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2- Charles de Beauvière, grand séducteur

16 août 1756, France.

    Charles fixait la belle inconnue, un sourire au coin des lèvres. Cela ne faisait aucun doute, c'était la candidate parfaite au titre d'épouse. Bien évidemment, il ne connaissait rien d'elle, pas même son nom – qui devait néanmoins être exquis. Mais une femme parée d'une robe à la française, en pleine campagne ardennaise, était forcément prodigieuse.

De toute façon, il ne pouvait tergiverser davantage. Ses options étaient réduites, sa situation, sans équivoque. Son père avait été très clair. Trop clair, à son goût. Il grimaça au souvenir de leur palabre, qui s'était tenue la matinée même. L'aube pointait à peine, lorsque son paternel avait fait irruption dans sa chambre et l'avait sommé de descendre immédiatement dans le grand salon. 

Charles, encore sous l'emprise de sa nuit de débauche, avait eu le plus grand mal à saisir ce qu'il se passait. Le libertin* avait peiné à s'extraire de son lit à baldaquin tant il était enchevêtré dans ses draps de soie en désordre. Puis il s'était longuement attelé à sa toilette, y accordant un soin tout particulier, non sans pester envers ses cernures, qui ne s'assortissaient pas du tout avec sa peau laiteuse.

Lorsqu'enfin il avait daigné descendre, près d'une heure et demie plus tard, le comité d'accueil n'avait pas été des plus amènes. La foudre s'était abattue sur le retardataire ahuri. Charles n'avait jamais vu Jean de Beauvière ainsi. Ce dernier, pourtant réputé pour sa longanimité sans égale, avait viré à l'écarlate, une veine pulsant violemment contre sa tempe. Il vociféra de longues minutes, sans aucune considération pour les membres de la maisonnée qui ne rataient pourtant pas une miette de cet esclandre, et qui ne manqueraient pas de diffuser l'historiette dans toute la région.

Charles n'avait prêté que peu d'attention au discours horriblement moralisateur de son père. C'était toujours la même rengaine, et il la connaissait par cœur : il était une injure au nom respectable de « Beauvière ». Et il y avait plus urgent dans l'immédiat : les postillons qui atterrissaient sur sa veste à boutonnage.

Luttant contre le dégoût, il s'était mis à brillanter soigneusement les cinq boutons de l'habit en velours. Jusqu'à ce que le silence, soudain et pesant, le tire de sa tâche. Quelque chose de grave venait d'être prononcé, il le sentait dans l'air, il le voyait dans le regard exulté de son géniteur, il l'entendait dans les chuchotis des domestiques. Embarrassé, l'élégant l'avait prié de répéter ses paroles. Un sourire carnassier aux lèvres, son interlocuteur avait accédé à sa demande avec un malin plaisir.

Le choc fut rude. Charles avait conscience qu'il jouait avec la patience de son père, et qu'il franchissait un peu trop souvent la limite. Mais il se croyait hors d'atteinte, tout puissant, invincible. Il s'était fourvoyé.

Le sang bouillonnant, il avait vociféré contre sa décision, qui était sans appel. Son père osait le menacer ! Comment pouvait-il lui couper les vivres ? Il n'en avait pas le droit, Morbleu ! Pourquoi ne comprenait-il donc pas qu'il ne souhaitait pas rentrer dans la légion ? Charles avait hurlé, tapé du pied, tempêté, injurié, même. Sans le moindre succès. Il s'était seulement tourné en ridicule devant l'ensemble de la maisonnée.

Le gentilhomme soupira, il ne voulait plus songer à ce moment d'humiliation. Par chance, il avait le choix. Bien qu'aucune alternative ne lui plaise, il ne pouvait réfuter leur existence. Cependant, il était hors de question qu'il intègre l'armée. Il ne survivrait pas au moindre combat, et surtout pas en territoire hostile. Nom de nom, il n'avait jamais quitté sa province ! Et loin de lui l'envie de crapahuter autour du monde, et encore moins pour se battre contre ces horribles Anglais !

L'autre option, soit sa seule alternative, était le mariage. Il soupçonnait son père d'avoir misé sur sa répulsion de l'engagement pour le pousser à entrer dans un régiment ; qu'il espère, il ne mettrait pas un pied sur un champ de bataille ! Charles avait toujours su que ce moment viendrait, c'était dans l'ordre des choses, après tout. Toutefois, il fallait dénicher une bonne épouse, discrète, élégante, et surtout fortunée. Grâce à Dieu, il avait sous les yeux une femme qui répondait à tous les critères, et bien plus encore.

Le jeune homme était confiant quant à ses chances de réussite. En tant que galant, il savait se montrer enjôleur, et son charme inégalable faisait des ravages auprès de ces dames. Sa beauté était son plus grand atout, et il en avait bien conscience. Ce n'était pas avec ses talents d'épéiste qu'il parviendrait à se hisser au sommet de la société. Mais un mariage avantageux, décroché par sa superbe physionomie, lui donnerait accès à la richesse et au prestige, à tout ce dont il rêvait.

Il passa une main négligente dans ses cheveux soyeux, glissant une mèche indocile dans son ruban de soie. Avec efficacité, il fit disparaitre les quelques plis de sa chemise albâtre, et dépoussiéra ses bottes de cuir souple.

— Comptez-vous véritablement y aller ainsi ? questionna Édouard, l'air circonspect.

En effet, le noble était toujours vêtu de sa tenue d'escrime, ce qui, de prime abord, n'était pas l'accoutrement idéal pour courtiser une dame.

— Je ne peux manquer une telle opportunité. Me changer nous ferait perdre un temps précieux, et je crains qu'à notre retour cette jolie colombe se soit envolée. Ne vous préoccupez donc point, rajouta-t-il devant le regard dubitatif de son compère. Je vous rejoins sur le fait que ma mise manque un peu de recherche, mais croyez-moi, cela plait aux femmes – curieuses créatures. Si, si, imaginez, un jeune courageux à la chemise légèrement entrouverte qui épouse son torse, fatigué par le rude entraînement qui l'amènera à protéger sa patrie... Quoi de plus séduisant que la vision d'un preux chevalier, incarnation du courage et de la virilité ?

— Ah, vu ainsi... Toujours est-il que cette jeune femme possède quelque chose de familier à mon œil, quoique je ne retrouve en quelle occasion j'ai pu apercevoir une si jolie nymphette, souffla-t-il.

Le baron fronçait ses sourcils broussailleux, dévisageant la jolie jeune fille. Il n'y avait pas de si beaux spécimens dans la région. Pourtant, ce port altier lui rappelait indubitablement quelque chose. Désormais en proie à un mauvais pressentiment, il ouvrit la bouche afin de partager ses inquiétudes, mais fut coupé dans son élan :

— Cher ami, auriez-vous un miroir ?

— Un... miroir ?

— Oui, un miroir. Ainsi que du blanc de céruse*, de préférence provenant de Venise, je vous prie.

— Euh, navré, je ne me brimbale pas avec tout ceci dans les pochettes.

Le gentilhomme tiqua, contrarié. S'il n'avait pas dû s'entraîner à l'escrime avec l'odieux Bijoux – comme chaque lundi depuis ses sept ans –, il aurait eu tout son nécessaire avec lui ! Tant pis, il faudrait faire sans, bien qu'il se sentît étrangement dépouillé. Jetant un dernier regard à son habillement, qu'il jugea convenable, il se dirigea d'une démarche assurée vers la cible. Édouard lui emboîta le pas, l'air avenant.

— Attendez, Montueil, l'arrêta Charles d'un geste du bras. Je souhaiterais m'y rendre seulet.

— Mais, mais...  Je, vous... Pourquoi cette initiative ? 

— Sans vouloir vous offenser, j'ai encore le vif souvenir de l'insuccès de votre dernière galanterie. Les railleries de ces dames furent la seule réponse à votre piètre compliment, et les quolibets ont fusé. C'était d'un grotesque : un galant point charmant.

L'infortuné godelureau rougit sous l'humiliation. Les remembrances de cette triste affaire, pourtant survenue il y a plusieurs semaines, le poursuivaient encore. Ses amis n'avaient pas manqué de se moquer allègrement de lui, et l'anicroche était devenue l'un de leur sujet de plaisanterie préféré. Il serra les dents, le rire cristallin terriblement moqueur des belles retentissant encore dans son esprit. À aucun prix, il ne désirait revivre un tel camouflet.

— À votre bon vouloir, Charles, abdiqua-t-il. 

— Parbleu, ne tirez donc pas cette mine ! Vous aurez d'autres occasions, il n'y a pas lieu de vous tourmenter de la sorte. La prochaine fois, je vous aiderai à parfaire vos flatteries et vous émerveillerez ces colombes, qui seront en adoration devant vous. Mais avant cela, prenez exemple sur mon aisance à conquérir les cœurs.

Le jeune homme se désigna lui-même d'un geste majestueux. Il ressemblait à un paon prêt à faire la roue, le plumage en moins. Le menton levé avec arrogance, il tourna les talons avec grâce et partit à la rencontre de la demoiselle.

Ses pieds foulaient avec agilité les quelques perches-du-roi* qui le séparaient de sa dulcinée, tandis que, concentré, il cogitait sur son boniment. Ce dernier devait être coquet, engageant et piquant. Beauvière fit apparaître son sourire le plus séducteur, celui qui dévoilait ses fossettes, et aborda sa dame.

— Permettez que je vous salue, charmante demoiselle. Je ne pouvais ne pas venir à votre rencontre... Votre éclat est tel que, à l'instar d'un papillon de nuit, je ne peux m'empêcher d'être attiré. Auriez-vous l'amabilité de me dévoiler votre nom, que je devine fort... charmant ?

Seul le silence lui répondit. L'aristocrate, assise élégamment sur un banc en fer forgé, l'ignorait avec superbe, continuant de s'éventer gracieusement, la tête tournée dans la direction opposée. Charles resta quelques instants perplexe : peut-être ne l'avait-elle pas vu, ni entendu ? Il était inconcevable qu'elle témoigne si peu d'intérêt envers sa personne.
Il se racla ainsi la gorge, montrant à nouveau sa présence avec délicatesse. Cela n'eut pas de grands résultats, hormis de provoquer un soupir agacé.

Sans se laisser décourager – une jeune femme devait se faire désirer –, le Dom Juan reprit la parole d'une voix compassée. 

— Le temps est splendide, aujourd'hui. Idéal pour s'aventurer à se promener dans les jardins, qui se parent de mille et une couleurs sous les rayons d'été. Par hasard, je m'y rendais justement. Peut-être voudriez-vous m'accompagner dans cette délicieuse entreprise ? 

Enfin, la jeune femme abaissa son éventail ouvragé, rivant ses yeux céruléens sur le prétendant. Celui-ci manqua de défaillir sous l'intensité de son regard. Il se perdit dans ces prunelles azur, oubliant le temps et l'espace. L'innocence qui s'y reflétait était bouleversante, tant et si bien qu'il sentit son cœur se serrer un court instant. Il ne sut combien de temps il était resté là, à la dévisager, le visage fendu par un sourire imbécile. Trop longtemps, selon toute vraisemblance. La jouvencelle dardait sur lui une œillade mi-irrité, mi-perplexe face à son expression béate. 

Charles se mordilla l'intérieur de la joue, en colère contre lui-même. Ce n'était pas comme s'il n'avait jamais vu un joli brin de fille de sa vie ! Il fallait qu'il se reprenne, et vite. Au moins, la demoiselle semblait naïve : elle n'en serait que plus facile à embobiner. 

— Adonc, consentez-vous à ma sollicitation ? 

Le joli visage de la noble se tordit, ses ravissantes lèvres s'incurvant en une moue boudeuse. Charles déglutit péniblement, la gorge sèche. L'attente était rythmée par les battements effrénés de son cœur. Il craignait de se tourner en ridicule et qu'on se gausse de lui. Brusquement, il comprit ce que son ami avait dû ressentir ; un bref regret l'étreignit. 

Les yeux de la bachelette le parcouraient, ils scrutaient chaque parcelle de son visage et détaillèrent son habillement. Son nez retroussé se plissa face à la chemise rustique qu'il portait. Le doute s'infiltrait doucement, mais sûrement : son charme ne semblait pas faire effet. Il arborait pourtant son sourire le plus séducteur. C'était incompréhensible. Mais toujours était-il que la demoiselle ne semblait pas décidée à se pâmer devant lui.

Charles déplora intérieurement son accoutrement. Sa tenue d'escrime, bien que renvoyant l'image d'un glorieux héros, dissonait à côté de la sublime robe à la française de la belle. Maintenant qu'il était à côté d'elle, il pouvait remarquer la finesse des broderies, la richesse des engagements* et la taille impressionnante de son panier. Il nota que le modèle était à la dernière mode, le gris perle du corsage était discret et élégant, bien loin des brocarts à contraste désormais désuets. Sa mise forçait l'admiration. Le jeune homme fut coupé dans son inspection par une voix mélodieuse.

— Quel est votre nom, Monsieur ? 

— Oh, Charles de Beauvière, gente dame. Pour vous servir, clama-t-il avec enthousiasme. 

— Très bien. Monsieur de Beauvière, permettez-moi de vous expliquer quelques points. Premièrement, lorsqu'une jeune femme ne vous répond pas, cela veut dire « non » et que vous l'importunez. Insister est un important manque de civilité, il faut se retirer platement. Deuxièmement, votre toupet est grand si vous comptiez passer pour un épéiste talentueux (elle désigna sa tenue). Sachez que j'ai assisté à votre séance d'entraînement, et vous ne vous êtes pas, pour ainsi dire, illustré. Cela faisait longtemps que je ne m'étais pas autant divertie.

Charles tressaillit. La discussion lui échappait, et prenait un tour fort déplaisant. Décidément, cette journée était désastreuse. 

— Par ailleurs, je vous conseille d'utiliser du parfum, une fragrance florale... de la rose, peut-être. Outre ses bienfaits odorants, ses vertus sont nombreuses, peut-être développerez-vous même des agilités à l'escrime. Enfin, pour votre bien-être, renseignez-vous sur le statut de la dame avant de l'aborder. Vous avez beau posséder une physionomie agréable, cela ne suffit pas pour approcher une femme de mon rang, continua-t-elle, tempérant la rudesse de ses paroles par un charmant sourire.

— Puis-je tout de même apprendre votre nom ? demanda le séducteur, la gorge sèche.

— Joséphine d'Anjou, fille du duc d'Anjou. 

— Je... je vous remercie de votre attention, et vous souhaite une agréable journée, balbutia-t-il, le visage blême.

Une mimique amusée traversa le visage de la belle, tandis qu'elle recommençait à s'éventer sans plus lui accorder d'attention. Avec raideur, il la salua, et rejoignit rapidement son ami. Édouard de Montueil l'attendait, un sourire goguenard plaqué sur ses lèvres. Selon toute vraisemblance, il n'avait rien manqué de ce fiasco.

— Au vu de votre mine, je suppose que vos talents de chasseur de dot égalent ceux de chasseur de gibier. 

Charles ne répondit pas, encore sous le choc du nom dévoilé. Une duchesse ! Affiliée à la royauté, par ailleurs ! Une dot estimée à plus de cent vingt mille livres ! Il y aurait de la concurrence. Une expression déterminée se dessina sur son visage.

— Vous semblez taciturne. Ne vous alarmez donc pas, d'autres jeunes filles se présenteront. À quoi songez-vous ? La lueur qui brille dans vos yeux ne présage rien de bon, reprit Édouard après un silence.

— J'aurais dû lui demander l'adresse de sa couturière, grommela l'amant éconduit. Enfin, qu'importe, j'aurais l'occasion de trouver de telles élégances à Paris.

— Comment cela, à Paris ? s'exclama le baron, dépassé par la situation.

— C'est décidé, je pars à Versailles.

•••

*libertin (sens historique) : personne qui se libère des contraintes religieuses et philosophiques, transgression de la morale, recherche du divertissement et du plaisir. Il s'agit d'un mouvement aristocratique né au XVIe siècle qui se développe particulièrement au XVIIIe siècle.

*blanc de céruse : aussi appelé « blanc de plomb », il s'agit d'une poudre blanche qui est à la base du maquillage. Ce produit, bien souvent mélangé à des minéraux et métaux, est corrosif et toxique.

*perche-du-roi : vieille unité de mesure, qui vaut 5,847 mètres par perche-du-roi. Dans ce cas précis, la distance parcourue est d'environ 30 mètres.

*engagements : extrémité des manches, souvent agrémentées de volants en dentelles ou de la robe.

Petit aparté : Le vocabulaire en fin de chapitre vous gêne-t-il ? Vous semble-t-il inutile ? Ou au contraire, d'autres termes, non compris dans ces précisions, vous posent problème ?

Merci d'avance pour vos réponses, ce n'est que le début et je dois probablement faire des ajustements.

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