Chapitre 3
Tous les deux habillés d'un sweat large de marque et d'un jogging gris agrémenté d'une paire de balenciaga, ma petite sœur et moi poussâmes la porte du bâtiment.
« Salut Jeon, salut Hanie, » dit Hyuk, le patron de l'autodrome, en se penchant vers ma petite sœur pour ébouriffer ses cheveux. Il avait toujours ce sourire chaleureux qui faisait sentir les gens comme chez eux.
« Tu vas bien ? » le questionnai-je alors qu'il nous invitait à le suivre, l'odeur familière de l'huile et du caoutchouc brûlé flottant dans l'air.
« Super, et vous les jeunes ? »
Ma petite sœur et moi répondîmes à l'unisson, partageant un bref regard complice.
« Il y a du monde aujourd'hui ? » demandai-je alors qu'il nous ouvrait la porte, nous invitant silencieusement à pénétrer dans la salle où étaient rangés les casques. Le silence de la pièce contrastait avec l'excitation palpable à l'extérieur.
« Personne pour l'instant, » répondit-il en souriant, « le circuit est tout à toi. »
« Trop bien ! » s'écria ma petite sœur. « On pourra aller très très vite, hein Kookie ? » Ses yeux brillaient de cette lueur impatiente que je connaissais si bien.
« T'es toujours aussi accro à la vitesse, toi, » rit Hyuk. « Fais attention à toi, Jeon, elle pourrait bien devenir une meilleure pilote que toi un jour.»
Je levai les yeux au ciel et arborai une grimace. « Jamais de la vie, » grommelai-je, faisant pouffer de rire le patron ainsi que ma petite sœur.
« T'as pris ta voiture ? » demanda-t-il en tendant un casque à ma petite sœur.
J'acquiesçai, lui montrant d'un mouvement de tête mon classe C garé non loin de là, visible depuis la baie vitrée.
Il me tendit à mon tour un casque, et je le remerciai avant de l'enfiler, tandis qu'il aidait ma petite sœur à attacher le sien.
Une fois les préparations faites, nous remerciâmes Hyuk et pénétrâmes dans le circuit. La chaleur du soleil sur l'asphalte réchauffait nos visages, ajoutant à l'atmosphère d'excitation.
Je déverrouillai mon véhicule fraîchement lustré et HanEul prit place sur le siège passager alors que je m'installai derrière le volant.
Nous nous attachâmes tous les deux, et sans perdre de temps, je fis vrombir le moteur de mon véhicule, activant immédiatement le mode sport.
J'amorçai quelques coups d'accélérateur dans le vide afin d'apprécier la sonorité divine de mon pot d'échappement, et après un bref regard en direction de ma petite sœur, je démarrai en trombe, m'engageant sur le circuit long de plusieurs kilomètres.
Je pressai la pédale d'accélérateur, et nos deux corps se retrouvèrent plaqués violemment contre l'appui-tête. Rapidement, la voiture grimpa à plus de 200 km/h, et je me délectai de l'adrénaline qui parcourait mon corps alors que je brûlai mes pneus contre le bitume, slalomant aisément dans les virages.
Ma petite sœur semblait elle aussi détendue, et elle en profita même pour connecter son téléphone à la console centrale afin de mettre de la musique. Le rythme des notes de musique remplissait l'habitacle, ajoutant une bande sonore à notre aventure.
Malheureusement, la plénitude ne fut que de courte durée, puisqu'à peine une demi-heure après notre arrivée, un véhicule fit son entrée dans le circuit.
Une Ford Mustang GT rouge.
Il m'était déjà arrivé d'apercevoir ce véhicule sur le circuit à maintes reprises, cependant, je n'avais jamais eu l'occasion d'apercevoir le conducteur de cette voiture de compétition.
Et à vrai dire, nombreux sont les habitués à qui je n'avais jamais adressé la parole, car les gens qui viennent ici recherchent généralement la solitude et l'adrénaline. Nous étions une communauté silencieuse, liée par notre passion commune.
« Une Mustang GT, purée Kookie, elle est encore plus belle en vrai ! » s'écria HanEul, le casque collé contre la vitre passager. Son excitation était palpable.
J'amorçai un violent coup d'accélérateur afin de la remettre en position. « La mienne est mieux, » grommelai-je d'un air mauvais.
Ma petite sœur laissa échapper un rire franc, murmurant un faible « jaloux » entre deux rires.
Je ne pris évidemment pas la peine de répondre et repris ma course, ne faisant pas attention au nouvel arrivant. Ou du moins, je n'y faisais pas attention avant qu'il ne me double à une vitesse hallucinante lors d'un virage serré, me faisant grincer des dents.
« T'as vu à quelle vitesse il a pris le virage ? » s'exclama HanEul, presque émerveillée. Son admiration pour l'autre conducteur me piquait un peu.
Mes mains agrippèrent le volant avec force, irrité. Je déposai la main sur le pommeau de vitesse, rétrogradant en quatrième avant de presser l'accélérateur, faisant monter mon véhicule dans les tours. J'atteignis rapidement les 230 km/h et rattrapai la fameuse Mustang.
Il allait voir de quel bois je me chauffais.
Une fois arrivé près de lui, je désactivai l'ESP et le doublai juste avant l'un des virages les plus serrés du circuit. Je maintins la vitesse et, une fois arrivé à l'angle du virage, je tirai le frein à main et braquai le volant avant de le contre-braquer rapidement, réalisant un drift parfait, sous les exclamations de ma petite sœur.
« Kookie, t'es trop fort ! » s'écria-t-elle. « Tu l'as éteint, » ricana-t-elle en jetant un coup d'œil dans le rétroviseur.
Je souris, fier de moi, et ralentis la cadence afin de me délecter de ma petite victoire.
Mais à ma grande surprise, quelques secondes à peine après ma démonstration de force, la Mustang me doubla à une vitesse fulgurante avant de s'arrêter quelques kilomètres plus loin, au niveau de la ligne de départ.
Le message était clair.
« Putain de merde, » ma petite sœur se redressa, les mains posées contre le tableau de bord. « Il veut faire la course avec toi, » elle me lança un regard à travers son casque.
J'esquissai un fin sourire. Effectivement, il semblait que la Ford Mustang voulait se frotter à moi.
« Écoute-moi bien, Kookie, » ma petite sœur déposa sa main sur ma cuisse, « vous avez tous les deux environ 450 chevaux, mais sa voiture est un peu plus légère que la tienne, il ira plus vite, » expliqua-t-elle, « mais toi, tu tiens mieux la route, donc le seul moyen de le battre, c'est dans les virages. »
Je hochai la tête, un sentiment de fierté s'emparant de moi alors que ma petite sœur venait de dérouler un raisonnement exactement identique à celui auquel j'avais pensé. Sa perspicacité me surprenait toujours.
Je rétrogradai progressivement et m'arrêtai à gauche de la voiture rouge, gardant tout de même quelques mètres de sécurité entre nos deux véhicules. Je jetai un rapide regard à travers la vitre passager, cependant les vitres teintées de la Mustang m'empêchaient d'identifier le conducteur.
Ce mystère ajoutait un frisson supplémentaire à l'excitation.
Comme pour lui confirmer ma participation, je fis vrombir mon moteur dans un son des plus mélodieux, et immédiatement, il en fit de même, faisant siffler ma petite sœur d'admiration.
Celle-ci abaissa d'ailleurs sa vitre de moitié et sortit son bras qu'elle leva en l'air. Elle procéda alors à un compte à rebours à l'aide de ses doigts :
3
2
1
0
« Terrasse-le, Kookie, » ma petite sœur m'encouragea alors que Meddle about de Chase Atlantic résonnai dans l'habitacle.
Je pressai la pédale d'accélérateur et fis tourner mon moteur jusqu'au régime maximal qu'il pouvait supporter avant de passer la deuxième vitesse. Ma petite sœur s'agitait près de moi, et je souris en constatant qu'elle tenait son téléphone dans les mains, filmant la scène avec soin. La lumière du soleil, filtrée par les vitres, donnait une teinte dorée à tout ce qui se trouvait à l'intérieur de la voiture, ajoutant une touche presque magique à notre course.
La première partie du circuit était une ligne droite qui s'étendait sur trois kilomètres. Nos deux voitures étaient exactement au même niveau alors que je poussai mon moteur à son maximum, passant de 0 à 100 en moins de 4 secondes.
Arrivé au premier virage, il me passa légèrement devant et l'appréhenda en ralentissant légèrement. La manière dont il se positionnait sur le virage me fit esquisser un léger sourire : je n'avais clairement pas affaire à un pilote amateur. Chaque mouvement était précis, calculé, et je ne pouvais m'empêcher d'admirer ses compétences.
Je franchis à mon tour le virage en conservant un peu plus de vitesse que lui, ce qui me permit alors, dès la sortie de virage, de le doubler. La sensation de victoire, même momentanée, fit battre mon cœur un peu plus vite.
« Yes ! » s'écria HanEul, son téléphone toujours à la main, capturant chaque instant. Son enthousiasme était contagieux, et je ne pouvais m'empêcher de partager sa joie.
Je rétrogradai afin de m'aligner sur la vitesse de mon véhicule, et pressai de nouveau la pédale d'accélérateur, talonné de très près par la Mustang, dont le pare-choc avant me toisait à travers le rétroviseur. La tension dans l'air était palpable, chaque seconde semblait s'étirer à l'infini.
Nous arrivâmes au second virage, et compte tenu de notre proximité, je choisis de ne pas drifter, ralentissant juste assez pour le franchir avec brio. Les pneus crissèrent contre l'asphalte, laissant derrière eux des traces de gomme brûlée.
« Putain, » grognai-je, les mains agrippées au volant alors que la voiture rouge profitait d'une ouverture en sortie de virage pour me doubler. La frustration monta en moi, mais je savais que la course n'était pas encore terminée.
« Rétrograde ! » s'écria ma petite sœur.
Je m'exécutai, la mâchoire serrée, reprenant rapidement de la vitesse. La Mustang creusait peu à peu l'écart, cependant, je savais que c'était le moment ou jamais : nous arrivions face à une grande courbure en S, et je comptais bien tirer avantage de la tenue de route extraordinaire de mon véhicule. La précision était cruciale ici, et chaque erreur pouvait me coûter la victoire.
Mon compteur affichait la vitesse de 145 km/h alors que, dans une concentration extrême, je slalomai aisément, réduisant l'écart entre nos deux véhicules. La sensation de contrôle total sur la machine était enivrante, et chaque virage pris à la perfection rapprochait un peu plus la victoire.
Ma petite sœur s'accrochait fermement à la poignée, son petit poids étant secoué sans ménagement. Ses yeux brillaient d'excitation, reflétant l'adrénaline qui coulait dans nos veines.
Je finis par le doubler, mais je ne me laissai pas abattre, la ligne droite qui arrivait serait décisive. Et en effet, alors qu'il ne restait plus que quelques kilomètres avant la ligne d'arrivée, son pare-choc était au même niveau que le mien. Nous étions côte à côte et roulions désormais à plus de 250 km/h, sans qu'aucun d'entre nous ne prenne l'avantage.
Nous étions tous les deux au maximum de nos capacités, mais malheureusement, la ligne d'arrivée ne se trouvait plus qu'à quelques mètres, et c'est dans une synchronisation frustrante que nous la franchîmes tous les deux en même temps.
« Putain, » je frappai mon volant, relâchant la pédale d'accélérateur afin de laisser mon véhicule décélérer. La frustration bouillonnait en moi, mais je ne pouvais m'empêcher de ressentir un certain respect pour mon adversaire.
« Il est très fort, » siffla ma petite sœur.
Je hochai la tête, frustré, alors que j'entreprenais un dernier tour de circuit à une vitesse relativement faible. La course était finie, mais l'excitation ne quittait pas encore mon corps.
« Si tu m'avais écouté et que t'avais acheté une M5, tu l'aurais froissé, » ma petite sœur me jeta un regard désapprobateur.
Je grognai, lui jetant un regard noir.
Quel enfant insupportable.
Nous regagnâmes rapidement la ligne d'arrivée, talonnés de près par la Mustang rouge, qui s'arrêta non loin de nous. Le silence retomba sur le circuit, interrompu seulement par les bruits des moteurs se refroidissant.
Je coupai le moteur et retirai ma ceinture avant de quitter le véhicule, mon casque toujours sur la tête. La Mustang à ma gauche fit de même, et alors que ma petite sœur me rejoignait, le fameux conducteur du véhicule quitta l'habitacle. Chaque mouvement de sa part était empreint de confiance, presque théâtral.
Casque sur la tête, l'homme, habillé d'un ensemble de sport noir Gucci, s'approcha de nous. Immédiatement, mes sens se mirent en éveil lorsqu'un parfum que je connaissais bien me parvint. Une fragrance familière et perturbante qui éveillait des souvenirs.
Putain de merde, ne me dites pas que...
« Monsieur Jeon, » fit la voix suave de monsieur Kim alors qu'il retirait son casque, me laissant découvrir son visage d'une rare beauté, « quelle surprise. » Son sourire était aussi captivant que déstabilisant.
Je retirai à mon tour mon casque et verrouillai immédiatement mon regard au sien. « Monsieur Kim, » lâchai-je, surpris de la tournure des événements.
Je fus soudain surpris de le voir détacher son regard du mien, et promener ses pupilles brillantes sur mon visage, et très précisément sur mon arcade et ma lèvre.
Mes piercings.
Il semblait fasciné, presque hypnotisé.
J'esquissai un fin sourire, passant volontairement ma langue sur mon piercing en me délectant du regard perçant avec lequel il suivait mon geste. Il y avait quelque chose d'intense dans sa manière de me regarder, comme s'il essayait de percer un secret.
« Seigneur dieu, » s'exclama ma petite sœur en retirant son casque, « vous êtes Kim Taehyung ? » Elle s'approcha de lui et lui fit face, un large sourire aux lèvres. Les yeux de monsieur Kim descendirent progressivement vers elle, et il arbora un léger sourire en constatant que nous étions tous les deux habillés pareil.
« En personne, » il offrit un sourire craquant à ma petite sœur, qui malgré son amour inconditionnel pour cet homme, ne se laissa pas intimider. C'était une Jeon, après tout.
« Vous êtes encore plus beau en vrai, » siffla-t-elle, ne se gênant pas pour le détailler.
Pour la première fois, je vis monsieur Kim lâcher un rire franc, avant de lui répondre en se penchant légèrement vers elle : « C'est gentil, tu es très jolie toi aussi. »
Ma petite sœur se retourna vers moi, euphorique, avec un regard qui traduisait plus ou moins quelque chose comme « Kim Taehyung a dit que j'étais jolie, t'as entendu ça ? ».
Je repris soudain de la contenance et m'avançai en direction de la Mustang rouge. Monsieur Kim ne me quittait pas du regard alors que je faisais le tour du véhicule, intéressé. « Un 5L V8 de 450 chevaux, très beau véhicule, » sifflais-je, admiratif.
« Elle est incroyable, » ma petite sœur me rejoignit, ses yeux brillants d'excitation.
« Merci » il s'approcha de moi en me toisant de son regard impénétrable, « depuis quand pilotez-vous ? » questionna-t-il.
« Quatre ans, » répondis-je, « mais je n'ai acquis cette voiture que l'an dernier. »
Il hocha la tête et se dirigea d'un pas lent vers mon véhicule bleu nuit. « Classe C Coupé 63 AMG, » ses lèvres s'étirèrent en un fin sourire alors qu'il faisait le tour de mon véhicule, le zieutant minutieusement, comme s'il évaluait chaque détail.
Je jetai alors un regard à ma petite sœur, et celle-ci comprit rapidement ma requête : « Quatre litres V8 bi-turbo qui développe un peu plus de 450 chevaux, » prononça-t-elle fièrement, sa voix résonnant avec assurance.
Et comme prédit, le regard surpris de Taehyung se posa sur ma petite sœur, et il hocha la tête, admiratif. « Tu en sais des choses, » lui sourit-il.
Elle s'approcha de lui et lui rendit son sourire avant de me pointer du doigt : « Je sais aussi que s'il m'avait écouté et qu'il avait acheté une M5, il t'aurait très probablement battu, » répondit-elle, les sourcils froncés, et je manquai presque de me désintégrer face au culot dont elle faisait preuve.
Et putain de merde, elle venait vraiment de tutoyer mon client là ?
« HanEul, » grommelai-je, la mettant en garde.
Cependant, à ma grande surprise, Taehyung se pencha vers ma petite sœur et lui murmura quelque chose à l'oreille. Je fronçai les sourcils alors que celle-ci paraissait soudain émerveillée, presque admirative.
« Vraiment ? » s'écria-t-elle en sautillant presque sur place. « Dis, tu me feras monter dedans un jour ? »
« Avec plaisir, si monsieur Jeon n'y voit pas d'inconvénient, évidemment, » il reporta son regard amusé sur moi, un sourire en coin.
« Kookie, il a une M5, » gémit-elle, « la voiture de mes rêves, la crème de la crème. »
Je levai les yeux au ciel, camouflant du mieux que je pouvais la frustration qui envahissait mon corps alors que monsieur Kim semblait amusé par le surnom que ma petite sœur m'avait donné.
Évidemment, il avait une putain de M5.
« Je n'y vois pas d'inconvénient, » prononçai-je simplement en m'avançant jusqu'à faire face à monsieur Kim, « j'ignorais que vous étiez intéressé par les voitures, » le toisai-je, amusé de voir que, encore une fois, ses yeux ne pouvaient se détacher du piercing qui ornait mes lèvres.
« Il y a beaucoup de choses que vous ne savez pas à mon sujet, » il me gratifia d'un clin d'œil clairement pas anodin. « Ne vous fiez pas aux apparences, monsieur Jeon, » il détailla à nouveau mon visage, passant son regard sur mes piercings qui semblaient clairement lui faire de l'effet. « Vous pourriez être surpris, » souffla-t-il, comme si cette dernière phrase était plus prononcée pour lui-même que pour moi.
« Je vous crois, » prononçai-je simplement alors que notre échange visuel devenait peu à peu électrique. Le silence entre nous était chargé de sous-entendus et de promesses silencieuses.
« Dis, Taehyung, » ma petite sœur nous extirpa de notre contemplation, « on peut prendre une photo ensemble ? C'est pour rendre mes copines jalouses, » demanda-t-elle, sans la moindre gêne, faisant doucement rire monsieur Kim.
Celui-ci accepta et se mit accroupi alors que ma petite sœur sortait son téléphone, prenant plusieurs clichés dans lesquels tous deux arboraient un sourire naturel. Je fus d'ailleurs forcé de constater que monsieur Kim était beau sous tous les angles, et le mannequinat était clairement un métier fait pour lui.
Ma petite sœur remercia monsieur Kim et lui fit ses adieux, avec la promesse de le revoir afin d'essayer sa fameuse M5. Elle était aux anges, ses joues légèrement rougies par l'excitation.
« Je vais rendre nos casques, ensuite je t'attends dans la voiture, » s'écria-t-elle avant de trottiner jusqu'aux bureaux situés non loin de là.
Je hochai la tête sans pour autant détourner le regard du corps de monsieur Kim. Il se redressa habilement et fit quelques pas dans ma direction, et alors que quelques centimètres à peine nous séparaient, il me tendit sa main.
« Au revoir, monsieur Jeon, ce fut un plaisir de conduire en votre compagnie. »
Je toisai un instant sa main, mais finis par la serrer. Et évidemment, son regard ne rata pas l'encre qui décorait ma main. Il fronça les sourcils et verrouilla son regard sur la partie de ma main qui laissait entrevoir mes tatouages.
Comme s'il aurait aimé en voir plus.
Je souris doucement à cette simple pensée : j'avais bien fait de porter un sweat aujourd'hui.
« Au revoir, monsieur Kim, dans l'attente de vous défier à nouveau, » répondis-je, un fin rictus aux lèvres.
Il me rendit mon sourire mais ne dit rien et finit par se retourner, marchant d'un pas comme toujours droit et confiant vers son véhicule. Ses mouvements étaient gracieux, empreints d'une assurance naturelle.
J'observai un instant son corps s'éloigner, avant de finalement rejoindre ma voiture, dans laquelle je retrouvai ma petite sœur, les yeux rivés sur son téléphone et un large sourire aux lèvres.
« T'as un amoureux ou quoi ? » Fis-je en prenant place derrière le volant.
« Mais regarde, » HanEul pleurnicha, « il est tellement beau. »
Elle me montra son écran de téléphone, et je soufflai d'exaspération lorsque je reconnus la photo qu'elle avait prise à l'instant avec monsieur Kim.
« Jade va être tellement jalouse, » siffla-t-elle, en publiant la photo sur son fil Instagram, un large sourire scotché aux lèvres.
Je laissai échapper un rire, fatigué par son comportement. Je démarrai mon véhicule et quittai rapidement le circuit, m'engageant sur la longue avenue à une vitesse réglementaire. La conversation légère entre nous deux était un contraste apaisant avec l'intensité de la course.
« Vous attendez quoi pour coucher ensemble ? » Ma petite sœur questionna soudain, manquant de me faire étouffer avec les molécules d'air. La brutalité de sa question me prit par surprise, me faisant presque perdre le contrôle du volant.
Je la fixai, sidéré par ses propos.
« Mais Kookie, t'as vu comment il te regardait ? » Elle orienta son petit corps vers moi. « Il te bouffait presque du regard, » scanda-t-elle.
Je secouai vivement la tête de droite à gauche : « N'importe quoi. »
« T'aurais vu sa tête quand t'as enlevé ton casque, il était choqué ! » Ajouta-t-elle. « Et puis je t'ai vu toi aussi, hein, » elle m'asséna une tape sur le bras, arquant ses sourcils de manière significative.
« Tu n'as rien vu du tout, » je profitai d'un feu rouge pour lui adresser un regard noir.
« Ah si si si, » ricana-t-elle, « t'étais à deux doigts de le prendre sur la banquette arrière, » ajouta-t-elle sans la moindre gêne, « et puis je sais que c'est ton style de mec. »
Qui avait rendu cet enfant aussi peu pudique ?
« Tu dis n'importe quoi, » contestai-je, bien que conscient qu'elle n'avait pas tout à fait tort.
J'avais une folle envie de le prendre sur cette putain de banquette arrière.
♞
🕦 22h15
Affalé sur mon lit, la tête de ma petite sœur reposant sur mes cuisses, je pianotais sur son téléphone alors que HanEul s'activait à tuer des innocents sur Call of Duty, ma manette de PS5 en main. Le ronronnement doux de la console et les bruits de tirs résonnaient dans le salon, créant une ambiance paradoxalement paisible.
Après notre matinée au circuit, HanEul et moi étions allés manger dans un fast-food du coin. Nous avions ensuite passé l'après-midi chacun de notre côté, moi dans mon bureau à consulter les nouvelles pièces de la collection Gucci afin d'être opérationnel pour ma semaine de travail. HanEul, elle, était restée dans le salon, avançant sur ses devoirs.
Mais alors que je consultais passivement les réseaux sociaux, un message me parvint, faisant vibrer mon téléphone entre mes mains.
« C'est qui ? » murmura HanEul sans détourner les yeux de l'écran, où son avatar enchaînait les headshots avec une précision redoutable.
Li ❤️ : Ma porte est ouverte si jamais t'as envie de passer :)
Quelques secondes à peine après, une video me parvint, et je jetai d'abord un rapide coup d'œil vers ma petite sœur, m'assurant qu'elle était bien concentrée sur son jeu, avant de l'ouvrir.
En ouvrant la video, je découvris Lisa, en sous-vêtements sur son lit, embrassant langoureusement une femme que je devinais être son dernier plan cul.
Putain de merde.
Je me fis violence pour ne pas réagir. Voilà déjà quelques semaines que je n'avais pas soulagé mes pulsions, et la récente apparition de monsieur Kim dans ma vie n'arrangeait pas les choses.
Par ailleurs, s'il y a bien quelqu'un qui n'avait pas froid aux yeux, c'était Lisa et sa libido sans limites. S'étant toujours autoproclamée lesbienne il n'était cependant pas rare qu'elle m'appelle afin de pimenter ses parties de jambes en l'air. Et même si le terme d'hétéroflexible lui correspondait mieux, elle l'avait toujours démenti en affirmant que monsieur Kim et moi même étions les seuls hommes à lui faire de l'effet.
Cela ne manquait évidemment pas de flatter mon ego.
Je grognai et rédigeai un message à la hâte :
Moi : J'arrive.
« Je vais chez Lisa, je reviens, » dis-je simplement en décalant délicatement la tête de ma petite sœur qui reposait sur mes cuisses.
« Vous allez coucher ensemble ? » Questionna-t-elle passivement sans détourner son regard de son jeu, ses doigts agiles manipulant la manette avec une précision redoutable.
« Mêle-toi de tes affaires, » grommelai-je, cet enfant étant bien trop peu gênée pour son âge.
« Tu lui passeras le bonjour, » ajouta-t-elle en passant outre ma remarque, « et laisse-moi ta carte bleue, je vais me commander des pizzas. » Sa voix était posée, comme si sa demande allait de soi.
Je me redressai et piochai un t-shirt blanc et un jogging gris dans mon armoire.
« Je la laisse sur l'étagère du salon, » je la prévins en quittant la pièce, « et uniquement des pizzas, hein, » je la mis en garde, mon ton se voulant ferme.
« Oui, oui, » grommela-t-elle, les yeux toujours fixés sur l'écran.
J'enfilai alors mes vêtements ainsi que ma paire de baskets, et m'emparai de mon téléphone.
« J'y vais, s'il y a un problème, appelle-moi, » criai-je depuis le salon, m'assurant qu'elle m'entende bien.
« Oui chef, » me répondit la voix aiguë de ma petite sœur au loin, teintée d'une légère moquerie.
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