Sujet F/34 - Phase d'adaptation

90-89 . . un compte à rebours énigmatique . . intrigant . . . mais pourquoi le commencer à 90 et non à 100 ou à 150 ? Ce nombre avait forcément une signification importante, mais laquelle ?

Bellara essayait d'élucider le mystère du décompte depuis des heures passant en revue toutes les possibilités qui s'offraient à elle. Mais en réalité, elle n'avait aucune notion du temps qui s'était écoulé depuis son douloureux réveil dans la capsule, même si son horloge interne semblait vouloir trouver une logique là où il n'y avait pas, se calant sur les changements de luminosité qui s'opéraient dans la pièce de façon régulière. La pénombre succédait à la lumière artificielle et la lumière artificielle à la pénombre selon un cycle précis, qui visiblement était programmé en amont.

Depuis que le cadran numérique indiquait 89, Bellara avait noté deux changements de luminosité. La jeune fille se demandait qui pouvait bien être derrière cet étrange rêve éveillé et en quoi le cadran numérique pouvait lui être d'une quelconque utilité. Étrangement, elle ne ressentait aucune peur.

Plongée dans ses pensées, le sujet féminin n'avait même pas remarqué la disparition du récipient qui avait contenu son précédent repas. D'ailleurs, à peine y pensa-t-elle, qu'une faim vorace se réveilla au creux de son ventre.

Quelques secondes plus tard, comme si quelqu'un avait lu dans son esprit, un cliquetis sourd se fit entendre et un bras robotisé sortit du plafond avant de déposer un récipient similaire au précédent au centre de la pièce. Il était composé de la même étrange nourriture à l'odeur parfumée que le sujet avait ingéré quelques heures plus tôt.

Bellara se jeta sur celui-ci tel un animal affamé et mangea à l'aide de ses doigts. Il ne lui fallut que quelques minutes pour engloutir le tout. Une fois le récipient vidé, le bras robotisé le récupéra et disparut dans le plafond comme par magie. Le sujet féminin était fortement impressionnée par cette technologie complexe et inconnue qui semblait vouloir la maintenir en vie et qui répondait à l'ensemble de ses besoins, même les envies pressantes.

Une soudaine excitation traversa alors l'ensemble de son corps. La pièce devait sûrement dissimuler bien d'autres choses à l'intérieur de ses murs: elle avait hâte de découvrir de quoi il s'agissait.

Une idée traversa tout à coup l'esprit de Bellara. Elle pensa à ce qu'elle aimerait voir apparaître dans la pièce dans l'espoir que ses souhaits soient exaucés. Tout d'abord, elle ne serait pas contre quelque chose de douillet pour se reposer: un fin matelas par exemple. Le sol n'était pas vraiment froid, ni vraiment chaud, mais il était dur et inconfortable.

Ensuite, Bellara n'aurait pas dit non à un peu plus de nourriture et à une bonne douche chaude. Elle attendit quelques instants, écoutant le silence pesant dans l'espoir que quelque chose se produise, mais rien ne se se déclencha autour d'elle. Déçue, elle comprit que la pièce n'était pas là pour assouvir ses moindres désirs dans l'instant: dommage.

***

Bizarrement, l'idée d'être retenue prisonnière n'avait pas effleuré l'esprit de la jeune fille jusque-là, mais cette même pensée commençait à s'imposer dans sa tête comme une évidence.

Lassée d'essayer de comprendre l'incompréhensible, submergée par une profonde solitude, le sujet féminin se recroquevilla finalement sur elle-même et attendit la venue du sommeil afin de fuir cette réalité qui ne lui plaisait pas, mais alors pas du tout. La pièce se dissipa peu à peu, ses yeux se troublèrent puis Bellara s'endormit.

. . . Tu dois fuir . . . Bellara . . . ils vont tous nous tuer . . . Vite . . . des coups de feu . . . Je cours . . . je ne sais pas où je suis . . . des gens sont morts, ils sont étendus dans leur propre sang . . . sur les trottoirs . . . sur la route . . . qu'est-ce que . . .

Le sujet féminin ouvrit les yeux, suffocante. Elle avait du mal à respirer, ses poumons la brûlaient. Elle toussa à de nombreuses reprises afin d'évacuer la gêne, mais sa souffrance ne s'apaisa pas. La jeune fille scruta la pièce avec horreur: un épais nuage gris flottait dans l'air à quelques centimètres du sol.

Prise de panique, elle s'allongea à même le plancher à l'endroit où la fumée était la moins dense, et en un rapide réflexe de survie, elle protégea sa bouche dans son tee-shirt, suffocante: l'air était irrespirable.

Bellara venait de comprendre. C'était donc ça: cette pièce était un tombeau, son tombeau. Une peur panique la submergea, elle allait mourir. La jeune fille aurait préféré trépasser différemment: elle allait s'éteindre sans savoir, sans avoir eu ne serait-ce qu'une réponse à ses questions. Tout cela n'avait aucun sens. Sa respiration ne devint bientôt plus qu'un souffle, son coeur se mit à ralentir dans sa poitrine, son cerveau manquait d'oxygène.

Au moment où Bell allait s'abandonner à la mort, un tintement cristallin retentit. Elle scruta le sol devant elle, puisant dans ses dernières forces, et vit avec stupeur qu'une trappe s'était ouverte à quelques mètres à peine sur sa droite. L'individu féminin rampa difficilement jusqu'à celle-ci, l'ouvrit entièrement et se laissa tomber dans la cavité qui se trouvait dans le sol.

Elle usa du peu d'énergie qui lui restait pour refermer la trappe et inspira violemment une fois en sécurité. Heureusement, dans la cavité, l'air était respirable. Bellara emplit goulûment ses poumons d'oxygène avant de reporter son attention sur son nouvel environnement. La cache dans laquelle elle se trouvait ne faisait pas plus de deux mètres carrés et il y faisait très sombre.

Bellara réalisa alors qu'elle venait de passer à côté de sa propre mort pour la seconde fois. Elle ne put s'empêcher d'être profondément soulagée. Cependant, elle ne pouvait plus nier l'évidence: la pièce était dangereuse et la personne qui la contrôlait, semblait vouloir la torturer voire la tuer.

Un nouveau sentiment naquit alors dans l'esprit du sujet F/34: la méfiance. À partir de cet instant précis, la jeune fille ne ferait jamais plus confiance à la pièce ni à son dirigeant.

Elle resta blottie dans le noir pendant de longues minutes, de longues heures. Lorsque Bellara jugea avoir patienté assez longtemps, elle rouvrit la trappe avec d'infinies précautions et jeta un coup d'œil à l'extérieur.

À son grand soulagement, l'épaisse fumée grise s'était dissipée laissant place à un autre mystère on ne peut plus étrange.

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Hello,

N'hésitez pas à me donner votre avis c'est tes important pour moi.
* Le sujet féminin n'est pas vraiment dans de beaux draps.
* Personnellement, je n'aimerai pas être dans une pièce de ce genre: c'est l'angoisse totale !

* Et selon vous, où se trouve-t-elle ?

* Que lui arrive-t-il ?

* Qu'est-ce que cette fumée signifie ?

With Love, Jel.