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→ Novembre

Ils disent tous que je vais m'en sortir, et que les bébés aussi. Les bébés, oui, car l'échographie du troisième mois nous a révélé que deux petits personnages se développent dans mon ventre qui s'arrondit de plus en plus de jour en jour.
Tyler a d'avoir été choqué, perturbé, mais tout le monde s'est montré très compréhensif avec moi. Je ne veux pas avorter. Je veux laisser une trace de mon existence sur cette terre. Ces enfants seront cette trace. Je compte sur eux.

J'ai donc abandonné les cours au lycée, parce que ça me fatigue plus qu'autre chose de me lever tôt alors que je me réveille parfois en pleine nuit avec les coups que les deux morpions me jettent dans le ventre.

Avachie à mon bureau, je cherche sur internet un cadeau qui conviendrait à Lisa. Son anniversaire est demain, je compte trouver quelque chose d'acceptable. Elle fait la semaine prochaine une grande fête pour célébrer l'événement, et nous sommes tous invités.

RienN'estJamaisFini : Chère Lisa, que faites vous à l'heure actuelle ? ✨

BlondassePétasse : Ma chère Mia, pas grand-chose et vous ? 🙃

RienN'estJamaisFini : Absolument rien ! Voulez-vous passer me rendre visite ? 😀

BlondassePétasse : Ohh May, en vrai, je dois terminer les préparatifs afin que tout soit prêt pour la fête, je suis pas vraiment dispo... Désolée !! 😕🥺

Je repose mon téléphone face caché après l'avoir mis en silencieux. Tant pis. Cela signifie qu'il est l'heure pour moi de terminer les quelques lettres inachevées. Il ne me reste que celles de Lisa, Tyler et de mes parents à écrire. Je me lance alors dans la rédaction de celle destinée à ma meilleure amie, plongée dans le cocon agréable de ma chambre.

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Maman et Papa s'affalent sur le canapé à mes côtés, et ma mère me tend une tasse de chocolat chaud. La saison des pleds, des gros pulls chauds, des films au coin du feu et des boissons chaudes a commencé il y a peu, car cette année, l'été et sa chaleur sont restés avec nous plus longtemps que prévu. Merci le réchauffement climatique...

— Tu vas bien, ma chérie ? demande-t-elle en me frottant le dos pour me réchauffer, avant d'entraîner mon père dans un câlin collectif.

— Je vais bien ! je m'exclame d'un ton très joyeux, dû aux hormones. Et eux aussi ! je lance en posant une main maternelle sur mon ventre gonflé.

Un des bébés m'accorde un petit coup de pied, ce qui me fait sourire. J'ai fini par accepter cette réalité terrible, finalement. Que ces enfants sont là, en moi. C'est un fait que je ne peux pas changer. Ils sont là, c'est tout. Je les aime beaucoup. Maman tente une approche, elle aussi, et les petits lui répondent par d'autres coups gentils.

Je me serre contre mes parents, que j'aime plus que tout au monde, il faut se le dire.

Avalant une gorgée de chocolat chaud, je lance le film, à l'abri sous les couettes.