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Chapitre 6 - Léonard

De la même façon que la veille, la journée s'envole dans un tourbillon de visites et d'examens. Dès mon arrivée, mon emploi du temps se veut un enchevêtrement de consultations et d'urgences sans fin. Avant même que je ne m'en rende compte, la matinée s'évapore, laissant place à une césarienne délicate en début d'après-midi. Le bloc opératoire devient mon univers le temps d'un instant, avant que le calme ne revienne dès que j'en sors.

Je retrouve la solitude de mon bureau, où le silence contraste avec l'effervescence des heures précédentes. La fenêtre laisse entrer les derniers rayons du soleil, baignant la pièce d'une lumière douce qui me détend. En vérifiant mon planning sur l'écran, je constate avec satisfaction qu'il ne me reste qu'une consultation, mais surtout, que je suis relativement à l'heure pour une fois. Vingt minutes de retard, c'est presque être en avance dans mon métier.

Avant de repartir au front, je m'accorde une gorgée d'eau puis me dirige vers la salle d'attente à la recherche de ma patiente.

— Madame Langlois ? demandé-je.

Une femme élancée se lève à l'appel de son nom. Après une poignée de main cordiale, elle me suit jusqu'à mon bureau. Ici, l'un des murs est tapissé de faire-parts de naissance colorés, souvenirs de ceux que j'ai aidés à accueillir dans ce monde. Leur nombre a tellement augmenté avec les années que je commence à manquer de place.

Madame Langlois s'installe en face de moi, tandis que je relis en diagonal son dossier sur mon ordinateur. Les images des échographies précédentes, ses antécédents médicaux et d'autres détails s'affichent à l'écran. Je prépare une page vierge pour la consultation du jour avant de vérifier avec elle la raison de sa visite.

— C'est pour un simple contrôle, me répond-elle. À cause de mon risque de diabète gestationnel.

Ah oui, je me souviens maintenant. Gentille et discrète. Je hoche la tête en notant ses propos puis ouvre les résultats de ses derniers examens sanguins afin de vérifier que tout est en ordre. Comme c'est le cas, je me tourne vers elle.

— Des choses particulières depuis notre dernier rendez-vous ? l'interrogé-je.

— Pas vraiment.

Elle m'informe avoir eu un rhume avec le changement de saison. Mes doigts filent sur les touches du clavier pour tout consigner. Après avoir noté d'autres éléments insignifiants, nous passons à la suite. Les échographies sont toujours un moment que j'apprécie, même si je ne le montre pas. Les battements de cœur du futur bébé remplissent la pièce, et les contours de son corps apparaissent sur le moniteur, ce qui fait sourire ma patiente.

Le reste de l'examen se déroule dans une suite logique d'étapes on ne peut plus classiques. Je sais que je suis direct, mais cela n'a pas l'air de la déranger. Au contraire, elle me pose plusieurs questions auxquelles je réponds avec plaisir. J'aime quand il n'y a pas de faux-semblants et que l'on peut dire les choses telles qu'elles le sont.

Une fois ma patiente partie, je m'écroule sur ma chaise et laisse reposer ma tête en arrière. J'adore mon métier, mais parfois, il est si exténuant que je n'ai même plus le courage de conduire jusque chez moi quand j'ai terminé. Et pourtant, je n'habite pas très loin. C'est dire mon état de fatigue actuel.

Alors que je termine de tout ranger pour la journée, un message de ma sœur arrive sur mon portable. Sans avoir besoin de l'ouvrir, je sais déjà ce qu'elle va me rappeler : notre discussion de la veille. Laura possède le don de se transformer en une conscience insistante et, honnêtement, agaçante.

« Tu t'es excusé ? »

En plein dans le mille. Ma réponse fuse, teintée d'un sarcasme qui ne lui échappera pas.

« Bien sûr. Et ensuite, on est partis se tresser les cheveux. Maintenant, on est meilleurs amis pour la vie. »

J'accepterai les conséquences de mes actes, mais plus tard. Je glisse mon téléphone dans ma poche, verrouille la porte de mon bureau et me dirige vers les vestiaires. Cependant, au lieu de m'y rendre directement, mes pas me mènent vers la chambre deux-cent-huit, le cœur un peu plus lourd que je ne le pensais.

Après avoir toqué à la porte, je passe la tête dans l'embrasure, m'attendant à y trouver madame Payet puisqu'elle ne sera pas déchargée avant demain.

— Bonsoir docteur Royer, chuchote Victoire en me reconnaissant.

Sa fille dort dans ses bras, mais comme je ne semble interrompre aucun moment privé, je m'avance dans la pièce et me poste au pied de son lit.

— Comment vous vous sentez ce soir ? lui demandé-je.

— Super, merci. Et Charlotte dort comme un petit ange.

— Je vois ça, constaté-je avec un sourire professionnel.

Allez, Léonard, du courage. Il est temps d'affronter mes erreurs. Ce n'est qu'un mauvais moment à passer. Laura sera contente, ma conscience aussi. C'est gagnant-gagnant. Ainsi, avant que Victoire n'ait le temps de dévier la conversation, je me lance :

— Est-ce que votre mari est ici par hasard ?

— Il est parti acheter des bonbons à la machine. Pourquoi ?

Je fais un geste vague de la main pour minimiser ma demande. J'accepte déjà de laisser mon égo de côté pour venir m'excuser envers Émilien, je préfère préserver un minimum de dignité auprès de sa femme.

— Pour rien. J'aurais voulu discuter avec lui en privé quelques minutes.

— Avec David ? s'étonne-t-elle.

David ? Un instant de confusion m'envahit. Peut-être que c'est le surnom qu'elle utilise avec lui ? Elle l'appelle « David », et lui la surnomme Goliath, ou Bowie, ou... je n'en sais rien, moi ! Les gens sont bizarres de toute façon.

— Non, je parlais de votre conjoint, monsieur Payet. Émilien, c'est bien ça ? précisé-je, un brin perplexe.

Un gloussement léger s'échappe de ses lèvres. Victoire dépose sa fille dans son berceau avant de se réinstaller sur le lit. Son sourire en dit long sur sa réaction. Ça l'amuse, et moi, ça me rend impatient, surtout quand je sens que je suis le dindon de la farce. Je déteste quand les gens prennent leur temps.

— David est mon partenaire, m'explique-t-elle alors. Comme nous ne sommes pas mariés, je porte toujours mon nom de jeune fille. Quant à Émilien, le monsieur Payet dont vous parlez, c'est mon frère. Il ne devrait pas tarder non plus, si c'est lui que vous cherchez. Il m'a dit qu'il passerait ce soir.

OK, c'est moins pire que ce que je pensais et cela fait redescendre la pique que je m'apprêtais à lancer pour faire accélérer sa réponse. Même si je me suis trompé sur la personne, je n'en éprouve aucun embarras. Notre rencontre m'a de toute évidence induit en erreur. Ce que j'ai pris pour de l'affection entre eux était en réalité les signes du handicap de Payet, comme le fait qu'il se tienne à elle en marchant. Et puis, bien que mon interprétation des événements ait été faussée, je reste persuadé que, quelque part, il est responsable pour ce malentendu. Ça doit l'amuser d'embrouiller les gens.

— Je vois. Désolé pour la méprise dans ce cas.

— Il n'y a pas de mal, vous ne pouviez pas deviner.

J'acquiesce, reconnaissant de sa gentillesse, mais désireux de ne pas m'attarder plus que nécessaire. S'il n'est pas là, il n'est pas là. Je ne vais pas poireauter pour des excuses dont il se fiche certainement.

— OK. Je ne vais pas vous déranger plus longtemps dans ce cas. 

Je commence à tourner les talons avant de marquer un temps d'arrêt. Je pourrais régler ça une bonne fois pour toutes, mettre toute cette histoire derrière moi.

— Est-ce que vous pourriez lui transmettre un message de ma part ? ajouté-je donc.

Elle hoche la tête, attentive, tandis que je pèse mes mots, cherchant à lui en dire le moins possible tout en gardant un message clair afin que Payet comprenne que je suis à peu près sincère.

— Dîtes-lui que... Que je m'excuse pour hier, tranché-je finalement. C'est tout.

Un sourire chaleureux éclaire le visage de Victoire. Quand elle me promet qu'elle transmettra mon message sans me poser de questions, je m'en trouve soulagé. L'idée de devoir en expliquer les raisons ne m'intéresse pas.

Après un bref échange de politesse, je m'éclipse de sa chambre, la conscience tranquille. Une bonne chose de faite. Je vais pouvoir faire taire ma sœur et retourner à ma vie. C'est presque un soulagement.

Cependant, en refermant la porte derrière moi, je tombe presque nez à nez avec une infirmière d'accueil. Annabelle accompagne précisément l'homme que je cherche. Ma bonne humeur s'envole comme une nuée de moineaux. Fais chier.

Je m'arrête dans le couloir, réfléchissant en vitesse à mes options. Je pourrais partir par l'aile sud et laisser sa sœur transmettre mon message. Après tout, Émilien ne me verra pas. Mais contre toute attente, je réalise que je n'ai pas envie de fuir. Malgré ma réticence à lui présenter des excuses de vive voix, quelque chose me pousse à avancer dans sa direction. L'attrait du défi, sûrement. Je ne vois rien d'autre.

— Annabelle, monsieur Payet, les salué-je en arrivant à leur hauteur.

La tension qui raidit les épaules d'Émilien trahit la reconnaissance de ma voix, ce qui me fait intérieurement ricaner. Découvrir avoir une telle réaction sur quelqu'un est plutôt satisfaisant en fait. Annabelle s'en aperçoit elle aussi, car elle tourne la tête dans sa direction pour s'assurer que tout va bien.

— Est-ce que je peux vous parler un instant ? lancé-je avant qu'elle ne puisse ouvrir la bouche.

— S'il vous plaît ? rétorque Payet, son ton déjà teinté d'une légère irritation.

Je fronce les sourcils, retenant un soupir. Qu'est-ce qu'il m'a pris de vouloir lui parler ? Trois mots échangés, et son attitude m'agace déjà. On dirait bien que je ne suis pas le seul à le brosser dans le mauvais sens du poil. Néanmoins, je suis là pour la bonne cause.

— S'il vous plaît, ajouté-je donc, les dents serrées.

— Très bien, accepte-t-il. Deux minutes. Pas plus. 

Bla-bla-bla. Si c'est ce qu'il veut. 

Après un court échange avec Annabelle où Émilien la remercie pour son aide, celle-ci s'éloigne, nous laissant seuls dans le couloir. Les mains enfouies dans les poches de son jean, Payet se tient devant moi avec la même attitude décontractée et assurée que je lui connais. Ses vêtements, simples, mais ajustés, soulignent sa silhouette athlétique et me distraient un instant.

— Alors, docteur Royer, commence-t-il d'un ton qui flirte avec la provocation. Qu'est-ce que je peux faire pour vous aujourd'hui ?

L'utilisation de mon titre sonne comme une insulte dans sa bouche, et possède une dose de moquerie qui me fait sourire malgré moi. Manque de chance pour lui ; si je me vexais pour si peu, je ne m'en sortirais pas dans la vie. Mais sans me laisser l'opportunité d'en placer une, il enchaîne avec une réponse à sa propre question :

— Vous excusez pour votre comportement d'hier, peut-être ?

La façon dont il me prend de court, la rapidité de son attaque, tout me donne envie de laisser tomber cette idée d'excuses. Ma mâchoire se serre, et je croise les bras pour mieux maîtriser mon irritation. Quel type imbu de lui-même.

— Je pensais plutôt à vous proposer d'aller boire un verre, raillé-je, laissant percer mon agacement derrière une couche de sarcasme.

Toutefois, ma moquerie semble semer le doute chez lui puisqu'une lueur de surprise traverse son visage, comme s'il me pensait sérieux. Sa réaction inattendue me tire un ricanement sec. Je dois admettre que le voir désarçonné, même un instant, compense l'irritation qui brûle en moi. Mais au lieu du refus outré auquel je m'attends, sa réponse me désarme à mon tour et me fait ravaler mon rire.

— Pourquoi pas ? lâche-t-il, désinvolte, avec un haussement d'épaules.

— Je... Comment ça ?

Ma voix trahit mon étonnement, ce que je déteste. Je scrute son visage à la recherche d'un signe, une trace de plaisanterie cachée, mais ne vois rien de tel. Payet reste impassible, presque ennuyé, blasé. Impossible de savoir s'il est sérieux ou non. Je ne peux m'empêcher de plisser les yeux face au bouillonnement que je sens monter en moi. De nous deux, je ne sais plus qui a l'ascendant sur l'autre. Si je me fie à son attitude détachée, c'est lui et je ne suis pas sûr d'apprécier ce constat.

— Vous proposez, j'accepte. Qu'est-ce que vous ne comprenez pas là-dedans, Royer ?

Sa question est chargée d'une malice évidente, ce qui fait naître une sensation étrange dans mon estomac. Une sorte d'attente. Mais de quoi ? C'est ridicule. Il me déstabilise autant que je m'efforce de le déstabiliser moi aussi. Je n'aime vraiment, vraiment pas ça.

Afin de masquer mon trouble, je me racle la gorge. S'il pense m'avoir à ce petit jeu, il se méprend. Hors de question de lui laisser la victoire.

— Rien, je vérifiais juste que vous étiez partant. Demain alors, lancé-je d'une voix assurée malgré mon envie de tourner les talons et de le planter là.

Mon invitation est ferme, volontairement inflexible. Si je lui laisse le choix, c'est une ouverture qu'il pourrait exploiter. Et même si je me fiche qu'il accepte ou refuse, je souhaite seulement gagner, je dois avouer que je suis également curieux de découvrir sa réponse.

— Non.

Le mot claque, et son refus catégorique me frustre. Avant que cela ne monte trop, il s'explique avec calme :

— J'aide ma sœur et mon beau-frère avec la petite. Jeudi, si vous êtes libre ?

Je le suis, mais je n'ai pas l'intention de lui céder si facilement, surtout quand je n'ai aucun désir d'aller boire un verre avec lui de base. Je refuse de lui laisser croire qu'il a le contrôle de la situation et je suis persuadé qu'il pense la même chose pour moi.

— Vendredi plutôt, contrattaqué-je.

Un sourire taquin s'étire sur ses lèvres. Pendant un instant, je crains qu'il ne prolonge ce jeu entre nous pour me provoquer davantage, mais il acquiesce finalement.

— Vendredi. Il y a une brasserie sympa au centre-ville, près du lycée Champollion. Rendez-vous à vingt heures. Ne soyez pas en retard, Royer. Et cette fois, venez préparé pour ces excuses. Je suis quelqu'un de patient, mais j'ai mes limites.

Sans me laisser l'opportunité de riposter, il me contourne avec un calme exaspérant et disparaît derrière la porte de la chambre de sa sœur. Je reste planté là, à fixer le bois peint en rose comme un idiot.

Je déteste cet homme. Il me provoque, s'amuse avec ma patience, et pourtant, il semble que je doive le retrouver vendredi soir. Est-ce que ça veut dire que j'ai gagné ou non ? Parce que plus je regarde la porte fermée, plus j'ai l'impression d'avoir perdu notre combat de coqs. Et je ne peux pas rester sur une défaite. Impossible. Innimaginable. Je ne me le pardonnerais pas. Et c'est pour cette raison que vendredi, je serai là, à l'heure, prêt à affronter ce qui semble être bien plus qu'un simple jeu entre nous. Peu importe ce dont il s'agit, je compte bien lui arracher la victoire.

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