#SalleD'Eau

Tu t'intéresses au chemin de gauche, celui qui te mène aux sanglots.

Tu suis leur triste et discrète mélodie jusqu'à une porte qui termine le couloir. Tu la reconnais cette porte : c'est celle des toilettes de ton collège. Quelqu'un semble avoir arraché la plaque qui permet de distinguer s'il s'agit du coin garçon ou fille. Tu cherches à tes pieds, si l'objet n'a pas simplement chuté. Tu n'aperçois qu'une flaque qui s'échappe de sous le battant et qui imprègne toute sa partie basse. Tu grimaces ; le bois pourri ne te dit rien qui vaille, mais tu préfères ne plus te poser de questions. Celui qui t'attend à l'intérieur a peut-être besoin de toi ? Tu gonfles la poitrine pour te donner du courage et poses la main sur la clenche. Au moment où tu franchis enfin le seuil, les sanglots se taisent.

Dans la pièce, il n'y a personne. Les murs sont noircis par des auréoles d'humidité qui ont attaqué les joints des carrelages jusqu'au plafond. Au-dessus des lavabos, pas un seul miroir n'est intact. Les éclats s'étalent sur le sol à l'instar des pointes d'un piège mortel. Tu te rassures en te disant que tu portes ce qu'il faut aux pieds pour éviter de te couper, mais autre chose t'inquiète. La flaque poisseuse s'infiltre dans tes chaussures et tu sens déjà la moiteur du tissu au contact de ta peau.

Ta gorge se serre ; dans cet espace aveugle, la détérioration n'est pas le seul élément qui cloche. À la place de l'éternelle rangée de toilettes dont tu as l'habitude, un bassin équipé d'un gros robinet rouillé s'étire comme une gigantesque baignoire. Régulièrement, tu captes le bruit d'une goutte qui frappe l'eau croupie. La surface rase les bords du bassin au point que chaque surplus aqueux, aussi minuscule soit-il, alimente d'une manière ou d'une autre la souillure des lieux. Tu frémis à l'idée du temps qu'il a fallu pour en arriver là, et alors que tu décides de tourner les talons, une forme attire ton attention.

Quelque chose flotte dans le bassin. Tu t'approches lentement, puis tu oses jeter un œil en direction des profondeurs aquatiques. Un haut-le-cœur te saisit. Tu comprends qu'il s'agit du corps d'un élève. Son visage demeure sous la surface et il t'est impossible de savoir qui c'est ! Que vas-tu faire, maintenant ?

Si tu veux l'identifier, quitte à te salir les mains, rends-toi en 027.

Si tu préfères t'éviter la vue d'un cadavre, rends-toi en 028.