TW : guerre

C'est ma maison d'enfance, je suis né là, j'ai grandi là. Pourquoi en rentrant de l'école je ne la trouve plus, où est-elle ? Où est ma maison, ma sœur, ma mère, mon père, mes souvenirs d'enfance et mes rires naïfs ? Dans quel monde est-il possible de rentrer de l'école et de tout perdre instantanément ? Dans le mien, sous les yeux du monde entier pourtant.

"Oui maman, je fais attention en rentrant comme d'habitude, faîtes attention à vous aussi, j'espère qu'il ne vous arrivera rien, que dieu nous protège je vous aime.

On t'aime aussi Hassan" répond sa petite sœur de 5 ans en le regardant se diriger vers la rue où il passera sa journée à essayer de trouver de quoi manger, en fouillant les poubelles ou s'il arrive à vendre des petites babioles trouvées au fond de carton peut-être un falafel pour essayer au mieux de nourrir sa famille alors même que la famine touche de plus en plus de foyer, plus aucune personne en Palestine ne mange à sa faim depuis plus de deux mois maintenant. Mais il ne perd pas espoir de pouvoir connaître de meilleurs jours. Il prie tous les jours pour que sa mère et sa sœur, les seuls membres de sa famille de 8 personnes qu'il lui reste, demeurent à ses côtés jusqu'au bout, en espérant que le bout soit la liberté.

Il finit par rentrer à 15 heures en courant après avoir entendu les sirènes annonçant un nouveau bombardement.

-Encore un se dit-il, est-ce qu'on aura un jour de répit avant de mourir ?

Il arrive haletant à deux pâtés de maisons de chez lui lorsqu'une bombe traverse le ciel pour s'abattre dans sa rue. Il peut apercevoir de loin la fumée s'élevait et il n'espère qu'une chose, ne prie pour qu'une seule chose. Que cette boule destructrice n'a pas atteint sa maison, qu'il n'est pas à contempler les corps sans vie de sa mère et de sa sœur, la seule famille qui lui reste, son unique raison de vivre.

-Non, c'est pas possible, c'est pas possible pas elles, ça ne peut pas être tombé sur elles. Je dois aller m'abriter et dès que c'est fini je pourrai aller les rejoindre et serrer ma mère et ma sœur dans les bras en remerciant une fois de plus dieu de nous avoir épargner.

Le jeune de 17 ans s'abrite donc sous un toit détruit par un précédent bombardement et prie, prie pour que le bombardement s'arrête vite, prie pour qu'il retrouve sa mère et sa soeur en vie, en pleurs oui, comme à chaque fois mais en vie, QU'ELLES SOIENT EN VIE.

Elles sont en vie, il ne peut pas en être autrement, ce n'est pas leurs cadavres que je peux regarder, c'est pour ça qu'aucune larme ne coule, c'est parce qu'elles ne sont pas mortes elles ne peuvent pas l'être.

-Mama, mama je suis rentré, j'ai rien à manger mais je suis rentré réponds moi je t'en supplie. Nour, Nour ma chérie je suis là, je peux te raconter une histoire, c'est fini tout va bien. Répondez moi je vous en prie, implore-t-il avant de s'écrouler à genoux, des sanglots déchirants lui secouant le corps pendant qu'il s'agrippe à la main de sa sœur.

Pourquoi elle, comment peut-on être aussi cruel pour tuer autant d'enfants innocents. Elle avait 5 ans, qu'elle mal a-t-elle pu faire à 5 ans. Elle n'aura jamais pu apprendre à prononcer les mots correctement, je n'entendrai plus jamais mon prénom avec sa voix pure et un petit cheveux sur la langue. Je n'entendrai plus jamais ma mère rire, de celui résonnant comme un cristal, qui me faisait oublier tous les malheurs qui s'abattent sur nous. Je suis seul maintenant. Complètement seul, livré à moi-même pour survivre. Mais à quoi bon maintenant, maintenant que j'ai perdu ma seule raison de tenir. Je voulais que nous puissions voir ensemble la fin de ce massacre. Je veux les revoir, redonne moi ma famille, j'ai déjà perdu mon père et tous mes autres frères. Je leur avais promis à tous de les protéger, de protéger notre petite princesse. Nour comment ont-ils pu être assez cruels pour te tuer, ma chérie si naïve, souhaitant le bien à tout le monde et à moi en premier. Comment les yeux du monde peuvent-ils être rivés sur nous sans qu'aucun effet ne se fasse ressentir.

"- je ne laisserai pas d'autres enfants subir ton sort Nour, je te le promets je ferai tout pour que ça ne se reproduise plus."

Et c'est en mémoire de sa petite sœur que Hassan ouvre des comptes sur les réseaux sociaux pour filmer tous les prochains bombardements car il y en aura, c'est à se demander si ça s'arrêtera un jour. Ses vidéos sont republiés des milliers de fois par de nombreux autres internautes partout dans le monde qui essayent d'agir comme ils peuvent sans avoir de réels pouvoirs pendant que les personnes importantes de ce monde préfèrent débattre sur le fait qu'il s'agit d'un génocide ou non ou préfèrent parler d'un conflit complexe.

Hassan se demande chaque jour comment est-il possible qu'il ne subsiste si peu d'humanité, est ce que l'important est vraiment de savoir s'il s'agit d'un génocide ou le plus important maintenant est de venir en aide à toutes ces personnes et à toutes les autres personnes dans des pays en guerre ou opprimées ?

C'est la question que des milliers de personnes se posent et c'est la question que je vous pose.