************** Cathy ****************

Je vais vous raconter mon histoire.

Vous pensiez déjà me connaitre mais laissez moi vous dire d'où je viens et qui je suis réellement.

Moi Catherine Diaw, fille unique de Massamba Becaye Diaw et Ramatoulaye Dieng, j'ai 34 ans mais j'ai l'impression d'avoir déjà vécu plusieurs vies.

J'ai vécu une enfance et une adolescence très heureuse.

Issue d'une famille modeste, je n'ai pourtant jamais manqué de rien et au contraire, je me sentais même privilégiée.

Mon père n'était pas riche, il était courtier et faisait donc office d'intermédiaire pour la réalisation de certaines transactions comme l'achat ou la vente de maisons et terrains.

Beaucoup de particuliers ou d'entreprises le sollicitaient pour ce genre d'opérations.

Il gagnait donc correctement sa vie, commençant à très petite echelle mais a su trouver sa place dans ce secteur.

Ma mère, elle, était surveillante dans un lycée et parallèlement, faisait un petit commerce de tissus importés du mali qui ne lui rapportait pas grand chose mais faisait office de complément de salaire.

Quand je suis née, ma mère a souffert de complications qui se sont malheureusement soldées par une ablation de l'utérus.

Elle ne put donc avoir d'autres enfants.

Mes parents m'ont expliqué cette histoire alors que j'étais encore très jeune et ne cessait de leur réclamer un petit frère ou une petite soeur.

Je me suis sentie coupable de cette situation car je croyais que c'etait de ma faute mais mes parents ont su me faire comprendre le contraire.

J'ai donc été choyée et on obéissait à mes moindres caprices, surtout mon père je dois l'avouer.

Ma mère, elle, était plus stricte et ne voulait pas qu'on me taxe d'enfant pourrie et mal éduquée.

Chaque fois que mon père me laissait faire ce que je voulais, elle repassait derrière pour resserrer les vis.

Je voue à mon père un amour incommensurable.

Nous avons toujours eu une relation très particulière et j'osais presque lui parler de tout et de rien.

On était très complices.

Il voulait le meilleur pour moi.

Je frequentais l'une des meilleures écoles de Dakar et étais toujours très bien habillée.

Une amie de ma mère qui était commerçante et qui allait un peu partout en europe et aux états unis m'achetait à chacun de ses voyages les plus belles tenues.

Comme je vous le disais plus haut, je ne manquais de rien mais je me sentais parfois seule.

Avoir quelqu'un de mon âge avec qui discuter me manquait parfois.

Je me suis donc beaucoup rapprochée de ma cousine germaine Lala.

Je la considérais comme la soeur que je n'ai jamais eu.

Elle et moi étions inséparables.

Nous avions une amie aussi, fifi avec qui nous trainions quelques fois.

Le père de lala qui était le frère de mon père, était, lui, un peu moins chanceux et avait souvent des difficultés financières.

Mon père les aidait du mieux qu'il pouvait et moi de mon côté, je donnais toujours des habits à Lala dès que l'occasion se présentait.

Pour qu'on ne soit pas séparées, mon père payait aussi la scolarité de Lala et on était ainsi dans la même école pour mon plus grand bonheur.

Vous voyez pourquoi je l'adore mon papa?

Quand on a eu notre bac, tout avait été préparé pour que je parte en france poursuivre mes études.

Lala et moi avons dû nous séparer à ce moment là, malheureusement.

La vie est parfois injuste et mes amies allaient beaucoup me manquer.

Mes parents, n'en parlons pas!

Maman a failli changer d'avis des dizaines de fois et c'est papa qui intervenait à chaque fois.

On a pleuré comme des madeleines le jour de mon départ.

Papa a inscrit lala dans une bonne école de la place tandis que moi je m'envolais pour Paris.

Arrivée en France, j'ai été accueillie par le meilleur ami de mon père, tonton Bakary.

Il m'a aidé dans toutes mes démarches d'inscription, de recherche d'appartement etc....

Il a été comme un père pour moi et je ne manquais jamais l'occasion d'aller passer le week end chez eux après que j'ai eu un studio dans une residence étudiante.

Je me suis fait quelques copines à la fac mais je restais concentrée sur mon objectif, rendre fiers mes parents.

Je partais à la fac et m'enfermais ensuite chez moi.

Pas de sorties inutiles genre soirées ou autres.

Je m'autorisais quelques ciné de temps en temps, c'est tout.

On me taxait toujours de" trop sérieuse".

Mais ça, c'était avant que je ne rencontre un certain Ahmadou Bamba Kébé.

Rencontrer Khadim fut une surprise et une révélation pour moi.

Croyez le ou non mais je n'avais jamais eu de copain avant lui.

Les occasions ne manquaient pas mais je n'étais tout simplement pas intéressée.

Fifi et Lala me l'ont d'ailleurs souvent reprochée.

A chaque fois qu'on allait dans une soirée à Dakar après qu'elles aient réussi à m'y trainer de force, il y avait toujours un beau gosse qui voulait soit me parler soit avoir mon numéro.

Je me souviens de la fois où les filles avaient flashé sur un " Thiof bou yalla Roff comme " elles disaient.( beau gosse)

Lala avait réussi à attirer son attention et quand il est venu la voir, il lui a demandé si elle pouvait nous présenter tous les deux.

J'étais très gênée et pendant quelques jours ma cousine m'en a voulu.

Pour en revenir à Khadim, au début, j'ai essayé de le repousser mais il a su s'imposer à moi petit à petit.

Je suis tombée amoureuse de lui sans même m'en rendre compte.

Quand je l'ai rencontré pour la première fois, c'est son sourire qui m'a frappée.

Ensuite sa voix rauque m'a perturbée et sa beauté ainsi que sa tendresse ont fini de m'achever.

Khadim était tout ce que je pouvais souhaiter chez un homme, gentil, attentionné et un vrai lion quand il s'agissait de repousser les mecs un peu trop collants.

Sa jalousie me faisait rire mais il me faisait bien comprendre que je n'avais pas intérêt à regarder un autre que lui.

Je n'en avais même pas envie.

Ce qui me faisait peur par contre c'etait son côté populaire.

Au début, il m'invitait à sortir avec ses amis et mes copines en étaient ravies car j'allais enfin sortir de ma tanière.

A chaque fois qu'on sortait donc, il connaissait plein de monde et les filles lui tournaient autour même s'il s'affichait avec moi sans aucune honte.

C'est fou ça! les filles d'aujourd'hui n'ont peur de rien.

Ça me mettait hors de moi.

J'étais de nature assez reservée et n'aimait pas faire des histoires inutiles donc je ne disais rien mais Khadim le voyait tout de suite quand ça n'allait pas.

La seule fois où on a failli arrêté notre relation, c'est quand cette pimbèche sortie de nulle part a voulu s'imposer comme la copine de khadim.

J'ai vraiment cru qu'il me trompait quand j'ai trouvé son ex comment s'appelle-t - elle déjà? Tabara? dans son appartement.

Je l'ai quitté sur le champ ne voulant plus rien savoir de lui!

C'etait pas du foutage de gueule ça? Tous les deux, seuls, dans son appartement? Sérieusement?

Contre toute attente, il a su me convaincre qu'il n'y avait plus rien entre eux.

C'est vrai qu'il lui a clairement dit devant moi de rentrer chez elle et qu'entre eux c'etait fini mais j'étais tellement jalouse que je n'écoutais plus et les ai plantés là.

Bref, Après des disputes et des histoires inutiles, progressivement, on a arrêté d'aller à ce genre de soirées et on se faisait nos plans en petit comité ou à deux.

Ça nous allait très bien.

Ce qui nous rapprochait évidemment aussi, c'est qu'on faisait tous les 2 des études en droit.

Bref, vous l'aurez compris j'etais folle de Khadim.

Sa famille était adorable du moins ceux que je connaissais jusque là à savoir sa petite soeur Amina et la famille de tata lika, la soeur de sa mère.

Les choses sérieuses ont commencé quand après l'obtention de son examen, khadim m'a demandé d'être sa femme.

Cela a été un choc pour moi.

Je ne pouvais imaginer qu'il pensait au mariage.

Il n'en parlait jamais!

D'ailleurs, c'était une discussion que nous n'avions jamais eu.

Imaginez vous, je venais d'avoir mon premier petit ami!

J'étais loin de cette idée de mariage, je vous jure mais...... l'effet que sa demande a eu sur moi, je ne vous dis même pas.

Passer toute ma vie avec cet homme que j'aimais comme une folle....que rêver de mieux.

Il fallait que je prévienne mes parents de son arrivée car il allait les appeller vu qu'il était à Dakar spécialement pour les voir et officialiser les choses auprès des 2 familles.

J'appréhendais un peu leur réaction car protecteurs comme ils étaient, comment allaient- ils prendre la chose?

Je vous avoue que j'étais stressée.

***** conversation téléphonique*****

- bonsoir maman

- ma fille chérie comment vas- tu? On ne t'a pas eu hier

- je sais maman désolée j'étais fatiguée mais vous me manquez tellement!

- à nous aussi ma puce ça va?

- oui papa est là?

- il est juste à côté de moi

- vous voulez bien passer en appel video, je dois vous parler

- mba diam?( rien de grave)

- nnnon... maman

- ok

Quelques minutes plus tard, je voyais leurs visages sur la webcam et je leur souriais timidement

- bonsoir ma petite comment tu vas?

- bien papa. J'ai vraiment hâte de vous revoir

- bientôt lou meti yagoul goorgoorlou rek ( bientôt, rien ne dure bien longtemps, il faut juste s'accrocher)

Je hoche la tête

- alors? De quoi veux tu nous parler?

- euh.... bon..... voilà

- vas y on t'écoute

Je voyais que ma mère était stressée

- voilà, vous vous souvenez, je vous avais parlé de mon ami, Bamba kébé...

- oui?

- il est très gentil et on s'entend super bien

- et???

- ....... il m'a demandé de l'épouser

- ..................

- il me l'a demandé il y a quelques jours et je suis d'accord

Je les vois se regarder rapidement

- ma fille, tu n'es pas encore jeune pour le mariage? Tu as toute la vie devant toi et encore tellement de choses à accomplir

- je sais tout ça papa mais..... mais je tiens à lui

- et pour tes études? Renchérit ma mère. Je ne peux pas te permettre de négliger tes études, ça non!

- maman je comprends vos inquiétudes, je m' y attendais un peu mais Khadim est actuellement à Dakar et c'est principalement pour cette raison qu'il est venu. Il veut vous rencontrer

- on ne peut pas dire qu'il n'est pas déterminé celui la! Et tu disais qu'il vient de réussir le barreau?

- oui papa

- je dois dire que je l'aime bien ce gamin mais attendons de le rencontrer et on verra

- merci papa et s'il te plait, ne l'intimide pas trop

- ah il va falloir qu'il se défende bien s'il veut arriver à quelque chose dans ma maison hein. Il est avocat, non?

- Massamba, sois sérieux, donc on va vraiment envisager cette possibilité?

- on n'a pas d'autre choix que d'y réflechir serieusement! Ou tu préferes qu'ils fassent des bétises en France?

- Catherine Diaw yaboma sakh! ( catherine Diaw n'ose même pas!)

Pendant ce temps je baissais la tête comme si je n'étais pas là.

- bon écoute Cathy, on va reparler de tout ça. Dis a ton copain qu'on l'attend.

- d'accord papa. On s'appelle demain. Bisous

- bisous

Ouf...... voilà c'etait fait!

Après ça j'ai prévenu Khadim mais n'ayant pu le joindre, je lui ai envoyé un message et il m'a juste répondu.

- t'inquiète pas, je m'occupe de tout

Ce que je ne savais pas, c'était qu'à ce moment là, c'etait en train de chauffer a Fann Résidence.

********* Mère Diakhère ************

- yow Khadim Kébé ngané koye Takk?

( toi Khadim Kébé, tu dis que tu vas épouser qui?)

- maman, je te l'ai déjà dit, je veux épouser Cathy. Je l'aime

-Aimer wou kharamou lane??? Yow ki foumou djougué? Ki kouye papam kouye yayam? Nga nane aimer?
( aimer de quoi? Toi cette fille sort d'où? C'est qui son père? Sa mère? Tu me parles d'aimer?)

- mais maman pourquoi dis-tu ça? Ses parents sont des gens normaux, c'est tout, comme toi et moi!

- anhhh toi et moi? Tu crois ça? Tu dis qu'ils habitent où ? ? Et son père est..... quoi encore? Courtier, c'est ça?
Toi tu ne sais pas d'où tu viens ou quoi? Quand tu m'as annoncé la nouvelle me disant que tu allais te marier, je croyais que tu allais épouser Tabara nga nane ma Catherine? Wa mom sakh dioulite la? ( je pensais que tu allais épouser Tabara tu me parles de ....Catherine? Est ce qu'elle est musulmane d'ailleurs?)

- oui maman, elle l'est et oublie cette histoire avec tabara. Je ne l'épouserai pas!

- so takoul tabara nga indil ma kou melni tabara. Yow ngueye cotoyer aye domou ambassadeur, domou ministre ak domou president nga ma fi indil aye domou surveillante! Mane da maye langg akk surveillante mane! Kokou dama khadj si mom!
( si tu n'épouse pas tabara, amène moi quelqu'un qui lui ressemble! Toi qui cotoie tous les jours des filles d'ambassadeurs, de ministres, de présidents, tu me dis vouloir épouser une fille de surveillante? De quoi on va pouvoir discuter elle et moi? On ne joue pas dans la même catégorie!)

- quoi? C'est quoi cette manière de penser? Maman..... je suis..... je ne trouve même pas les mots. Je suis tellement déçu

- celle qui est déçue ici, c'est moi! Pourquoi les enfants d'aujourd'hui n'on plus de valeurs? Les classes sociales ça existe encore! Et cette fille et toi vous n'êtes pas de la même classe sociale

- peut être maman, mais cette fille comme tu dis, c'est elle que j'aime et je me battrais .... pour elle

- tu te battras contre ta propre mère pour une fille? Mane damay beugue diomi wala? Khadim kébé ya lekk lou bone!
( je rêve ou quoi? Khadim kébé tu es ingrat!)

- c'est pas ce que je veux.... s'il te plait, revois ta position maman

- je n'ai rien à revoir. Et je te préviens! Si tu t'entêtes et que tu as le malheur de te marier avec cette....fille , je vous ferai vivre l'enfer sur terre!

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