Chapitre 2
📆 Vendredi
🕦 18h10
« Très bonne soirée à vous, monsieur Lee », dis-je en tendant un petit sac à mon client, qu'il saisit en me remerciant chaleureusement.
« De même pour vous », me répondit-il avec un sourire tandis qu'il rangeait son portefeuille,
Après l'avoir remercié, je le vis se diriger lentement vers la sortie de la boutique, sa silhouette se fondant dans l'agitation du soir.
« Hoseok », j'appela mon collègue, qui semblait occupé à encaisser un client sur la caisse à ma droite, « j'y vais. »
Sans interrompre ses mouvements, il me lança un sourire complice et hocha la tête en signe d'encouragement :
« Bonne chance avec Monsieur beaugosse », chuchota-t-il avec un clin d'œil suggestif.
Je levai les yeux au ciel, me demandant parfois qui, entre lui ou Lisa, était le plus captivé par Monsieur Kim.
Amusé, je quittai la caisse et saisis ma tablette. Mes pas me menèrent rapidement vers la réserve où Lisa, déjà plongée dans l'inventaire depuis plusieurs heures, s'affairait parmi les étagères. En entrant dans la grande salle, je la repérai aussitôt, concentrée, tablette en main, portant son uniforme de travail légèrement déboutonné.
« Checking », lançai-je en m'approchant.
Elle se tourna vers moi, son regard scrutant minutieusement chaque détail de ma tenue. Ses doigts, soigneusement manucurés, ajustèrent le col de ma chemise avant de glisser vers ma taille, replaçant habilement ma chemise qui était légèrement sortie de mon pantalon lors de mes déplacements rapides.
Soudain, elle sortit un petit tube de sa poche, un baume à lèvres, qu'elle ouvrit pour en étaler une fine couche sur mes lèvres, avant de conclure avec un sourire satisfait :
« Parfait. »
Je pressai mes lèvres l'une contre l'autre, répartissant le baume, puis lui rendis son sourire. « Merci Li», articulai-je avant de me diriger de nouveau vers l'avant de la boutique.
« Jeon », m'interpella mon manager dès mon entrée, « Monsieur Kim est arrivé. »
« D'accord », répondis-je en le dépassant rapidement.
Il ne me fallut que quelques secondes pour le repérer, comme si sa prestance étouffait toute la pièce, et que les projecteurs étaient automatiquement dirigés vers lui. Il se promenait entre les rayons, inspectant une chemise qui ressemblait étrangement à celle qu'il avait dit ne pas correspondre à son style quelques jours plus tôt. Il portait d'ailleurs actuellement l'une des pièces que j'avais choisi pour lui, à savoir une chemise à motifs rectangulaires oscillant entre le gris, le rouge et le beige. Il l'avait parfaitement assortie à un pantalon à pinces et une ceinture qui marquait sa taille élancée. Des mocassins noirs et un sac de bowling crème complétaient son ensemble.
« Monsieur Kim », m'inclinai-je respectueusement alors qu'il se retournait pour me faire face.
« Monsieur Jeon », fit-il, son ton neutre et professionnel en parfaite adéquation avec son allure distinguée. « Comment allez-vous ? »
« Bien, et vous ? », répondis-je en le guidant vers l'ascenseur. Je sentit rapidement un regard intense dans mon dos, presque brûlant.
Son regard.
« Très bien, merci. »
Une fois les portes de l'ascenseur ouvertes, je l'invitai à entrer, me faisant violence pour ne pas le reluquer à mon tour, sachant que l'ascenseur en verre était couvert de miroirs qui pourraient facilement me trahir.
Le silence enveloppa notre montée vers le showroom, une tension palpable emplissant l'espace confiné, accentuée par sa seule présence. Cependant, je m'habituais peu à peu à cette pression, résolu à ne pas me laisser submerger.
Arrivés au sixième étage, je l'invitai à sortir de la cage de verre, et cette fois, sans retenue, je le détaillai ouvertement, laissant mon regard brûlant parcourir son corps qui se déplaçait avec grâce. L'opportunité de l'observer de si près me permit de noter les courbes de son corps, qui, je l'avoue, présentaient des proportions parfaites.
Avait-il besoin d'être aussi séduisant ?
« J'ai sélectionné plusieurs tenues pour vous », entamai-je en nous dirigeant vers le portant de vêtements. « Bien que le style général soit préservé, j'ai varié les caractères et les tonalités selon l'aura que vous souhaitez dégager lors de ce brunch », expliquai-je, ravi de voir qu'il m'écoutait avec une attention soutenue.
Il effleura les tissus délicatement, son regard sérieux croisant parfois le mien. Alors qu'il passait sa langue sur sa lèvre inférieure, un geste presque distractif, il me fixa, réduisant la distance entre nous à moins d'un mètre.
« C'est un brunch où se trouverons principalement des mannequins et des stylistes », précisa-t-il, scrutant ma chemise avant de fixer mes yeux. « Je veux être vu, je veux me démarquer. »
Je retins un fin sourire :
« Vous l'êtes déjà, monsieur Kim », laissai-je échapper, n'ayant que très peu réfléchi au sens de ma phrase.
« Ah oui ? » Il arqua un sourcil, visiblement surpris de ma remarque.
Je crus discerner un soupçon de malice dans son regard, alors que, sans flancher, j'ajoutai sur un ton professionnel :
« Vous savez, ce n'est pas le vêtement qui sublime une personne », mon regard était profond, et le sien également, « mais plutôt son attitude, son charisme et ses manières », prononçai-je, « et ces choses-là ne s'acquièrent pas avec une simple apparence. »
Son regard se posa brièvement sur mes lèvres avant qu'il ne laisse échapper un sourire subtil.
« Et ce sont des qualités que vous m'associez, monsieur Jeon ? »
« Je ne vous connais pas », fis-je simplement, contournant aisément sa tentative de me déstabiliser, « mais vous êtes un homme qui plaît, monsieur Kim, c'est indéniable. »
Il plissa les yeux et humecta ses lèvres, un geste qui ne manqua pas de capter mon attention malgré moi.
Et il semblait fier de le constater.
Il tourna ensuite son attention vers un ensemble spécifique. « Orange, c'est audacieux. »
« C'est ma pièce préférée », fis-je alors qu'il examinait le costume en soie mélangée.
Ses yeux profonds capturèrent les miens avec intensité alors qu'il saisissait le cintre.
« Je vais l'essayer dans ce cas. »
♞
🕦 20h15
« Je vais prendre celui-ci », annonça Monsieur Kim en sortant de la cabine, revêtu de ses vêtements initiaux mais avec un pull plus épais, probablement pour contrer la fraîcheur naissante de la soirée.
« Très bien », acquiesçai-je, dissimulant mon élan de fierté face à son choix surprenant, à savoir le fameux costume orange. « Vos mensurations sont-elles toujours les mêmes ? » demandai-je, cherchant à confirmer les détails pour une adaptation parfaite du costume.
« Je préférerais que vous les repreniez », répondit-il calmement.
J'acquiesçai et me dirigeai vers l'étagère derrière le canapé pour saisir le mètre ruban qui y reposait. Les informations fournies par Namjoon il y a quelques mois méritaient certainement une mise à jour pour assurer la perfection du sur-mesure.
Je revins vers lui, mètre en main, alors qu'il observait attentivement chacun de mes gestes. « Votre pull est trop épais pour prendre les mesures précisément », expliquai-je.
Il fronça légèrement les sourcils, un éclat indéchiffrable brillant dans ses yeux. Nos corps étaient à peine séparés par quelques centimètres, l'air entre nous vibrant d'une tension palpable.
« Voulez-vous que je le retire, Monsieur Jeon ? » demanda-t-il, sa voix basse provoquant un frisson involontaire de ma part.
Reprenant rapidement mes esprits, je répondis : « Cela serait préférable. »
Sans un mot de plus, il recula d'un pas, attrapa le bas de son pull en laine et commença à le retirer lentement, révélant son torse sculpté et halé. Les muscles de son abdomen étaient dessinés avec une finesse qui captait la lumière, ses proportions parfaites trahissant une discipline rigoureuse.
Pour la première fois, je me sentis déstabilisé, l'observant ouvertement, ma langue glissant inconsciemment sur ma lèvre inférieure.
Merde...
« Cela vous convient-il ? » Sa voix rauque interrompit ma contemplation, et son regard conscient de l'effet provoqué ne fit qu'accroître la chaleur montante en moi.
« C'est parfait », répondis-je, retrouvant peu à peu mon assurance.
Je me rapprochai alors pour prendre ses mesures, faisant glisser le mètre autour de ses épaules puis le long de ses bras, sa peau lisse frôlant parfois mes doigts. Je notais chaque chiffre avec précision sur ma tablette.
« Votre ceinture », indiquai-je, « je dois mesurer votre tour de hanches. »
« Ne vous gênez pas, Monsieur Jeon », répondit-il.
Une tension indéniable remplissait la pièce, rendant la concentration difficile.
Si son intention était de me provoquer, qu'il en soit ainsi.
Je débouclai délicatement sa ceinture, laissant mes doigts glisser lentement, effleurant occasionnellement sa peau. Il maintenait son regard fixé sur moi, et pour la première fois, je sentis que j'avais capté son attention aussi pleinement qu'il capturait la mienne.
Je posai soigneusement sa ceinture sur le portant et pris mon mètre.
Son pantalon à pinces tombait légèrement, révélant le haut de son boxer de marque. Je fis de mon mieux pour ne pas laisser mon regard me trahir, et après un soupir presque inaudible, je dépliai le mètre pour mesurer son tour de hanche.
Une fois les mesures consignées, je me retrouvai de nouveau face à lui et m'accroupis, me trouvant à hauteur de son bassin.
Je crus percevoir son souffle s'accélérer légèrement.
Je baissai la tête tout en affichant un sourire subtil, puis repris mon travail, mesurant méticuleusement la longueur de ses jambes ainsi que le tour de ses cuisses, ma main effleurant accidentellement l'intérieur de sa cuisse par moments.
Toutefois, je gardai mon professionnalisme intact et, une fois les mesures prises, je me redressai et lui tendis sa ceinture ainsi que son pull.
Il me remercia et se rhabilla promptement tandis que je prenais quelques pas de recul, libérant l'air que j'avais retenu dans mes poumons tout en rangeant le mètre ruban, m'assurant de sauvegarder précisément chaque mesure dans ma tablette.
Je me dirigeai ensuite vers l'endroit où son sac avait été déposé, le récupérai, et le lui tendis en l'invitant à me suivre. Nous quittâmes ensemble l'espace des essayages, marquant la fin d'une séance excessivement intense.
La boutique était déjà fermée depuis une demi-heure, mais les essayages avec Monsieur Kim s'étaient étendus bien au-delà du nécessaire. Il avait hésité entre presque toutes les tenues, et les deux heures passées à ses côtés avaient été loin d'être reposantes.
Nous entrâmes dans l'ascenseur, et je tentais de faire abstraction des vibrations de mon téléphone dans la poche de mon pantalon. C'était très probablement HaNeul, ma petite sœur, qui devait m'attendre depuis un bon moment devant la boutique. Comme chaque vendredi, elle passait la soirée avec moi, et malgré son jeune âge, cet énergumène apportait une énergie débordante à mes weekends.
À quinze ans, elle avait la vitalité d'une pile électrique et, bien que parfois difficile à gérer, elle illuminait mes soirées plus que quiconque.
« Le costume sera prêt dans quelques jours », expliquai-je alors que nous atteignions le rez-de-chaussée. « Souhaitez-vous que nous vous le livrions ? »
« Ça ira, je viendrai le chercher moi-même », répondit-il simplement.
« Très bien », acquiesçai-je.
Namjoon, le dernier employé encore présent, s'approcha de nous. « Les essayages se sont bien passés ? » demanda-t-il avec un air de curiosité.
« Oui, c'était parfait », répondit Monsieur Kim avec un sourire amical, ajoutant ensuite, « excusez-moi de vous avoir fait attendre. »
« Ne vous excusez pas, ce fut un plaisir », répliquai-je, rendant son sourire tandis que Namjoon hochait la tête.
« Jeon, tu peux y aller. Merci », me dit mon manager avec un sourire.
« Bien, bonne soirée messieurs », dis-je en m'inclinant poliment avant de me diriger vers les vestiaires.
Une fois à l'écart, je sortis mon téléphone de ma poche et constatai avec effroi que HaNeul m'avait appelé à de multiples reprises, en plus de m'avoir envoyé une série de messages d'une vulgarité sans précédent. Je lui envoyai rapidement « J'arrive », puis verrouillai mon appareil. Le vestiaire était désert, et, pressé par le temps, je décidai de ne pas me changer. Je saisis ma sacoche et claquai mon casier avant de me hâter vers la sortie.
À peine eus-je franchi la porte qu'une silhouette familière se jeta sur moi, enlaçant mon cou avec force.
« Kookie, mais tu foutais quoi ? J'aurais pu me faire kidnapper ! » s'exclama HaNeul, son reproche teinté d'une fausse gravité.
Je levai les yeux au ciel en riant et enlaçai son petit corps, la soulevant facilement du sol. « Tu sais bien que je ne laisserais personne te faire du mal », rétorquai-je en déposant un baiser sur sa joue alors qu'elle se détachait de moi.
« J'espère bien », dit-elle, son ton devenant sérieux. « Lisa est déjà au club ? »
« Oui, on va manger un bout et on la rejoint, ça te va ? » Je proposais en vérifiant mon téléphone.
S'il y'a bien quelque chose que HaNeul affectionnait plus que tout, c'étaient les cours de boxe que je pratiquais avec Lisa. Depuis que nous avions pris l'habitude de nous voir le week-end, elle m'accompagnait à mes séances du vendredi soir, se contentant de rester assise sur un banc et de nous observer. Je lui avais proposé à plusieurs reprises de participer, cependant elle avait toujours décliné, parce que, je cite, « j'ai déjà un grand frère qui peut taper les gens qui m'embêtent ».
En marchant vers le parking, HaNeul s'arrêta net, sa surprise peinte sur le visage. « Oh purée de pomme de terre », s'exclamait-elle soudain, et je devinais facilement qu'elle s'était fait violence pour ne pas prononcer une injure bien plus crue, « Kook, c'est Kim Taehyung là-bas ? »
Je fronçais les sourcils et me retournais lentement. Ce n'est qu'en suivant son regard que la vue qui se présentait à moi me glaça le sang.
Monsieur Kim était effectivement à quelques mètres de nous, discutant activement avec Namjoon, et son regard était directement braqué sur ma personne. La lumière de la rue reflétait sur ses traits parfaits, lui donnant un air presque irréel.
HaNeul laissa échapper une plainte :
« Il est encore plus beau qu'en photo », pleurnichait-elle, ses yeux scintillant d'admiration.
« Arrête de le regarder », lui intimais-je, gêné qu'il ait assisté à toute la scène.
« Déjà c'est lui qui nous... Oh putain de merde », s'exclamait HaNeul, ayant visiblement perdu son sang froid, « c'est toi qu'il regarde, Kookie. »
Je levais les yeux au ciel, luttant pour ne pas me retourner et croiser son regard. La situation était déjà bien assez embarrassante comme ça.
« On y va », j'attrapais ma sœur par le bras, tentant de la diriger discrètement vers le parking sans attirer davantage l'attention.
« Mais je voulais prendre une photo avec lui », gémissait-elle, déçue.
C'est ainsi que nous nous dirigions vers le parking de la boutique, sous l'œil attentif de monsieur Kim, dont le regard n'avait cessé de me transpercer.
♞
🕦 22h05
« Frappe ! », criais-je, me mettant en position, mes muscles tendus en anticipation.
Immédiatement, les coups fusaient : droite, gauche, uppercut. Lisa, avec une maîtrise impressionnante, enchaînait les coups avec une force et une fermeté qui me faisaient légèrement tanguer à chaque impact. L'enchaînement était rythmé, presque musical, et son regard, concentré et féroce, ne perdait jamais de vue son objectif.
Une fois sa série terminée, elle posait ses mains gantées sur ses genoux, reprenant son souffle profondément. La sueur perlait sur son front, témoignant de l'intensité de l'effort.
« Impressionnant, la force que t'as développée dans les jambes », constatai-je.
« Avec cette force de frappe, tu pourrais rendre stérile n'importe quel homme, Li », lançait ma petite sœur, appuyée contre le ring.
Nous ricanions face à sa remarque.
« Sache que le premier qui en fera les frais sera sûrement ton frère », répondait-elle, un rictus déformant ses lèvres rougies par l'effort.
« N'hésite pas », ajoutait HaNeul, amusée.
« Eh », scandais-je, « je ne vous gêne pas trop, ça va ? ».
Elles se mirent toutes les deux à ricaner, complices, sous mon regard faussement sévère.
Après cette brève altercation, je décidais de m'isoler vers les sacs de frappe, un petit rituel personnel qui me permettait de décompresser et d'évacuer les tensions de la semaine.
Et cette semaine, la tension portait le doux nom de Monsieur Kim.
Je soupirais profondément et m'emparais de mon casque que je plaçais sur mes oreilles, le contact des coussinets contre mes piercings m'arrachant une grimace. Une fois mes gants de boxe enfilés, je me positionnais face au sac et prenais une grande inspiration.
J'amorçais un premier coup léger, testant la résistance du sac, puis, une fois mes poignets suffisamment échauffés, je frappais avec plus d'ardeur, synchronisant mes coups avec le rythme de la musique qui pulsait dans mes oreilles.
Peu après, Lisa rejoignait l'espace à côté de moi, attaquant son propre sac de frappe avec une vigueur renouvelée. Profitant d'une pause, je la regardais du coin de l'œil.
Elle était vêtue d'une brassière et d'un short assortis, laissant entrevoir son ventre musclé et ses bras puissants. La transpiration rendait sa peau brillante sous les lumières du gymnase. Ses cheveux étaient tirés en une queue de cheval haute, et même son maquillage léger résistait étonnamment bien à l'effort.
Sentant que je la regardais, elle cessait un instant de frapper, tournant son visage vers moi avec un sourire narquois. « Je rêve ou Jeon Jungkook est en train de me reluquer ? » lançait-elle, une lueur taquine dans les yeux.
« J'avais juste oublié à quel point tu manquais de charme », répliquais-je, un sourire en coin.
« Pff », elle faisait mine de bouder, puis ajoutait avec un air de défi : « Dire que je m'étais fait percer les tétons juste pour te plaire. »
« Il en faudra bien plus pour me plaire. Tu sais que je suis un homme exigeant. »
Elle levait les yeux au ciel, un sourire malicieux se dessinant sur son visage fatigué par l'effort : « Tu y tiens vraiment à ce coup dans les couilles, hein ? »
C'est ainsi qu'après une énième bagarre, nous nous remettions chacun à pratiquer, assénant des coups puissants au sac de frappe jusqu'à épuisement.
En frappant le sac, je laissais mon esprit vagabonder sur les événements de la semaine, notamment sur l'intense interaction avec monsieur Kim. Chaque coup de poing semblait libérer un peu plus de la tension accumulée, et je me sentais lentement reprendre le dessus sur mes émotions.
Garder la cadence face à une telle prestance relevait presque du challenge, et très sincèrement, deux heures avec monsieur Kim représentaient un épuisement similaire à quatre heures de boxe. Et si je l'avais d'abord trouvé impénétrable, la scène de tout à l'heure me faisait doucement sourire, car pour la première fois, j'avais pris le dessus.
J'avais pris le dessus sur monsieur Kim.
Après toutes ses provocations indirectes, ses tentatives d'intimidation, j'avais finalement décidé de contre-attaquer, le battant à son propre jeu, et au vu de sa réaction, il semblerait que monsieur Kim se fasse rarement battre à son propre jeu.
Cependant, je suis loin de l'avoir cerné, et plusieurs parts d'ombres voilent encore sa personnalité. Il est imprévisible, amical à un moment, et froid le moment d'après. Professionnel, puis presque provocateur.
Je passais ma langue sur la lèvre et triturais l'anneau qui décorait ma lèvre inférieure, alors que mes pensées divaguaient sur la scène qui s'était produite quelques heures plus tôt. Il avait bien failli me faire perdre mes moyens, et je n'aimais pas ça.
Jeon Jungkook ne perdait jamais ses moyens.
♞
🕦 23h10
« Dis Kookie, tu me laisseras conduire un jour, hein ? », questionnait ma petite sœur alors que je garais habilement mon véhicule sur ma place de parking.
« Dans tes rêves, sale moche. »
« Mais t'es pas gentil », gémissait-elle, sa moue visible même dans le faible éclairage de l'habitacle.
« D'une, tu n'as pas le permis », citais-je, « de deux, une jante ça coûte un rein et je n'ai pas envie de devoir mettre fin à tes jours si tu as le malheur de la frotter contre un trottoir. » Je lui lançais un regard en biais avant de couper le moteur et de déboucler ma ceinture.
Elle retirait sa ceinture et croisait les bras d'un air boudeur :
« Déjà, elle est pas si cool ta voiture », grognait-elle, « je t'avais dit de prendre une M5, mais tu n'écoutes rien. »
S'il y avait bien une chose sur laquelle ma petite sœur me rejoignait, c'était les voitures. Et vous ne rêvez pas, du haut de ses quinze ans, elle venait littéralement de me reprocher de ne pas avoir acheté une voiture qui coûtait près de 200 millions de won.
Si le culot devait porter un nom, il s'appellerait clairement Jeon HanEul.
Nous sortions du véhicule, la fraîcheur de la soirée nous enveloppant immédiatement.
« Tu n'arrange pas ton cas, sale moche », je quittais le véhicule et m'emparais de ma pochette ainsi que de mon sac de sport.
« Odieux personnage », grommelait-elle en quittant à son tour le véhicule.
Dans cette atmosphère chaleureuse, nous nous dirigions vers l'ascenseur, pressant le bouton pour appeler la cabine qui nous mènerait au neuvième étage, là où se trouvait mon appartement.
« L'école se passe bien ? », lançais-je.
Elle haussait les épaules, une lueur de résignation passant brièvement dans son regard. « Ça peut aller », soupirait-elle, sa voix trahissant une pointe de désarroi.
Mon front se plissait de souci. « Qu'est-ce qui te tracasse ? », demandais-je, observant son visage alors que l'ascenseur émettait un ding sonore, nous annonçant l'arrivée à notre étage.
Son agitation était palpable ; elle malmenait ses doigts, les tordant nerveusement. « C'est rien », murmurait-elle, ses yeux fixant le tapis du couloir qui s'étendait devant nous.
Alors que nous marchions vers l'appartement, je glissais mon bras autour de ses épaules, la rapprochant de moi dans un geste protecteur. « Dis-moi, HanEul », commençais-je, ma voix se faisant plus douce, une tentative de l'apaiser, « il n'y a personne qui te cause des ennuis, j'espère hein ? Parce que t'as juste à me donner un nom et je- »
« Non, non », me coupait-elle rapidement, esquissant un sourire qui se voulait rassurant mais qui ne parvenait pas à masquer une certaine tristesse. Elle hésitait, son regard se perdant dans le lointain comme si elle fouillait ses souvenirs. « C'est juste que... moi et Jade, on ne se parle plus. »
Je fronçais les sourcils, perdu dans une réflexion profonde, mais bientôt, un déclic se fit : Jade, sa meilleure amie.
« Pourquoi ? », osais-je demander, me détachant d'elle pour ouvrir la porte de l'appartement.
« Il y a un garçon », commençait-elle, son ton trahissant une pointe de douleur alors que nous nous déchaussions à l'entrée. « Elle savait très bien qu'il me plaisait, et pourtant... » Sa voix s'éteignait, laissant la trahison se peindre sur son visage, « elle a commencé à flirter avec lui et maintenant, ils sortent ensemble. » Ses sourcils se fronçaient, marquant son irritation.
« Attends, attends », l'interrompais-je, les yeux écarquillés, « il y a un garçon et je ne suis pas au courant ? » Ma voix montait en intensité tandis qu'elle s'effondrait sur mon grand canapé couleur crème.
« Il y avait un garçon », corrigeait-elle, levant les yeux vers moi alors que je m'asseyais à ses côtés. « Mais il n'y a rien eu, on a à peine discuté deux ou trois fois . »
Ma petite sœur se blottissait contre moi et, après un moment de silence, elle posait sa tête sur mon torse.
« Jade... », commençais-je, « si elle a fait ça, alors elle n'a jamais vraiment été ton amie. C'est vraiment bas de sa part. »
Elle soupirait, s'enfonçant davantage dans l'étreinte, le cœur lourd : « Peut-être, mais je n'ai jamais vraiment eu ma chance avec ce garçon, il ne s'intéressait pas à moi de toute façon », confiait-elle, la tristesse voilant sa voix.
« Montre-le-moi », insistais-je, curieux.
D'abord surprise par ma demande, elle fouillait rapidement dans sa poche pour en sortir son téléphone, qu'elle déverrouillait avant de lancer Instagram.
Elle tapait son nom dans la barre de recherche, puis sélectionnait son profil, me passant ensuite le téléphone.
« C'est lui ? », grimacais-je en faisant défiler ses photos, « il a l'air nul », proclamais-je, « tu mérites bien mieux. Et puis je suis certain qu'il a une petite queue. »
Un ricanement s'échappait de ses lèvres : « T'es méchant, Kookie », gloussait-elle.
« Pauvre Jade », dis-je d'un ton dramatique, amplifiant son hilarité.
« Tu crois que je devrais lui donner une leçon ? », me demandait-elle, ses grands yeux brillants fixés sur moi.
Bien que je fus tenté de répondre à l'affirmatif, je me résignais à contrecoeur. Si ma mère apprenait que j'incitais HanEul à user de la force, elle n'hésiterait pas à me briser le tibia, et je ne pouvais me résoudre à vivre avec un tibia en moins.
« Laissons le karma s'en charger, ok ? », décidais-je finalement, caressant ses cheveux soyeux.
Elle hochait la tête, savourant le contact réconfortant.
« Je vais les rendre jaloux », annonçait-elle soudain, ses sourcils se fronçant en signe de détermination.
« Vraiment ? Et comment comptes-tu t'y prendre ? », demandais-je, intrigué.
« Tu verras », répliquait-elle avec malice. « Dis, tu viendras me chercher à l'école lundi avec ta voiture trop cool ? »
Je laissais échapper un rire, ne pouvant qu'approuver ses projets.
« Avec grand plaisir. Je me garerai juste devant la grille », lui promettais-je avec un clin d'œil.
« Meilleur frère du monde », s'exclamait-elle en se levant pour me donner un bisou sur la joue avant de quitter le canapé.
« Je sais », répondais-je, tandis qu'elle ramassait son sac à dos pour se diriger vers ma chambre.
♞
🕦 0h54
« Dis, on ira au circuit demain ? », interrogeait ma petite sœur, se tenant dans l'encadrement de la porte alors que je disposais un oreiller sur le canapé, luttant contre le sommeil.
Ses yeux mi-clos et son chignon sur le point de se défaire témoignaient de son état de fatigue bien avancé. Nous avions passé des heures à regarder des vidéos, un marathon qui aurait pu durer jusqu'à l'aube si la fatigue n'avait pas eu raison de notre enthousiasme.
« Si tu veux », lui répondis-je en souriant, tout en passant une main dans mes cheveux devenus un peu trop longs à mon goût, « bonne nuit HanEul. »
« Bonne nuit Kookie », bâillait-elle en rebroussant son chemin vers ma chambre.
Je poussais un soupir de contentement, me débarrassant de mon haut et de mon pantalon avant de m'affaler sur le canapé. Je me couvrais d'une fine couverture, m'étirant pour attraper mon téléphone sur la table basse. Je programmai l'alarme pour le lendemain, conscient que sans cela, je risquais de dormir jusqu'à midi. Profitant de ce moment, je décidai également de répondre au dernier message de ma mère sur Instagram, qui comprenait une photo du salon orné d'une coupe de champagne soigneusement placée sur la table. Le tout était accompagné d'un message :
« Quel plaisir d'être seul chez soi. »
Un sourire se dessina sur mes lèvres alors que je levais les yeux au ciel, amusé par son humour typique. Je prenais un selfie rapide, mal cadré, mon visage à peine visible dans l'obscurité du salon, et tapais ma réponse avec une pointe d'ironie :
« Et si on venait prendre le petit dej chez toi demain matin, à 8h ? »
À peine avais-je envoyé le message que ma mère l'ouvrait. Quelques instants plus tard, son retour me fit éclater de rire :
« Certainement pas 😘 »
✂️
Deuxième chapitre, j'espère que ce début d'histoire vous plait !! On se donne RDV dimanche pour la suite ❤️
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