Chapitre 25
« Le véritable amour s'accompagne de la peur et de la douleur. »
nda : Mon petit cadeau pour la saint valentin, bonne lecture à tou.te.s~
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Il était parti.
Jungkook s'était enfui comme un voleur de chez Taehyung.
Il avait roulé pendant plus d'une heure, sans jamais savoir où il allait, au volant de sa moto, cherchant encore comment il avait pu franchir les limites, cherchant pourquoi il ressentait cette douleur au fond de tout son être. Puis, fatigué, épuisé par toutes les pensées qui s'étaient insinuées dans sa tête, il s'était dirigé jusqu'à chez lui.
Il gara sa moto et grimpa nonchalamment les escaliers qui menaient jusqu'à la porte d'entrée. Le soleil commençait à se lever et il s'arrêta quelques instants pour l'admirer. Il avait toujours aimé cette maison pour la vue imprenable qu'elle offrait sur la rivière Han. Il s'était souvent retrouvé sur l'immense terrasse près de la piscine, alors qu'il était seul, pour admirer le couché ou le lever du soleil. Ça l'avait toujours apaisé, aidé à trouver la paix, lorsqu'il était pris par l'angoisse, le chagrin ou encore l'émotion. Mais là, rien ni faisait, rien n'arrivait à effacer le mal être qui s'était emparé de lui. Alors il prit une grande inspiration et ouvrit la porte, faisant le moins de bruit possible pour ne pas attirer l'attention sur lui. Il était à peine sept heures du matin, tout le monde devait encore dormir, mais on n'était jamais trop prudent et il n'avait pas envie de se justifier.
Il eut à peine le temps de faire quelques pas que la voix de sa mère qui se tenait devant la baie vitrée, une tasse de café à la main, très semblablement, pour admirer la vue, l'interpella.
— C'est à cette heure-ci que tu rentres ?
— Parce que tu t'en inquiètes maintenant ? Lui répondit-il sur un ton un peu acerbe, tout en se dirigeant vers les escaliers qui menaient aux chambres.
— Attends, c'est quoi ce ton Jungkook ?
Sans même un regard vers elle, il lui fit signe de laisser tomber. Il n'avait pas envie de discuter avec elle, pas maintenant. Mais elle posa sa tasse de café sur l'immense table de travail et eut juste le temps de lui attraper le poignet, avant qu'il ne monte la première marche.
— Qu'est-ce qu'il y a chéri, tu as une mine affreuse, tu as...Tu as pleuré ? C'est Lisa ? Vous vous êtes disputés ?
— Lisa ? Lui dit-il, en la regardant étonné.
— Oui, c'est bien avec Lisa que tu as passé la nuit, non ? Je me trompe chéri ? répondit-elle, en captant son regard, et en serrant un peu plus son poignet pour l'obliger à l'écouter.
— Je...
Il sentait maintenant les larmes lui monter, sa gorge se resserrer, les sanglots arriver, mais il se bloqua, ne voulant rien laisser paraître, pas devant elle.
Avec Lisa, elle lui demandait si c'était avec Lisa qu'il avait passé la nuit...
Si seulement...Si c'était avec elle qu'il avait passé la nuit, alors il ne serait très certainement pas dans cet état, il ne souffrirait pas de l'avoir laissé comme une vulgaire chose, parce que elle...Elle...Il ne l'ai...
— Chéri, qu'est-ce qu'il s'est passé ? Qu'est-ce qui t'arrive tu m'as l'air si bouleversé ? Lui redemanda-t-elle, le coupant dans ses pensées.
C'était la première fois qu'elle semblait s'inquiéter pour lui, qu'elle posait un regard maternel sur lui. Il se dit alors qu'il devait vraiment avoir l'air désespéré pour qu'elle en arrive là. Même lorsqu'il était enfant et qu'il avait eu du chagrin, elle n'était jamais venue le voir, non, pas elle. Il aurait aimé se jeter dans ses bras, lui expliquer sa peine, qu'elle lui caresse doucement les cheveux et qu'elle le rassure avec des paroles tendres, mais elle n'était pas ce genre de mère, elle ne l'avait jamais été. Alors sentant toujours sa main sur son poignet, il se raidit. Elle sembla le sentir, car elle relâcha légèrement la pression, sans pour autant délaisser sa prise. Il leva la tête, semblant chercher quelqu'un dans la pièce, mais à son grand désespoir, elle n'était pas là. Sa mère suivit son regard et lâcha un grand soupir.
— Su-ri est en congés si c'est elle que tu cherche, dit-elle un peu lasse, alors qu'il baissait la tête. Chéri...
— Lâche-moi.
— Mais...
— Laisse-moi, lui répéta-t-il en la fixant dans les yeux.
— Jungkook, je...Je suis désolée de ne pas être la mère que tu souhaiterais que je sois, je suis désolée de ne pas être comme Su-ri, mais si tu savais...Tu es si beau, lui dit-elle en lui posant son autre main sur la joue. Tu es tout le temps si...En colère. Tu lui...
— Lâche-moi, dit-il, furieux. Il ne pouvait plus supporter son regard, il ne le comprenait pas, trop d'émotions parcouraient son corps, il ne voulait pas craquer, pas devant elle. Laisse-moi partir Eomeoni, s'il te plaît.
Il retira violemment son bras et elle la lâcha en même temps en voyant les éclairs dans ses yeux, comme s' il allait la brûler. Ce regard, elle le reconnaissait si bien. Lui aussi l'avait regardé comme ça, ce fameux jour, celui où sa vie s'était à jamais fracturée. Il la fixa une dernière fois et commença à monter les escaliers, sous le regard un peu confus de celle qu'il appelait mère.
— Jungkook ! Cria-t-elle. Ton père...
— Quoi ?
— Il veut vous voir avant la soirée de charité Ja et toi, sois prêt pour midi.
Elle resta un moment au bas de l'escalier, attendant un retour de sa part, mais il n'en fit rien, elle n'eut pour réponse que le son de la porte de sa chambre qui claqua derrière lui.
Fatigué, hors de lui, il jeta son casque à terre et avança jusqu'à son lit, où il s'écroula. Il attrapa un coussin et y plongea son visage, où il laissa enfin s'exprimer tout son chagrin, toutes ses larmes. Il essaya en vain de fermer les yeux, se tournant, encore et encore dans ses draps, les images de cette nuit passant en boucle dans sa tête.
Il se souvenait du regard de Taehyung alors qu'il entrait en lui, de sa voix chaude et sensuelle, qui l'encourageait à aller plus vite, plus loin et sa bouche gonflée par le désir qui glissait sur son cou. Il se souvenait du désir qu'il l'avait assaillit, quand il l'avait fait gémir de plaisir et du bien être qu'il avait ressenti à son tour, alors que ses chairs se resseraient autour de son sexe. Non s'en était trop, il devait arrêter de penser à lui, il devait oublier ce qu'il avait fait cette nuit, avec Taehyung. Mais le pire dans tout ça, c'est qu'il lui avait laissé un mot, peut-être pour se faire pardonner de partir comme un voleur, comme un lâche. Il lui avait écrit toutes ces choses, qu'il avait pensé sur le moment.
Mais maintenant, alors qu'il était seul dans son lit, il doutait.
Il regrettait même de lui avoir écrit ça, parce que non, Taehyung n'était pas l'homme de sa vie, il ne pouvait pas l'être. Non, Taehyung était, ou avait été plutôt, son meilleur ami, et il avait confondu ses sentiments, le poussant à faire une chose inavouable : coucher avec lui. Pourquoi Taehyung ne l'en avait pas empêché, pourquoi lui aussi s'était laissé embarqué dans cette confusion ?
Si c'était une erreur, alors pourquoi avait-il si mal au cœur ?
Il ferma à nouveau les yeux, et il lui apparut encore, le faisant légèrement frémir. Une vague de chaleur s'empara de son bas ventre et lentement il fit glisser sa main sur son torse, puis s'empara de son membre, laissant échapper un petit soupir de plaisir. Il commença quelques vas et vient, puis comme rattrapé par la réalité, il s'arrêta net et se leva brusquement de son lit, pour se diriger vers la douche. Il allait prendre une douche froide et faire disparaître l'odeur de Taehyung qui lui chatouillait encore les narines.
Il retira ses vêtements, puis fit couler l'eau sous laquelle il se glissa, fermant les yeux, les bras ballant le long du corps, appréciant la douce caresse de l'eau qui glissait sur ses muscles saillants et meurtris, souvenir d'une nuit mouvementée. Levant les yeux au plafond, il tomba sur le reflet que lui renvoyait la glace. Il n'avait jamais compris pourquoi sa mère l'avait placé ici, sûrement la mode du moment. Il se toisa, puis fronça les yeux en découvrant les tâches rougeâtres qui parsemaient son torse. Il laissa ses doigts glisser dessus, puis ferma les yeux quelques instants.
Putain Jk, qu'est-ce que t'as foutu, tu délire où quoi, se dit-il à lui-même à voix haute.
Il secoua la tête, puis s'empara du gel douche, prenant une grande quantité de savon dans le creux de sa main et se frotta frénétiquement le corps, insistant sur les tâches rougeâtres comme s'il voulait les effacer. Il devait absolument nettoyer toutes les traces, laver son corps, le purifier, de ce qu'il avait fait. Parce que ce qu'il avait fait avec Taehyung était sale, contre nature...Alors pourquoi il avait aimé ça ? Qu'est-ce qu'il y avait avec les hommes de cette famille ?
D'abord son oncle, puis Ja, maintenant lui ?
Putain, il n'aimait pas les hommes, il n'avait jamais ressenti d'attirance, ni même d'envie pour un homme, à part pour Taehyung. Oui, seul Taehyung le mettait dans cet état, il le corrompait, il le rendait complètement fou et maintenant qu'il avait goûté à son corps, qu'allait-il devenir ? Lisa lui manquait, il aurait aimé qu'elle soit là à cet instant, pour lui montrer, pour se convaincre qu'il n'était pas comme eux, qu'il n'était pas...Qu'il n'était pas quoi, en fait ?
Maintes et maintes fois, il nettoya son corps, utilisant la totalité de son gel douche, frottant, encore et encore ses parties les plus intimes, jusqu'à presque s'en brûler l'épiderme. Pendant tout ce temps, il n'avait pas pu empêcher ses larmes de couler, et maintenant il se sentait comme entièrement vidé. Il arrêta l'eau, attrapa une serviette et essuya son corps, tout aussi énergétiquement. Puis il prit une autre serviette et se sécha rapidement les cheveux, qui lui retombèrent sur le visage et le cou. Ils commençaient vraiment à être long, il allait devoir faire quelque chose.
Il jeta les serviettes à terre et nu, il descendit les quelques marches qui le séparaient de son lit, quand la porte de sa chambre s'ouvrit, le faisant légèrement sursauter.
— Merde JK, t'es encore à poil, lui cria Ja, alors qu'il venait d'avancer dans la pièce en refermant la porte derrière lui.
Il regarda son frère de la tête au pied, fronça les sourcils en y découvrant quelques auréoles qui parsemaient un peu partout son corps, puis s'attarda sur ses yeux qui étaient légèrement gonflés et rouges. Jungkook n'avait pas bougé, laissant nudité à la vue de son frère. Avait-il frappé ? Il était tellement perdu dans ses pensées, qu'il ne l'avait sûrement pas entendu.
— Tu pourrais frapper, s'énerva-t-il, plus qu'il ne l'aurait voulu.
— Je l'ai fait plusieurs fois mais t'as pas répondu.
— C'est pas une raison pour rentrer comme si t'étais chez toi.
— Ça va frérot ? Lui dit-il en s'approchant tout près de lui, lui attrapant doucement le menton pour mieux inspecter les petits suçons son cou.
— Oui, je...Excuses-moi Ja, suis un peu à cran, j'ai pas beaucoup dormi cette nuit.
— Je vois ça, une vraie tigresse, la fille qui t'a fait ça...
— La fille...Marmonna-t-il dans sa barbe.
— Eh, frérot, qu'est-ce qui se passe ? Lui dit-il en lui posant la main sur l'épaule.
Jungkook se mit face à lui et laissa sa tête retomber contre le torse de son frère, qui se contracta à son contact, surpris.
— Tu as vu Irasu ? Lui demanda Jungkook.
— Hein, quoi ? S'étonna Ja.
Qu'est-ce que Irasu venait faire ici ? Quel rapport avec l'état de tristesse dans lequel son frère semblait se perdre ?
— Irasu, tu l'as vue ? Insista Jungkook, la tête toujours abaissée contre son torse.
— Je...Non, c'est dur en ce moment, avec les cours, Yuna, que je vois non-stop pour la préparation du mariage et...Mais pourquoi tu me demandes ça ?
— Laisse tomber, lui dit Jungkook en se retirant de son torse et en se tournant légèrement.
— Comment ça, laisse tomber ? Tu me demandes si j'ai vu Irasu comme si c'était la chose la plus importante de ta vie et après tu me demandes de laisser tomber ?
— Non, laisse tomber, c'est pas mes affaires.
Il commença à s'éloigner, mais Ja le rattrapa par le poignet.
— Oh, frérot, t'as un souci ? C'est quoi le problème ? Je pense pas que le fait que je ne vois pas souvent Irasu te mette dans cet état-là.
— J'ai pas beaucoup dormi cette nuit, j'te l'ai dit. J'suis un peu épuisé, c'est tout.
— Tu sais que tu peux me parler Jungkook, c'est Lisa ? T'as un souci avec elle ?
— Mais vous avez quoi avec Lisa en ce moment ?
— Ben c'est censé être ta petite amie, et par extension ta futur femme ? Lui répondit Ja, en lâchant sa prise.
— Et toi, t'es pas censé être avec Irasu ?
— Mais c'est quoi ton problème avec lui, merde !
— Je croyais que c'était l'amour de ta vie.
— Il l'est.
— Alors, pourquoi tu passes tout ton temps avec Yuna, si c'est vraiment lui que tu aimes, pourquoi tu ne te bat pas ?
— Je viens de te le dire, mais pourquoi tu me parle sur ce ton, t'as quoi merde ?
— Tu couches avec elle ? Lui demanda Jungkook en récupérant un caleçon dans la commode à côté de lui, un ton un peu moins sévère.
— Mais...C'est quoi ces questions ?
— Répond Ja, dit-il en se tournant vers lui, le regard fixe et insistant, faisant baisser celui de son frère qui semblait gêné, honteux de répondre à cette question.
— ...Oui, oui. Je couche avec Yuna, finit-il par dire, presque dépité.
— Mais je croyais que t'étais gay et surtout que...
— Yuna va être ma femme, Jungkook. Et je l'aime bien, elle est adorable, je m'en veux déjà de ne pas l'aimer comme elle devrait l'être et puis si je la touchais pas ça paraîtrait louche, tu crois pas ?
— Tu prends du plaisir avec elle ?
— Je reste un homme, alors...
— Répond à ma question Ja, est-ce que tu prends du plaisir avec Yuna, alors que tu aime Irasu et pas elle ? Demanda une nouvelle fois Jungkook, l'air consterné.
— Oui, souffla-t-il. Oui je prends du plaisir quand je couche avec elle.
— Mais, Ja...
— Pour être franc, c'est à Irasu que je pense quand je prends du plaisir, il hante tellement mes pensées que même si je voulais le faire disparaître, j'y arriverai pas. Je me suis fait une raison et lui aussi. Tu sais, il est si compréhensif avec moi, il sait que je respecte énormément Yuna, il ne veut pas s'interposer, il m'aime tellement que parfois je me dit que je devrais le laisser partir, mais j'y arrive pas...Il est mon secret, il est ma force, il est ma raison de vivre, mais si je devais tout sacrifier pour lui, est-ce que je serai capable de ne pas lui en vouloir ? Il le sait alors il ne me demande rien de plus.
Jungkook s'assit sur le bout de son lit et posa les paumes sur son visage. Ja, inquiet et perturbé par les questions de son frère, alla se poser à côté de lui.
— Frérot, qu'est ce qui se passe ? Pourquoi ces questions ?
— Je sais pas, je m'inquiète pour toi, pour nous, on nous impose un modèle...Je sais pas si je vais tenir, si je vais pouvoir être comme toi et faire semblant. Je sais même plus qui je suis depuis que je suis revenu en Corée...
— Je ne fais pas semblant, Jungkook, j'aime vraiment être avec Yuna, mais c'est tellement plus fort avec Irasu. Je sais que je le fais souffrir, mais il est libre aussi de faire ce qu'il veut de son côté, même si ça me fait mal. On a décidé de prendre du recul, tous les deux, il veut réfléchir. Je l'aime, mais je ne veux pas faire comme notre oncle, être un paria, être rejeté par notre famille, par Appa, Halabeoji...Nan, ça je pourrais pas le supporter.
— Alors tu préfères souffrir pour leur propre plaisir ? Pourquoi tu ne te bat pas pour affirmer ta véritable nature ? C'est si mal d'aimer un homme ? Tu as honte ?
La façon dont Jungkook le regardait, avec ce petit regard, comme quand ils étaient enfants, et lorsque Jungkook cherchait à comprendre...Cela donna une drôle d'impression à Ja, qui fronça les sourcils.
— Jungkook, qu'est-ce que tu veux me dire ? Tu sais très bien que notre famille ne permettrait jamais une chose pareille, comment elle le pourrait hein ? Moi même j'ai eu si honte toutes ces années en couchant avec des garçons et pourtant j'étais attiré par eux. C'est cette société qui nous pousse à renier ce que l'on est vraiment, mais avons-nous vraiment le choix, quand on vient d'une famille comme la nôtre.
— Nam dit qu'on a toujours le choix, qu'il suffit juste de l'accepter.
— Il a raison quelque part, et en fin de compte j'ai choisi ce que je suis en train de vivre. Aujourd'hui j'accepte que j'ai une préférence pour les hommes, mais j'accepte aussi le fait que je ne peux pas vivre pleinement ma sexualité. C'est Irasu qui m'a permis d'intégrer tout ça, mais...Je comprends pas, tu veux me dire quoi au juste ? Lui dit-il, tombant dans son regard profond, qui le fixait.
— Rien, je...
— J'aime Irasu, mais pas au point de me faire exclure de la société, on en souffrirait tous les deux de toute façon, je viens de te le dire. Notre pays n'est pas encore prêt à l'accepter. J'ai espoir que cela arrive un jour, avant qu'on soit trop vieux, mais j'en doute. Et je veux des enfants, Irasu ne peux pas me donner ça. J'ai la chance dans mon malheur d'avoir une fille magnifique, intelligente et ouverte qui m'aime. J'ai pas à me plaindre au final. Je sais que Lisa est particulière, mais elle t'aime Jungkook, et tous les deux ça fonctionne sexuellement, non ? Et puis, tu n'es pas comme moi, tu aimes les femmes, tu n'as pas ce vice en toi, qui fait de ta vie un enfer.
— Et si je te disais que...Jungkook hésita, il avait envie de lui dire ce qu'il s'était passé cette nuit. Il le comprendrait sûrement lui, il ne le jugerait pas comme les autres.
— Qu'est-ce que tu essai de me dire frérot, c'est quoi, tu aimes une autre femme c'est ça ?
Jungkook tourna à nouveau la tête vers Ja, puis laissa s'installer un long silence.
Son frère le regardait avec insistance, il attendait qu'il parle. S'il aimait une autre femme que Lisa ? Quelle ironie de l'histoire.
Il ne savait plus qui il aimait vraiment, mais ce dont il était sûr c'est qu'il se dégoûtait au plus au point pour éprouver des sentiments si pervers envers son ami Taehyung. Et avec tout ce qui c'était passé entre eux depuis cette fameuse nuit, son frère ne pourrait pas comprendre, non, il ne le pourrait pas.
— Rien Ja, comme je te l'ai dit je suis un peu sous pression en ce moment et Lisa et moi c'est tendu.
— Je sais que c'est dur de se voir imposer quelqu'un, mais encore une fois elle t'aime, alors fait un effort, de toute façon, tu n'as pas le choix.
— Vraiment...
Non il n'avait pas le choix parce que sinon, il mettait la vie de Ja en danger, il la détruirait, mais cela il ne pouvait pas lui dire non plus.
— Tu l'as, mais tu risques de mettre Appa sur les nerfs et ça...
— J'en ai rien à foutre de lui, je...
Mais son frère le coupa aussitôt, il ne voulait pas rentrer dans ce combat perdu d'avance. Ils devaient faire leur devoir et pleurnicher sur leur sort ne servirait à rien.
— Bon, tu devrais t'habiller. Les parents nous attendent en bas et bien que tu sois mon frère, te sentir à moitié à poil contre moi, ça me titille un peu, lui lança finalement Ja un beau sourire aux lèvres, pour détendre un peu l'atmosphère.
— Qu'est-ce que tu racontes Ja, le poussa légèrement Jungkook en riant.
— Ben j'aime les mecs, et t'es plutôt pas mal dans ton genre. Si t'étais pas mon frère, y'a longtemps que je t'aurai retourné et que...
— Ah tais-toi ! Lui cria Jungkook en lui passant la main sur la bouche. Ja le repoussa à son tour et se leva, pour rejoindre la porte.
— Bouge, sinon il va encore en profiter pour nous sermonner.
— J'arrive.
Jungkook le regarda sortir de la chambre, mais alors qu'il allait enfiler un tee-shirt, Ja réapparu dans le cadre de la porte.
— Hey, frérot...Merci de t'inquiéter pour moi, ça me touche.
— T'es mon frère, c'est normal.
— Je t'aime frérot, quoi que tu sois, ou que tu décides, je t'aimerai toujours.
Mais Jungkook n'eut pas le temps de lui répondre, il avait déjà disparu.
C'était la plus belle chose que Ja ne lui avais jamais dite, et soudain, toute la tension qui s'était accumulée en lui avait disparu. Il enfila un bas de jogging gris, attacha ses cheveux et s'empressa de rejoindre sa famille qui l'attendait dans le salon.
Ja méritait tous les sacrifices du monde. Il aimait son frère, il méritait d'avoir la vie qu'il voulait, il avait fait ses choix, alors il allait se sacrifier pour lui, pour son secret parce que sa vie à lui était bien moins importante que la sienne, il en était convaincu, on lui avait toujours fait ressentir ça.
*
Quand il arriva dans le salon, son père quitta l'écran de son ordinateur et sans le regarder, Jungkook se dirigea vers sa mère qui était assise sur le canapé, à côté de Ja, un verre de whisky à la main.
— Chéri, tu vas mieux ? Lui dit-elle, un léger sourire sur le visage. Elle ne semblait pas vraiment dans son état normal.
— Tu ne devrais pas boire autant Eomeoni.
— Arrête de m'appeler comme ça Jungkook, c'est vraiment dur et répond à ma question.
Le jeune homme retira le verre des mains de sa mère et allait lui répondre, quand son père lui emboîta le pas.
— Pourquoi tu lui demandes ça, qu'est-ce qu'il a encore ? Lança son père sur un ton acerbe, tout en regardant son fils qui s'était retourné vers lui.
— Il a rien Appa, Eomma s'inquiète pour rien, répondit Ja, tout en regardant Jungkook, qui déjà, il le sentait, commençait à s'énerver intérieurement, près à exploser.
— Pour rien ? Dit-il en fronçant les yeux. Bon, ce soir comme vous le savez c'est le gala de charité et outre le fait que nous allons reverser un gros chèque, je vais aussi annoncer les fiançailles de Jungkook.
— Hein, quoi ? C'est quoi cette blague encore ?
— Jungkook, ne répond pas sur ce ton, je te l'ai déjà dit.
— Ça te suffit pas de m'obliger à sortir avec Lisa, faut aussi que tu t'empresses de le dire au monde entier ? Hurla t-il.
— Je fais juste ça pour sauver notre honneur, il y a bien trop de rumeurs sur toi en ce moment. J'en ai marre que tu sautes sur tout ce qui bouge, comment je dois te dire d'arrêter de penser avec ta bite.
Cette réflexion les fit tous sursauter, jamais il ne parlait ainsi d'habitude. Tous, sauf Jungkook, qui resta en face de son père, le regard persistant, les bras le long du corps et les poings serrés. Décidément, ils n'arriveraient jamais à le considérer. Toujours à le rabaisser, à le traiter comme un moins que rien.
— Appa, qu'est-ce...
— Ja, ne t'en mêle pas s'il te plaît. Si j'emploi ce vocabulaire, c'est pour faire comprendre à Jungkook que son comportement est vulgaire et qu'il pèse sur notre famille. Il n'a plus quinze ans, il a des devoirs maintenant.
— Arrête de crier et de traiter notre fils comme un moins que rien, s'énerva sa femme, essayant de se relever du canapé, mais rattrapée par Ja, tant l'alcool avait déjà commencé à avoir raison d'elle.
— Eomma, calme-toi, lui dit doucement Ja.
— Non, laisse-moi, j'en ai marre de l'entendre traiter ton frère comme un moins que rien tout le temps !
Jungkook la regarda, étonné par son intervention.
C'était la première fois qu'elle prenait sa défense. Mais elle n'était pas dans son état normal, c'était l'alcool qui parlait pour elle, ou peut-être qu'au contraire, l'alcool lui permettait d'être vraiment elle.
— Tais-toi ! Lui hurla-t-il dessus, tout en la pointant du doigt.
— Parle-lui correctement, sinon-
— Sinon quoi, Jungkook ?
— Sinon...Dit le jeune homme en lui faisant face, le regard et la posture menaçante.
Il était tout aussi imposant que son père, voir plus et Jun pris conscience que son fils n'était plus un enfant, mais bien un homme, sinon je te jure que je vais te donner une vraie raison de me détester.
— Quoi ? Tu vas me frapper, c'est ça hein ? le provoqua-t-il.
— Si tu lui parles encore mal, je...
— Arrête Jun. C'est ton fils, quand même, s'interposa Sun-hi, toujours maintenu par Ja.
— Mon fils, hurla-t-il à son tour. Non il te ressemble tellement à toi, à lui, c'est...
— ARRÊTE ! Cria Sun-hi. Jun, arrête !
— Appa, Eomma, qu'est-ce que...Demanda Ja, tout en soutenant sa mère et en regardant son frère qui était comme paralysé, le regard figé sur son père.
— Rien, ton père va trop loin quand il est en colère.
— De qui tu parles quand tu dis que je lui ressemble à lui ? Demanda alors Jungkook, sentant une drôle de sensation dans son cœur, et comme une impression de déjà vue.
— A ton oncle, tu lui ressemble beaucoup trop, tu es aussi ingérable que lui, répondit-il sur un ton un peu moins agressif. Sa femme ne le lâchait pas des yeux, et il sentait qu'il avait été un peu trop loin cette fois-ci. Tu ressembles à mon frère, et c'est sa bêtise qui a failli détruire notre famille, je ne veux pas que mon...Il s'arrêta un instant, pour le regarder. Jungkook soutenait son regard et ce regard il ne le connaissait que trop bien, alors il baissa les yeux, puis se reprit. Je ne veux pas que mon fils devienne comme lui c'est tout. Excuse-moi, je suis fatigué.
— Comment ça devenir comme lui ?
— Oui, enfin...Têtu, obstiné, à ne pas prendre en compte l'honneur de sa famille.
Il y eut comme un froid, et un long silence s'installa dans la pièce. Jungkook ne savait plus quoi penser de cette réflexion qu'il venait de prendre en pleine face, alors qu'il n'avait fait que prendre la défense de sa mère.
— Chéri, c'est vrai que tu ressembles beaucoup à ton oncle au même âge, mais c'est normal, c'est le frère de ton père, vous avez le même sang dans un sens, non ? Lui sourit-elle, tout en lui posant la main dans le cou.
Jungkook se figea à son contact, il n'avait pas l'habitude qu'elle soit si tactile.
— Désolé si je te renvoie cette image, s'excusa le jeune homme, un peu dépité.
— C'est rien, excuses-moi, je suis fatigué en ce moment, trop de tension au travail. Mais crois-moi...Mon fils, il est temps d'annoncer tes fiançailles, tes grands-parents seront là et je suis persuadé que cela leur fera un plaisir fou de savoir que leur autre petit fils va aussi se marier dans quelques années et qu'il leur donnera tout comme Ja des arrière-petits-enfants. Tu ne voudrais pas les décevoir eux aussi...
— Eux aussi ? Je te débecte à ce point, n'as tu jamais ressenti une once de fierté envers moi une fois dans ta vie...Appa ?
Le silence reprit encore sa place, et Jungkook compris que si son père ne lui répondait pas, c'était bien parce qu'il n'était pas à ses yeux, le fils qu'il souhaitait qu'il soit. Il avait pourtant tout fait pour essayer de le rendre fier, pour être le fils parfait, mais il n'avait jamais rien remarqué. Tout de suite une pensée malsaine lui vint à l'esprit...Et s'il leur disait tout, là maintenant, s'il leur disait qu'il avait fait l'amour à un homme cette nuit et qu'il avait adoré ça ?
Peut-être qu'au moins, il aurait une vraie raison de le détester, une bonne fois pour toute.
— Je vais faire du sport, lui répondit Jungkook.
Il n'avait plus envie de se battre, de toute façon, les choses étaient pliées.
— La limousine sera là à vingt heures, je compte sur toi pour tenir ton rôle, nous serons beaucoup regardés ce soir.
— Je serai prêt.
Et il quitta la pièce pour se diriger quelques étages plus bas dans la salle de sport, où il allait déverser toute sa rage, pendant plusieurs heures. Il y avait clairement des choses qui avaient changé depuis son retour, outre toutes ces obligations auxquelles il ne s'attendait pas, il se passait quelque chose avec sa famille, et il allait devoir creuser.
Encore et toujours creuser, pour espérer avoir des réponses à ses questions.
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