
2. Mensonge ou vérité?
J'entrais donc dans la salle où sur une table de bronze trônait LA plume. Celle qui détenait la possibilité de me consummer entre ses mains. Si toutefois une plume a des mains. De couleur rouge, or et blanche, elle resplendissait à la lumière de deux soleils, jaune et violet. Ça ne m'étonnait même plus. Malgré son apparence d'ange où il ne manquait qu'une auréole pour confirmer ces dires; cette plume puait le traquenard à plein le nez. Je m'avançais donc au milieu de la salle surmontée d'une coupole où la lumière du soleil passait.
Léger résumé de la situation. Je m'étais fait kidnappée dans un orphelinat pour participer à une stupide émission. Ensuite, l'émission en question me faisait paraître devant un tribunal qui a quand même l'air vachement vrai et qui me menace alors que je suis totalement innocente. Et cette série a quand même l'air aussi réelle que la puanteur de la prison qui collait à mes vêtements.
Je n'arrêtais pas de me poser des questions. Plein de questions. Car je savais que j'étais innocente, et je crois que mes nerfs n'en peuvent plus. Comment m'étais-je débrouillé pour que mon cas soit aussi catastrophique ?
Ma petite taille ne m'aidait pas dans ces cas-ci. Mon impatience, que j'admettais que très rarement, et mon caractère bien trempé non plus. Malgré ces traits de personnalité imbuvable selon les autres, j'avais des beaux yeux verts et mes cheveux chatoyaient. Je n'étais pas du tout timide et je pouvais rembarrer les gens sans problème. Mais je ne me permettais pas d'avoir des amis.
Le garde qui m'accompagnait me donna l'ordre de m'assoir et c'est ce que je fis après m'être débattue sans aucun succès malheureusement. La porte s'ouvrir et un fracas retentit tout d'un coup, et c'est alors que je le vis. Mon bourreau ou mon sauveur.
Il marchait d'un pas lent vers l'unique fauteuil de la salle ou j'étais assise pendant que sa tignasse blonde ou châtain flottait au vent inexistant de la pièce. Ses yeux, très beaux, de couleur indéterminée oscillant entre le bleu électrique et le noir me fixait. Son corps d'Apollon se voyait sous son tee-shirt malgré sa petite taille, un point commun d'une grande importance. Il s'apprêtait à faire quelque chose, son air nerveux me le confirmait. Son mauvais coup allait-il m'aider? Je le souhaitais fortement pour mes atomes. Et ma peau accessoirement.
Mon cœur battait chamade, j'avais de moins en moins l'impression que c'était un jeu. Une sorte de... pouvoir surnaturel existerait-il ? Je l'espérais, comme une gamine. Mon existence aurais peut-être alors un sens... Il serait désormais possible qu'on se souvienne de moi comme une magicienne, réputée à la langue de vipère mais aux pouvoirs si puissants qu'ils dévasteraient toute la planète. Ainsi je serais reine, la population entière me détesterait et je plus jamais quelqu'un ne me blesserait. Un rire machiavélique résonna dans ma tête, je ne me trouvais absolument pas mégalo. Ce projet m'avait aidé deux minutes à me sortir de la merde dans laquelle j'étais bien que ce serais cool qu'un jour je devienne impératrice. Prosternez-vous devant l'Impératrice Cerise ; ça fait de l'effet, non?
Et lentement il s'approcha de ce vulgaire objet, qui détenait ma vie entre ses mains: la plume. Il la saisit alors qu'elle commençait à grésiller. Bon ou mauvais signe? Un nuage passa devant le soleil. Mauvais signe. Le vieux qui m'avait gueulé dessus sans aucune gêne la dernière fois entra. Très mauvais signe. Des bruits de pas se firent entendre, puis une cavalcade. Ça faisait boum boum boum sur le sol en marbre.
Le garçon s'approcha lentement de moi avec la plume encore plus grésillante entre ses mains. Il allait me la poser dans ma main ligotée lorsqu'il fut interrompu par le vieux:
"Attendez Drago ! C'était donc son nom. Cette plume grésille superbement, n'est-elle pas défaillante ? Son langage, méga soutenu, m'impressionnait. Enfin plus personne parlait comme ça à notre époque. Ou avez vous de mauvaises intentio...
Un bruit soudain interrompit sa réplique. Le soleil revint de nouveau. Bon signe. Une bombe lacrymogène explosa, émission de téléréalité? La fumée emplit alors la salle qui puait. Ouais en fait ça n'avait plus vraiment l'air d'un jeu à cet instant... Des silhouettes bougeaient et semblaient combattre tandis que des traits de toutes les couleurs fusaient. Une odeur de brûlé se faisait sentir, alors que des rafales de vents entraient par le plafond totalement défoncé. Le fauteuil prenait feu, la terreur gagnant mon ventre. Génial.
Des débris tombaient de partout, des explosions retentissaient.
Je tremblais d'effroi, toujours ligotée sur ma chaise. Aïe, je suis trop jeune pour mourir ! La sueur dégoulinait sur mon front, mes mains étaient putain de moite. Merde, merde, merde.
Un couteau trancha mes liens avant que l'on m'assène un coup sur la tête. Cela devenait une habitude pensais-je avant de sombrer dans le noir.
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