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VI. Réveil + 7h


* Vaisseau Quantiquien *


Bellara était encore abasourdie par son entrevue avec A.U.B.E qu'elle croyait mort lorsque Serenity posa une main ferme sur son épaule. Elles venaient de rejoindre une passerelle haut perchée qui offrait une vue magistrale sur la Canopée, véritable jardin interstellaire suspendu dans l'univers défiant les lois de toute gravité. 

D'étranges oiseaux piaillèrent au loin. Bellara planta son regard dans celui de Serenity. Si A.U.B.E avait confiance en elle, alors elle aussi. 

- Fais attention à toi, d'accord ? s'enquit Serenity d'un sourire amical qui créait de jolies fossettes dans ses joues pleines.

Bellara lui rendit son sourire tout en ayant l'étrange impression que Serenity était son amie depuis toujours.

-Toi aussi.

Serenity gratifia Bellara d'un hochement de tête avant de disparaître dans une galerie. Bellara prit le chemin inverse mais plus la jeune fille déambulait dans cet étrange vaisseau plus elle avait l'impression de s'y égarer. Son sens de l'orientation avait toujours été performant pourtant mais quelque chose semblait interférer avec ses sens ici.

Son regard se perdit un instant dans la verdure dense de la Canopée qui recouvrait l'ensemble du cylindre central du vaisseau. La luminosité y était transformée. D'un soleil invisible à son zénith, l'atmosphère s'était marbrée de rayons obliques propres à un soleil couchant. Des rayons qui faisaient briller chaque feuille comme autant d'huîtres nacrées. Le paysage était époustouflant.

Bell s'enlisa quelques secondes dans cette douce contemplation, oubliant un instant sa mission. Cette oasis céleste était tel un poumon. Elle respirait. Envahie par une faune improbable, elle grouillait. La jeune fille n'avait jamais vu un tel prodige. F/34 aurait pu rester des heures à contempler ce miracle. Même si les intentions des Quantiquiens étaient mauvaises, eux terriens, avaient beaucoup à apprendre de ces êtres venus d'ailleurs.

Un souvenir s'invita dans l'esprit de la jeune fille alors qu'une créature élancée sautillait d'arbre en arbre visiblement à la recherche d'une cachette pour la nuit. Sur Terre, l'errance de Bell avait été longue avant qu'elle n'intègre le projet CELESTAR. Une fois les trois quarts de la population disséminée, elle avait été subjugué par la rapidité avec laquelle la faune et la flore avaient repris ses droits. Bellara avait survécu difficilement, traquée par des poignées de survivants mais aussi par des bêtes affamées, et à présent, son clone, F/34, dérivait quelque part dans l'espace. 

En fait, la célestarienne devait tout à la Bellara terrienne. Cette battante qui avait survécu et qui avait eu le cran de signer un contrat qui la lierait à jamais à un projet digne d'un savant fou. L'esprit de F/34 vagabonda vers la première Bellara dont elle était une copie améliorée, transformée, différente. Elle avait son esprit, ses souvenirs, sa force mais aussi ses défauts, ses tourments et son humeur. C'était de cette Bellara là qu'Eiden était tombé amoureux et non d'un clone mutant. Lui non plus n'était plus l'Eiden qu'il avait été jadis. Lui et elle n'étaient plus que des copies transformées de personnes ayant existé il y a très longtemps, sur Terre.  Une certaine mélancolie consumait Bellara depuis qu'elle s'était réveillée ici. Ses pensées étaient confuses. Pourquoi ? 

Un bruit étouffé. Quelqu'un se posta dans son dos sans qu'elle ne le remarquât.

- Bellara. Je vous cherchais, la surprit une voix à laquelle elle n'était pas encore habituée. C'était une voix lente et apprêtée, celle de Landar.

Le Quantiquien resplendissait de par son étrangeté. Depuis leur dernière rencontre, sa peau presque translucide s'était dotée d'une irréelle teinte bleutée. Ses yeux dorés semblaient être pailletés d'or. Bellara ne savait pas si c'était une fascinante attraction qu'elle éprouvait pour ces êtres ou une mystérieuse répulsion.

Comme si Landar avait lu dans ses pensées, il se métamorphosa en une seconde devant les yeux ébahis de la jeune fille. Apparut alors un homme de grande taille au visage fin et aux muscles particulièrement développés. Le regard doré du Quantiquien avait laissé place à un regard acier, semblable à celui d'Eiden, et sa peau de marbre a un teint hâlé. Seule une fine combinaison blanche recouvrait l'ensemble de son corps à l'apparence parfaite.

- Je sais que cette forme vous rassure, éluda-t-il simplement devant l'air ahuri de Bellara. C'est vrai qu'elle est harmonieuse mais ce n'est pas celle que nous préférons. Suivez-moi.

Ce n'était pas celle qu'ils préféraient ? Avait-elle bien entendu ? Bellara nota dans un coin de son esprit la remarque de Landar. Elle en déduisit que ces êtres étaient protéiformes: une caractéristique non négligeable qu'il lui faudrait prendre en compte à l'avenir pour ne pas se trahir.

Le Landar à l'apparence terrienne se mit en mouvement avec la même lenteur qu'à l'accoutumée, Bellara le talonnait. Son entrevue avec Eiden attendrait. Sauvée. Eiden était terriblement sexy quand il était en colère mais ses paroles pouvaient être d'une acidité gastrique et la jeune fille n'avait pas hâte de le confronter à nouveau.

Landar le majestueux guida Bellara à travers le vaisseau en direction d'une coursive plus étroite que les autres. Ils ne croisèrent personne. "Étrange", remarqua la jeune fille qui avait l'impression de déambuler dans un navire fantôme. Peut-être n'y avaient-ils que Landar, Jafar, Cornelius et le Quantiquien chargé des opérations chirurgicales à bord du vaisseau ? Mais où étaient les siens ainsi que les survivants de Gélia et de Saha ?

Des voix retentirent au loin. En tendant l'oreille, Bellara reconnut le rire d'Éser ce qui apaisa l'espace d'un instant ses angoisses. Ils étaient là. Quelque part. Landar s'arrêta devant une porte inexistante. Une seconde plus tard, un pan de mur coulissa et laissa place à un étrange cabinet de curiosités extra-terrestre. Landar resta sur le pas de la porte. La jeune fille hésita, telle une enfant, puis jeta un regard hésitant au Quantiquien qui l'encouragea d'un imperceptible signe de la tête: il voulait qu'elle entre dans la salle.

La pièce était illuminée par un faisceau bleuté dont la source était indécelable. De larges tables translucides trônaient au centre de la pièce et sur celles-ci étaient disposés d'innombrables objets qui semblaient être en lévitation dans les airs tant les parois des socles étaient transparents.

Bellara passa le pas de la porte avec appréhension comme on pénètre dans un palais de cristal. Elle s'approcha avec la délicatesse d'un ange des précieux trésors disposés devant elle. De quoi s'agissait-il ? 

Une sphère disposée sur sa droite attira son attention. Légèrement rosé, l'objet rayonnait de l'intérieur d'une étrange façon. Cet objet n'était ni humain, ni terrien. Elle en était certaine. F/34 sentait la grande puissance qui s'en dégageait. Une puissance magique. 

Son regard fut ensuite attiré par un instrument qui ressemblait à des sortes de branchies. Elle le manipula avec précaution avant de le reposer. Landar la suivait du regard se délectant des différentes réactions qui animaient son visage à mesure qu'elle découvrait de nouvelles pièces.

Une cage dorée aux arabesques orientales était entreposée à l'écart, une cage que Bellara reconnut instantanément. C'était une cage à oiseau comme on en fabriquait sur Terre dans les pays d'Afrique du Nord. Ses yeux s'embuèrent et sa main se suspendit dans le vide. La pulpe de ses doigts rencontra ensuite le bois poli et peint de l'objet qui lui était si familier. Elle en avait une semblable dans sa chambre de petite fille.

- Comment est-ce possible ? murmura-t-elle du bout des lèvres.

Landar s'était approché discrètement de la jeune fille tout en respectant son intimité. Il avait côtoyé les émotions humaines de nombreuses fois et malgré leur complexité, il ressentait ce que Bellara ressentait à cet instant précis. Il percevait les fluctuations de matière qui s'opéraient au sein même du corps de la jeune fille.

- Une chose à la fois Bellara. Peux-tu sentir sous tes doigts la composition de cet objet ? Son agencement ? Son empreinte ?

Bellara ne comprenait pas. Son empreinte ? Comme une empreinte digitale ? La surface du bois glissait sous ses doigts mais elle ne sentait rien. Rien du tout même en se concentrant.

- Nous allons débuter par quelque chose de plus facile,  trancha-t-il, énigmatique. 

Landar vint se placer en face de Bellara la forçant à détacher son regard de la cage.

- J'imagine que tes cheveux te manquent.

La jeune femme passa machinalement une main sur son crâne rasé. 

- Oui. Ils me manquent, répondit-elle en un souffle. Ce n'est pas vraiment la coupe que j'avais envisagée pour des retrouvailles avec Eiden.

Bellara trouvait sa blague plutôt réussie mais Landar n'esquissa pas l'ombre d'un sourire. Au lieu de ça, il plaça ses propres mains sur son crâne et ferma les yeux. Un instant plus tard, de longs cheveux blancs déferlèrent le long de son dos puis ils laissèrent place à des cheveux taillés en brosse d'un bleu vif pour finir sur des cheveux bouclés oranges.

Incroyables. Les quantiquiens manipulaient la matière, vivante comme inanimée. 

- Vous pouvez faire repousser mes cheveux ? s'enthousiasma Bell comme une enfant à qui on propose un tour de manège.

- TU PEUX faire repousser tes cheveux, leur faire changer de texture, de couleur. Ton imagination est la plus grande des créatrice. Fais lui confiance. 

Bellara s'attendait à tout sauf à cette réponse de la part du Quantiquien, mais lorsqu'elle comprit enfin ce qu'il sous-entendait ses yeux se mirent à briller. Les choses devenaient enfin intéressantes.

***

* Hi *

J'espère que vous passez de bonnes vacances, pour ceux qui le sont ! Je m'excuse car je suis vraiment une mauvaise élève dans la publication des chapitres en ce moment mais quand ce n'est pas un manque de temps c'est ma connexion internet qui fait des siennes mais le plus important c'est que l'histoire avance n'est-ce pas ?

* Serenity et Bellara des meilleures amies en devenir ?

* On entrevoit peu à peu les possibilités des Quantiquiens et de Bellara, cela donne froid dans le dos.

* Comment cette cage dorée a-t-elle atterri ici ?

* Quelle coupe va se choisir notre chère Bellara haha ?

* Personnellement j'adorerai pouvoir changer de coupe et de couleurs chaque matin mais ça, dans notre monde ça s'appelle une perruque haha ( tout de suite c'est moins glamour :) )

À très vite ( le prochain chapitre sera du côté de nos laissés-pour-compte ) !

With love !

* Jel *

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