« Indonésienne ?

— Oui. »

Kasih baissa la tête. Milos, délicatement, la força à la relever de ses doigts.

« Tu as honte ?

— Le regard des gens me rend honteuse, oui. »

Milos soupira. Il avait connu ça plus de vingt ans auparavant. Le mépris, les doutes, la peur et la haine. Il avait appris à s'en défaire, mais même aujourd'hui, lorsqu'il le ressentait, des sentiments contradictoires le saisissait.

« C'est eux qui doivent avoir honte.

— C'est plus facile à dire qu'à faire non ? »

Une pointe de colère illumina son visage.

« J'ai vécu la même chose que toi, se contenta de soupirer Milos.

— Et ? Et maintenant ?

— Et maintenant, c'est surtout lorsque mes enfants en souffrent que cela m'affecte. Ils sont français, né en France. »

Kasih se mordit les lèvres. Elle n'aimait pas lorsque Milos évoquait sa famille.

« Tu n'as pas à avoir honte. Tu es arrivée il y a longtemps ?

— Trois ans. J'avais dix-sept ans. »

Milos hocha la tête. Il replaça une mèche rebelle derrière l'oreille de la jeune femme et le regarda avec compassion, il n'aimait pas la savoir triste. A force, il savait que se laisser marcher sur pieds n'était jamais la solution. Il en faisait les frais.