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- S'il te plait...

Une petite fille de cinq ou six ans sanglote, appuyée contre un mur. Son visage est défiguré, sa mâchoire est un peu tordue et un de ses yeux est encré plus profondément dans son orbite. Ses cheveux noirs, coupés ras, ont l'air humide, elle fait peine à voir. Je lève les yeux. Le panneau « pédiatrie » me surplombe.

- D'où viens-tu ? je demande.

Elle me pointe du doigt le long couloir opposé à là où je souhaite me rendre. Je soupire et la suis dans cette direction.

Je passe le panneau « psychiatrie » en fronçant les sourcils. Ce n'est pas bon signe... Une infirmière passe et je lui confie la petite qui s'est mise à sourire béatement.

- Naho ! Nous t'avions perdue ! s'écrie-t-elle, visiblement soulagée.

Elle rabat ses cheveux bruns derrière ses oreilles et fouille les poches de Naho. Elle me tend alors mon porte-monnaie qui s'y trouvait en s'excusant et me remerciant. Je souris à l'infirmière et je reprends le chemin inverse en direction de la chambre de Mia.

La jeune fille repose sur des coussins, des perfusions dans les bras, des tas de machines autour d'elle et un masque à oxygène sur le visage. Ses paupières papillonnent vivement en m'apercevant et une lumière semble se raviver dans son regard, ça fait longtemps que je ne l'ai pas vue et elle est toujours aussi splendide.

Un infirmier s'avance et lui ôte le masque obstruant sa bouche fine. Sa mère me salue et me remercie, les yeux larmoyants, elle nous dit qu'elle va faire une pause. L'infirmier se retire après m'avoir demandé d'appeler l'accueil si besoin. Nous sommes seuls.

Après un long silence où nos yeux se dévorent, je lâche un simple :

- Mia...

Elle ferme les yeux en soupirant de contentement.

- Tyler.

Je m'assois sur le bord du lit, apeuré de la blesser en faisant un moindre geste.

Elle rit d'une voix terriblement faible. Une larme solitaire dévale ma joue et mon sourire s'efface de tristesse. Elle lève la main pour toucher mon visage et je m'approche pour sentir son contact.

- Tu es si faible..., je murmure.

- Tyler...

Elle me fait signe de m'approcher alors je m'allonge à ses côtés. J'embrasse lentement le bout de son nez, elle plisse les yeux puis entrelace nos doigts.

Elle dépose ma main sur sa poitrine, au niveau de son cœur. Il bat vite, très vite.

- Je suis là, tu vois ? Peut-être pas pour longtemps, mais là, maintenant, je suis en vie. Tu le sens qui bat ? Tu me vois ?

Une autre larme est rattrapée par Mia.

- Je te vois.

Ses lèvres diaphanes esquissent un semblant de sourire forcé.

- Je suis là, moi aussi, je souffle. Quand tu le veux.

Ma bouche se pose sur son front puis ses tempes.

- Et je t'aime.