XIV. 58 ✅
Sujet F/34 - Phase d'apprentissage
Bellara ne se fit ni mordre, ni broyer les chairs lors de ce second combat d'entraînement. Elle assimila, avec une aisance qui la surprit elle-même, les différents mouvements de l'animal imaginaire et s'appuya sur ses faiblesses à savoir sa lenteur et sa mauvaise vue pour esquiver ses attaques. Bellara réussit à assener de violents coups de bâton à la créature mais sans grand succès. Cela avait pour seul effet d'énerver d'avantage l'animal monstrueux.
Après plusieurs minutes d'une danse combative étrange, le sujet F/34 commença à fatiguer. Les mouvements de la bête changèrent subitement comme si la voix venait de les reprogrammer et Bellara se retrouva bientôt face contre terre, prisonnière entre les pattes de la créature, incapable de s'enfuir.
La bête s'immobilisa alors comme une statue au-dessus d'elle avant de disparaître. L'entraînement était terminé et la jeune fille avait échoué une nouvelle fois. Contre toute attente, la voix la félicita malgré son échec cuisant.
" C'était un assez beau combat. On progresse. Vous avez adopté le bon état d'esprit: observer, comprendre, esquiver, affaiblir, tuer. Cependant, il ne faut pas envisager les choses comme forcément acquises. Il faut garder vos sens en alerte et surtout ne pas être trop confiante. Lorsque l'animal a changé de comportement, il était déjà trop tard. Vous n'aviez pas anticipé. L'anticipation est la clé de la réussite. "
Essoufflée, Bellara se redressa et tenta de reprendre son souffle. Elle fut contente de s'entendre dire qu'elle progressait mais la voix avait le don de l'énerver.
- Je vous y verrais bien vous à ma place ! la défia-t-elle les mains posées sur ses genoux, à bout de forces.
Les mots étaient sortis de sa bouche sans qu'elle puisse les contenir plus longtemps.
" C'est ce que vous voulez ? "
Bellara fut surprise par la réponse. Elle ne s'attendait pas à cela mais elle décida de continuer à défier la voix. Elle avait du mal à deviner les intentions dissimulées derrière cette énigmatique question. Qu'était en mesure de faire ?
- Oui tiens, montrez moi comment je suis censée me battre continua Bellara sur sa lancée.
La seconde suivante, un bruit étrange retentit dans la pièce. Bell se demanda si elle devait avoir peur ou non. Quelqu'un allait-il pénétrer dans la salle ?
Bell attendit mais aucune trappe ne s'ouvrit.
- Alors ? J'attends ! s'impatienta-t-elle, tapant du pied avec nervosité.
Tout à coup, une détonation raisonna et quelque chose d'extraordinaire se produisit. Une femme apparut, comme par magie en face de la jeune fille. Le sujet F/34 fit un pas en arrière, surprise. Elle n'avait pas vu d'autre être humain depuis longtemps. Elle scruta la femme d'un oeil méfiant, sur la défensive. Son corps était athlétique et sa tenue vestimentaire étrange. À première vue, Bellara lui aurait donné entre trente et trente cinq ans. Ses traits étaient figés en une moue irréelle qui fit une drôle d'impression au sujet féminin.
- Vous n'existez pas vraiment, trancha Bellara au bout d'un certain temps, brisant le silence qui s'était installé dans la pièce.
Le visage parfait s'activa, les lèvres de la brune se mirent à bouger d'une façon mécanique.
- Non. Je ne suis que le fruit d'une projection cérébrale que seule vous pouvez voir.
Cette femme n'était donc pas réelle, tout comme la créature qu'elle venait de combattre, alors qui était la personne qui manipulait son esprit à sa guise ? Était-elle physique ? immatérielle ? seulement réelle ?
- Qui êtes vous ? se permit de demander la jeune fille.
La brune s'avança vers Bell d'un pas lent, adoptant une démarche qui n'avait rien de naturel.
- Il est encore trop tôt. Mais tout se mettra bientôt en place dans votre esprit et les secrets seront révélés. Le plus important c'est de mener à terme le projet CELESTAR, répondit la femme brune.
Bellara était lassée de ces phrases énigmatiques et de leur absence de sens. Elle s'apprêtait à ouvrir la bouche pour communiquer son mécontentement lorsqu'une créature bien plus grande et hideuse que la précédente sortit de la trappe encore ouverte. Celle-ci était plus proche du dinosaure croisé avec un amphibien visqueux que de la combinaison de l'ours avec le tigre.
Effrayée, Bell recula inconsciemment jusqu'à sentir le mur froid placardé contre son dos mais elle comprit vite que la bête ne lui était pas destinée: elle ne la voyait même pas.
La brune esquissa un léger sourire en direction du sujet F/34 avant de fondre sur la bête qui était sur le point de l'attaquer, tous muscles tendus. Elle lui donna un violent coup de poing dans la gorge avant de lui crever les yeux avec ses doigts d'un geste rapide et précis.
La créature privée d'un de ses sens les plus précieux, perdit rapidement ses repères et se cogna contre un mur, manquant de rentrer en collision avec Bellara qui s'écarta à temps. La femme brune attendit en silence que la bête ne s'immobilise avant de lui assener le coup de grâce, lui perforant le crâne avec un bâton apparu quelques secondes plutôt dans sa main.
L'hideuse bestiole chuta avec fracas sur le sol avant de se volatiliser. Bell n'en croyait pas ses yeux. Il n'avait fallu à cette intruse que quelque seconde pour mettre K.O le monstre. Elle était douée, très douée même. Elle se tourna vers le sujet F/34 et lui décocha un clin d'oeil.
- Observer, comprendre, esquiver, affaiblir, tuer, résuma-t-elle avec calme.
Bellara, quant à elle, ne put s'empêcher d'être sarcastique.
- Oui, vu sous cet angle, ça à l'air facile.
L'incarnation de la voix ne releva pas ou ne comprit pas le sarcasme qui suintait dans la voix de Bell puisqu'elle n'ajouta rien à ce propos.
- Passons à autre chose maintenant.
La brune disparut d'un seul coup et laissa place à un jeune homme allongé sur le sol. Ses paupières étaient closes, il ne bougeait pas. L'imagination de la jeune fille se mit subitement en marche et elle se demanda ce qu'allait maintenant lui faire faire la voix: une idée gênante s'invita dans son esprit malgré elle, idée qu'elle balaya rapidement de son esprit. Il ne pouvait pas s'agir de ça.
Quelques instants plus tard, sans que Bell ne s'y attende, du sang se mit à couler abondamment du corps du jeune homme et se répandit sur le sol, formant une flaque sombre autour de ses jambes. Il ouvrit subitement les yeux et se mit à crier.
- Haaaaa. Aidez-moi ! S'il vous plaît aidez-moi ! s'époumona-t-il, épouvanté.
Bellara ne comprit pas tout de suite ce qui se passait. Elle fut envahie par une vive poussée d'adrénaline tant la vision qu'elle était en train d'avoir lui paraissait réelle. Elle se précipita vers lui et tenta de le rassurer comme elle le put.
- Tout va bien aller. Je suis là, murmura-t-elle, maternelle.
Le visage du jeune garçon était déformé par la douleur ce qui rappela au sujet F/34 la mort violente de ses proches. Une angoisse indescriptible la submergea, une panique sourde broyait ses entrailles. Sa voix se brisa comme du cristal, elle se mit à trembler.
- Que dois-je faire ?
" Le sauver. "
- Comment ?
" Localiser la plaie."
Bellara inspecta le corps du jeune homme qui gémissait de douleur. Les mains de la jeune fille étaient parcourues de tremblements incontrôlables et son coeur battait à un rythme effréné dans sa poitrine. Une tâche de sang indiqua à Bell l'origine de la blessure. Elle entreprit de relever le pantalon que portait le jeune homme et découvrit avec une horreur immense que sa jambe droite était complètement déchiquetée.
La jeune fille réprima un haut le coeur. Elle était ignorante en médecine et la vue du sang lui fit tourner la tête. Cette épreuve était au-dessus de ses forces, elle n'y arriverait pas. Le jeune homme attrapa l'un de ses bras, ses doigts étaient glacés.
- Aide-moi s'il te plaît ! Aide-moi ! Ne me laisse pas mourir, la supplia-t-il, à l'article de la mort.
Un flot incontrôlable de larmes se répandit sur le visage du sujet F/34. Elle s'adressa à la voix, impuissante, torturée par la vue de cette personne mourante.
- Je . . .je ne peux pas . . Stop . . . Arrêtez !
Malgré ses suppliques, le jeune homme ne disparut pas, bien au contraire. Il se vida de son sang devant ses yeux, gémit avec de moins en moins de force avant de mourir dans ses bras. À présent, les larmes de Bellara chutaient sur le visage inanimé du jeune homme.
La jeune fille ne pouvait pas s'arrêter de pleurer, elle était terrassée par ce qu'elle venait de vivre. Après de longues minutes, le garçon disparut enfin laissant Bell seule et désespérée. Elle n'avait pas réagit, elle n'avait pas pu le faire. La jeune fille n'avait pas réussi à le sauver tout comme elle n'avait pas réussi à sauver sa famille.
- Pourquoi ? . . . pourquoi m'avoir fait ça . . ., se lamenta-t-elle dans un murmure déchirant.
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