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Le roi dans la machine

Le chemin officiel qui permettait d'accéder au Grand Courronneur était surveillé toutes les heures du jour et de la nuit, et Cendre ne voulait pas s'expliquer avec les gardes. Il savait qu'on le cherchait un peu partout. Ils devaient avoir peur qu'il fasse une bêtise.

Ils n'avaient pas tout à fait tort, d'ailleurs... Songea le jeune homme dans un mélange de tristesse, d'affection et d'ironie frisant le cynisme.

Bref, il ne pouvait pas accéder aux sous-sols par là, il fallait qu'il trouve une autre entrée.

Il visualisa mentalement les plans du château, nota où devait se trouver la machine, puis s'éclipsa sans bruit. Il allait falloir attendre la nuit. Mais où se dissimuler en attendant ? Il entendait chambellan-qui-n'était-pas-Élis crier des ordres aux gardes qui fouillaient méthodiquement le château. Ils n'allaient pas tarder à lui mettre la main dessus.

Cendre songea d'abord à la vieille tour en ruine. Mais il avait parlé à ses amis de cet endroit, où il avait tant aimé Alexandre. Ils sauraient l'y retrouver. À moins...

Il escaladait toujours la façade pour se rendre sur le toit de la tour, mais il n'était jamais entré dedans. Personne n'entrait jamais dedans. C'était une sorte d'accord tacite, une tradition bizarre venue d'on ne sait où. Ça serait un endroit parfait pour attendre la nuit.

Il se glissa dans la cour, et se cacha aussitôt derrière une colonne.

-Réfléchissez ! Criait Zack à Keith, qui tirait sur sa barbe pour calmer ses nerfs. Où est-ce qu'il aimait aller ?

-L'atelier ! s'exclama soudain la mécanicienne en commençant à courir, les autres sur les talons.

Cendre se demanda distraitement si Keith remarquerait la disparition de la poudre, puis haussa les épaules. Ça n'avait plus vraiment d'importance.

Il se glissa hors de sa pauvre cachette et couru en direction de la vieille tour. La porte était bloquée. Il devait bien exister un autre moyen d'entrer !

Il fit le tour du bâtiment, anxieux à l'idée que ses amis reviennent.

Là ! Une fissure assez large pour qu'il puisse s'y faufiler...

Il jeta son sac dans le trou, et, sans plus de considération pour sa sécurité – il avait franchement passé le point de faire ce genre de raisonnement – sauta à sa suite.

L'obscurité l'avala aussitôt.

Une surface dure et froide le percuta de plein fouet, lui coupant la respiration. Il resta allongé un long moment, le temps de vérifier qu'il n'avait rien de cassé et se remettre de son choc.

Sa main rencontra quelque chose de liquide, légèrement poisseux. Il eut un sursaut de dégout et fouilla dans ses poches. Il avait emporté des allumettes, normalement, pour faire exploser la poudre. Où étaient-elles ? Pourvu qu'elles ne soient pas tombées quelque part, dans le noir...

Enfin, sa main rencontra le précieux sachet, qui avait presque glissé dans la doublure de son pantalon. Il se dépêcha de frotter deux allumettes l'une contre l'autre. Une flamme rassurante apparue aussitôt. Cendre lâcha un soupir de soulagement.

Avant de s'apercevoir que sa main était pleine de sang.

De stupeur, il lâcha l'allumette, qui alla s'éteindre sur le sol, replongeant brutalement le monde dans les ténèbres. Il se dépêcha d'en frotter une autre et regarda tout autour de lui.

Il se trouvait dans une immense cave emplie d'énormes engrenages aux proportions démesurés, qui reflétaient de manière inquiétant la lumière tremblotante de l'allumette.

Cendre fouilla dans son sac, et fut extrêmement heureux d'y trouver un morceau de bougie, qu'il alluma. Où était-il ? Le Grand Courronneur était censé se trouver à l'autre bout du château. Comment avait-il pu s'étendre autant sans qu'on le remarque ? Si ça se trouve, songea-t-il avec un frisson, il s'étend sur des kilomètres et des kilomètres... Peut-être même tout le royaume...

Mais s'il se trouvait dans les entrailles de son ennemi, pourquoi était-il toujours en vie ? C'était une occasion en or de le faire disparaître...

Il examina d'un peu plus près les machineries qui l'entourait. Tout était immobile. Mangé par la rouille. Certains engrenages n'avaient plus de dents, d'autres giseaient au sol, aussi froids que des cadavres. Des fils sectionnés pendaient ici et là, rongés par l'humidité et les bestioles souterraines. Il devait se trouvait dans une aire abandonnée de la machiavélique machine. Il eut un sourire sans joie. Caché juste sous son nez. Dans son nez, en fait...

Son attention revint sur le sang qui tachait sa main.

Un examen à la lueur de la bougie lui apprit que ce n'était pas le sien. Mais, à sa connaissance, les engrenages ne saignaient pas...

Il baissa les yeux pour apercevoir une traînée rouge, sur le sol. C'était bien du sang, mais il devait dater de quelques jours, puisqu'il était sec, en dehors des flaques d'humidité dans lesquelles Cendre avait mis la main. Le jeune homme s'essuya du mieux qu'il pu sur son pantalon, et se décida à suivre la trace rouge.

La lueur tremblotante de sa bougie accrocha soudain une forme, sur le sol. Quelques mètres plus loin.

Cendre se figea tout entier, cœur, âme et pensée. Même son sang cessa un instant de tourné, trop glacé d'horreur pour songer à vivre.

Un corps.

Familier.

La douleur que sa curiosité lui avait fait oublié, le temps de quelques minutes, le frappa de plein fouet, plus violente, plus avide que jamais. Il chancela et failli s'effondrer sous le poids de cette peine trop lourde, mais ses pieds avancèrent malgré lui, l'obligeant à voir ce qu'il n'aurait jamais voulu contempler.

C'est ici que Javotte a caché le corps, songea-t-il, étrangement détaché. Cette pensée était si lointaine qu'elle semblait venir d'un autre. Lui ne pouvait pas réfléchir, à présent.

Ses jambes se dérobèrent enfin, et il tomba à genoux. La bougie roula quelque part mais ne s'éteignit pas, continuant à jeter sur la scène ses teintes mouvantes, onirique.

Alexandre était allongé sur le dos, son visage tourné de l'autre côté. Sa chemise était imbibée de sang séché, comme ses cheveux.

Alexandre... Alexandre...

Le nom tournait en boucle dans sa tête, se répercutant en échos longs, sourds, au rythme des battements de son cœur.

Cendre resta longtemps ainsi, complètement immobile, penché au-dessus de cet être inerte.

Il avait fait l'amour à ce corps. Il l'avait serré contre lui pour se fondre dans sa chaleur. Il l'avait caressé. Il l'avait embrassé. Il avait admiré chacune de ses parcelles, chacun de ses mouvements.

Et maintenant il était là, et ce n'était plus qu'un corps. Un corps vide.

Il tendit une main tremblante vers ce visage qui lui était refusé. Il ne voulait faire ça. Il ne voulait pas le voir... mort. Il voulait garder dans ses souvenirs l'empreinte de son sourire. Il voulait qu'il reste heureux à jamais, dans sa mémoire.

Mais il ne pouvait pas ne pas le voir. Il lui devait au moins ça.

Alors il glissa sa main dans son cou, sous son menton, et tourna la tête dans sa direction.

Sa peau était si froide...

Alexandre avait les yeux fermés, et les traits de son visage au repos, comme s'il dormait. Du sang séché couvrait son front et sa joue.

Cendre tremblait de tout son être. Tout son être sauf cette main qui caressait encore la joue de celui qui avait été son amant. Il ne pouvait pas s'arrêter, c'était un réflexe trop profondément ancré dans sa chair.

Le sanglot long qui lui déchira la gorge rebondit en échos tout autour de lui.

-Alexandre... gémit-il. Alexandre...

Il se pencha au-dessus de son visage, mouillant les joues froides de ses propres larmes.

-Mon amour...

Secoué de sanglots, il se pencha un peu plus, pour poser ses lèvres sur les siennes.

Et s'arrêta au dernier moment.

Il sentait un souffle, sur sa bouche.

Alexandre respirait.

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