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Chapitre 39




« L'amitié finit parfois en amour, mais rarement l'amour en amitié. »


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On dit qu' il n'y a pas d'amour, ni d'amitié, qui croise le chemin de notre destinée sans laisser de marque pour toujours. C'est cette phrase que Jin se répétait sans cesse sur le chemin qui le menait vers la magnifique propriété de Namjoon, au volant de sa Lexus.

La fin de semaine était arrivée à une allure folle et s'il en avait eu le pouvoir, il aurait certainement arrêté le temps. Namjoon l'avait invité à venir le voir ce vendredi soir, parce qu'il était seul et qu'il voulait qu'ils parlent.

Mais de quoi ?

Lui, il lui avait déjà tout dit, ce qui l'avait énormément libéré d'ailleurs, mais Namjoon aussi avait été clair, ce n'était pas possible. Alors quoi dire de plus ? Si, ce qu'il pouvait finalement lui demander était : qu'est-ce qui n'était pas possible au juste ?

Parce que si c'était le fait que lui l'aimait, ça c'était possible, parce qu'il l'aimait depuis toujours et qu'il était la seule personne à lui faire ressentir toutes ces choses. Alors quoi, qu'avait-il voulu dire quand il lui avait dit que ce n'était pas possible ? Qu'il l'aime en retour ? Il aurait tellement voulu que ce soit le cas, mais il le savait, Namjoon ne l'aimait que d'amitié et il aimait beaucoup trop les filles pour l'aimer, lui. Pour autant, il se devait d'aller le voir, c'était son meilleur ami, tout du moins c'est comme ça qu'ils avaient été toute leur vie, et puis il lui avait dit qu'il viendrait et une promesse était une promesse .C'est comme ça qu'il avait toujours fonctionné, même si la plupart des gens pensait qu'il était quelqu'un de superficiel, un physique et rien d'autre.

Arrivé à destination, il appuya sur l'interphone et la dame de maison lui ouvrit le grand portail, presque ravie de le voir à nouveau. Il était comme un rayon de soleil dans cette maison, et n'était pas comme tous ces gamins de riche, qui ne faisait pas attention aux gens de maison. Non, Jin était un garçon simple et plein d'entrain, qui prenait toujours le temps de les saluer tous et même de s'intéresser à leur vie, tout comme Namjoon d'ailleurs. Aussi, à eux deux, ils formaient un duo incroyable.

Cela faisait quelques semaines qu'il n'avait pas mis les pieds ici, alors qu'il y passait quasiment le plus clair de son temps avant cette dispute. Ca lui avait tant manqué, cette maison lui avait manqué, les parents de Namjoon lui avaient manqué même s'il le savait, ils n'étaient pas là en ce moment. Namjoon lui avait tout simplement manqué.

Lui...

Il roula jusqu'au parvis de la maison, gara sa voiture, puis alla frapper à la grande porte d'entrée, où un majordome vint lui ouvrir.

— Bonjour Monsieur Kim, c'est un plaisir de vous revoir, ça fait longtemps, vous nous aviez manqué.

— Merci Mingi, c'est un plaisir également, lui dit-il un léger sourire sur les lèvres.

Cette petite phrase d'accueil lui avait déchiré les tripes, jamais il n'aurait cru un jour l'entendre. Depuis sa plus tendre enfance, il devait venir dormir ici deux à trois fois par semaine et y passait aussi la plupart de ses week end.

Tout comme Namjoon, Jin était fils unique, mais à l'inverse de son ami qui avait une famille aimante et très à l'écoute de leur de leur enfant, lui avait des parents peu soucieux de lui. Il avait été un accident dans la vie de ses parents, tous deux de grands promoteurs immobiliers réputés en Corée du sud. Un accident, parce qu'ils n'avaient jamais prévu d'avoir un enfant, jamais. Ses parents étaient très jeunes et n'avaient que vingt ans d'écart avec lui, sa mère étant tombée enceinte à ses vingt ans, alors même qu'elle était étudiante. C'était lors d'une soirée bien trop arrosée et sans protection, qu'elle avait commis l'irréparable : tomber enceinte.

Elle avait fait un déni de grossesse et avait accouché quasiment le jour même où elle s'en était rendu compte. Alors Jin avait été pris en charge par toutes sortes de nourrices, qui malheureusement ne restaient pas suffisamment pour qu'il s'attache car sa mère ne comprenait pas pourquoi elles ne pouvaient pas s'occuper de lui vingt quatre heure sur vingt quatre. Certaines avaient même claqué la porte en la traitant de mère indigne, mais cela ne semblait pas la toucher. Elle et son homme, comme elle le disait, n'avaient rien demandé et cet enfant était plus une charge qu'autre chose. La seule chose de bien qu'elle lui disait quand elle le croisait, parce que c'était ça la vie de Jin, croiser de temps en temps ses géniteurs que finalement il ne connaissait à peine, c'était qu'il était magnifiquement beau et qu'il devrait penser à une carrière de mannequin.

Il avait de l'argent, beaucoup d'argent, mais il n'avait personne, il était seul, il s'était construit tout seul, enfin presque...

Presque, parce que la vie lui avait apporté dès son plus jeune âge, dès la maternelle, ou plutôt, dès la crèche, le plus grand des bonheurs : Namjoon.

Oui, Namjoon faisait partie de sa vie depuis toujours, et c'est grâce à lui qu'il était devenu l'homme qu'il était aujourd'hui. Très vite ils étaient devenus meilleurs copains, puis meilleurs amis. Jin passait sa vie chez lui, s'appropriant même ses parents, qui l'adoraient comme un fils. Mais très vite, dès la fin de la primaire en réalité, il avait ressenti d'autre chose au côté de son ami. Il n'avait pas vraiment compris au début, les frissons quand il le frôlait ou qu'il le regardait, la sensation de mourir quand il ne le voyait pas chaque jour, c'était étrange mais c'était si bon. En grandissant, ils étaient devenus inséparables et Jin était devenu le confident de Namjoon. C'est vers lui qu'il était venu pour lui dire qu'il était amoureux de cette jolie brune portant le prénom de Jisoo, c'est vers lui aussi qu'il était venu pour lui annoncer qu'il avait enfin passé le pas avec elle.

Avec Jisoo...

Mon Dieu, que cette nouvelle avait été déchirante.

Jisoo, leur amie d'enfance et sa plus grande rivale au fond. Elle avait toujours fait partie de leur vie, jusqu'à qu'elle finisse par sortir avec Taehyung. Cela avait été un soulagement pour Jin, d'autant qu'il ne fréquentait plus le noiraud et son petit groupe, du fait de son éloignement avec Jungkook. Pendant quelques mois, elle ne traînait plus avec eux, bien trop éprise de son beau brun. Et puis, ces deux là s'étaient quittés et elle était à nouveau réapparue dans leur vie, tout du moins dans celle de Namjoon. Depuis, elle était devenue ce qu'il appelait son plan cul et ça aussi, c'était devenu insupportable.

Il avait toujours fait en sorte de l'écouter, de le conseiller, mais au fond de lui, il souffrait, il avait toujours souffert de voir celui qu'il aimait plus que tout au monde poser les yeux sur ces filles, qu'il collectionnait avec son autre meilleur ami...Jungkook, le plus jeune mais aussi le plus Don Juan et le plus précoce d'entre eux.

A eux deux, ils faisaient des ravages et remplissaient leur tableau de chasse sans même se soucier de ce qu'il pouvait en penser et même Yoongi s'y était mis, pour oublier,  mais quoi ?

A cette époque, il ne le savait pas.

Alors il était devenu le clown, l'ami toujours heureux, toujours gai et enjoué, parce que ça faisait rire Namjoon et que rien que de le voir sourire, sa vie entière prenait un sens, lui qui n'en avait pour personne.

Mon dieu, comme il pouvait aimer ce garçon...

En entrant dans cette maison, lui revint pour la première fois, cette soirée, où lui aussi avait franchi le pas. Il avait seize ans, et un retard sur ce plan là par rapport à ses amis.

Namjoon avait organisé une grande fête pour signer la fin de l'année scolaire. Il avait invité cette fille, qui était folle dingue de Jin et toute la soirée, n'avait pas arrêté de faire en sorte qu'ils se rapprochent. Il lui avait dit, c'était sa soirée, celle où il devait absolument devenir un homme, comme lui, comme le reste de la bande.

Mais Jin ne voulait pas de cette fille, elle était belle, mais c'était Namjoon qu'il aimait, même s'il le savait, son ami n'était pas de ce bord là.

Lui non plus en vérité, il n'aimait pas les garçons, il aimait juste Namjoon. Il avait essayé de s'intéresser un peu à elle, de discuter, mais son attention s'était toujours portée sur son ami, qui de son côté fricotait avec tout un tas de filles, encouragé par un Jungkook toujours plus déchaîné de jour en jour.

La fête avait défilé et au petit matin, Namjoon était parti avec deux d'entre elles dans sa chambre, le laissant seul avec cette fille dans le grand salon. Il avait été malade de voir Namjoon partir avec elles. Il les imaginait le toucher, l'embrasser et jouir alors qu'il entrait en elle. C'était plus possible, il devait absolument faire quelque chose. Alors il s'était tourné vers la jeune fille qui l'avait collé toute la soirée et avait tenté de s'intéresser à elle. Oui, elle était jolie et pour cette première fois, pour sa première fois, elle ferait très certainement l'affaire. 

— Tu as déjà été plus loin avec un garçon ? lui avait-il demandé le plus simplement du monde.

— Oui, lui avait-elle répondu fièrement, et toi ?

— Euh...non...je...

— J'ai du mal à croire qu'un aussi beau garçon que toi, n'est pas déjà été plus loin avec une fille, surtout en ayant des potes comme les tiens.

— Et c'est mal ?

— Non, c'est juste...mignon, en fait.

— Ah, ok, lui avait-il dit un peu surpris par cette réflexion.

— Tu veux bien que je te montre alors ?

— Quoi ?

— Ben ce que ça fait.

— Je...je...oui, oui je veux bien si t'es d'accord.

— Si je suis d'accord ! J'en rêve depuis des mois. T'es timide en fait, sous tes airs de rigolo, t'es vraiment timide en réalité c'est dingue, j'aurai jamais pensé. T'es vraiment pas comme tes potes.

— Comment ça ?

— Ben Nam il saute sur tout ce qui bouge et Yoongi...ben lui il est vraiment froid et Jungkook, lui...lui, ben lui et moi on à déjà passé un petit moment ensemble et il est pas du tout timide, en réalité, il porte bien son surnom de chaud lapin.

— Ah...

— Tu sais si c'est vrai qu'il se tape la prof de danse ?

— Quoi ?

— Ben, y paraît qu'il se tape la prof, alors comme c'est ton ami, tu devrais savoir ?

— Non.

— T'es vraiment trop mignon Jin, lui avait-elle dit en lui faisant un petit baiser sur la joue.

— Merci.

— Tu viens ?

Elle lui avait pris la main et l'avait emmené dans l'une des chambres d'amis. En passant dans le couloir, devant la chambre de Namjoon, il avait entendu les soupirs de son ami et des filles avec qui il était monté et cela lui avait brisé le cœur. Arrivés dans la chambre, la jeune fille avait immédiatement retiré sa robe et il l'avait regardé faire, ses pensées toujours dirigées vers son ami. Puis elle  s'était collée à lui, prenant ses mains pour les poser sur son corps nu et elle l'avait guidée jusqu'à qu'il prenne tout doucement les commandes. Cette première fois avait été en demi teinte pour lui entre plaisir et douleur. Cette nuit-là, il l'avait fait plusieurs fois et à chaque instant il n'avait pensé qu'à lui.

Qu'à Namjoon...

— Alors ? lui avait-elle dit quelques heures plus tard, alors qu'elle était dans ses bras allongé contre lui, caressant ses muscles naissants.

— Merci.

— Pourquoi tu me dis merci ? lui avait-elle dit, étonnée et touchée à la fois.

C'était la première fois qu'un garçon la traitait avec autant de respect. Et puis il était si beau avec son côté homme enfant et sa bouche incroyablement bien dessinée.

— Je sais pas ? Peut-être que...on pourrait se revoir ?

— J'ai un petit copain, ça va être compliqué, mais si je peux alors je te ferai signe, parce que même si c'était ta première fois, c'était vraiment bien, j'avais l'impression que tu y mettais tout ton cœur.

— Je...j'ai essayé.

Elle lui avait déposé un baiser sur les lèvres et l'avait laissé là, sans un dernier regard. Il avait presque trouvé ça dégradant. Comment Namjoon faisait-il pour passer d'une fille à une autre ? Et puis, il se sentait mal d'avoir fait l'amour avec cette fille alors qu'elle avait un copain. Ce n'était pas sa conception de l'amour, il ne ressemblait pas à ses trois amis sur ce plan là.

Quelques minutes plus tard, Namjoon était venu le rejoindre dans son lit, un grand sourire aux lèvres.

— Alors mon frère, t'es enfin devenu un homme, lui avait-il dit en le regardant avec ce sourire qui laissait apparaître ses petites fossettes et que Jin aimait à un point qu'il n'était pas permis.

— On dirait ! avait-il seulement répondu, le cœur au bord des lèvres.

Il aurait aimé que cela ne se passe pas comme ça, il aurait aimé que Namjoon soit le premier à l'emmener vers le septième ciel.

— Je suis fier de toi Jin.

— Ouais...

— Moi, j'ai passé une nuit au top, ces filles étaient infatigables.

— Je suis content pour toi mec.

— Bon, allez, pousse toi un peu, je suis naze, on dort un peu et après on va faire du tennis.

— Si tu veux.

— Ok.

Ils s'étaient endormie, l'un contre l'autre et l'espace d'un instant Jin avait été le plus heureux des hommes. C'était si bon de le sentir aussi près de lui, Namjoon, ce garçon qui faisait vibrer son cœur et qui donnait un sens à sa vie.

Cette fois encore, alors qu'il le sentait contre lui, il avait su qu'il n'était pas né pour rien, non, il était venu au monde pour ce garçon incroyablement beau, incroyablement charismatique et incroyablement généreux.

Ils étaient liés, pour toujours...c'est ce qu'il avait pensé à ce moment-là, mais maintenant ?

— Salut Jin.

Alors que Jin était perdu dans ses pensées, il n'avait pas vu que Namjoon s'était approché de lui.

— Namjoon.

Le jeune homme tiqua à l'entente de son prénom, prononcé par Jin. Il ne l'avait jamais appelé comme ça, à part peut-être cette fois, où ils s'étaient disputés, quelques semaines plus tôt.

— Tu as changé de couleur de cheveux.

— J'avais besoin de retrouver ma couleur naturelle pour redevenir le vrai moi, c'est une idée de Jimin.

— Tu as eu raison, ça te va bien.

— Merci

Jin avait teint ses cheveux en noir et ces derniers avaient énormement poussés, lui redonnat une allure plus glamour. Namjoon se surprit à le regarder différemment. Jin était beau, très certainement le plus beau d'entre eux. Il l'avait toujours été, mais avec cette coiffure, avec son regard plus sérieux, qu'il ne lui connaissait pas, il était tout simplement magnifique.

— Je...tu veux boire quelque chose ?

— Non, je vais pas rester longtemps, j'ai des choses à faire.

— Ah oui, quoi ? ne put-il s'empêcher de demander.

Jin le regarda avec ses grands yeux, comme s'il était un peu surpris de cette question.

— Ben...

— Excuse-moi, je ne voulais pas être indiscret.

Ils restèrent un moment sans rien dire l'un en face de l'autre, leurs regards ancrés l'un l'autre.

— Bon, finit par dire Jin, un peu gêné par le silence qui s'était installé entre eux. Tu voulais me parler, alors vas-y je t'écoute.

— On pourrait aller dans ma chambre, on serait plus tranquilles.

— Dans ta chambre ?

— Oui, y'a un peu trop de monde ici, dit-il en montrant d'un signe de la main les gens qui s'affairaient dans l'immense pièce du salon.

Jin n'avait même pas fait attention qu'il y avait autant de gens partout, tant il avait été concentré sur son ami et pris dans ses souvenirs. Maintenant que Namjoon venait de lui dire, il prenait conscience de leurs présences.

— Je sais, il est tard, mais ma mère organise demain soir une petite soirée pour ses clientes et tu la connais, le salon doit entièrement être refait. Ils vont au moins rester jusqu'à minuit, voire une heure du matin, alors si tu veux bien, on sera mieux dans ma chambre.

— Je sais pas si c'est bien d'aller dans ta chambre Namjoon...

—  Pour...pourquoi ?

— Parce que y'a trop de souvenir dans cette pièce et j'ai pas...

— Jin, le coupa-t-il, c'est important et justement ma chambre est l'endroit parfait pour que je te dise tout ce que j'ai à te dire.

Jin, le regarda intensément, puis, il lui fit un petit signe de tête en guise d'accord. Ils traversèrent le grand salon évitant les gens qui circulaient dans tous les sens, pour redonner une nouvelle vie à la pièce, puis, il suivit Namjoon jusque dans les escaliers, qu'ils montèrent l'un derrière l'autre sans bruit. Ils traversèrent différents couloirs pour arriver à l'aile gauche de la maison, partie entièrement réservée au jeune homme. C'était plus qu'une chambre, c'était carrément un mini appartement. Jin connaissait par cœur cet endroit, il y avait passé tellement de temps depuis son plus jeune âge.

Une salle de sport dont le jeune homme abusait depuis de nombreuses années, sculptant son corps sous les yeux admiratifs de Jin, une salle de détente avec un jacuzzi et un hammam, un petit salon, où il passait du temps avec ses trois amis pour jouer aux jeux vidéo et un petit studio d'enregistrement entièrement équipé, sa pièce préférée, dans laquelle il travaillait souvent avec Yoongi pour créer des sons ou des paroles. Ils arrivèrent enfin devant la porte de sa chambre et Namjoon s'arrêta un instant avant de l'ouvrir.

— Tu veux peut-être qu'on reste dans le petit salon ? dit-il hésitant.

— Non, la chambre c'est bien.

— Ok.

Il ouvrit la porte et laissa Jin rentré le premier, refermant cette dernière derrière eux. Le silence s'était à nouveau emparé de l'espace et aucun d'eux ne semblait à l'aise. C'était la première fois, habituellement, ils y rentraient et se jetaient sur le lit, téléphone en main, se racontant toutes sortes de choses, abordant toutes sortes de sujets, sans gêne, sans filtre. Mais là, tout était différent, il y avait comme une sorte de tension entre eux. Namjoon se décida à bouger et alla s'installer sur le bord de son lit, regardant Jin, qui semblait presque redécouvrir la chambre. Cela faisait quelques semaines qu'il n'y avait pas remis les pieds et il remarqua très vite que toutes les photos de lui et Namjoon avaient disparu du mur. Il ne le montra pas, mais cela lui retourna les tripes.

— J'ai un peu retravaillé mon mur de photos, se senti obligé de préciser, Namjoon.

— Je vois ça...

— J'ai pas fini, précisa-t-il.

— T'as pas besoin de te justifier tu sais, c'est ta chambre.

Namjoon se passa les mains sur le visage, angoissé par la situation. Il voyait bien que ça perturbait Jin, il avait pu sentir sa tristesse, il le connaissait si bien, oui si bien et pourtant, il n'avait rien vu, jamais.

— Ecoute Jin, je...je...

Jin reporta son attention sur lui, le fixant avec sévérité. Il ne l'avait jamais regardé comme ça, s'était presque destabilisant. Il était là, au milieu de la pièce, les bras ballants, attendant que son ami lui dise ce qu'il avait à lui dire, assis sur le bout de son lit.

— J'avais besoin de faire le point dans ma tête, alors retirer toutes ces photos où tu étais présent, c'était...nécessaire.

— Hmm...

— Je...putain, pourquoi c'est si difficile, bordel ?

Jin le regardait toujours, attendant qu'il parle. Il ne voulait pas l'aider, il ne voulait pas le mettre à l'aise. Il n'y avait plus aucune trace de lui dans cette pièce et ça l'avait totalement bouleversé. C'était comme s' il n'avait jamais existé dans la vie de Namjoon.

Alors si pour lui il n'existait pas, il n'était rien, juste une erreur de parcours, comme avec ses parents. Comment allait-il vivre maintenant, il ne servait à rien, ni à personne...

— Jin...je...tu me manques vraiment, tu me manques tellement...

— C'est toi qui m'évite Namjoon, toi qui fait tout pour ne plus m'intégrer à ta vie.

— Arrête de m'appeler par mon prénom Jin.

— C'est pourtant comme ça que tu t'appel, comment tu veux que je...

— T'es en colère contre moi, je peux le comprendre, j'ai merdé, j'ai pas assuré quand tu m'as révélé que tu...enfin que...

— Je t'aime.

Namjoon releva les yeux et tomba dans les iris sombres de son ami. Entendre ces mots à nouveau dans la bouche de Jin, venait de le toucher au plus haut point.

Pourquoi ?

— Je t'aime Namjoon et je t'ai toujours aimé, depuis qu'on est gosses...tu es ma raison d'exister, parce que sans toi je suis rien Nam, sans toi je n'ai aucune raison d'être sur cette terre, je...je t'ai...

— Arrête Jin, hurla-t-il, en se relevant brusquement.

Jin fit un pas en arrière, surpris par le ton de son ami.

— Nam...Namj...

Mais il n'eut pas le temps de finir sa phrase, Namjoon s'était jeté sur lui, écrasant ses lèvres sur les siennes, agrippant sa nuque, puis glissant dans sa longue crinière pour renforcer sa pression et mieux s'emparer de sa bouche. Sans trop forcer, il passa la barrière de ses lèvres et mêla sa langue à la sienne, avec douceur. Jin n'avait opposé aucune résistance, trop sous le coup de la surprise. Il s'était laissé embarqué par cet élan auquel il ne s'attendait pas et son cœur s'était presque arrêté de battre, laissant une vague de frisson s'emparer de tout son corps.

A cet instant, plus rien n'existait, à part eux, à part lui...

Lui et la douceur de ses lèvres écrasées sur les siennes, lui et sa langue humide et délicieusement sucrée, lui et la peau si douce de ses joues, sur lesquelles il venait de poser ses mains, lui et son odeur si boisée et si masculine, lui et son aura écrasante qui l'emportait dans un univers alternatif, dont il ne voulait plus partir.

— Jin, grogna-t-il entre deux respirations, sans jamais quitter sa bouche.

Cette voix, elle allait lui faire perdre la tête, comment allait-il seulement survivre après ça. Il devait faire quelque chose, mais quoi ?

— Jin...

Il renforça encore la pression de son corps contre le sien et le plaqua contre le mur. Il était piégé. Alors ses baisers devinrent plus fougueux, plus acharnés. Jin , n'écoutait plus que son corps, il se laissait emporter par l'expérience de son ami, lui qui en avait si peu.

Contrairement à ce que tout le monde s'imaginait, Jin , n'était pas un Don Juan, il n'avait pas couché avec toutes ces filles qu'on lui prétendait. Non, Jin avait à vingt ans passé, couché avec seulement deux filles. La première n'était autre que celle qui l'avait dépucelé et qu'il avait revu à plusieurs reprises pour satisfaire les fantasmes de la jeune fille, à qui son copain ne suffisait pas, la deuxième n'était autre qu'une fille qu'il avait rencontré lors d'un voyage en Europe avec Namjoon et qui voulait savoir "comment baisait un asiatique". C'était le mot et bien qu'il avait bu ce soir-là, il se souvenait très bien de la scène. C'était dans un de ses bars que les jeunes fréquentaient pour passer un bon moment. Ils s'étaient retrouvés avec un petit groupe autour de plusieurs verres. Ils avaient été le spectacle de la soirée, tentant de parler en français avec leur petit accent qui avait donné tout leur charme. Il ne se souvenait plus comment il avait fini dans les toilettes avec elle, mais elle lui avait sauté dessus, et très vite s'était laissé glisser entre ses jambes, pour vérifier si la légende sur le fait que les asiatiques avaient un petit sexe était vrai. Il avait été un peu choqué sur le coup, mais le plaisir qu'elle lui avait procuré avec sa bouche l'avait très vite embarqué vers d'autres pensées. Il l'avait ensuite pris à son tour et l'échange s'était terminé avec cette petite phrase qui lui revenait à l'instant même où Namjoon claqua son bassin contre le sien.

"La légende est fausse jolie cœur, je crois que je n'ai jamais vu un sexe aussi...gros et tu sais t'en servir".

Elle l'avait laissé là, comme un moins que rien et depuis, il n'avait plus jamais retouché une fille. Il avait trouvé ça si dégradant et puis, finalement, il n'aimait pas vraiment cette sensation, celle de prendre les commandes, celle de pénétrer. Il avait eu peur, il s'était dit qu'il n'était pas normal, mais très vite, il avait compris que la seule chose qui éveillait ses sens et ses désirs, c'était l'image de Namjoon, prenant les commandes et le portant vers un désir encore jamais atteint.

Une image, seulement une image dans ses rêves, même ceux qu'il faisait éveillé alors qu'il le regardait.

Alors le sentir contre lui, sentir son désir contre son corps, contre sa bouche, contre sa peau, c'était un rêve qui devenait réalité.

— Nam...attend...qu'est-ce que tu fais...qu'est-ce que...

Trop tard, il s'empara à nouveau de sa bouche, laissant quelques petits gémissements traverser la barrière de ses lèvres.

— Jin, dit-il soudain en s'arrêtant de l'embrasser et en le fixant dans les yeux.

— Oui...

— Jin, c'est ça que je voulais te dire, j'ai bien réfléchi ces dernières semaines, et je crois que moi aussi je ressens quelque chose de plus fort pour toi.

— Tu...que...

— Oui Jin, j'avais besoin de t'embrasser pour savoir, c'est ça que je voulais te demander, t'embrasser, pour savoir ce que je ressentais.

— Et alors ? hésita-t-il.

— Alors...alors c'est magique, j'ai jamais ressenti un truc pareille.

Son sourire, ses fossettes, comment résister quand il le regardait comme ça ?

Namjoon lui prit la main, sans lâcher la pression contre son corps et il la posa sur son cœur.

— Jin, est-ce que tu sens mon cœur battre la chamade ?

Sa voix était soudain devenue plus grave, plus douce.

— Oui, je...je le sens, on dirait qu'il va sortir de ta poitrine.

— C'est toi qui provoque ça Jin, toi et toi seul, c'est ça que je voulais te dire en réalité.

Jin avait l'impression qu'il était dans un rêve, que ce qu'il vivait à cet instant allait disparaître une fois qu'il allait se réveiller. Comment c'était possible que cela arrive alors que d'autres ne réalisaient pas encore ?   

— Et Jisoo ?

— Quoi Jisoo ? s'étonna-t-il .

— Tu m'as dit que tu l'aimais énormément, tu m'as dit qu'avec elle le sexe c'était génial, que toi et elle...

Mais il lui posa sa main sur la bouche, pour l'empêcher de continuer.

— Jisoo et moi c'est rien que du sexe, tu le sais comme moi, tout comme tu sais qu'elle couche aussi avec Jungkook et Lisa. Mais je me fou de ça, je m'en fou complètement.

— Nam, toutes ces filles que tu...

— Ecoute Jin, j'ai bien réfléchi ces derniers temps et je me suis souvenu de ta première fois. Cette fille qui te matais, je savais pas pourquoi mais elle me foutait la haine. J'ai jamais vraiment cherché à comprendre, parce que je crois que j'avais peur de me rendre compte que j'avais des sentiments pour toi. J'ai tout rejeté et j'ai aussi tout fait pour que tu couches avec elle, parce que je refusais de voir la vérité. Au petit matin quand je suis venu te rejoindre, je l'ai croisée en sortant de ta chambre et mon cœur s'est brisé. J'ai fait celui qui était fier de toi, mais en réalité, je le sais maintenant, j'aurai aimé être celui qui te donnait cette première fois. Ce matin là, quand tu t'es endormis, je t'ai regardé longtemps et j'ai posé mes lèvres sur les tiennes, juste pour voir ce que je ressentais. C'était si fort, que j'ai eu peur...j'ai eu peur, alors j'ai tout enfoui au fond de moi et j'ai fermé mon cœur.

— Pourquoi Nam, pourquoi tu me l'as pas dit ?

— Parce que j'avais peur que tu me rejettes, j'avais peur de te perdre, tu étais mon meilleur ami et je ne connaissais pas tes sentiments envers moi.

— Mais alors pourquoi tu m'as rejeté quand je t'ai avoué mes sentiments pour toi il y a quelques semaines ?

— Je sais pas, j'avais peur encore une fois.

— Tu avais peur du regard des autres, de ta famille ?

— Non, je crois que mes parents se foutent totalement de mon orientation sexuelle, ils m'aiment trop pour ça. Au début j'ai pensé à mon image, à ce que les autres pouvaient penser de moi si je sortais avec un garçon, parce que j'ai cette putain d'image de Don juan. Et puis j'ai réfléchi, j'ai repensé à la façon dont je t'avais rejeté et j'ai compris que c'était pas pour ça que j'avais réagis comme ça, non, c'était parce que j'avais peur de te perdre.

— Mais pourquoi Nam...pourquoi tu me perdrais ?

— Parce que je suis sûr d'une chose Jin c'est que l'amitié finit parfois en amour, mais rarement l'amour en amitié...alors si nous deux on devait vivre quelque chose d'intime et que les choses tournaient mal, on s'éloignerait l'un de l'autre et ça je pourrais pas le supporter Jin, parce que tu es toi aussi ma raison de vivre.

— Je t'aime Nam, je veux personne d'autre dans ma vie, je voudrais vraiment qu'on essaye quelque chose tous les deux...si tu veux bien sûr ?

Namjoon fronça les yeux et le regarda avec insistance. Comment un être humain pouvait-il être aussi beau et aussi désirable ?

Comment avait-il pu ignorer tout cela pendant autant d'années ?

Il n'avait envie que d'une chose, là maintenant, le prendre dans ses bras et lui faire l'amour, doucement, lentement. Alors il s'écarta un peu de lui et lui prit la main, le tirant doucement pour l'emmener jusqu'à son lit. Il l'invita à s'allonger et se posa à côté de lui, l'attirant contre son corps. Jin se releva légèrement et reposa sa tête contre son torse, sans jamais lâcher l'une de ses mains qui s'était enroulée autour de sa taille.

Ils restèrent ainsi un moment, laissant le silence investir la grande chambre éclairée par la petite lumière de la lampe de chevet. Namjoon caressa la longue crinière de Jin et ce dernier ferma les yeux pour mieux apprécier la sensation.

— Nam.

— Hm ?

— J'ai peur...

— On se fout de ce que les autres vont penser Jin, je les emmerde.

— Je ne pensais pas à ça, même si mes parents ne vont pas bien le prendre, c'est sûr.

— Tu penses à quoi alors ? dit-il en lui relevant la tête pour mieux le regarder.

— Si on sors ensemble, toi et moi on va...enfin...je...on...

— Quoi Jin ?

— On va devoir coucher ensemble, finit-il par dire un peu gêné, les joues rouges.

Namjoon lui caressa la joue et lui fit son plus beau sourire, celui qui faisait tant ressortir ses jolies petites fossettes.

— On n'est pas obligé de faire ça tout de suite Jin.

— Mais je sais que c'est ton truc, avec toutes ces filles, tu ne tournes pas autour du pot, tu...

— Chut...toutes ces filles n'ont aucune importance pour moi, tu vaux plus que ça, je serai attendre le temps qu'il faut, parce que je t'aime Jin, oui, je peux le dire...je t'aime.

— Alors fait moi l'amour, lui dit le brun en basculant au-dessus de lui, dans un élan dont Namjoon ne s'attendait pas.

— Mais Jin, tu viens de dire que tu avais peur.

— Oui, mais je sais que tu vas faire ce qu'il faut pour me rassurer, je peux le voir dans tes yeux, je peux l'entendre dans ta voix.

— Je sais pas, moi aussi j'ai peur et je sais pas si je suis prêt à faire ça, enfin tu sais...

Il était mal à l'aise de lui révéler ce qu'il avait fait, mais encouragé par le regard persistant de son ami, il se lança. 

— Quand tu m'as avoué tes sentiments, j'ai attendu un peu et puis je me suis un peu renseigné sur...enfin tu sais...sur la façon de coucher avec un garçon. J'ai regardé des films et des tas de documentaires et je t'avoue que ça m'a fait flipper.

— Pourquoi ?

— Premièrement parce que je pense pas pouvoir être ce qu'il appelle le bottom, je sais pas, je...enfin c'est moi qui prend les commandes en général, c'est moi qui enfin...

— C'est toi qui pénètre, le coupa Jin.

— Merde, c'est gênant, je...toi et moi on a jamais eu de filtre mais, là on parle de nous deux, c'est vraiment gênant.

— Au contraire, c'est important de se mettre d'accord sur nos rôles.

— Tu crois ? Enfin, je veux dire que j'ai jamais demandé à une fille si elle était ok pour être le bottom...

— Parce que la question ne se posait pas Nam, mais toi et moi c'est différent, on est deux mecs et tout comme toi j'ai regardé des tas de trucs sur le sujet et j'en suis venu à la conclusion, que je me sentais pas d'avoir le rôle de celui du dessus, non, les fois où j'ai couché avec une fille, je ne pensais qu'à toi et quand j'y pensais c'est toi qui qui était au dessous, pas le contraire. J'ai jamais vraiment apprécié de coucher avec une fille, juste parce que je ne me sentais pas à ma place dans ce rôle.

— Peut-être, mais j'ai aussi peur de te faire mal, quand je vois comment les mecs souffrent, ça me fait peur Jin.

C'était si gênant de parler de ça avec Jin, alors même qu'il lui avait déjà décrit de long en large comment il faisait l'amour à toutes ces filles, comment il s'y prenait, les positions, les plans à trois, ceux avec Jungkook lors de ses voyages...

Mais là il s'agissait de tous les deux, c'était du sérieux.

— Je sais que tu feras tout pour que les choses se passent le mieux possible et je suis prêt à subir ça, parce que je veux vivre ça, je te veux, je veux ressentir le plaisir après la douleur.

— Attendons un peu Jin, même si j'en ai très envie, je suis pas sûr que tu sois prêt, tu le dis toi même, tu es prêt à subir ça...je ne veux pas que tu subisses, je veux que tu participes, que tu ressentes du plaisir.

— Fais moi l'amour Nam, j'ai vraiment envie de toi et si toi aussi, alors faisons-le maintenant, prenons notre temps, mais faisons-le maintenant, ça fait vingt ans que mon corps te réclame, alors prends le et laisse-moi découvrir le tiens, enfin...si tu le veux aussi bien sûr.

Namjoon sembla réfléchir, caressant toujours les cheveux de Jin. C'était une demande à ne pas prendre à la légère, il savait que ce moment allait être déterminant dans la suite de leur relation et il ne voulait pas tout gâcher. Il avait peur, mais il était prêt, prêt à aller dans ce chemin inconnu, prêt à lui donner toute son attention, tout son amour, mais c'était finalement aussi beaucoup de pression. Mais Jin, lui demandait de le faire, maintenant, alors c'était que lui aussi le voulait, non ?

Sa décision était prise, il allait vivre ce moment, il allait s'offrir à Jin, tout comme lui s'offrait à lui. Ils avaient toute la nuit pour ça, et il allait faire tout ce qu'il faut pour que ce moment soit le plus beau de leur vie à tous les deux.

— Allons-y doucement alors...je veux que tu me guides, je veux que tu me dises ce que tu aimes et ce que tu déteste, je veux que tu m'arrête si tu penses que ça va trop loin, ou que ça fait trop mal.

— Je le ferai Nam, promis, alors...embrasse-moi maintenant.

Namjoon le fit basculer sur le dos et se pencha au-dessus de lui, le dominant de toute son aura. Il allait faire l'amour avec celui qui comptait le plus au monde dans sa vie. Il était prêt à le faire, il avait son accord, et même s'il était terrorisé, il allait prendre soin de lui, il allait le découvrir, toute la nuit, jusqu'à qu'il trouve le chemin de son plaisir.

— Je t'aime Jin.

— Je t'aime Nam, alors fais moi l'amour.


*


Allongé sur son lit les bras en croix et les yeux fixés au plafond, Jungkook méditait. Il n'était pas retourné en cours depuis lundi, depuis que lui et Yoongi avaient quitté l'enceinte de l'université, pour aller se perdre dans cet endroit très connu de la riche bourgeoisie et qui appelait en échange de beaucoup d'argent à toutes sortes de plaisirs. Ils s'y étaient perdu chaque nuit, ne revenant qu'au petit matin dans leur maison pour y dormir et recommencer encore et encore. Il avait aussi dû passer une nuit avec Lisa, quittant les bras de l'une de ces catins pour aller la rejoindre, à moitié défoncé.

C'était ça sa vie ? Baiser tout ce qui bougeait, pour oublier qu'il était piégé ?

Il avait honte de lui.

Il n'avait pas donné signe de vie à Taehyung et n'avait pas répondu au seul et unique message qu'il lui avait envoyé pour savoir s'il allait bien. Il avait encore déconné, refusant ce que Yoongi avait voulu lui faire reconnaître.

Il avait peur, peur de ressentir ce qu'il ressentait pour Taehyung, même si ça le rendait heureux. De toute façon à quoi cela allait-il mener, tout était perdu d'avance non ? Devait-il seulement profiter du moment présent et le baiser à son gré ? Parce que même après cette semaine avec toutes ces filles dans ses bras, il n'avait pas réussi à ressentir autant de désir que celui qu'il avait ressenti avec Taehyung en une nuit.

C'était ça aimer ? Ressentir le manque, ne penser qu'à lui, alors qu'il tentait de l'oublier dans les bras de parfaites inconnus.

— Putain, lacha-t-il dans un long soupir.

Soudain, un petit coup se fit entendre contre sa porte et le visage de son frère apparu dans l'encolure de la porte.

— Eh frérot, ça va ?

— Ouais, vas-y rentre.

— T'as vu j'ai été correct, j'ai frappé, et pour une fois que t'es pas à poil, j'suis rassuré.

Ja alla s'installer à côté de son frère et comme lui s'allongea de tout son long sur le lit.

— Qu'est ce que tu veux ?

— Appa et Eomeoni veulent te voir.

— Pourquoi ?

— T'as encore fait la une des journaux frérot, pris en flagrant délit en sortant d'un bordel avec Yoongi...il est furax.

Jungkook se passa la main sur le visage, étirant ses zygomatiques pour se détendre.

— Ja...souffla-t-il.

— Hm ?

— Est-ce que tu m'aimerais encore si j'étais pas vraiment ton frère ?

Ja ouvrit les yeux et porta son regard sur son frère, ne comprenant pas ce qu'il cherchait à lui dire.

— Qu'est-ce que tu raconte, t'as pas encore décuvé ou quoi ?

— Je suis clean Ja, juste je veux savoir si tu m'aimerai toujours autant si j'étais pas à cent pour cent ton frère ?

— Même si tu l'étais pas je t'aimerai toujours, toi et moi on est frère, quoi qu'il arrive Jungkook. Pourquoi tu me dis ça ?

— J'ai découvert des choses Ja, sur moi, sur notre famille et j'ai évité le sujet jusqu'à aujourd'hui, parce que c'était trop dur...mais maintenant je vais descendre et je vais tout lâcher, j'ai besoin d'avoir plus d'explications. Mais je veux être sûr que tu m'aimeras quand même après ça, parce que c'est toi qui a le plus de valeur à mes yeux.

— J'ai peur Kook, qu'est-ce que tu as appris, je...

Jungkook se releva, il avait eu la réponse de son frère, maintenant plus rien n'avait d'importance. Sans plus d'explication, il se leva, récupéra son sac et sous le regard de Ja, qui s'était levé à son tour pour le suivre, descendit les escaliers et se dirigea vers ses parents qui l'attendaient de pied ferme dans l'immense salon. Ja qui l'avait suivi se tenait un peu en retrait, pas tout à fait rassuré par ce que son frère allait révéler.

— Tu te montres enfin, lança son père, l'air sévère.

— Qu'est-ce que j'ai encore fait ? dit Jungkook en lançant un regard sur le côté où se trouvait sa mère, assise sur le grand canapé.

Il ne les avait pas croisés depuis sa découverte, entre leurs voyages et leurs dîners d'affaires, ils ne s'étaient pas revus et quand ils étaient là, Jungkook avait tout fait pour les éviter. Il avait l'impression d'avoir devant lui des inconnus, il ne se sentait plus vraiment à sa place.

— Tu me demandes ce que tu as encore fait, c'est une blague ? Regarde, lui dit-il en lui tendant un journal people.

Jungkook s'avança et récupéra le magazine et découvrit sur la page de couverture un gros titre et une photo de lui et Yoongi, sortant du bordel qu'ils avaient fréquenté toute la semaine.

— Je vois pas en quoi ça pose problème, dit-il en jetant le magazine sur le canapé.

— Coucher avec des putes, t'en es réduit à ça...

— Tous ces petits cons de bourgeois font la même chose, ces lieux ont été créés pour nous non ? Pour aller réaliser tout ces putains de fantasmes, que nos futurs coincées de femmes qu'on nous impose ne sont pas capable d'assouvir, parce qu'on vit dans un petit monde de merde et de mensonge, alors je vois pas le problème, au moins pour une fois les choses sont dîtes.

— Vraiment, tu ne vois pas ? De quelle façon je dois te rappeler que nous avons un nom Jungkook, que nous avons des obligations et que...

— De quelles obligations tu parles hein...? De celles d'afficher l'utopie d'une famille parfaite, de nous forcer à nous marier à des filles qu'on aime pas, de nous brider dans nos libertés... c'est ça tes obligations ?

— Je t'interdis de me parler comme ça, je te rappelle que je suis ton père.

— Mon père...ah...mais quelle blague.

Jun fronça les yeux et posa son regard sur sa femme.

— Jungkook, l'interpella sa mère, qu'est-ce que tu insinu ?

— C'est toi qui ose me dire ça, toi qui à détruit notre famille, toi qui a trompé tout ton monde ?

— Jungkook !

— Non, laisse-moi, tu me dégoûte, je croyais que tu souffrais, qu'il te traitait comme une merde, mais maintenant je comprends pourquoi. Tu l'as trompé, et tu m'as trompé moi, Ja, mes grands parents, tu nous à tous trompé, avec ce connard de Chonjong.

— Mais...Chéri...écoute..c-ce n'est pas aussi simple que tu le crois.

— Vraiment, c'est quoi alors ? Hein ?

Son regard allait de sa mère à son père, qui ne disait rien. De son côté, Ja était resté dans le coin de la pièce totalement choqué par la révélation de son petit frère.

Non, mais qu'est-ce qu'il disait ? Il ne comprenait pas.

— Chonjong et moi nous étions amants avant que je rencontre ton père, on voulait se marier, mais mes parents en ont décidé autrement, je l'aimais tellement, je l'aime...mon Dieu Jungkook...il a tellement souffert, je...je me suis marié, j'ai fait ce qu'on m'a demandé, j'ai accepté de perdre l'amour de ma vie, pour...la famille, pour ton père.

— Mais tu l'as trompé alors que tu avais déjà un enfant, tu avais Ja et tu as trompé ton mari. Pourquoi tu m'as gardé, pourquoi tu as fait ça ?

— Parce que je l'aimais et que je voulais avoir quelque chose de lui, j'étais persuadé que comme ça il me reviendrait. Mais il a choisi un homme, il t'a rejeté, il m'a rejeté et tes grands-parents ont décidé de te faire adopter par Jun, pour protéger notre famille, et notre nom. Tu n'étais pas censé connaître un jour la réalité, Jamais...

— Parce que Halabeoji était au courant ? s'étonna Jungkook. Lui aussi il...il m'a menti...?

— Oui, il a tout organisé, il ne voulait pas entacher notre nom, trancha son père.

— Mais il t'aime Jungkook, il t'a aimé au premier regard...précisa sa mère.

Jungkook laissait son regard passé du visage de son père à celui de sa mère, les yeux remplis de larmes, il ne savait plus quoi penser. Que ces parents lui mentent, ça, il l'avait à peu près intégré, il savait qu'il y avait une sorte de mystère autour de lui, les conversations à voix basse, le soir quand il se cachait dans le couloir, les regards de sa mère sur lui, l'attitude de celui qu'il avait toujours appelé père...

Mais son grand-père...celui pour qui il avait tant d'amour et de respect, celui qui avait toujours été comme un père pour lui.

Même lui, il lui avait menti...

— Putain ! hurla-t-il en se mettant les mains sur la tête. Mais je suis quoi pour vous hein ? Je suis qu'une putain d'erreur, c'est tout...?

— Je t'aime Jungkook, tu es mon fils, au même titre que Ja, ce n'est pas toi l'erreur, non, ce n'est pas toi, dit-elle en s'approchant de son fils et en lui posant une main sur l'épaule.

Mais Jungkook se dégagea de son touché et se retourna vers Jun, les yeux remplis de larmes.

Son frère était comme tétanisé, lui aussi avait les yeux pleins de larmes, il pouvait ressentir la douleur de son petit frère. Pourtant, il n'arrivait pas à faire quoi que ce soit, il n'arrivait pas à bouger le petit doigt, alors que tout lui hurlait de faire ou de dire quelque chose.

— Et toi Abeoji, dit-il en s'adressant à celui qui avait toujours été sa figure paternelle, est-ce que tu m'aime ? Est-ce que tu as ne serait-ce qu'une once d'amour pour moi ?

Jun le regarda avec insistance, ne laissant aucune émotion passer sur son visage. Quelque part, il était soulagé que la vérité éclate enfin au grand jour. Ainsi, il pourrait être enfin lui-même auprès de ce garçon qu'on lui avait imposé et qui lui rappelait chaque jour que son frère lui avait mis un couteau dans le dos. Jungkook ressemblait tellement à Chonjong, tant physiquement que dans le caractère. Il avait pourtant essayé de le calquer sur lui, mais il n'avait rien eu a y faire. Même loin, ce frère qu'il avait toujours détesté, parce que son père l'avait toujours préféré à lui, parce qu'il était parfait, brillant, magnifique, lui gâchait la vie.

Pourtant, il avait essayé...de l'aimer.

— Abeoji...?

— J'ai essayé, crois moi j'ai essayé mais...

— Abeoji ! cria Ja, choqué par la réponse de son père.

A cette réponse, bien qu'il s'en doutait, Jungkook sentit son monde s'écrouler.

Toute sa vie il avait tenté de le rendre fier.

Oui, il avait essayé de rendre fier ce père qu'il admirait tant, malgré ses rejets, malgré ses remontrances à son sujet. En apprenant qu'il n'était pas vraiment son père, il avait dans un premier temps ressenti un soulagement, puis il s'était pris la vérité en pleine face et cette vérité c'était qu'il était un accident, pour tous. Mais quelque part Jun avait, à ses yeux, été le plus honnête, jamais il ne lui avait laissé croire qu'un jour il serait à ses yeux quelqu'un de bien.

Parce que il n'était rien, il était un déchet, rien qu'un déchet...

Mon Dieu, comme Taehyung lui manquait à cet instant, comme la chaleur de son corps, la douceur de sa peau, son odeur lui manquait. Il avait été le seul à l'aimer pour ce qu'il était, à lui faire croire que peut-être il valait quelque chose.

Pourtant, encore une fois, il l'avait blessé, il l'avait ignoré, il était allé voir ailleurs.

Pourquoi ?

Parce qu'il n'était pas quelqu'un de bien, il n'était qu'un mensonge, qu'une marionnette, un lâche...oui, un lâche. Taehyung était si pur, si parfait, comment pouvait-il l'aimer lui, il ne méritait pas quelqu'un comme lui, non...

Jungkook laissa retomber ses bras le long de son corps, et tourna la tête en direction de Ja.

— Jungkook, dit-il en faisant quelques pas pour se rapprocher de lui, mon frère, je...

Jungkook leva la main, pour l'arrêter dans son élan, il ne voulait pas flancher, il voulait montrer à "son père", qu'il était un homme, c'est ce qu'il lui avait toujours demandé, garder la tête haute quelque soit la situation, ne pas montrer ses sentiments.

Alors peut-être que pour une fois, il serait fier de lui.

Une fois, juste une fois.

— Je vais aller à mon entraînement, finit-il par dire froidement.

— Mais...dit Ja.

— Jungkook, tout doit rester dans cette pièce, la presse ne doit pas savoir, pour tout le monde tu dois rester mon fils.

— Jun, je ne ferai plus de vague, je...je te le promet.

— Je vois que enfin, tu deviens raisonnable. Je vais prévenir ton grand-père, il va sûrement vouloir te parler.

— Fais ce que tu as à faire...

— Eomma, dit quelque chose, tu as dit que c'était compliqué, mais...on peux pas le laisser comme ça, c'est mon frère ! Abeoji, tu peux pas le rejeter, tu peux pas lui dire que tu as essayé de l'aimer, tu l'aimes hein ? Malgré tout il a été ton fils, tu l'as élevé, tu l'as vu grandir...dit lui que tu l'aime...Abeoji...

— Ja ! cria son père, pour le calmer. Jungkook reste ton frère, quoi qu'il arrive, au final rien ne change, il sait juste à quoi s'en tenir maintenant.

— Comment tu peux dire ça.

Jun se tourna à nouveau vers Jungkook qui ne disait plus rien, il était comme figé.

— Maintenant tu connais le poids sur tes épaules Jungkook, ne me déçois pas, ne fait rien qui pourrait ébranler la carrière et la vie de Ja, c'est lui qui compte, lui et lui seul. Je sais que tu l'aimes et que tu ne veux que son bonheur, on le veut tous, il est notre salut, toi...tiens toi dans le rang, c'est tout ce qu'on te demande.

— Mais, c'est quoi cette connerie, pourquoi devrait-il se sacrifier pour moi ? Mais vous êtes malades! On parle de mon frère là, Jungkook, ne les écoute pas frérot, je suis pas plus important que toi, je...

—  Ja, arrête, ton frère à compris, il le sait maintenant, tu es le seul à pouvoir assurer la relève de cette famille, mais il a un vrai rôle à jouer et s'il échoue, il t'entraînera dans sa chute. Je sais qu'il est suffisamment intelligent pour comprendre ça. Il a déjà entaché notre nom une fois et j'ai fait ce qu'il fallait, mais maintenant il s'agit de toi.

— Mais s'il est le fils d'oncle Chonjong, il est tout aussi légitime que moi et-

— Il est le fruit de l'adultère, il n'est rien qu'une erreur, celle de ta mère et de ma pourriture de frère. Si la presse venait à l'apprendre, notre famille perdrait toute légitimité. Jungkook sait maintenant que tout repose sur ses épaules, il sait maintenant quel est son rôle et s'il suit mes conseils, qu'il se marie avec Lisa, alors notre famille sera épargnée.

— Comment tu peux dire une chose pareille...? Eomma, dit quelque chose...Jungkook, reviens. Mais le laissez pas partir comme ça...Jungkook...

Mais trop tard, Jungkook s'était enfui, chevauchant aussi vite qu'il l'avait pu sa moto, pour démarrer sur les chapeaux de roues et s'enfuir loin de cette maison.

Il avait roulé pendant des heures, sans jamais suivre une quelconque direction, laissant ses larmes couler jusqu'à n'en plus finir. Où pouvait-il bien aller maintenant ?

Il avait bien une idée, mais de quel droit pouvait-il retourner là-bas alors qu'il n'avait pas donné signe de vie depuis une semaine et qu'il avait passé son temps à l'oublier dans les bras de toutes ces filles. Il ne lui avait rien promis, c'était vrai, mais de là à sauter tout ce qui bougeait, il y avait un monde.

Et pourtant c'était bien de lui dont il avait besoin, de son étreinte, de son corps, de sa peau, de ses lèvres sur les siennes, de sa voix chaude et sensuelle, de son cœur...

Taehyung...

Il s'arrêta un instant, tentant de reprendre ses esprits, retira son casque et essuya les dernières larmes qui s'étaient échouées sur ses joues. Il devait se reprendre, il était fort, il était Jeon Jungkook.

Son téléphone vibra dans la poche de son blouson et tel un automate il le sortit et lu les quelques mots qui y étaient inscrits et envoyés par son ami Yoongi.

"Je suis chez Myrie, les filles t'attendent, t'es où ?"

Il était vraiment un moins que rien, il avait même réussi à embarquer avec lui Yoongi, son ami, celui qui souffrait tout comme lui, mais aussi le plus noble et les plus honnête des deux. Lui au moins, il avait le courage de faire face à ce qu'il ressentait.

Il prit une grande respiration et regarda son téléphone. Que devait-il faire ? Rejoindre Yoongi dans ce bordel en marge de la société, spécialement créée pour tous ces petits fils de bourgeois en proie à des fantasmes que leurs petites amies n'était pas capable d'assouvir, comme il venait de le dire à Jun ? 

Pourtant, lui n'avait pas ce genre de soucis, il avait Lisa et elle était ouverte à toutes sortes de plaisirs, elle lui avait prouvé maintes et maintes fois, allant même jusqu'à le partager avec sa meilleure amie Jisoo, pour pimenter leur relation. Alors pourquoi avait-il passé sa semaine là-bas ? Peut-être parce que toutes ces filles n'attendaient rien de lui, si ce n'était qu'il jouisse de son propre plaisir.

C'était ça la liberté, non ?

— Taehyung, putain tu ferai quoi toi ? Je t'ai rien promis...dit-il à voix haute, comme pour se rassurer.

Il chercha dans ses contacts et relut le seul et unique message que Taehyung lui avait envoyé quelques jours plus tôt. Un seul message, il n'avait pas insisté, c'était peut-être parce qu' au final il ne lui manquait pas tant que ça ?

"Jungkook, est-ce que ça va ? Parle-moi, appelle-moi...je...appel moi."

— Putain...

Que devait-il faire ? Il avait promis à sa figure paternelle qu'il ne ferait plus de vague. Il devait protéger Ja, il avait enfin un rôle dans cette famille, il avait enfin une place...celle de se battre pour que son frère assure la relève, alors plus rien d'autre ne comptait.

Un autre message de Yoongi le rappela à la réalité et il s'empressa de ranger son téléphone pour démarrer sa moto et se diriger vers le centre ville. Il avait besoin d'oublier ce qu'il venait de se passer et c'était là-bas qu'il allait pouvoir le faire.

Pas d'obligation, pas de sentiment, seulement se perdre et oublier dans les bras de toutes ces filles qui ne lui demandaient qu'une chose, qu'il leur donne du plaisir et qu'elles lui en donnent en retour, le temps d'un instant de quelques heures...

L'amour ça n'existait pas, l'amour c'était un leur pour mieux nous faire souffrir, si on osait ne serait-ce que le toucher du doigt. Le pire dans l'amour c'était qu'il risquait de le rendre heureux, mais pour un certain temps...et après, que se passerait-il si Taehyung ne l'aimait plus ?

Que deviendrait-il ? Pour qui existerait-il ? Ne pas s'attacher, prendre ses distances, user et abuser des plaisirs éphémères, sans rien attendre en retour, sans laisser son coeur ouvrir ses portes.

Que voulait véritablement Taehyung ? Qu'attendait-il vraiment de lui ? Ce regard quand il lui faisait l'amour, ce regard l'avait touché au plus profond de son âme, mais il ne pouvait pas le laisser faire ça, il avait une direction à suivre, et tout avait été soudain très clair lorsqu'il avait parlé avec son père, avec ce...père.

Il avait enfin une place dans sa famille, il avait Ja et il passait avant toutes choses, avant son propre bonheur.

— Taehyung...pardonnes-moi...mais je peux pas...je...peux pas...











Ça fait si mal, j'ai si mal...

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