16 - Apocalypse
— CHAPITRE SEIZE ᵎᵎ ❞
〔 ⩇⩇ : › Apocalypse. ❳
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1 juillet 2020, 10h23
Yeongsu, Maison de Jisung
Lorsque Jisung ouvrit les yeux, il crut qu'il n'avait pas encore quitté le monde des rêves. Les cheveux de Minho chatouillaient encore son nez alors que le plus vieux le tenait encore entre ses bras, les sourcils légèrement froncés dans son sommeil. La nuit dernière revenait petit à petit, la sensation de ses lèvres comme un songe dans son esprit et pourtant c'était bien réel. Minho l'avait embrassé. Il avait embrassé Minho. Ils s'étaient embrassés. Leurs sentiments dévoilés au grand jour, leurs cœurs unis d'amour et d'une euphorie nouvelle, c'était irréel.
Jisung laissa la pulpe de ses doigts glisser sur la peau légèrement hâlée de Minho, embrassée par les rayons nouveaux d'un juillet tout pimpant. La douceur de ses joues semblait idyllique, construite de ses rêves les plus fous mais non, Minho était bien là. Minho l'aimait et il arrivait à peine à concevoir que cette idée fasse désormais partie de sa réalité. Un sourire étira ses lèvres alors qu'il admirait celui qu'il pouvait enfin appeler son bien-aimée, les chatouillis en bas de son ventre plus agréable que jamais. Sa main désormais en train de caresser ses cheveux, Minho papillonna doucement des yeux, les sourcils froncés. Il grogna doucement, avant de finir par entrouvrir les yeux, grimaçant lorsque les rayons du matin agressèrent ses pupilles et glissa une ou deux injures dans la foulée sous les ricanements de Jisung. À vrai dire, ils s'étaient couchés tard hier soir alors il ne lui tenait pas sa mauvaise humeur matinale contre lui. Le plus vieux mis encore un peu de temps à émerger et lorsque son regard se posa sur la silhouette de Jisung au-dessus lui, qui l'observait toujours avec un certain amusement, un sourire apparût sur ses lèvres comme si la simple vue du châtain avait effacé les heures de sommeil qui lui manquait terriblement.
« Bien dormi ? Sourit Jisung.
— Hm. Si on peut appeler ça dormir..., il enfouit son visage dans ses mains.
— T'as pas réussi à dormir ?
— Pas facile après ce qui s'est passé hier, Jisung se sentit rougir alors qu'il se rendait compte encore une fois que oui, c'était bien réel, mon cœur ne voulait pas se calmer. Et je pensais trop.
— Tu penses toujours trop, ricana Jisung.
— Dit-il, Minho leva un sourcil devant l'ironie de ses paroles, Tu es le pro pour te manger le cerveau avec tes pensées, Jisung souffla, pas prêt à admettre ses torts et repris.
— Si tu veux dormir un peu plus tu peux-tu sais, rien ne presse.
— Sûr... ?
— Sûr. Et puis je dois parler à ma mère de toute façon. Je veux pas que tu restes ici, tu mérites pas de les subir pendant tes vacances, il prit une petite pause, et moi non plus.
— Je suis fier de toi, Minho sourit, glissant sa main dans la sienne et Jisung dû se retenir pour ne pas devenir une fontaine là maintenant, Tu me réveilles quand tu auras fini.
— Bien sûr. »
Il se leva, quittant doucement la main de son amant, leurs doigts longeant et leurs regards ne pouvant plus se quitter. Jisung s'apprêta de ses chaussons, la main sur la poignée lorsque Minho l'interpella.
« Jisung, une dernière chose ! »
Le châtain se tourna, confus alors que Minho lui faisait signe de s'approcher.
« Qu'est-ce que- »
Jisung ne pût continuer sa phrase, ses paroles s'écrasant contre les lèvres de Minho qui lui arborait un grand sourire au travers de leur baiser. Ce fût bref, assez pour Jisung n'ait pas le temps de cligner des yeux, d'enregistrer toutes les sensations qui parcouraient son être. Minho se détacha, une dernière caresse sur sa joue avant de s'emmitoufler dans les draps, tout content tandis que Jisung était toujours un peu sonné.
« E-euh je...J'y vais. Alors euh...hm bonne nuit. Enfin bonne journée, enfin, bonne sieste de...de récupération. »
Minho rit et Jisung échappa la pièce, alourdit par la honte qu'il venait de s'affliger. Qu'est-ce qui lui prenait bon sang ? Il avait fait bien plus qu'un peck sur la bouche alors pourquoi se sentait -il aussi envahi de niaiseries et de grisement totalement enivrant, presque saoul avec Minho ? La réponse était juste là ; parce que c'était Minho. C'était la première fois qu'il se sentait aussi vulnérable devant quelqu'un. C'était aussi la première fois que quelqu'un prenait tant soin de lui, le touchait avec autant de douceur. Rien de tout ça n'était dans ses habitudes. Ce qu'il avait avec Minho ne ressemblait en rien à toutes les relations qu'il avait pu avoir. Alors Jisung se sentait désarmé, perdu un peu, il avait peur aussi. Mais c'était normal, il mettait les pieds dans un terrain inconnu, sans carte ni ressources. Sa peur faisait partie de lui, elle sera toujours avec lui qu'il le veuille ou non, il devait simplement l'accepter, sans pour autant la laisser prendre le contrôle.
C'est ce qu'il avait lu dans un des nombreux articles sur la peur de l'abandon, ce que d'après des heures de recherches et de lecture, apparemment il avait. Mais c'était plus facile à dire qu'à faire. Cela ne voulait pas dire qu'il n'allait pas essayer. Pour Minho au moins, lui-même surtout.
Une fois ses émois de côté, il se décida enfin à descendre les escaliers, sur la pointe des pieds, le cœur serré d'angoisse. Il eut l'impression que son torse allait exploser, qu'il allait s'évanouir, que le monde tomberait sous ses pieds et quand il arriva dans la cuisine, devant sa mère et son frère, rien. Pas même un cri, une question, un bonjour ou même un hochement de tête. Ils le regardaient comme s'il était un cadavre d'outre-tombe revenu pour les hanter, une disgrâce ambulante qu'ils n'attendaient que de voir disparaître. Hier soir, la dispute fût brève mais pas moins explosive et celle que causera leur discussion risque d'être bien plus dramatique, un cataclysme sur lequel il ne pourra sûrement jamais revenir mais il était prêt à prendre le risque. Enfin sur le papier.
Parce que pour l'instant ses lèvres restaient scellées entre elles, Jisung ne semblant pas trouver la clé à la boîte de Pandore qu'il n'avait fait que remplir durant des années de traumatismes et de souffrance. La conversation avec Minho, les heures sans trouver le sommeil à y penser, la décision qu'il avait prise ce matin avaient tous la même mélodie d'un renouveau, d'une ère où son cœur pourrait finalement trouver son repos et pourtant, au moment le plus crucial, il ne trouvait pas les mots. Tétanisé par l'appréhension alors que les yeux de sa mère transpiraient de déception, et ceux de son frère d'une haine qu'il n'avait jamais vraiment comprise. Jisung hésitait à simplement tourner les talons, prendre ses valises et partir main dans la main avec Minho sans donner d'explication. Mais Jisung ne pouvait fuir, pas encore. Pour une fois dans sa vie il aimerait pouvoir confronter ses problèmes face à face, pouvoir confronter sa famille face à face.
« Tu viens t'excuser j'espère. »
Six mots. C'était ces six mots, sortis de la bouche de sa mère avec tellement de dédain et de suffisance qui fit cliquer quelque chose en Jisung. Comme un interrupteur qui avait fait soudainement remonter toute la rage qu'il avait enfoui en lui durant ces vingt-quatre dernières années.
« ...Pardon ?
— T'excuser. Pour les choses horribles que tu as dites à ton frère et à moi, la honte qu'inflige à notre famille encore et encore. »
Jisung rit. Il rit devant la comédie de la situation, cette gigantesque blague qu'était la famille Han. C'était lui qui se faisait humilier, rabaisser, écraser et c'était à lui de s'excuser. Insensé. Jisung était honnêtement impressionné par l'incapacité de sa mère à reconnaître sa propre culpabilité. C'était presque un talent à part entière à ce stade.
« Et vous ? Sa mère le dévisagea, confuse, C'est quand que vous m'aviez présenté ne serait-ce que le soupçon d'une excuse ? Pendant des années Jaesung n'a fait de rendre ma vie en enfer et à chaque fois il a jamais eu aucune conséquence pour ses actions. Et moi j'ose enfin dire quelque chose et soudainement c'est la fin du monde ? Il s'esclaffa sèchement, Je me suis toujours plié en quatre pour conformer à toutes vos attentes, à essayer de me faire une place dans cette famille qui au final, n'a jamais voulu de moi.
— Oh pitié, donc c'est nous les méchants maintenant ? S'estomaqua sa mère, une main offusquée sur le haut de sa poitrine.
— Oui ! Vous l'avez toujours été ! Son frère pouffa et Jisung se vit durant une fraction de seconde, prendre le verre sur la table et le fracturer sur son crâne mais il respira, profondément.
— Tu vois c'est ça ton problème Jisung, tu penses que tout tourne autour de ta petite personne, Maman s'est aussi plié en quatre pour gérer tes conneries, sa mère hocha la tête avec son air grave, désolé, comme si c'était elle la victime depuis le début.
— Mais vous vous foutez-, il se stoppa, pinça les lèvres, confronté à la dure réalité ;
Une conversation était inutile. Jamais, ils ne prendraient la faute, jamais Jisung n'aura les excuses qu'il mérite, peu importe la salive qu'il gaspillerait dans ce discours de sourds. Jisung avait perdu sa famille et il ne pourra sûrement jamais la retrouver, c'était un combat perdu d'avance. Alors il jetait les armes, il arrêtait de se battre. Pour eux, pour Minho et pour lui surtout. Il ne voulait plus se fatiguer à essayer de rattraper quelque chose qu'il avait déjà perdu depuis bien longtemps. Tout comme Changbin, l'issue était irrévocable, Jisung s'était réveillé des millénaires après la guerre et une fois encore, il dût faire le deuil de la dépouille d'une relation perdue depuis des années déjà. C'était une claque, et pourtant Jisung s'y attendait. N'importe qui pourrait dire que c'était prévisible, surtout lui en fait et pourtant, même après des années de souffrance à leurs côtés, il avait toujours cette lueur d'espoir, aussi minime soit-elle, que peut-être, ils pourraient ouvrir les yeux. Et elle venait de s'éteindre, Jisung était plongé dans l'obscurité de la dure vérité.
« C'est pas grave, il soupira, De toute façon, vous ne me verrez plus.
— Pardon ? Sa mère s'étouffa presque.
— Je ne vais plus venir ici, c'est fini. J'en ai marre, et je m'en fiche de ce que vous avez à dire. Je pars aujourd'hui et ne comptez pas sur moi pour revenir. »
Et c'est fou mais, eux non plus, ne devrait pas être surpris. Il était clair qu'ils n'avaient rien à faire ensemble, que la venue de Jisung n'était jamais positive. Et pourtant, sous prétexte qu'ils partageaient le même sang, la même chair, on attendait de lui à ce qu'il encaisse, à ce qu'ils restent, aussi toxiques soit-il les uns pour les autres, seulement pour avoir l'illusion d'une famille unie, parfaite.
Jisung tourna les talons, le cœur battant à mille à l'heure, pas tout à fait conscient de ce qui venait de se passer. Il l'avait fait, il l'avait vraiment fait. Ses mains tremblaient encore dans un mélange étrange de stress et de rassurement contre la rambarde et il ne savait pas vraiment s'il était fier ou s'il regrettait chaque mot lancé droit au visage de ses bourreaux.
Il poussa la porte de la chambre, agité, pressé de partir de cette ambiance pesante dans laquelle il baignait depuis la veille et Minho se tortilla sous les draps et Jisung se sentit mal quelques secondes. Il avait totalement oublié que le plus jeune dormait à l'étage, en fait, il l'avait totalement oublié tout court. Son esprit tellement pris par le total chaos familial auquel il venait de mettre fin en à peine quinze minutes. Doucement, il s'assit sur le lit et le secoua un peu pour le réveiller comme il lui avait demandé.
« C'est bon, j'ai fini de leur parler. »
Minho un peu dans les vapes, mit bien une minute avant de réagir. Même avec des petits yeux, au milieu d'un bâillement qui témoignait d'une nuit agitée, il prit le temps d'être là pour lui. Il prit sa main, un peu maladroitement, et Jisung sourit doucement en constatant à quel point celle-ci était chaude comparé à la sienne, c'était l'inverse d'habitude.
« Ça s'est passé comment ? Il frotta ses yeux et Jisung se retint de ne pas fondre comme glaçon sous soleil.
— Mal ? Je sais pas trop en fait. Ils ne voulaient pas m'écouter, et j'ai dit tellement et si peu en même temps. Je voulais dire tellement de choses, leur mettre sous le nez tout ce qu'ils m'ont fait subir, des arguments, des contre-arguments et je sais pas, c'est frustrant. Parce qu'on va se quitter sans qu'ils sachent le dixième de ce que je ressens. Je voulais qu'ils sachent. Mon père était même pas là, comme d'hab. »
Minho pinça les lèvres et resserra sa prise, laissant sa paume réchauffer celle de Jisung et il le rapprocha un peu plus.
« Toi tu le sais, c'est le plus important. Toi tu vas avancer, et pas eux, tant pis. C'est plus ton problème maintenant, t'es libre là. C'est déjà très bien que tu as pris cette initiative, pas tout le monde y arrive tu sais ? Jisung marmonna un faible "Hm", Te torture pas avec ça okay ? Il caressa sa joue et Jisung se sentit tomber une nouvelle fois.
— Je suis tellement content de t'avoir dans ma vie. »
Minho cligna des yeux abasourdis, ne s'attendant pas soudainement à de telles paroles. Il ouvrit la bouche mais décida de ne rien dire, à la place, il le prit simplement dans ses bras. Jisung se laissa s'embrasser, envahi par tous les sentiments, euphoriques, mélancoliques, sa douleur, son amour, Dans cette étreinte, il remarqua que son odeur commençait à déteindre sur Minho, et inversement mais rien ne semblait étranger, décalé. Comme deux pièces de puzzle, unique, chacune avec leur propre forme et design et pourtant parfaitement accordé. Jisung n'avait jamais vraiment cherché quelqu'un comme Minho, tout comme Minho n'avait jamais vraiment cherché quelqu'un comme Jisung. Et pourtant, ils s'étaient trouvés. Dans une suite d'évènements un peu improbable, deux âmes qui semblaient si loin l'une de l'autre et peut-être qu'au fond, ils s'étaient toujours un peu cherchés, que tout ce qu'il fallait était une question un peu audacieuse et un saut dans le vide. Peut-être.
Un baiser sur la joue et ils avaient fini par s'éloigner, Jisung insistant pour partir d'ici le plus vite possible. Plus que compréhensif, Minho fit ses valises et Jisung de même. Ce ne fut pas très long, il faut dire qu'ils n'avaient pas eu le temps de déballer grand-chose mais Jisung embarqua plusieurs dizaines de babioles qui trainaient dans sa chambre, des photos surtout. Pour les souvenirs avait-il dit. Lorsqu'ils descendirent, sa mère et son frère étaient toujours dans la cuisine, en train de discuter de ce qu'il venait de se passer. Bien sûr, les deux paires d'yeux s'étaient tournés vers eux, Jisung surtout. La principale attraction de leurs regards perçants ne daigna pas leur accorder la même intention, ses pupilles cachés derrière des verres sombres et opaques, dirigés vers le sol. Minho lui était plus que gêné, ne réussissant qu'à leur adresser un sourire mal à l'aise comme s'il ne détestait pas caque parcelles des personnes qui se tenaient devant lui.
Aucun mot n'avait été prononcé, ils étaient partis sans même un au revoir, un vrai. Ce n'est que lorsqu'ils chargeaient la voiture que sa mère apparut dans l'encadrement de la porte, les yeux larmoyants, l'air grave. Jisung s'était tourné vers elle, quelques étincelles, l'espoir d'un je t'aime, une excuse, aussi minime soit-elle, mais à la place
« J'espère que tu sais que je n'ai qu'un seul fils maintenant. »
Jisung ferma la porte du coffre, la main lourde et monta dans la voiture, le bruit sourd de la portière comme seule réponse. Il ne dit rien, il n'avait pas essayé de le faire, de le contester.
Parce qu'au fond, Jisung le savait déjà depuis longtemps.
hiiii....
bon, encore une fois il ya eu une grosse pause entre les deux publications, je suis vraiment désolé, c'était un peu galère avec les cours mais je commence petit à petit à trouver un rythme donc, j'espère que les derniers chapitres n'auront pas autant d'attente entre eux
même si, je pense que c'est possible que ça prenne un certain temps car j'ai vraiment envie de faire les choses bien donc, on verra ahah
breff, i love youu, merci de rester malgré l'attente <3
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