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→ Octobre

J'ai abandonné mes tops courts et mes shorts à franges pour des pulls. Il commence à faire plus froid, les arbres se teintent de couleurs somptueuses, et j'adore me promener dans les parcs avec mes amis après le lycée. Les cours ne sont pas compliqués, j'y survis encore. Les professeurs préparent les élèves au bac de fin d'année, et une rancoeur me donne un goût amer dans la bouche à chaque fois que j'entends les morales qu'ils font à ceux qui ne travaillent pas assez.

Les premières fois, j'ai fait des scènes, mais voyant que cela ne servait absolument à rien, j'ai arrêté de perturber les cours en partant comme une furie, les joues envahies par les larmes.

J'enroule une écharpe grise et blanche que j'ai eu par Tyler autour de mon cou et m'effondre sur un banc en observant d'un oeil doux les enfants jouant dans l'aire de jeux d'en face. Cette époque-là me manque beaucoup, à vrai dire.

Mon téléphone vibre dans ma poche et je consulte mes messages : je viens d'en recevoir un de l'hôpital, me rappelant l'heure de mon rendez-vous du jour. Je dois y être dans peu, alors je me lève et me mets en marche.

*

— As-tu eu de nouveau du mal à respirer ?

— Non, ça va, pas depuis la semaine dernière.

— As-tu refait une crise d'angoisse ?

J'hésite, réfléchis, puis nie.

— As-tu eu tes règles dernièrement ?

Je plisse les sourcils, fouillant une nouvelle fois mes souvenirs, me rends compte que je ne m'étais pas posé la question.

— Non, toujours pas.

— Mia, ce n'est pas normal d'avoir autant de retard sur ton cycle menstruel. Un mois et demi, ça commence à faire beaucoup...

Je soupire, désigne mon coeur d'un air entendu et réplique à Théo :

— Est-ce-que j'ai vraiment l'air d'être normale, moi ?

Il lève les yeux au ciel et griffonne quelque chose sur la fiche de suivi en fronçant les sourcils avec une expression crispée.

— Tu veux bien attendre ici ? Je dois parler à quelqu'un.

Il s'absente de longues minutes avant de revenir accompagné de Victoria qui me sourit d'un air bancal. Elle s'assoit à côté de moi sur le  lit d'hôpital pour le faire mes prises de sang habituelles, vérifier ma tension... comme à chaque fois, sauf que c'est Théo qui s'en charge d'habitude. Pourquoi est-ce qu'elle prend sa place aujourd'hui ? Je fais la moue, c'est vraiment trop bizarre. Quelque chose ne tourne pas rond ? Je ne comprends plus rien, à vrai dire.

Elle me regarde en plissant les yeux, se demandant sûrement de quelle manière aborder le sujet. Y aller cash ? C'est ce qu'elle fait en sortant un petit objet de sa blouse blanche d'infirmière. Elle me le passe devant les yeux et je comprends d'un coup pourquoi une fille se charge de cette tâche.

Elle me le tend et m'explique son fonctionnement alors que ma tête se met à tourner en pensant que, oui, en y songeant, cela expliquerait beaucoup de choses m'étant arrivées ces derniers temps.