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Compagnons d'infortune

Le convoi ne mit que trois jours à atteindre les dernières lignes de combat. Cendre n'aurait jamais cru que la guerre était si proche.

Tandis qu'ils avançaient – à pied, les charrettes étant désormais utilisées pour la nourriture amassée en chemin – les ruines se faisaient plus nombreuses, et le paysage plus silencieux.

Bientôt, il n'y eut plus un bruit, dans la longue file des condamnés.

Tout autour d'eux s'étendaient les ravages d'une guerre millénaire. C'était des villages incendiés, dont ils ne restaient que quelques murs, c'étaient des trous béants, creusés par des armes dont l'usage c'était perdu des siècles plus tôt, c'était des lambeaux d'habits, des armes à moitiés enterrées, des squelettes, parfois, que personnes n'avait réclamé et qui étaient restés blanchir là, mangés par le soleil et l'indifférence du monde. C'était des machines énormes, menaçantes, couvertes de taches rouge – rouille ou sang, qui saurait dire – qui finissaient de se décomposer sous le lierre et l'herbe folle. C'était de grands espaces désertiques où plus rien ne poussait, comme s'il s'était passé ici des choses trop graves, trop abominables pour que la nature se sente le courage d'y remettre les pieds. Et c'était quelque chose dans l'air. Le goût de la mort. De la violence. Et toute l'absurdité de l'univers.

Il y eut une séparation. L'armée Elderyenne se scinda en groupe de cinquante, que les officiers répartirent sur des postes clefs.

-Nous allons rejoindre les anciennes troupes ? Murmura quelqu'un, dans le groupe de Cendre.

Mariel jeta à celui qui avait parlé un regard las.

-Quelles anciennes troupes ? Si vous parlez de ceux qui ont survécut, alors ne vous attendez pas à grand-chose. De toute façon, dans l'état où on va les trouver, autant les renvoyer chez eux.

Plus personne ne dit rien jusqu'au soir, où ils s'assirent autour d'un feu pour manger quelques vivres déjà rassis.

-Cesse de faire ta mauvaise tête, grommela Maryan à son petit protégé, et mange quelque chose.

-Je n'ai pas faim.

-Écoute, tête de mule, on sait tous que ton beau roi te manque, que tu détestes te battre, etc, etc, mais je ne suis pas sûr que se priver de nourriture y changera quelque chose.

-Oh, laissez-le, lança quelqu'un, de l'autre côté du feu. Vous avez pas entendu lae général.e ? On va tous mourir de toute façon.

-Mais je ne peux pas mourir, répondit Cendre, j'ai quelqu'un qui m'attends !

-Je ne voudrais pas être méchant, repris l'autre, mais tu n'as pas l'air taillé pour la guerre...

Cendre releva enfin la tête et regarda franchement son interlocuteur. C'était un individu fin habillé d'une tunique sale qui faisait ressortir la pâleur de sa peau constellée de tâches de rousseur. Ses cheveux roux, qui semblaient avoir été coiffé avec un pétard – voire deux – voire trois – lui donnait un air mutin qui amusa le jeune homme.

-Toi non plus, rétorqua Cendre.

-Normal, répliqua l'inconnu.e. Moi, ce que je voulais faire, dans la vie, c'est jouer de la musique. Je n'aime pas la violence.

-Je m'appelle Cendre, répondit l'intéressé. Je suis un homme. Et je n'avais pas vraiment fait de plan pour partir à la guerre non plus.

-Enchanté. Moi c'est Zack. Je suis un homme aussi, enfin, en ce moment. Je suis plutôt fluide sur la question.

-Moi, ce que j'aime faire, dit Cendre, c'est inventer et réparer des machines.

-Tu sais faire marcher des machines ? s'exclama un troisième. Mais c'est formidable ! C'est la première fois que je rencontre quelqu'un qui s'y connaisse ne serait-ce qu'un poil sur le sujet ! Moi, ma marotte, c'est les systèmes électriques. Je m'appelle Brian, au fait. Je suis une femme.

L'ambiance s'étant largement détendue, les autres relevèrent la tête.

-Moi c'est Ezekiel, intervint un autre, je suis non-binaire. J'écris de la poésie.

-Moi j'écris des histoires ! C'est Sam, au fait, homme.

-Moi je mets en scène les histoires ! J'ai décidé de ressusciter l'art du théâtre ! Enfin, avant que les soldats débarquent pour m'emmener ici. Je suis Prenan. Femme.

-Moi j'étudie la médecine ! s'exclama une sorte de gros nounours blond. J'ai trouvé une vieille bibliothèque plein de traités, et je mon rêve étaient de fonder une école ! Enfin, avant de me pointer ici. C'est Ryen. Homme.

-Moi, j'étudiais les mathématiques !

-Et moi l'histoire !

-La physique !

-La peinture !

-La philosophie !

-La mécanique, comme Cendre !

-La littérature !

Et, heureux de se découvrir autant de points communs – ils avaient tous cru qu'ils se retrouveraient perdus aux milieux de brutes épaisses – et surtout de rencontrer des semblables, eux qui avaient toujours été seuls, ils commencèrent à bavarder gaiement, oubliant l'ombre de l'Ennemi qui planait sur leurs jours.

-C'est étrange, souffla Cendre à Maryan au moment de se coucher. Il n'y a pas ici une seule personne qui soit faite pour être soldat. Au contraire, je n'avais jamais rencontré autant d'hommes de sciences et de lettres avant. C'est tout de même plus que bizarre que le hasard ait choisis ceux-là entre tous...

-En effet, répondit Maryan, en effet...

À cet instant, Mariel s'approcha d'eux, un corbeau posé sur le poignet, et un sourire au coin des lèvres.

-Une missive pour toi, dit-iel simplement en tendant un morceau de papier au jeune homme, qui mit une demi-seconde à comprendre qui pouvait bien lui écrire avant de sentir son cœur s'emballer.

Il retourna auprès du feu et déroula la lettre.

« Cher, cher Cendre... Tu viens de partir, et tu me manques déjà. Le château est vide, et mon cœur est si plein de toi. Je n'arrive pas à comprendre comment, en si peu de temps, tu as pu devenir aussi essentiel à mon existence. Je t'aime, et je me désespère déjà de solitude. Prends soin de toi je t'en pris. Cette feuille et si petite pour tout ce que j'aimerais te dire... En même temps, c'est peut-être mieux. Je tombe déjà dans le sentimentalisme. Et je compte bien te harceler comme ça tous les jours ! Réponds-moi, pour m'assurer que tu vas bien, et m'empêcher de devenir fou. Je t'aime. Je t'aime. À jamais, Alexandre »

Cendre serra la missive contre son cœur, fort, comme s'il avait pu tenir contre lui son correspondant. Lui non plus ne comprenait pas comment quelqu'un qu'il venait de rencontrer pouvait avoir tant d'importance, mais il l'aimait, dieux qu'il l'aimait !

Il voulait répondre tout de suite, mais les mots s'emmêlaient dans sa tête, et il était si fatigué... Il s'endormit comme une masse.

~

-Voilà, déclara simplement Mariel. C'est la place que nous devons défendre.

La petite troupe, perchée sur une hauteur, contempla en silence la plaine qui leur faisait face. Cendre songea avec un cynisme qui lui fit peur qu'il n'y aurait pas eu plus de mort si un dieu bizarre s'était lancé dans une plantation de cadavre.

Au-dessus de cet immonde ama de chair, d'armes et de tissus mêlés vadrouillaient des centaines de charognards aux ailes noires, qui emplissaient l'atmosphère de leurs croassements angoissants.

Pas de tombes, pour ceux qui perdaient la vie ici. De toute façon, c'eut fait un cimetière bien plus grand que le royaume.

En haut de la colline trônait un bâtiment fortifié, visiblement ancien, où Mariel alla frapper. Un individu vint lui ouvrir. D'abord, Cendre cru qu'iel boitait. En fait, il lui manquait une jambe. Et un œil. Et toute ses dents.

-Vous arrivez juste à temps, ricana le triste sir. Vous allez pouvoir mourir avec nous !

~

Cendre n'avait jamais vu une assemblée de soixante personnes – cinquante fraîchement arrivés, cinq déjà sur place et cinq officiers – aussi silencieuse.

-Bon, voilà la situation, expliqua enfin celui qui s'était présenté comme un homme du nom de Ragnar en désignant une carte gravée sur le mur. L'Ennemi nous a piégé en rassemblant secrètement ses forces pour attaquer cette place, après-demain, et gagner du terrain. Deux éclaireurs, paix à leurs âmes, nous ont rapporté une centaine d'Ennemis là, là, et là.

-On pourrait appeler du renfort, suggéra Mariel.

-Mais c'est ce qu'on a fait, figurez-vous. On a envoyé trois corbeaux hier, pour que le détachement qui soit assigné ici soit plus important que la normale.

-Je n'ai rien reçu, répondit l'autre, soucieu.se.

Cendre songea in petto que si le destin voulait le faire mourir, il ne s'y prendrait pas autrement.

-Tant pis, conclut Mariel. Nous allons faire ce que nous pouvons. Les officiers, restez ici. Les autres, allez dormir. Vous en aurez besoin.

-On a pas d'entraînement ? Tenta la petite voix de Zack.

-On a jamais le temps d'entraîner personne, répondit Mariel. Sortez.

-Dites... intervint Cendre, hésitant. Il y a beaucoup de carcasses de machines du Temps des Splendeurs, dans le coin, je pourrais peut-être...

-Non, trancha Mariel. C'est toujours pareil, avec les recrues. Vous proposez des stratégies bizarres, d'utiliser les vieilles machines, etc, mais la guerre ne s'apprend pas dans les livres. Tu sais peut-être raconter des histoires, mais laisse-moi faire correctement mon travail.

-Mais...

-J'ai de la sympathie pour toi, Cendre, alors je ne le répéterai qu'une fois. Je suis ton supérieur hiérarchique, et je t'ordonne de ne plus jamais contester mes ordres. Maintenant, disparaissez.

Les jeunes soldats sortirent dans la cour, la tête basse.

-Dur ... souffla Zack.

-Pourtant, ragea Cendre, je suis sûr que si on utilise les machines... Il y a tellement de talents, dans ce régiment, que nous arriverions forcément à quelque chose !

-Sûrement, répliqua le musicien roux. Mais on ne peut pas contester les ordres d'un supérieur. Alors on va tous mourir. C'est con.

-Oui, lança Maryan d'un ton faussement innocent. Il faudrait qu'il y ait quelqu'un ici qui puisse intercéder auprès du roi...

-Maryan ! s'étrangla Cendre. Je ne peux pas demander à Alexandre de...

-Attends, attends, intervint un troisième larron – le nounours médecin – quand tu dis « Alexandre » tu veux dire...

-Le roi, oui.

-Bigzouille ! Tu es ce Cendre là !

-Oui, mais ce n'est pas la question. Si je fais ça, Mariel me détestera jusqu'à la fin des temps...

-Tu veux toujours que tous le monde t'aime, dit doucement Maryan, et tu fais tout pour éviter les conflits. Mais on ne peut pas toujours éviter de se battre, Cendre. Le tout est de choisir ses combats.

-Mais ça ne serait pas juste d'avoir un traitement de faveur à cause de mes relations...

-Juste ? Rit Zack. Tu vis dans quel monde, toi ?

-Si tu veux nous aider, dit Maryan, alors tu dois faire un choix. Les choses ne sont jamais simples, Cendre. Ni blanc, ni noir, que du gris. Pas de bien, pas de mal, que de l'improvisation, et la volonté de faire au mieux. Demander de l'aide à Alexandre ne serait pas fair-play envers Mariel, puisque tu saperais son autorité. Mais serais-ce mieux de laisser tomber tes compagnons ?

Cendre regarda autour de lui le cercle qui s'était formé. Il glissa sur les visages silencieux aux yeux pleins d'espoir, de terreur, et d'angoisse.

-C'est stupide de ne pas utiliser toutes les armes a notre disposition, dit-il enfin. Je refuse de mourir sans me battre.

Et le lendemain matin, Cendre présentait à una Mariel fulminant.e de rage la lettre d'Alexandre lui donnant les pleins pouvoir.

-Maintenant, dit le jeune homme en montant sur une table pour surplomber l'assemblée, voilà ce qu'on va faire...

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