Peut-être
Sally disait que j'avais l'air étrange dernièrement. Je ne voyais pas où elle voulait en venir, qu'entendait-elle par étrange ?
D'ailleurs en parlant d'elle, elle semblait m'observer attentivement comme si j'étais une bête curieuse... Pour le coup c'était qui elle se donnait des airs bizarres.
Bon, je n'y tenais plus, je voulais savoir ce qui la dérangeait à ce point dans mon faciès pour qu'elle me dévisage autant.
- Pourquoi me regarde tu comme ça ? demandais-je alors.
- J'essaie de savoir ce qui a changé... répondit-elle d'un air tant sérieux que j'en étais étonnée.
Ce qui a changé ? Que voulait-elle dire par là ? Elle parlait de moi ?
- Mais je ne vois rien, continua-t-elle pensive.
- Je ne vois pas ce qu'il y a à voir...
- Je cherche, je cherche. Je finirais bien par savoir.
Sur ce, elle se leva et sortit sans un mot. Je ne comprenais pas. Sally se faisait bien mystérieuse, ça n'annonçait rien de bon.
***
Je reprenais le cours normal de mon travail, la journée touchait déjà à sa fin et j'étais étonnée du fait qu'elle se déroule si calmement.
Demain nous étions samedi, déjà le week-end... Je me disais que j'allais pouvoir me reposer pleinement, jusqu'à ce que quelque chose vienne perturber le calme plat qui c'était installé, et en l'occurrence c'était la voix hypocrite de cette chère Emma.
- Demain ça va être super ! s'écria-t-elle hystérique.
- J'ai hâte de voir à quoi ressemble la maison du patron... ajouta un de mes collègues suite aux propos d'Emma.
J'avais encore oublié. Décidément je n'ai pas de mémoire en ce moment ! La fête organisée par monsieur Wilkerson... Je n'avais aucune envie d'y aller. Surtout si c'était pour retrouver mes adorables collègues de bureau que j'aimais tant. Et je n'avais pas non plus très envie de revoir mon patron. La tournure que prenaient les événements me faisait peur. Je ne savais pas trop où cela me menait, ni ce que j'étais censée faire. Je n'avais pas trop conscience de ce qu'il se passait vraiment. Ou disons plutôt que je ne voulais rien voir.
- Mia, j'espère que tu seras des notre demain soir ? continua Emma un faux sourire sur le visage. Comme si elle voulait que je vienne. Enfin d'un côté cela lui permettrait peut-être encore une fois de me ridiculiser, et ce, devant je ne sais combien de personnes.
Je ne savais pas si j'allais y aller. Redoutant un peu le déroulement de cette soirée. En y pensant, les images de la dernière fête à laquelle j'avais assisté me revenaient en tête... d'ailleurs c'était au même endroit, et on ne pouvait pas dire les choses se soient passées extrêmement bien.
À trop y réfléchir je n'avais même pas répondu à la question d'Emma. De toute façon cette dernière était déjà partie, elle n'allait pas attendre ma réponse pendant cent sept ans, déjà que sa patience était de très courte durée.
J'étais donc, comme chaque soir ou presque, seule face à mon bureau. Je n'avais pas envie de me presser à partir. J'étais tranquille, sans messe basse, sans regard, sans critique. Mais bon je n'allais pas passer la nuit ici.
En ouvrant la porte pour sortir, je fus surprise de le trouver ici en train d'attendre bêtement. Enfin, en train de m'attendre ?
- Eh bien quand même ! J'ai bien cru que vous ne sortiriez jamais, à croire que votre bureau vous avait mangé ! s'exclama monsieur Wilkerson avec un grand sourire.
- Et donc ?
- J'avais envie de vous voir, répondit-il simplement, avec un naturel désarmant.
- Eh bien vous m'avez vu, maintenant au revoir, dis-je le plus froidement possible.
Je n'avais pas envie de le voir, ou de lui parler. Cette relation entre lui et moi devenait étrange, et inexpliquée. Et le fait de ne rien savoir de lui m'effrayait à point inimaginable.
Je ne voulais pas. Non. Je ne savais plus quoi penser.
- Attendez, ne partez pas si vite ! cria-t-il alors que je m'éloignais de lui à grandes enjambées.
- Quoi ? fis-je exaspérée, en me retournant brusquement vers lui.
- Vous viendrez demain ?
- Je ne sais pas. Je ne pense pas.
- Oh... fit-il alors l'air déçu.
Ah non, il n'allait pas essayer de me faire venir ! Je n'avais envie de voir personne, certainement pas mes adorables collègues et encore moins lui.
- Bien, comme vous voudrez... Mais j'aurais été heureux de vous retrouver demain... ajouta monsieur Wilkerson d'une voix presque suppliante.
Je ne savais pas quoi lui répondre, ni comment j'étais censée réagir. Je me posais des tas de questions... n'arrivant pas à trouver une seule petite réponse qui soit plausible.
- Bon je vais y réfléchir... m'entendis-je dire.
Réfléchir ? Mais à quoi ? Je n'avais pas l'intention de venir à sa stupide soirée ! Voilà que moi-même je n'arrivais plus à savoir ce que je voulais.
Mais je vis alors les yeux de mon interlocuteur s'illuminer comme des milliers d'étoiles. Tant d'espoir en lui ! C'en était troublant.
- Je savais que vous finiriez par accepter...
- Je n'ai pas encore accepté ! J'ai simplement dit que j'allais y réfléchir... me défendis-je.
C'est alors qu'il se mit à rire sans raison apparente.
- C'est comme si c'était fait ! dit-il sûr de lui. Vous prenez l'ascenseur ? demanda-t-il ensuite.
- Non, je crois que cette fois je vais me contenter des escaliers.
Je n'avais aucune envie de reprendre l'ascenseur en sa compagnie.
- Oui, vous avez raison... les escaliers sont plus sombres... si je vous suivais discrètement, avant de vous prendre dans mes bras... et de...
- Stop ! Mais ça va pas chez vous ?! le coupais-je sans savoir si je devais le prendre au sérieux et fuir, ou comme une blague et me prendre à son jeu.
- Je suis sûr que vous dites ça parce que vous aimeriez mais que vous avez peur de l'avouer...
Finalement j'ai préféré la fuite. Je l'avais déjà fuit une première fois, rien ne m'empêchait de partir une seconde fois.
Mais l'escalier n'était peut être pas la meilleure option, étant donné que l'éclairage était médiocre, et que je ne voyais pas où je mettais les pieds sachant que je voulais aller vite.
Une nouvelle fois je l'entendis crier après moi, sans pour autant qu'il me rattrape. On aurait pu dire qu'on jouait au chat et à la souris.
Et étonnamment, j'aimais ça. J'avais la peur au ventre, l'amusement aux lèvres, et une poussé d'adrénaline qui me faisait me sentir vivante.
À bien y réfléchir... j'allais peut être aller à sa soirée...
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