CHAPITRE 17 : Atlan
L'Alliance.
Si pendant ces dernières années, Tiana s'était attaquée à elle, elle avait toujours fait en sorte d'éviter une confrontation directe. Sa guerre ne s'était exprimée qu'avec de petits crimes avec de moindres conséquences. Des crimes qui étaient restés somme toute assez discrets. Consciente de l'opposition entre son désir de vengeance et la protection de son équipage, elle savait qu'elle ne pouvait pas faire l'un et l'autre. Sa revanche personnelle contre ceux qui lui avaient enlevé sa femme et sa fille serait l'équivalent d'une condamnation à mort assurée pour tous ceux qui partageaient alors sa vie. Elle avait toujours fait en sorte de ne pas être tiraillée entre ses deux désirs. Malheureusement, si Fry avait toujours veillé à conserver cette distance plus ou moins salvatrice, la présence d'Atlan dans le corps de Sarina changeait tout.
— Qu'est-ce que je pourrais bien avoir qui serait à l'Alliance ? Si tu me connaissais vraiment, tu saurais que j'essaie de vous éviter le plus possible, toi et ta clique...
Le corps de la soeur d'Aiden se secoua dans un grand rire. Amusé par l'affirmation de Tiana, le Commandant n'était pas dupe.
— Cette manie que vous autres, criminels, avez de nier l'évidence. Je trouve ça... distrayant. Vous me croyez vraiment aussi crédule ? Je sais très bien ce que contenaient ces caisses que vous avez volées sur l'un de nos croiseurs il y a quelques jours. Comme je sais également que vous les avez remises à un certain Elim Bradock sur Fair Heaven.
Notant une faille dans la logique de son ennemi, la Capitaine s'y engouffra sans plus attendre.
— Du coup, si on a remis cette cargaison à Bradock, c'est donc qu'on l'a plus, n'est-ce-pas ? Nous avons plus rien qui vous appartienne. Plus rien qui pourrait vous intéresser.
Brusquement, le corps de Sarina fut saisi d'un spasme, puis de tremblements plus fréquents et plus violents. La conscience de la jeune femme semblait lutter pour reprendre peu à peu le contrôle de son corps. Mais la volonté de celui qui la possédait demeurait bien plus forte et les trémulations qui le secouaient se muèrent rapidement en de faibles tressaillements. Les poings serrés, Atlan semblait à deux doigts d'exploser de rage.
— Le fait même que je puisse vous parler ainsi est la seule preuve nécessaire pour prouver que vous détenez quelque chose qui nous appartient ! beugla-t-il. Donnez-moi Sarina Rem !
L'incompréhension régnait dans la pièce et, de plus en plus exaspéré, le Commandant de l'Alliance se mit à scruter le regard incrédule de chacune des personnes présentes. Plongé dans un silence qui voulait tout dire, il réalisa à quel point ses ennemis n'étaient que des simples d'esprit, incapables de voir au-delà de ce qui leur était montré.
— Euh, mec ! Je crois que tu l'as déjà, son corps, puisque tu es dedans...
Le Commandant pivota alors vers l'humain insignifiant qui venait de prononcer ses mots, et posa les yeux sur le colosse qu'était Jack Daniels.
— Je vous savais stupide, Jack Daniels... Oui, je sais qui vous êtes. À moins que vous préfériez Jin, peut-être ?
À l'évocation de ce prénom, l'artilleur tressaillit. Ravi de l'effet de sa réponse, Atlan éclata d'un rire qui transpirait le sadisme et la condescendance.
— Je savais que vous aviez des abrutis parmi cet équipage. Mais vous, le mercenaire, vous battez de vrais records. Le corps de la dénommée Sarina Rem n'est qu'une enveloppe pour moi. Une enveloppe que je veux récupérer.
Secoué d'un nouveau spasme, le Commandant perdait patience comme le contrôle du corps de son hôte. Il se retourna vers Tiana Fry, qui semblait perdue face aux révélations qu'elle venait d'entendre.
— Alors, Capitaine ? Votre réponse ?
L'ancien Sergent fronça les sourcils et un sourire engageant s'étira sur ses lèvres. Dans son esprit, une unique réaction était envisageable. La seule qui lui semblait viable, malgré le danger qu'elle représentait.
— C'est non ! Sarina est l'une des nôtres. Par conséquent, elle est sous ma protection, répliqua-t-elle, catégorique.
— Sous votre protection ? s'esclaffa Atlan en affichant un rictus mauvais. Je ne vous comprendrai jamais... Pourtant, vous l'avez dit vous-même, c'est elle qui a saboté votre vaisseau par deux fois... Elle qui m'a permis de vous retrouver...
Si l'intention d'Atlan avait été de faire choquer tout le monde, voire de réduire à néant la confiance que l'équipage avait envers Sarina, il n'en était rien. Aussi, calmement, Tiana prouva qu'elle n'était pas dupe. Cette technique, elle l'avait déjà vue à l'oeuvre : semer le doute dans l'esprit de ses adversaires pour les diviser et potentiellement les retourner les uns contre les autres. Ne serait-ce qu'un court instant, le temps de frapper et d'éliminer la menace. Fry reconnaissait bien cette méthode des agents de l'Alliance. Par le passé, ils avaient déjà laissé entendre que les Indépendantistes avaient été trahis de l'intérieur.
— Oh, mais j'en doute pas. Et je suis également persuadée qu'elle l'a fait en étant sous ton influence. Je suis même certaine qu'elle en avait pas conscience.
L'air supérieur d'Atlan passa peu à peu de la suffisance à l'étonnement, puis à une certaine déférence avant de se transformer en un air de dépit parsemé d'ennui.
Toujours par l'intermédiaire du corps de Sarina, il haussa simplement les épaules.
— Vous me décevez, Capitaine. Je vous pensais plus raisonnable. Je vois donc que je me suis trompé. Dommage... Je vais donc être obligé de venir la chercher moi-même.
Le corps de Sarina fut comme pris de vertige. La jeune femme lâcha son arme et Fry et Daniels se précipitèrent vers elle. La première pour la désarmer, le second pour la rattraper dans sa chute. Malheureusement, ce dernier arriva trop tard et la tête de la jeune femme heurta lourdement le sol métallique du mess. Cependant, l'équipage du Charon n'eut que peu de temps pour se remettre de la prise d'otage : depuis le cockpit, les alarmes de proximité braillaient, annonçant l'inévitable. Atlan arrivait.
L'ancien Sergent se tourna alors vers Tooms qui, pendant presque tout l'échange, était resté interdit. Sans même qu'un mot ait été nécessaire, il comprit et opina. Il devait rejoindre son poste sur la passerelle et les sortir de là. Il fonça donc sur la passerelle envahie par le bruit insupportable des sirènes. Le vacarme assourdissant l'obligea momentanément à plisser les yeux et quand il put les rouvrir, son attention fut captée par ce qui se dessinait de l'autre côté de la verrière : la pointe d'un vaisseau qu'il reconnut sans problème. Il s'agissait d'un croiseur de l'Alliance. Certainement celui d'Atlan. Le pilote retourna alors vers l'unique couloir qui menait vers le mess et beugla :
— Boss ! On a de la compagnie !
Son affirmation s'accompagna rapidement d'un bruit, beaucoup plus inquiétant encore : un raclement sur la coque caractéristique d'un abordage. Quand soudain, les lumières s'éteignirent dans tout le vaisseau. Avant de se rallumer quelques instants plus tard. Malheureusement, si l'éclairage ambiant était revenu presque instantanément, les écrans de contrôle, eux, demeuraient éteints. Totalement impuissant, il serra les mâchoires avant d'écraser le bouton de l'intercom :
— Mei, qu'est-ce qui se passe ?
— Quelqu'un vient de nous lancer une impulsion électro-magnétique qui a fait griller les circuits primaires. Ils ont besoin d'être purgés et d'être relancés manuellement. J'ai pu relancer l'alimentation auxiliaire mais...-
— Ouais, ça sera pas suffisant pour nous permettre de filer. T'en as pour combien de temps ?
— J'ai quatre circuits à purger, donc compte trois à cinq minutes chacun...
Un maximum de vingt minutes ? La situation était on ne peut plus critique.
— Fais de ton mieux ! Et enferme-toi ! Et verrouille tous les accès. Si on peut pas les arrêter au moins, on pourra peut-être les ralentir.
Soudain, un bruit de succion caractéristique se propagea le long de la carcasse métallique du vaisseau : le croiseur venait de se raccorder au Charon et s'apprêtait à y déverser ses soldats.
En entendant cela, Tiana s'empara de son arme rangée dans le holster à sa ceinture et renversait la table afin de s'en servir comme d'un rempart. De son côté, Jack était parti chercher quelques unes de ses armes personnellement modifiées tandis que Seilah et Alistair arrivaient sur ces entre-faits, incrédules quant à ce qui se tramait.
— Qu'est-ce que...-
— C'est l'Alliance ! Ils sont en train de nous aborder et ils en ont après Sarina ! expliqua la Capitaine alors que Jack venait de revenir, les bras chargés de ses "bébés".
Il y avait notamment une sorte de fusil à pompe laser et un lance-grenade. Un attirail qui provoqua tant des levées de sourcils interrogateurs que l'apparition d'airs perplexes sur les visages de ses compagnons de bord.
— Bah quoi ? C'est juste au cas où... répondit-il en haussant les épaules, comme si c'était une évidence.
— Si vous le dites... répondit Alistair en tendant une main ouverte vers l'ancien mercenaire.
Ce dernier lui tendit un calibre – un fusil d'une puissance sans égale – et héla Seilah à qui il lança une arme de poing, ainsi que les chargeurs correspondants. Aiden se retourna vers lui également.
— Et moi ?
— Toi, t'auras rien de ma part ! répliqua froidement Daniels. J'ai pas confiance.
Ce qui n'était pas le cas de Tiana qui, non sans avoir fusillé son subordonné du regard, lui tendit l'arme que Sarina avait eue entre les mains.
— Moi, j'ai confiance. Alors, me fais pas regretter mon choix. lui murmura-t-elle.
Tandis que toutes les portes et autres accès se verrouillaient les uns après les autres, un bruit inquiétant attira l'attention de l'ancien Sergent : un crissement similaire à celui qu'un chalumeau aurait produit sur la coque en métal. Et Tiana ne doutait pas une seconde qu'il ne pouvait s'agir que de ça : Atlan et ses hommes essayaient de pénétrer à bord, quitte à percer le vaisseau de part en part.
Soudain, les lumières s'éteignirent à nouveau, signe que le générateur principal venait de se couper. Un bip signala également un appel sur le communicateur que la Capitaine portait à sa ceinture. Intriguée, elle décrocha :
— Allo ?
— Boss, c'est moi... chuchota une voix familière mais presque impossible à entendre tellement elle était faible.
— Mei ? Tu vas bien ?
— Oui. J'ai réussi à fermer toutes les portes et la purge des circuits a commencé. Je vais essayer de vous rejoindre...
Fry comprit alors que la procédure était automatique. Ne voulant pas rester à rien faire, elle souhaitait certainement les rejoindre. Subitement, une boule d'angoisse s'éleva dans sa poitrine tandis qu'elle imaginait le corps sans vie de la mécanicienne. Une sensation terriblement familière la submergea alors qu'elle se voyait à nouveau aux côtés des cadavres de sa femme et de sa fille.
Sentant l'angoisse grandissante de sa compagne, Seilah posa une main rassurante dans le dos de Tiana. L'ancien Sergent tressaillit à son contact et une larme roula lentement sur sa joue.
— Où es-tu ? lâcha-t-elle enfin.
— Je me suis cachée et je n'ai rien.
Bien qu'elle sut Mei pleine de ressources, elle ne voulait pas risquer plus encore sa vie.
— Reste où tu es. Je...-
Le bruit d'un objet lourd tombé sur le sol de la soute attira de nouveau son attention. C'était la dalle de métal découpée qui venait de s'écraser bruyamment et cela ne pouvait signifier qu'une seule chose : les soldats de l'Alliance étaient là. De là où elle était, Fry put percevoir le piétinement de leurs bottes et estimer le nombre des assaillants. Jack en avait fait tout autant et s'exclama d'une voix bien trop forte au goût de Tiana :
— Ça va ! Y en a qu'une petite vingtaine ! On va se les farcir facilement !
La Capitaine fit volte-face vers l'ancien mercenaire, lui lançant l'un de ses regards les plus noirs.
"Cet idiot ne peut décidément pas se la fermer !" pensa-elle en levant les yeux au ciel.
D'un geste, elle lui intima l'ordre de se taire tandis qu'à l'autre bout du vaisseau, les forces armées au service d'Atlan se dépêchaient d'ouvrir les portes qui leur barraient le chemin. Des voix s'élevaient ainsi que le crépitement caractéristique des étincelles provoquées par le chalumeau. Un bruit sourd se fit tandis que la première barrière cédait. De nouveau, les bottes reprirent leur vacarme suivi rapidement d'une nouvelle découpe. Peu à peu, ce fatal leitmotiv tout comme les battements du coeur de Tiana s'intensifiaient, devenant presque assourdissant.
Bientôt, les ennemis n'eurent qu'une unique porte à franchir. Celle qui menait droit au mess. Fry, tout comme les autres membres de l'équipage retinrent leur souffle tandis que la fermeture de la porte se mit à rougeoyer en un point unique. Un seul petit point où le métal, devenu ductile, se mit à perler sous l'effet de la chaleur. Un seul point qui s'étira lentement mais inéluctablement en une fine ligne verticale jusqu'à scinder la paroi métallique en deux.
La voix d'un homme résonna alors. À demi-camouflée par la cloison qui les séparait, Tiana ne pouvait entendre clairement quoi que ce soit. Seul le ton autoritaire qu'elle percevait lui permettait de deviner de qui il s'agissait : sans nul doute, Atlan se tenait de l'autre côté, près à s'emparer de ce qui – à son avis – lui appartenait déjà.
Laissant l'équipage du Charon sur le qui-vive, un silence s'abattit tout d'un coup sur la pièce, ainsi qu'un objet lourd contre la porte, qui se gondola par endroits. Puis, elle commença à s'ouvrir. Ou plus précisément, deux mains gantées d'un noir profond forçaient la faille, éventrant la porte d'acier. Un crissement strident – celui des engrenages sur lesquels la pression poussait – indiqua aux occupants du transporteur à quel point leur ennemi était physiquement puissant. Lorsque les deux battants de la porte cédèrent , le Commandant – ça ne pouvait être que lui – s'avança. Tiana put alors le détailler : une armure renforcée et sombre, allant de paire avec un casque à la visière opaque. Sa panoplie était complétée par un sabre au fourreau qui dépassait de ses épaules.
— Eh bien..., soupira-t-il avec lassitude. Je n'avais pourtant pas placé la barre très haut. Devrais-je vous féliciter d'avoir réussi l'exploit de me décevoir quand même ? Moi qui pensais que je pourrais m'amuser au moins un peu...
Il pouffa en regardant ses proies à couvert dans le mess.
— Vous êtes vraiment pit...-
Le monologue du Commandant fut vite coupé par une attaque aussi surprenante qu'absurde. L'ancien mercenaire s'était jeté sur l'ennemi, tentant de l'anéantir à mains nues. Une tactique pour le moins simpliste compte tenu de la force qu'Atlan venait de déployer, mais qui avait eu un effet bénéfique : ainsi catapulté à l'autre bout de la pièce, le rempart que formait le Commandant de l'Alliance disparut, laissant le champ libre aux assiégés pour ouvrir le feu. Tout d'abord interloqués par le combat entre leur supérieur et l'artilleur, les soldats ne surent que faire à part s'écrouler les uns après les autres sous les tirs nourris de Tiana et les siens. Par pur réflexe, bon nombre d'entre eux se mirent à l'abri tandis qu'Atlan vociférait ses ordres :
— Je vais m'occuper de lui personnellement ! Tuez les autres et sécurisez l'atout !
Alors qu'ils commençaient à riposter, le mess devint rapidement une véritable zone de guerre.
De son côté, le corps de Jack semblait mû par une force dévastatrice : il ne s'était pas battu depuis longtemps et son corps réclamait de l'action. Cependant, il semblait que cela n'allait pas suffire. S'il avait pu voir le regard d'Atlan à travers son casque, il n'y aurait vu que du mépris agrémenté d'une pointe de sadisme. Avec une facilité déconcertante, il fit valser son opposant avant de se jeter à nouveau sur lui et le maintenir au sol d'une seule main. Malgré sa carrure imposante, Jack n'arrivait pas à se défaire de la prise d'Atlan sur sa gorge et commençait à manquer d'air. Il avait beau cogner de toutes ses forces dans le casque de l'autre, ce dernier ne lâchait pas.
— Tu pensais vraiment qu'un minable dans ton genre aurait pu faire quoi que ce soit contre moi ? ricana-t-il. Comme si vous aviez la moindre chance...
Alors qu'il s'attendait à voir le désespoir parer le visage du mercenaire, le Commandant vit ses lèvres s'étirer en un large sourire. Pourtant, l'artilleur était à deux doigts de perdre connaissance et ne pouvait rien y faire.
— Je peux savoir ce qui te fait sourire ?
— Tu vas perdre, souffla Jack, encore étouffé par l'unique main de son adversaire.
— Ah oui ?
— Ouais... Tu es seul ! cracha Daniels avec le peu d'air qu'il avait pu inspirer. Et même si tu m'abats, les autres lâcheront rien !
Le Commandant de l'Alliance s'esclaffa avant de soulever sa victime et de la plaquer brutalement contre le mur métallique, tout en resserrant sa prise tant l'insolence de Jack l'horripilait.
— Écoute donc ! ordonna-t-il en pointant le mess de son autre main. Tu entends ça ? C'est le bruit de la cuisante défaite de ton fameux équipage et celui de ma victoire ! Tu crois peut-être que j'ai envoyé qu'une seule escouade ? Qu'il n'y a que ce petit groupe qui va les mettre en pièces ? Non, il y en a bien plus !
En effet, on ne pouvait qu'entendre que le son de l'intense fusillade entre les quelques membres de l'équipage du Charon et les soldats de l'Alliance. Mais le sourire n'avait pas quitté les lèvres de Daniels.
— Peut-être... Mais tu oublies quelqu'un, déclara-t-il.
Intrigué par l'affirmation de l'artilleur, Atlan inclina la tête de côté et une masse profita de sa surprise pour le projeter vers l'arrière du couloir, loin du mess. Cette dernière se releva et se tourna vers Daniels :
— Ça va ?
— T'en fais pas, Mei ! répondit l'ancien mercenaire en scrutant la silhouette sombre d'Atlan dégainer son sabre. Retourne avec Tiana et les autres ! Je m'occupe de lui !
Ne quittant pas sa cible des yeux, Daniels recula de quelques pas dans le mess avant de plonger vers Alistair.
— Doc ! Une arme ! ordonna-t-il.
Le médecin s'empara du premier calibre qui se trouvait près de lui et le tendit vers l'ancien mercenaire. Ce dernier s'empara vite et, d'un coup d'oeil, nota qu'il s'agissait de son fusil à pompe.
— Oh. Je crois ça va me plaire... dit-il en souriant.
Il tira sur la garde avant de l'arme, pivota vers le Commandant qui apparut dans l'embrasure de la porte avant d'appuyer sur la détente. Il répéta l'opération plusieurs fois et à chaque fois, Atlan reculait un peu plus sous le choc. Malheureusement, cela ne semblait suffir à l'arrêter. Tandis que la fusillade battait son plein tout autour des deux combattants, ceux-ci se retrouvèrent bientôt à quelques mètres l'un de l'autre. Bientôt à court de munitions, Daniels se prépara à jouer des poings. Atlan, lui, ralentit son avancée, faisant durer le plaisir. Il voulait s'amuser avec sa proie et voir la détresse de son adversaire dans ses yeux. Mais l'ancien mercenaire n'était pas résolu à être défait. Au contraire, il était mû par l'envie d'écraser celui qui l'avait ridiculisé.
Atlan brandit alors son sabre et, d'un seul coup bien porté, trancha l'arme de Daniels en deux. Celui-ci regarda alors les deux parties de son fusil alors inutilisables. Il essaya de frapper le Commandant avec, sans succès : d'un geste vif, son adversaire avait attrapé le poignet de l'artilleur et fracassa son casque protecteur sur la tête de Daniels, qui s'écroula à demi-conscient sur le sol. Atlan leva son arme et transperça rapidement le corps de Jack à plusieurs endroits non-vitaux. Daniels, ne comprenant pas la tactique de l'officier, affichait un air de stupeur alors qu'il s'attendait à mourir dans l'instant.
— Je ne vais pas te tuer. Du moins pas immédiatement, expliqua Atlan à sa victime, avec un plaisir non-dissimulé. Ça serait trop rapide et bien trop peu humiliant. À la place, je vais te briser.
Voyant la scène depuis son abri, Tiana ne put étouffer un cri alors que le Commandant de l'Alliance retirait son sabre souillé du sang de son artilleur. Toujours caché derrière son casque, Atlan se tourna alors vers Fry et cette dernière sentit son regard la transpercer. Il agrippa le corps de Daniels et le projeta à l'autre bout de la pièce, près de la porte qui conduisait à la passerelle.
Une larme de rage roula sur la joue de la Capitaine alors qu'elle voyait le corps de son artilleur s'effondrer contre la paroi métallique, ne bougeant qu'à peine. La jeune femme serra le poing autour de la crosse de son blaster, à tel point que ses phalanges étaient devenues blanchâtres. Mue par sa colère, elle essuya son visage de sa manche et sortit de sa cachette et tira à tout va. Si ses tirs étaient d'abord dirigés vers Atlan, il dévia ses tirs avec son sabre et ceux-ci atteignirent ses hommes qui tombèrent comme des mouches. Le Commandant se mit alors à ricaner :
— Il était temps, Capitaine. Je pensais que je n'aurai jamais la possibilité de voir toute cette rage à l'état brut.
Il essuya la lame sur le corps inanimé de l'un de ses soldats encore fumant et se prépara à charger vers Tiana et les siens. Voyant leur Capitaine en danger, Seilah et Alistair l'assistèrent en prenant également Atlan pour cible et vidèrent plusieurs chargeurs sur lui, sans le moindre effet. Quant à l'autre, il jubilait de les voir ainsi, sans le moindre espoir de l'arrêter.
— Je l'ai dit à cette raclure que vous appelez "votre ami" : vous ne pouvez rien contre moi !
Il avança patiemment, sûr de lui, tandis que les tirs, qui se faisaient de plus en plus épars, étaient absorbés par son armure.
— Franchement, c'est vraiment trop simple ! s'exclama-t-il.
— Vraiment ? Je crois que tu m'as oublié, salopard ! répliqua une voix caverneuse.
Tiana ouvrit des yeux ronds, ne s'attendant pas à entendre Jack Daniels de sitôt. Elle tourna la tête pour découvrir son artilleur qui se tenait péniblement debout. Il agrippait entre ses mains son lance-grenade et le dirigeait droit vers Atlan.
— Dégage de chez nous, enfoiré ! poursuivit-il avec un air de défi.
Voyant ce que Daniels allait faire, Fry n'eut que le temps de crier à tout le monde de se mettre à couvert. L'ancien mercenaire pressa ensuite la détente et une unique grenade fut expulsée de l'arme. Le projectile alla se loger droit dans l'abdomen de l'ennemi, qui, - on ne pouvait que le deviner sous son casque -, était des plus surpris. À l'impact, la grenade explosa et catapulta Atlan plusieurs mètres en arrière, loin de là où s'étaient cachés ses amis.
Content de lui mais à bout de forces, Jack s'affala et ricana en voyant la silhouette du Commandant de l'Alliance enfin à terre. Malheureusement, ce dernier n'était pas encore hors d'état de nuire. Atlan commençait à reprendre ses esprits après l'explosion. Il secoua la tête et la releva pour croiser le regard de Tiana. Le casque du Commandant étant en partie brisé, elle put voir ses yeux remplis de haine envers elle. Elle porta deux doigts à sa bouche et siffla. Seilah comprit rapidement et agrippa l'arme qui gisait au côté de Daniels et la jeta à sa compagne. Celle-ci s'empressa de viser son adversaire et de presser la détente à plusieurs reprises. Si la plupart des projectiles manquèrent leur cible, l'un d'eux tomba près de la tête d'Atlan et le casque vola en éclat.
Quand la fumée due à l'explosion se dissipa, Fry n'eut malheureusement pas le loisir de noter si son ennemi était mort : toute trace d'Atlan avait disparu, excepté les débris de son casque.
— C'est bon ! Il est parti ! s'exclama-t-elle.
— Tu en es sûre ? demanda Seilah, perplexe.
Le raclement de la coque du croiseur contre celle du Charon se faisant à nouveau entendre, Tiana hocha la tête. Puis se souvenant que l'Alliance avait percé un trou dans ladite coque, elle s'affola :
— Fais chier ! Ils vont provoquer une dépressurisation !
— Non. Enfin pas si je peux accéder à l'ordinateur central d'ici, déclara Mei.
— Je croyais qu'il fallait purger...- répliqua Aiden.
— Oh, t'occupes ! Je m'en suis déjà chargée, expliqua l'Azrienne en levant les yeux au ciel. Je n'ai pas attendu qu'ils s'approchent de la salle des machines pour verrouiller les systèmes principaux. Y compris l'installation des champs de force.
La Capitaine sourit tendrement en voyant sa mécanicienne travailler et exécuter de tels miracles. Seilah s'approcha de sa partenaire et lui prit la main, également très fière de la benjamine de leur équipage. Puis, réfléchissant à toute vitesse, elle demanda :
— Vous croyez qu'ils vont faire quoi avec leur croiseur ?
Un silence gênant s'installa et la voix d'Alistair s'éleva, alors que le médecin administrait les premiers soins à Daniels :
— Ils vont nous détruire... Ils préféreront sûrement voir leur atout réduit en cendres plutôt que de le laisser échapper à leur contrôle.
Stupéfaite par les dires du Docteur Gun, Tiana fit volte-face vers lui :
— Comment ça ? Qu'est-ce que vous en savez ?
— Je ne sais rien de plus que ce que le Commandant Atlan a pu dire. Mais nous perdons du temps, Capitaine. Cette ordure n'attendra pas un seul instant avant de nous tirer dessus.
L'ancienne militaire soupira. Un fois de plus, le médecin était pragmatique et avait vu juste. Elle se retourna vers la jeune Azrienne qui était toujours en train de pianoter sur la console près du mur opposé :
— Mei, tu crois que tu peux accéder à ton système de camouflage ?
— Non. Pas d'ici. Il faut que je sois dans la salle des machines pour le remettre en route.
— La propulsion alors ?
— Oui. Ça, je peux la relancer d'ici.
— D'accord. Fais ça et fonce droit à l'arrière. Je veux que tu sois prête à nous faire disparaître.
La jeune alien hocha la tête tandis que l'intégralité des portes encore intègres du vaisseau se rouvraient. La Capitaine s'élança alors vers la passerelle, où Tooms l'avait devancé, plus anxieux que jamais.
— Ash. Prépare-toi. Ça va être chaotique comme départ !
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