Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Chapitre 11 - Aaron

 La première fois que j'ai compris qui j'étais, c'était il y a quelques années. C'était la journée des portes ouvertes de mon futur collège. Il y avait du monde, et une certaine tension. Les parents parlaient entre eux, retenaient les petits frères et les petites sœurs qui couraient partout, les élèves regardaient les affiches et les projets des collégiens. Et moi, au milieu de tout ça, je tenais la main de mes parents, parce que je n'étais pas libre. C'est là que je l'ai vu : ce garçon, parlant avec ses professeurs.

Comme j'étais intéressé par la section sport, il m'a proposé d'en apprendre plus et d'assister à un entraînement. Il m'a regardé longuement avant, d'un regard si profond que je me suis senti pousser des ailes. Je me suis tourné vers ma mère, elle m'a glissé d'y aller si je faisais attention. Je savais que ça lui coûtait. Elle a regardé ce garçon, il m'a pris par l'épaule doucement, il devait avoir deux ans de plus que moi. Il savait très bien que c'était vain. Il savait très bien que je ne pourrais probablement jamais intégrer la section sportive du collège. Puis quand mes parents ont tourné le dos pour parler avec un membre de l'administration, il m'a longuement observé et m'a lâché la main. Pas parce qu'il avait honte de s'occuper d'un gamin, mais pour que je puisse me débarrasser de mes attaches. Il m'a chuchoté quelques mots : Le mieux, pour s'amuser, c'est d'être libre, non ? Et ça veut pas dire que t'as personne.

Libre. Heureux.

Je crois bien que c'est comme ça que j'ai compris qui j'étais, qui je voulais être. Deux ans plus tard, c'est avec ce garçon, Andras, que j'ai échangé mes premières confidences, mes premières bêtises, mon premier baiser. C'est avec lui que j'ai appris à courir à en perdre haleine, c'est avec lui que j'ai désespérément voulu faire équipe quand je faisais un peu de sport dans les parcs. Ça n'a pas duré longtemps. Andras était redoublant et il devait se concentrer sur ses cours pour ne pas subir les foudres parentales, d'autant plus qu'il se trouvait dans une famille dure. Le brevet a fini d'achever ce qui se profilait déjà : Andras m'a quitté brutalement.

J'étais libre, oui. Mais je n'avais personne à mes côtés.

Antoine avait assisté de loin à ma relation avec Andras. C'est lui qui m'a consolé. Trop timide à cette époque pour aller péter les deux genoux de mon ex-petit ami, il s'était contenté de taguer "l'(Andr)as des tocards" sur son casier. Il faut avoir le nez fin pour apprécier le jeu de mots, moi à l'époque j'avais ri.

Il n'empêche que je ne parle pas beaucoup de ma sexualité. Il faut dire que ce n'est pas un sujet que j'ai l'occasion d'aborder... En fait, à part Andras, je n'ai pas vraiment eu d'autres partenaires. Un ou deux, dans les couloirs du lycée... Mais sans plus. En fait, ça se terminait toujours avant de passer aux choses sérieuses. J'ai eu aussi quelques aventures avec des filles, mais là encore, ça n'a pas été plus glorieux. De la taquinerie tout au plus... De ce côté, je ne crois pas être fautif...

Pourtant, je ne me suis jamais caché. Je n'ai jamais fait semblant. Je réponds à toutes les questions, même les plus connes, même si ces remarques débiles me hérissent les poils. Je déteste les homophobes. Je déteste les gens qui discriminent les autres. Je ne tolère pas ça pour mon fauteuil roulant, pourquoi devrais-je le faire pour des personnes qui s'embrassent ? C'est ridicule.

C'est pour ça que quand je suis revenu de la douche, j'ai directement abordé le sujet avec Walter. Au moins, ça permet de mettre les choses à plat et de savoir avec qui je vais devoir passer les trois prochaines semaines. Au pire, s'il était homophobe, il m'aurait suffi de demander à Louis si on pouvait échanger en trouvant un prétexte, n'importe quoi pour m'en éloigner. Louis aurait accepté, j'en suis sûr.

Quand j'ai compris qu'il ne l'était pas, et peut-être même qu'il était lui-même homosexuel, un soulagement a envahi ma poitrine. C'est comme si une pression qui s'était installée sur mes épaules venait de s'envoler. J'ai l'impression de revivre le jour où je l'ai annoncé à Antoine. Super ! Bon, on l'allume, cette console ? J'ai une course à gagner, moi, petit joueur. Heureusement, Walter est légèrement moins désinvolte que mon abruti de meilleur ami.

La soirée s'est relativement bien passée, si on oublie le fait que mon nouveau colocataire soit vraiment calme — il faut comprendre par là, peu bavard, une véritable boule de quiétude. Après sa douche, nous nous sommes rendus dans le réfectoire, puisque c'était l'heure du dîner. Tout le monde mangeait dans une ambiance joyeuse. Nous nous sommes installés, Walter et moi, avec Louis et sa compagne de chambre, Zoé. Loin d'être désagréable, je l'ai plutôt trouvée intéressante pour le peu de temps que nous avons parlé ensemble. Le repas non plus n'était pas mauvais, et c'est le ventre lourd qu'on a fini ce repas. Tout le monde avait l'air affamé, et certains avaient l'air prêts à se jeter sur la nourriture. Un comportement un peu enfantin, mais tellement compréhensible après ces longues heures de route.

Comme il commençait à se faire tard, Walter m'a proposé de rentrer nous reposer. Après tout, nous n'étions pas ici pour faire des grasses matinées et il ne fallait pas se coucher trop tard, sachant que le réveil allait piquer. J'ai accepté, un peu à contrecœur, et j'ai plongé mon nez dans mon ordinateur portable. Le blondinet, lui, a préféré la compagnie des bouquins.

Parfois, entre deux publications sur les réseaux sociaux, je me suis amusé à lui jeter des regards en biais, mais pas une fois il n'a réagi, absorbé dans sa lecture, et à mesure de mes observations, je me suis rendu compte que jamais quelqu'un avant lui n'avait dégagé une telle aura de sérénité. Et franchement, ça fait du bien. C'est avec la pensée énervante qu'Antoine a peut-être eu raison de m'envoyer ici que je me suis endormi, alors que la lueur de la lune perçait les fins rideaux de notre cabane.

Ouais, non, en fait, il a eu tort. Oh la vache, il a vraiment eu tort. En fait, je crois que c'est peut-être même la pire chose qu'il m'ait faite. Pauline vient de nous expliquer le fonctionnement du camp, et ça me fait flipper.

T'aurais dû regarder le flyer, me souffle ma conscience, et elle a raison. Si je n'avais pas fait le malin et si j'avais vraiment lu tous les paragraphes, alors je ne serais pas ici. Je serais dans mon transat en train de siroter un bon jus de fruits. Ou de courir en ville. Mais certainement pas là !

Pour faciliter les choses et puisque nous sommes nombreux, ils ont décidé de nous séparer en deux groupes, composés respectivement de six et sept personnes, si on ne compte pas Pauline et Florian, qui vont superviser chacun des groupes. Moi, je suis dans le groupe de Pauline, comme Walter. Malheureusement, Louis n'est pas avec nous. Walter n'avait pas l'air plus perturbé que ça. Moi, un peu plus ; avec mon nouveau pote mouche, j'ai l'impression de pouvoir faire un peu plus de conneries qu'avec Walter. Je n'ai pas vraiment fait attention avec qui d'autre je vais me retrouver.

Mais ce n'est pas ça qui me dérange... Non, ce qui m'effraie, c'est de voir ce qui nous attend. Sur une semaine, on a deux activités principales : pendant deux jours, on assure une première activité, puis on fait un roulement sur deux autres jours après un après-midi de pause, puisqu'on travaille aussi le matin. Et le week-end, on le consacre à des activités plus cool. En gros, on a environ deux jours de vrai repos... Je n'appelle pas ça des vacances, moi...

— Bon, explique Florian, maintenant que Pauline vous a expliqué quel est le fonctionnement du camp, on va passer au programme. Commençons par le groupe A. Nous allons nous rendre chez les Apique-culteurs, qui essaient de mettre en place des ruches durables et nous allons les y aider.

En entendant le programme, un frisson parcourt l'assemblée. Des apiculteurs. Donc ça veut dire... Des abeilles. Des insectes qui vibrent avec plus de force qu'un avion et qui peuvent piquer... Intéressant ! Bon, ça impressionne toujours. Et j'en vois certains qui ont l'air d'être sur le point de tourner de l'œil. Je me tourne vers Walter. Il a l'air parfaitement normal, presque désintéressé. Quant à Louis, il sourit, mais il est trop loin pour qu'on puisse parler.

Je me tourne vers mon compagnon et me frotte les yeux. On s'est réveillé un peu trop tôt à mon goût. Genre... Vraiment tôt ! Pourquoi se lever avant huit heures en vacances ? Ce n'est pas normal ! Je proteste formellement. On ne devrait pas nous réveiller à cette heure-là... Surtout pour des insectes.

— Ça ne te dérange pas, les abeilles ?

— Mon grand-père a des ruches, m'explique l'allemand. Quand j'allais passer des vacances chez lui, je les voyais toujours de loin. Il y en a même qui venaient nous dire bonjour ! Là, ça va être à mon tour d'aller les taquiner.

— Les taquiner ? Je te croyais du genre à flipper de te faire piquer...

— Parce que c'est le cas pour toi ?

— Eh, les pipelettes, si vous voulez causer, c'est plus tard qu'il faut le faire. La demoiselle va parler.

Je me retourne, outré. Derrière nous se trouve un garçon aux cheveux... bleus. Il porte une chemise hawaïenne et des petites lunettes rondes derrière lesquelles scintillent deux yeux noisette. Un style si improbable que je manque de m'étouffer. Je ne l'avais pas vraiment remarqué jusqu'ici. Il faut dire qu'à part ça, il a l'air discret. Je n'ai pas l'impression de sentir quoi que ce soit venant de lui.

— On est dans le même groupe, précise-t-il, donc j'aimerais bien écouter ce qu'on va faire pour les deux jours à venir. Au fait, moi, c'est Baptiste.

On se présente rapidement à notre tour. Baptiste sourit et donne un coup de menton en direction des deux organisateurs. Pauline a les yeux rivés sur ses fiches. Elle lève la tête, attend que tout le monde l'écoute et inspire un grand coup.

— Nous, nous allons gratter la terre et dire bonjour aux vaches.

Nous échangeons un regard, perplexes. De quoi parle-t-elle ? J'ai bien ma petite idée, mais si c'est ça, je vais péter un câble.

— On va à la ferme ! explique joyeusement Pauline.

Aller à la ferme ? C'est moins pire que les abeilles, déjà. Je me demande bien ce qu'on va y faire. Soudain, une voix s'élève derrière les deux organisateurs :

— Oh, les gars !

C'est une petite brune, coiffée d'une queue de cheval. Mais ce qui attire mon regard, c'est son tee-shirt. Un tee-shirt à l'effigie d'un dragon aux yeux globuleux.

— Adèle ! s'écrie Florian. Qu'est-ce que tu fais ici ?

— Je viens pour vous parler d'un truc. Tu peux venir deux secondes, Flo ?

— Ouais.

Les deux se mettent à l'écart. Comme dans une classe de lycéens, sitôt que les figures d'autorité ont le dos tourné, les élèves bavardent. Je dois dire que je ne suis pas étranger à ce phénomène... Mais on n'a pas beaucoup de temps avant qu'ils reviennent. Cette fois-ci, Pauline se joint à eux et ils se mettent à chuchoter un peu plus fort.

— J'le sens pas, cette affaire, dis-je à Walter.

Les trois organisateurs se placent de nouveau face à nous. Le trio scrute le groupe avec attention et patience. Puis soudain :

— Vos gueules, les mouettes !

La demande a au moins le mérite de nous faire taire. C'est Adèle, la nouvelle. Je grince des dents. Comment ose-t-elle parler ainsi ? Alors que je m'apprête à le lui faire remarquer, Walter pose sa main sur son bras. Je m'arrête brusquement. J'ai l'impression d'avoir pris un coup d'électricité. Ses doigts sont... chauds. Il me fait signe d'attendre et de rester patient. Les autres ne semblent pas outrés, certains retiennent même un éclat de rire. Si Walter ne m'avait pas arrêté, je serais sûrement passé pour le susceptible du groupe.

— Bon, merci, lance Florian. Je ne crois pas que vous connaissiez notre collègue, alors...

— Flo, je peux me présenter toute seule, merci. Bon, mes petiots, moi, c'est Adèle ! C'est moi qui m'occupe de la gestion des lieux, pendant que les deux zigotos, là, s'occupent de vos groupes et de la coordination des actions.

Ses collègues échangent un regard gêné. Cette fille a l'air encore plus explosive que Pauline. Vu comment je me suis fait engueuler, je ne croyais pas ça possible.

— En fait, il y a un petit changement de plan, explique alors Florian.

— On... a inversé le planning, s'excuse Pauline.

— Et ça veut dire quoi ? demande Baptiste.

Pauline inspire longuement et sourit :

— Que c'est notre groupe qui va dire bonjour à Maya et à ses sœurs !

Il me faut quelques secondes pour comprendre où elle veut en venir, et la conclusion ne me plaît pas du tout.

Aaron.exe a cessé de fonctionner.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro