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Les larmes dégoulinant de ses joues me touchent autant que ses mots ; il m'aime. Tyler Swimman m'aime, moi, malgré ma santé fragile et mon cœur défaillant.

Je fixe ses yeux bleu argenté. Ses mèches brunes, désordonnées, me font fondre. Il a laissé tomber sa casquette et me contemple pendant que je récupère du bout des doigts ses larmes.

— Pourquoi tu pleures ? je demande, inquiète.

— Je ne pleure pas, dit-il. Enfin, pas vraiment. Ce n'est pas moi qui pleure.

Je fronce les sourcils.

— Tu supportes tout sans flancher, Mia. Tu essaies de rassurer tout le monde en leur cachant la vérité. C'est une très belle qualité. Mais comme tu n'oses pas pleurer, ou que tu n'en a pas la force, alors je le fais à ta place, sourit-il.

Ça va être mon tour. C'est beau, il est tellement fort pour cela... Il parle si bien... Ma vue se trouble, Tyler caresse ma joue, sa main toujours posée sur mon cœur. Une larme coule, puis deux, mon menton tremble, il me prend délicatement dans ses bras, me serre fort, avec quelques hésitations, comme s'il craignait de me briser.

Je hoquette et caresse le dos de Tyler, tentant d'articuler quelques mots.

— Tyler, je souffle, ma voix rauque à cause des pleurs.

— Oui ? demande-t-il, le visage dans mes cheveux.

Il s'écarte de moi, me regarde, des plis se formant entre ses sourcils. Non. Non, je ne veux pas l'inquiéter. Je suis tellement désolée...

— Je ne voulais pas ! je secoue la tête. Je suis désolée, Tyler, je ne l'ai jamais voulu ! je ne veux pas !

— De quoi ? murmure-t-il.

— Je n'ai jamais voulu être celle que je suis ! j'ai toujours été celle qui n'était pas qui elle prétendait être... mais maintenant, je me rends compte de la réalité et je le sais, je ne veux pas ! je ne veux pas mourir !

— Tu ne vas pas mourir, dit-il, comme une supplication. Ou alors je te rejoindrai ! Mia...

— Je t'aime.

C'est fait, je l'ai dit. Il le sait. Je l'aime.

Je ferme mes yeux et presse mes paupières l'une contre l'autre le plus fort possible. J'ai peur de sa réaction.

Quand je regarde entre mes cils, Tyler s'est redressé sur un coude et me scrute d'un air sans nom... mais magnifique. Il a l'air de se demander si cela est vrai.

Ses yeux, encore une fois et comme toujours, j'ai l'impression, se verrouillent aux miens. Le monde autour disparait subitement. Ses joues, ses cheveux, son odeur, ses yeux, son front, son menton... ses lèvres. Je le détaille longuement avant de trouver le point de son visage qui m'intéresse le plus.

Je regarde à nouveau ses yeux à lui, et les voit qui alternent entre les miens et ma bouche.

Mon corps, incontrôlable, se lève de la couchette. Sa main se glisse dans mon dos pour me soutenir et m'étreint d'une douceur héroïque. Tyler, maintenant, est partout... je l'aime.

Je ferme les paupières, rêveuse d'être enfin à ma place. Je sens son odeur juste en face de moi. Mon nez touche sa joue et... nos lèvres s'effleurent délicatement au moment où la porte grince.

Je n'ai jamais eu autant envie de tuer ma mère.