Chapitre 16
Érine resta sans voix, ne sachant quoi répondre à ce qu'elle venait d'apprendre. Tout ce qu'il disait était tout simplement impensable, cela relevait du surréalisme. De telles choses, de telles créatures ou un tel pouvoir, comme il l'affirmait, ne pouvaient exister dans ce monde. La jeune femme, pourtant ouverte d'esprit, n'arrivait pas à accepter cette vérité, cette histoire. Son cerveau se raccrocha alors à la réponse la plus sensée possible à ses yeux : son cousin était tout simplement fou, et sa secte familiale étrange n'avait fait qu'aggraver ses hallucinations. Cela n'avait fait qu'empirer et conforter son délire.
Érine but une gorgée de son café, ne sachant pas trop comment réagir à la situation, mal à l'aise. Elle se décida enfin à prendre la parole :
- Lucas... Excuse-moi, mais comprends que j'ai un peu de mal à croire ce que tu me dis... C'est totalement insensé ! D'où sors-tu de telles histoires ?
- Je savais bien que tu ne comprendrais pas, dit-il à peine audible.
- Comprendre quoi ? Mets-toi à ma place...
- Je me mets à ta place et je comprends ce que tu ressens. J'ai fait ma part du marché. Je lui avais pourtant dit que tu ne comprendrais pas, ou que tu ne voudrais pas comprendre.
- Mais de qui tu me parles ? Qui t'a demandé de raconter ces choses improbables ?
- Sur ce, je vais te laisser, et j'espère que ton anniversaire se passera mieux que le mien... Et promets-moi de ne plus traîner avec cet Alexandre. De toute façon, tu verras par toi-même qu'il est tout sauf quelqu'un de recommandable.
Sur ces mots, il se leva et quitta le café, laissant la rouquine seule face à toutes ses questions. Elle vivait dans un monde de fous, entre cette histoire et Alexandre. Que pouvait-elle bien penser ? Le monde tel qu'on le connaît n'est-il qu'une contrefaçon du monde réel ? L'histoire de Lucas lui rappela les paroles d'Alexandre avec sa mère. Se pourrait-il que lui aussi soit complètement fou ? La pauvre jeune femme se trouvait déchirée entre croire à ces mensonges ou se fier à la réalité qu'elle connaissait. Seule à sa table, elle buvait doucement son café, complètement perdue dans ses pensées. Soudain, elle sentit une main dans son dos. Elle releva immédiatement la tête et se retourna d'un coup pour faire face à l'inconnu. Alexandre... Que faisait-il ici ?
- Tu m'as fait peur. Que viens-tu faire ici ? demanda-t-elle avec un sourire.
- Je traînais dans le coin quand j'ai vu Lucas sortir de ce café avec une tête déconfite. Je me suis dit que tu devais être la raison de cette mine abominable qu'il avait.
- Ah... c'est fort probable que je sois la raison. Avec ce que je viens d'apprendre, je ne pouvais pas faire autrement.
- Soit dit en passant, toi aussi tu as une tête affreuse. Tu veux m'en parler ?
La jeune femme n'avait aucune envie de discuter avec Alexandre, qui partageait lui aussi un goût pour les énigmes. Elle espérait pouvoir élucider ces mystères lors de son anniversaire, ce jour où, selon Lucas, des événements incroyables étaient censés lui arriver.
- Je n'ai pas très envie d'en parler. Peut-être plus tard. Pour le moment, je veux juste penser à autre chose et m'amuser. Tu viens ? On sort.
Érine attrapa la veste du vampire, qu'il avait laissée de côté pour ne pas l'oublier. En la mettant sur ses épaules, elle se dirigea vers la porte, mais se rendit soudain compte qu'il ne la suivait plus. En se retournant, elle le vit debout à l'entrée.
- Tu fais quoi ? Tu as oublié quelque chose ? Si c'est ta veste, ne t'inquiète pas, c'est moi qui l'ai prise.
Il ne répondit pas, ses yeux fixés sur la lumière du soleil qui inondait l'entrée. Elle haussa un sourcil, perplexe face à son comportement étrange.
- Mon sweat ! dit-il d'une voix cassante.
- Viens le chercher, je ne vais pas faire demi-tour pour rien.
- Si je te demande mon sweat, c'est que je le veux maintenant. Apporte-le-moi ! hurla-t-il.
Hé ! Je ne suis pas ta bonne, tu as des jambes, alors sers-t 'en ! C'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. J'en ai plus que marre de toutes ces histoires et de tous ces caprices de mecs énervés.
Elle balança la veste sans ménagement au sol et s'en alla sans se retourner.
La situation devenait clairement compliquée. Pour le vampire, son "handicap" face au soleil ne faisait qu'empirer. Si cela continuait, Érine allait finir par se poser des questions, et il ne pouvait se le permettre. Alexandre prit une grande inspiration et franchit le seuil de la porte. Aussitôt, les rayons brûlants du soleil lui transpercèrent la peau. La lumière de cette boule de feu l'aveuglait, et les picotements sur sa peau lui provoquaient une sensation insupportable, comme si on arrachait sa chair. Il courut en attrapant sa veste au passage et continua jusqu'à ce que chaque parcelle de sa peau soit à l'abri de ce maudit soleil. Pourtant, le vampire n'était resté que quelques secondes à la lumière du jour, mais sa peau avait déjà subi des brûlures. De larges plaques brunes et rougeâtres tapissaient chacun de ses bras. Bien que tolérant à la douleur, cette fois-ci, il n'osait à peine effleurer sa chair brûlée. Il enfila sa veste, mais les frottements du tissu contre sa peau lui donnèrent immédiatement envie de hurler de douleur.
Encore sonné par la douleur, il se dirigea vers le chalet. Il pressentait qu'il finirait par perdre pied, quel que soit le sens de cette phrase... Il était au plus bas, psychologiquement ! Si cette situation infernale ne prenait pas fin bientôt, il risquait de passer à l'acte. Il marmonna tout bas : Érine... Tu me mènes droit vers la fin. Mon agonie, à cause de toi, a commencé, c'est certain. Il paraît que la souffrance est un état de solitude que rien ne peut soulager. Dans ce cas, je suis condamné à la souffrance pour l'éternité.
Pourquoi toutes ces pensées noires surgissaient-elles tout à coup ? Une chose était sur : moralement et psychologiquement, le beau brun n'en pouvait plus.
Il devait trouver un endroit isolé pour se ressourcer. En se concentrant sur les sons ambiants, il repéra au loin le doux murmure d'une cascade, porté par le vent. Ce lieu semblait idéal pour sa méditation. Grâce à sa vitesse surnaturelle, il s'y rendit en un instant.
Face à lui, un sublime spectacle se dessinait. Une gigantesque cascade se dressait devant lui, et derrière celle-ci se trouvait une grotte sombre et profonde. Un courant d'air froid en sortait, ce qui lui fit grand bien ; l'air frais remettait les idées du vampire au clair. Il s'installa dans la grotte, au bord de l'eau, à l'arrière de la cascade. Écoutant le sifflement du courant d'air ainsi que l'eau s'écoulant de la chute, une odeur d'humidité imprégnait cette ambiance apaisante.
Alors qu'il tentait de reprendre ses esprits et de redevenir "humain", son odorat fut attiré par une envoûtante odeur sucrée. Cette odeur prit possession de son corps tout entier. Son esprit ne contrôlait plus ses muscles, et seul son instinct d'animal assoiffé de sang lui dictait ses actes. Il traqua la source de cette fragrance, qu'il percevait comme le signal d'une proie blessée, probablement une jeune femme égarée dans les montagnes.
Il pourchassa cette jeune femme sans relâche, jusqu'à ce qu'il découvre une malheureuse créature aux cheveux bruns, étendue sans défense sur le sol, à sa merci. Sa cheville ouverte laissait le sang couler le long de sa peau jusqu'au sol. À en juger par sa posture, elle ne devait pas être pleinement consciente, sûrement à cause de la perte de sang.
- Aidez-moi... murmura-t-elle d'une voix presque inaudible.
Après ces dernières paroles, elle perdit connaissance. Il s'approcha d'elle, complètement obnubilé par le sang qui s'écoulait de sa cheville. Le vampire récupéra une goutte de sang avec le bout de son doigt et la porta à sa bouche. Il se délecta de cette liqueur, bien que son sang ne fût pas aussi remarquable qu'il l'avait imaginé, surtout comparé à celui d'Érine qui l'obsédait. Mais cette fois-ci, il devait se contenter de cela. Il porta le poignet de sa victime à sa bouche et commença à se complaire du sang chaud qui coulait de ses veines.
Littéralement possédé, il ne prêtait plus attention à ce qui l'entourait. Ce fut une grossière erreur. Soudain, quelque chose de tranchant se planta dans sa cuisse gauche. Le beau brun hurla de douleur et se releva rapidement pour faire face à son attaquant. Alexandre fut désagréablement surpris en voyant le monstre qui se dressait devant lui...
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Si ça ta plu n'oublie pas la petite 🌟
Bonne lecture !
Océane
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