, avant de sentir une main sur son bras. Elle eut un mouvement de recul tandis qu'elle réalisait qu'il ne s'agissait que de Seilah.

Fry inspira longuement et se prépara à tenir la position. Elle avait cru bon de faire ajouter par Mei à son blaster un système de tir désintégrant, similaire à celui qu'avait employé Skye sur la planète carcérale ; et elle allait dans quelques instants pouvoir découvrir si cela fonctionnait. Elle mit l'extrémité vide du couloir en joue et attendit. Quelques secondes tout au plus mais qui, pour l'ancien Sergent, semblaient durer une éternité.

Soudain ils arrivèrent : une dizaine de Charognards leur fonçaient droit dessus. Terrifiée, Fry se mit alors à tirer ; mais la tension lui fit manquer pas mal de ses cibles. Heureusement, derrière elle se trouvaient Alistair Gun et Seilah qui, en tirant sur les monstres, les rabattaient droit vers leur Capitaine qui les achevait d'un tir désintégrant de son blaster. C'est alors que l'arme de cette dernière perdit de sa puissance, laissant sans défense les deux humains et la Démoréenne.

De son côté, Sarina était toujours aux prises avec le Pisteur et le combat semblait s'éterniser, aucun d'eux n'ayant un réel avantage sur l'autre : Atlan avait l'expérience et la rage de vaincre ; Sarina, la puissance brute et des capacités de calcul encore plus rapides que celles de son adversaire.

Soudain, le Commandant tourna sa tête sans visage vers la jeune femme et la nargua :

— Tu es vraiment pathétique. Regarde donc ce que tu as fait en essayant de m'échapper. Tu as conduit ces raclures que tu appelles des amis sur le chemin de la mort.

La jeune femme fit volte-face vers ses compagnons et fut surprise de les voir si proches des Charognards. Tandis qu'elle parait un coup du Pisteur à l'aveugle, son bras se transforma à nouveau et elle s'écria :

— À terre !

Une rafale de projectiles au plasma se dirigea droit vers les monstres, créant d'énormes trous qui s'élargirent petit à petit sans jamais s'arrêter. Les créatures se mirent alors à hurler à la mort et les bruits lourds de leurs pas se firent de plus en plus discrets jusqu'à disparaître totalement : Sarina les avait mis en fuite, tous autant qu'ils étaient.

C'est alors qu'Atlan attira l'attention de Sarina une nouvelle fois : il venait de lui agripper le bras dans l'espoir de l'immobiliser. Malheureusement, Sarina avait prévu le coup et contra. Puis elle se baissa et balaya les jambes de son adversaire avant de lui bloquer le bras dans le dos et de le plaquer au sol :

— Abandonne et tu auras peut-être la vie sauve ! lança Sarina, dans l'espoir de le raisonner.

— Jamais ! beugla l'autre.

Dans un dernier effort de volonté, le Pisteur empoigna la garde de son sabre entre Sarina et lui, et le sortit brusquement de son fourreau. Surprise, la jeune femme lâcha sa prise sur Atlan qui, libéré, commença à tenter d'embrocher les entrailles métalliques de la Synthétique. Soudain, il réussit à atteindre la jeune femme en plein abdomen et la planta dans le mur.

— Tu vois, rien ni personne, pas même toi, ne peut m'arrêter ! jubila-t-il.

Puis, voyant que Sarina souriait, intrigué, il se reprit :

— Pourquoi souris-tu comme ça ? Tu sais que dès que je t'aurai transformé en pièces détachées, tes amis finiront morts.

La jeune femme releva alors la tête. Ses longs cheveux étaient pourtant devant ses yeux mais n'arrivaient pas à masquer son regard dans lequel on pouvait voir de la colère et du mépris. La première par rapport à la déclaration du Pisteur. Le deuxième vis-à-vis de ce qu'elle allait faire :

— Tu es vraiment d'une arrogance sans borne, mon pauvre Atlan. Et c'est ce qui va causer ta perte.

Ne comprenant pas, il eut une légère inclinaison mécanique de la tête puis il la tourna vers Fry et son équipe dans l'espoir d'y voir un début d'explication. Quand soudain, les deux mains de la Synthétique se refermèrent sur le cou du Pisteur et serrèrent, petit à petit. Puis d'un mouvement tout aussi lent et dans un crissement strident, Sarina sépara le crâne métallique du corps d'Atlan. Totalement inactif, le corps du Pisteur tomba au sol. Puis, d'un mouvement rapide, la jeune femme jeta la tête de son adversaire, au sol. Soupirant devant un tel spectacle, Tiana ne put retenir un soupir de soulagement quand soudain la voix claire de Sarina retentit :

— Il avait vraiment plus toute sa tête... soupira-t-elle.

— Sérieux ? répliqua Fry. Tu vas vraiment nous faire de l'humour maintenant ?

La Synthétique regarda Fry avec un sourire qui rappelait sans équivoque celui de son compagnon qui s'esclaffa :

— Ah ah ! Boss, franchement, elle est tordante, celle-là, non ?

Résignée à l'idée que Daniels et Sarina étaient vraiment sur la même longueur d'ondes, Fry se contenta de lever les yeux au ciel tandis que la Synthétique retirait la lame d'Atlan de son corps comme si de rien n'était.

En quelques enjambées, elle rejoignit alors ses amis, et demanda :

— Bon, et bien, on fait quoi maintenant ?

— On s'en va... et on essaie de pas se faire bouffer ! répondit Tiana qui, avec Seilah, soutenait le corps massif de Jack Daniels. 

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro