Matteo rouvrit les yeux au lever du soleil. Sa mère était déjà là.
Il ne l'écouta qu'à moitié quand elle lui expliqua ce qu'il advenait de lui. La seule chose qu'il voulait c'était sortir. Mais madame Martin, imperturbable, continua à débiter son monologue dans le vide.

Matteo fut sauvé par l'arrivée du médecin. Il remarqua le regard jaloux de sa mère mais ne fit aucun commentaire. Il savait. La femme l'autorisation à partir sans aucune hésitations. "Tu remerciera ton papa"
Comme toujours Matteo se sentait enfantilisé et redevable.

Il pu enfin se lever et se changer sous le regard attentif d'une infirmière. Enfin prêt, il suivi sa mère dans les couloirs et sur le parking. Françoise s'arrêta soudain, perdue. Matteo balayait les voitures du regard et finit par repérer la Twingo turquoise de sa mère. Il dû se retenir de poser sa tête douloureuse contre la vitre. Songeur Matteo observait les devantures des magasins. Il s'étonna soudain de voir la voiture tournait sur sa gauche. Sa mère venait de se tromper de route. Après un court échange il se remit a rêvasser en pensant à son nouveau collège, leur destination.

Il descendit sur le parking et détailla le bâtiment. Un haut mur de pierre lui cachait la vue mais il devina un bâtiment plutôt ancien dans un style renaissance. Ils longèrent  la façade pour  atteindre l'entrée.
Sa mère discuta à l'interphone et le portail s'ouvrit. Matteo entra dans une cours carré encerclée par les construction. Du ciel ça doit ressembler à un u, pense-t-il.
Françoise partit vers la gauche et interpella son fils, à la traine.

Matteo la rejoint devant une maison plus récente, style colonial. Au delà, il remarqua d'autres édifices de béton bien plus modernes. Ils semblaient former un autre u.

Dans le bureau du proviseur, Matteo resta concentré sur la fenêtre malgré les coups de coudes de sa mère. La secrétaire toqua à la porte. Surpris, il regarda sa montre. Onze heure trente trois. Le proviseur lui proposa de visiter l'établissement avec un élève, le délégué de sa nouvelle classe. Matteo le remercia chaleureusement et retrouva Yves à l'accueil.

- Oui mes parents m'aiment, rigola le jeune homme.
- Mais j'ai rien dit, murmura Matteo en rougissant.
- Qui s'appelle Yves en 2018 ?, demanda ce dernier.
- Je ne sais pas, répondit Matteo.
- Des vieux ! Mais t'inquiète pas c'est pour tout le monde pareil ! Entre les Jean-truc, les Marie-bidule les Joseph et les Ève, on est tous bizuté ! se moqua Yves. Vive les cathos !
Son discours ne manqua pas de faire rire Matteo.

Yves s'arrêta net et sortit un papier de son sac. Il dessina des u côte à côte, un petit carré entre les deux, comme le point d'un i, et il les souligna.

- Bon, alors le carré la d'où on vient. Le u à gauche, celui avec une barre plus grande que l'autre, c'est le lycée.
- C'est celui à notre droite ? Demanda Matteo.
- Exactement ! confirma Yves. Donc à gauche le collège. Derrière il y a le gymnase. Derrière le lycée, c'est le self et l'internat. C'est clair ?
- A peu près, murmura Matteo en fixant le plan.
- Il n'y a pas de séparation matérielle entre le collège et le lycée. Mais attention ! Tu vois en face de nous ?
- Oui j'ai des yeux, plaisanta Matteo.
- Ouais... souffla l'adolescent. On est pile entre les deux u. Interdiction de rester ici pendant les récréations. On doit rester de notre côté.
- Oh... Bien, accepta Matteo, déçu.
- On ne peut y passer que pour aller manger ou en cours de sport. Clair ? questionna Yves.
- Oui chef ! rigola Matteo.
- T'ouvres toujours ta gueule comme ça ? s'inquiéta Yves.
- Euh... Ça dépend avec qui, marmona Matteo
- Pas avec les profs ! Ici ça passe pas ! Je sais pas pourquoi tu viens ici, mais c'est l'enfer au collège. Le bagne ! râla Yves. Au lycée sont beaucoup plus libres.
- Plus qu'un an, rassura le nouveau.
- Oui ! Aller viens ! On va faire le tour tant qu'il n'y a personne.

Matteo fit le tour du lycée, du collège, et en profita pour questionner son guide. Interne, fils du CPE, c'était un des footballeurs dont parlait Charlotte. À une différence près, il détestait Sam. Matteo se cacha bien de raconter ses aventures mais il ne manqua pas de graver cette information dans un coin de sa tête.

La sonnerie retentit et Matte découvrit une masse uniforme d'élèves sortirent des bâtiments. Lui qui s'était promis d'être discret c'était un échec. Au milieu des costumes et des jupes plissées, bleu marine, il était le seul en jeans et avec un tee-shirt bariolé.

Son téléphone sonna et par réflexe il décrocha. En parlant avec sa mère, il remarqua les regards noirs qu'on lui lançait. Matteo était à peine inscrit qu'il bravait déjà tous les interdits.

À son grand bonheur, il devait quitter la cours des lycéens et retourner à l'administration auprès de sa mère. Cette dernière l'abandonna dans l'établissement avec la mère d'Emma.
Sylvie amena Matteo avec elle pour aller chercher sa fille à l'autre bout de la ville. Elle prit son mal en patience et répondit à toutes les questions de son filleul. Ses troubles de l'attention finiront par avoir raison de lui, pensa-t-elle.

Devant le collège, elle le vit bondir hors de la voiture et courir vers ses amis. Sylvie ressentit une profonde gratitude pour ses enfants qui veiller sur la chair de sa chair depuis huit ans.

Toute la troupe prit place dans sa voiture et se retrouva chez Emma pour quelques heures.