Ce Chapitre est dédié à un grand homme, un ange, un père, un frère, un mari merveilleux.

Nous ne t'oublierons jamais.

❤

************* Tabara **************

Ça fait des heures que j'essaie de joindre Diarra mais son téléphone sonne dans le vide.

J'étais avec mes parents qui sont dans tous leurs etats a l'heure qu' il est.

Je suis moi même dépassée par les évènements et ai l'impression d'être dans un mauvais rêve.

La banque est sous tension depuis quelques jours.

On soupçonne une tentative de détournements de fonds et les grands chefs ont même fait le déplacement.

La bombe a eclaté en fin de journée.

Je n'ai rien compris.

J'étais sur mon ordinateur quand des personnes ont débarqué dans mon bureau.

On m'a demandé de me lever séance tenante et de m'eloigner de mon Pc.

Ils m'ont demandé de prendre mes affaires et de quitter la banque, soi disant que les analystes ont identifié mon Pc Comme étant a l'origine des transactions non conformes.

Je suis tombée des nues!

J'ai été humiliée comme jamais.

Personne ne m'a laissé en placer une.

Je suis sortie de là sous les regards méprisants comme si j'étais une criminelle.

Dès que je suis arrivée chez moi, je me suis effondrée!

Ma mère était en panique car rares sont les fois où je craque de cette manière.

Elle a teléphoné à mon père car je n'arrivais pas à aligner 2 phrases correctes.

A l'arrivée de ce dernier, j'ai essayé tant bien que mal de leur expliquer la situation et depuis, mon père enchaine les coups de fil et ma mère est devenue hystérique.

- toi? Détourner de l'argent? Comme si tu en avais besoin? Ils sont devenus fous?

Mon père essayait de la calmer mais c'était peine perdue.

Je les ai laissés dans le salon pour aller m'enfermer dans ma chambre, ne pouvant plus supporter ce chaos.

Et le comble, je n'arrive pas à joindre Diarra qui a aussi ses problèmes mais toutes les deux le même jour?

C'est quoi? Une malédiction?

Elle repond enfin!

- allô sort- elle, d'une voie endormie

- tu dormais? T'en as trouvé la force?

- j'ai pris des somnifères.

- Diarra, tu ne croiras jamais ce qui m'arrive

- quoi encore?

- je suis accusée de détournement à la banque

- quoi? Tu te fous de moi?

- j'aurai préféré, je t'assure

- qu'est ce que c'est que cette merde?

- j'en sais rien! Je crois que c'est une malédiction! Regarde ce qui nous tombe dessus, en plus le même jour

- moi dans mon cas c'est tout sauf une malédiction....mais attends et si ce n'était pas une coïncidence? Et si cette femme était à l'origine de tout?

- tu délires ou quoi? On parle d'une institution financière là!

- je trouve ça très louche car toutes les personnes qui te connaissent savent que tu n'as besoin de faire ça! C'est ridicule!

- je sais que c'est ridicule mais en attendant, il faut que je me sorte de là. Les avocats de mon père sont sur le coup

- je lui fais confiance pour régler ce problème.

- et toi ça va? Tu tiens le coup?

- je ne sais même pas où j'en suis. Je vais reprendre des somnifères et me recoucher. Je veux éviter ma mère et ses questions pour le moment.

Elle se mit a pleurer et mes larmes aussi coulaient sans pouvoir s'arrêter

- je vais te laisser Diarra

- ok. Bye

************** Cathy ***************

La matinée passa à une vitesse phénomenale.

J'ai juste eu le temps de repasser au cabinet régler 2, 3 trucs avant qu'Amina n'arrive.

On devait déjeuner ensemble avant son depart demain.

- coucou belle soeur! Me dit- elle en débarquant dans le bureau comme on le lui a indiqué à l'accueil.

Je lève les yeux au ciel

- Amina Kébé!

Elle me saute dessus

- oui, Catherine Kébé?

- douma la tontou sakh
( je ne vais même pas te répondre)

- way tontou ma way!
( reponds moi, toi aussi)

- wa yene bébé mi effronter woul yene?
( elle n'est pas effrontée, celle là?)

- ok j'arrête de te taquiner. Ça va sinon. Namone nala ( tu m'as manquée)

- hé sans blague je suis fière de toi! Tu parles super bien wolof bon avec ton accent parisien hein mais franchement je suis contente

- je vous ai toujours dit que je suis une vraie Sénégalaise.

- Maman Lika a fait du bon travail. D'ailleurs comment vont- ils?

- tu fais bien de demander car elle m'a expressement demander de l'appeler quand je serai avec toi

- chii tey ma dé!
( je suis foutue!)

- je ne te le fais pas dire!

Elle saisit son téléphone et l'appelle

- allô, maman, je suis avec Cathy,

-.........

- attends je te la passe

Je faisais une grimace en prenant le téléphone

- allô

- Cathy, qui yowla?
( Cathy, c'est toi?)

- mane la key maman
( oui maman c'est moi)

- toi key bouna ni maman! ( ne m'appelles pas maman) Aye Cathy, comment tu as pu faire une croix sur nous de cette manière? Nous serons toujours ta famille! Cette histoire m'a rendue malade!

- je suis vraiment désolée mais il s'est passé tellement de choses

- mais tu aurais dû savoir qu'à nous tu pouvais tout nous dire. Je n'ai jamais cru ces bétises ma néné touti. Je vais prendre ton numéro et t'appeller. Nous avons beaucoup de choses à nous dire toi et moi.

- d'accord maman et merci

- je t'embrasse fort néné touti

- moi aussi maman

Je redonne le téléphone à Amina avec la honte de ma vie.

Je reconnais que j'aurai dû leur laisser l'occasion de me parler à l'époque mais je ne prenais aucun de leurs appels pensant qu'ils prendraient le parti de Khadim.

J'aurai dû aussi leur laisser le bénéfice du doute car j'ai eu tout faux!

Maman Lika était notre maman quand on était en France mais elle aime tellement son neveu que pour moi, il ne pouvait en être autrement.

En fait, elle est tout le contraire de Mère Diakhère!

A croire qu'elles ne sont pas soeurs!

- On y va?

- oui. Allons y

On sort du cabinet, bras dessus bras dessous direction le restaurant où nous passions un super moment jusqu'à ce que je vois un appel s'afficher sur le téléphone d'Amina

Serge?

Elle se précipite pour couper le son.

- tu ne décroches pas?

- non c'est bon dit- elle l'air embarrassée

- Amina Kébé, c'est le même Serge auquel je pense,qui t'appelle?

Elle ouvre grand les yeux

- Amina!!!! Donc les regards échangés que je voyais à Saly..... je ne me suis pas trompée?

- Ohhh non Cathy je t'en prie, ne me juge pas

- te juger? Pourquoi?

- je sais qu'il est plus âgé que moi et a beaucoup plus d'experience que moi, sans compter qu'il soit le meilleur ami de mon frère... mais je l'aime

- wa mane damay beugue diomi? ( j' hallucine ou quoi?) Tu l'aimes depuis quand? Tu veux dire que vous êtes ensemble?

Elle me raconte toute l'histoire depuis le début.

C'est quand même incroyable et si on fait abstraction de tous les......inconvénients, cela pourrait être une belle histoire.

Sauf qu'il y'a beaucoup d'inconvénients et le premier, le plus gros inconvenient est.....Serge lui même.

- ma chérie, je ne te juge pas d'être tombée sous son charme, Serge est sans conteste un très bel homme mais je ne peux m'empêcher de m'inquieter pour toi et d'avoir peur. Il n'a jamais pris au sérieux ses relations et n'est interessé que par....par

- le sexe.... je sais. Cathy, j'ai la peur au ventre, je te jure mais ......j'ai tellement envie d'essayer avec lui. Et si j'arrivais à le changer?

- je ne veux pas que tu sois déçue Amina, tu es encore jeune et...... attends, ton frère le sait?

- t'es malade? Non! Quoi? Lui qui me prend toujours pour un bébé, et toi aussi d'ailleurs! Qu'est ce que je vais lui dire? je vais lui sortir juste comme ça, hey brother, au fait, je sors avec ton meilleur pote, tu sais, le don juan?

- j'avoue... lui dis- je en faisant une grimace

- jure moi que tu ne lui diras rien!

- je te signale que je n'ai plus ce genre de rapports avec lui!

- tu dines avec lui ce soir non? Hum......je dis ça, je dis rien.....

- yow kholal! Voilà sakh merci je vais tout lui deballer nga kham

- sarakh ma sarakh ma!
( je t'en supplie, je t'en supplie)

- dou da nga rew!
( tu joues aux impolies,non?)

On papote encore 1 heure durant mais j'étais vraiment inquiète pour cette relation.

Les regards insistants de Serge sur elle montraient clairement l'intérêt qu'il lui portait mais de là à dire que ça aboutira à une relation serieuse, il y a un grand pas!

Croisons les doigts.

Et Dieu, j'aurai préféré ne rien savoir!

En attendant, j'ai accepté ce diner sur un véritable coup de tête.

J'espère que c'est une bonne idée.

          ************************

Je sors de chez mes parents qui m'avaient manqué ces derniers jours.

J'ai discuté longuement avec mon père.

- papa pourquoi tu ne m'as pas dit que M. Ndao est venu te voir?

- j'attendais de te voir pour qu'on en parle.

- Khadim m'a remis ce matin le double de la proposition

- je n'en attendais pas tant, je l'avoue

- ce n'est qu'un juste retour des choses, vu tout ce que tu as enduré. Tu vas pouvoir réclamer tous tes biens confisqués par l'état vu que la conditionnelle va être levée

- certainement. J'ai vraiment apprécié qu'ils fassent le déplacement.J'aurai juste voulu que cette histoire se règle sans que le jeune Ndao n'en fasse les frais. Il est si correct.

- pourquoi tu parles de lui comme si tu l'avais rencontré?

- parce que c'est le cas. Il était ici avec son père Samedi

- Quoi?

- oui, ils nous ont tous les 2 presenté leurs sincères excuses.

J'étais bouche bée, ne sachant quoi dire.

Salif est venu chez mes parents?

- je ne sais pas quoi dire.

- saches que son père ne t'en veut pas, lui, bizarrement et je dirai qu'il semble même t'apprécier

- comment pourrait- il m'apprécier avec ce que j'ai fait à son fils?

- ohh ne crois pas ça! Il m'a confié qu'il ne perdait pas espoir que vous vous remettiez ensemble

- il a dit ça?

- hum hum... mais toi, c'est ce que tu veux? Parce que si c'est le cas, il va falloir que tu l'affrontes à un moment ou à un autre

- papa ... la situation est très compliquée

- quand est ce que ça ne l'est pas, chérie?

-..........

Je soupire

- Khadim ne lache toujours pas l'affaire?

- comment tu le sais?

- ohh je le sais c'est tout. Je sais que c'est un dur à cuire. S'il y a un conseil que je peux te donner, c'est de suivre ton coeur. D'accord?

- merci, papa, je ne vais pas tarder à y aller. Je vais voir maman avant qu'elle ne dise que je fais du favoritisme.

- vaut mieux pour toi!

Il rigole en me voyant sortir à toute vitesse.

************* Khadim **************

J'étais en face d'elle et ne la quittais pas des yeux

- arrête

- quoi?

- de me regarder comme ça

- comment?

- comme tu le fais, en ce moment

- et il te dit quoi ce regard?

- Khadim.....

Elle se mordille le pouce, signe qu'elle est gênée et en pleine réflexion

- toujours ce tic?

Elle lève les yeux et retire brusquement son doigt

- Ok. Je te laisse tranquille

On était assis l'un en face de l'autre et je la trouvais bizarrement intimidée, trop calme, sous mon regard insistant.

- dis moi, tu ne regrettes pas d'être revenu?

- Au Sénégal? Non. Il y'a des bons côtés

- comme?

- tu oses demander? La vie sociale, voir tes amis quand tu veux et puis à quoi bon rester loin des personnes qui comptent pour moi? Par contre, tu sais qui j'ai revu sur Paris? Moussa!

- qui? Moussa l'intello? Non. Je ne te crois pas!

- chii Moussa l'intello a changé hein! So ko guissé dé doko khamé! Am khaliss dal nekh na!
( si tu le voyais, tu ne le reconnaitrais pas!

- aye Khadim Kébé!

- ah je dis vrai! Non mais tu te rappelles la dégaine de Moussa?

- Pépé Kallé!

- ah yow yaye wakh! ( c'est toi qui l'z dit!) Je te jure que le moussa d'aujourd'hui n'a rien à voir avec l'ancien. Costard taillé sur Mesure et golden boy à la Defense...djadjeuf way!

Elle était morte de rires

-......... t'es mauvais!

- blagues à part, j'étais fier de lui sérieux! On s'est echangés nos numéros et on s'est même vus à 2 reprises. Il n'a pas arrêté de me demander de tes nouvelles

- il est trop sympa

- il te kiffait trop oui! Je l'ai vraiment trouvé louche à un moment donné mais j'ai compris par la suite qu'il t'aimait bien sans plus

- toi et ta jalousie légendaire...

Je pose la main sur la sienne lui faisant lever les yeux

- je protégeais juste ce qui était à moi

On se regardait sans dire un mot quand j'entendis soudain une voix s'élever à notre côté de notre table

- khadim Kébé, c'est toi ou je rêve?

************* Cathy *****************

Nous étions assis au restaurant, discutant gaiement comme des amis.

Le repas était délicieux et nous passions un bon moment.

Le seul moment bizarre, c'est quand il a parlé de mon tic.

C'est vrai que j'ai cette habitude de machouiller mon pouce quand je suis perturbée et ça m'a rappelé une certaine personne qui me faisait aussi la même remarque.

Khadim avait sa main sur la mienne et on se fixait en silence quand une femme, très élégante et très belle, il faut l'admettre,
se présenta à notre table.

- Khadim Kébé, c'est toi ou je rêve?

Je retire doucement ma main et m'adosse sur mon siège.

- Mais oui. C'est bien toi! Depuis quand tu es revenu à Dakar? Et tu ne m'as même pas appelée?

- Bonsoir Ndèye Marie, comment vas- tu?

Il se lève, me jette un regard avant de lui faire la bise

- Bien et toi? Je suis contente de te revoir

- moi aussi, ça fait plaisir

Elle me regardait pendant que je restais imperturbable.

Khadim se tourne vers moi

- Cathy je te présente Ndèye Marie Sy, une amie.....

Amie, hun?

- .... et Ndèye Marie, voici ma....

Je me lève à ce moment en souriant à cette femme et lui tendis la main

- je suis Catherine Diaw, enchantée Ndèye Marie

- enchantée aussi Catherine... Khadim, je ne vous dérange pas plus longtemps mais... tiens je te laisse ma carte. Appelle moi à l'occasion. Au revoir

- Au revoir

Elle sortit une carte et la posa sur la table avant de nous faire signe et de partir juchée sur ses talons de 12 cm.

Il se rasseoit les yeux rivés aux miens

- c'est une....

- amie, .....j'ai compris.

- laisse moi t'expliquer

- tu ne me dois pas d'explications

- bien sûr que si. Je l'ai rencontrée en France, après ....notre séparation

- stp Khadim.......je ne veux pas savoir

- peut être me dit- il en reprenant ma main dans la sienne, mais sache qu'il n'y a rien entre elle et moi, avec aucune autre d'ailleurs

Je souris simplement.

On prit le dessert dans une ambiance plus calme qu'auparavant avant de s'apprêter à partir.

En quittant le restaurant, je remarque malgré moi que la carte de visite est restée là où elle était, sur la table, et ne pus m'empêcher d'esquisser un sourire discret.

************* inconnue ************

Jamais voyage n'a été aussi dur.

Je ne m'imaginais pas remettre les pieds dans mon pays dans ces conditions.

Je ne réalise toujours pas qu'il est parti.

À jamais!

Est- ce qu'on le realise réellement un jour?

Ou essaie-t-on juste de l'accepter aussi difficile que cela puisse être et d'avancer?

Avancer pour ceux qui restent.

Avancer pour honorer sa mémoire, les valeurs qu'il nous a inculqué et le rendre fier de là où il se trouve.

Mon père est mort.

Celui qui a sacrifié sa vie pour nous, qui a travaillé d'arrache pied pour
qu'on ne manque jamais de rien, qui nous a aimés plus que sa propre vie, s'en est allé.

Ma famille est anéantie, mes petites soeurs, si jeunes..... ça m'a fendu le coeur de leur tourner le dos.

J'ai perdu mon père.

Ma mère?

Rien que de penser à ça, je ne peux retenir mes larmes.

Ma vue s'est brouillée et je ne vis malheureusement pas l'homme qui avançait vers moi avant qu' il ne soit trop tard.

La collision était inévitable.

- oh pardon mademoiselle

J'étais déjà par terre et je sanglotais maintenant carrément.

- vous vous êtes fait mal? Dites moi où vous avez mal

Je secouais la tête

- non, désolée, ce n'est pas ça

Il me releva et me tendit un mouchoir que je pris avec reconnaissance pour essuyer mes larmes, arranger ma coiffure avant de lever la tête vers cet inconnu.

Sans que je m'y attende, je me noie dans ce regard qui me scrutait, l'air inquiet.

Il parlait mais je ne l'entendais pas.

Son regard m'avait hypnotisée et ses traits.... restèrent gravés à jamais dans ma mémoire.

- excusez moi, je ne regardais pas où j'allais

- vous n'avez pas l'air bien, ça va?

- ça va aller, ne vous inquietez pas. Je dois y aller au risque de rater mon vol. Merci pour le mouchoir

- de rien. Je dois me dépêcher aussi. Au revoir

- au revoir

Je ràajuste mon sac à main et m'achète rapidement une bouteille d'eau au bar avant de me hâter vers la porte d'embarquement.

Arrivée sur place, on appellait déjà les passagers concernés.

Quelle ne fut ma surprise, quand je retrouve l'inconnu en train d'embarquer parmi eux.

Nous avons donc la même destination.

Washington.