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Chapitre 5 - Léonard

Le trajet jusque chez moi après mon dîner avec Sarah est rapide, à peine quinze minutes de route du centre-ville jusqu'au village où j'habite, à l'Est. Une fois le portail ouvert, je manœuvre mon Audi pour me garer sous l'abri, à droite de la maison. L'air frais de la nuit m'accueille, mais ce n'est pas ce qui me fait sourire. Dans le garage, je perçois un aboiement joyeux et ne peux m'empêcher de rire. L'impatience de Love a toujours eu le don de balayer mes soucis, ne serait-ce que pour un instant.

Je pousse la porte d'entrée, et à peine le seuil franchi, une masse noire remplie d'énergie à revendre se précipite sur moi. Love a encore dû réussir à ouvrir la porte que je laisse pourtant fermée durant la journée. Mais ma chienne est trop heureuse de me voir pour se soucier de ses bêtises. Ses pattes glissent sur le carrelage alors qu'elle tourne autour de moi, sa queue remuant avec frénésie.

Après avoir retiré mes chaussures que je laisse traîner dans l'entrée, je dépose ma sacoche de travail dans la montée d'escalier sur ma gauche. Ma maison est l'une de mes plus grandes fiertés. Achetée il y a dix ans, alors qu'elle ne ressemblait plus à grand-chose, j'ai passé les années suivantes à la retaper de fond en comble. Au début, j'ai cru que je ne finirais jamais les travaux tant il y en avait.

Désormais, un couloir à ma gauche mène à la suite parentale, avec une salle de bain et un dressing spacieux. En face, la porte qui donne sur le garage grince légèrement à cause du courant d'air. Je referme rapidement celle de l'entrée afin de le couper avant de me diriger vers le salon.

Au moment de mon achat, la maison n'avait aucune luminosité et ressemblait à une ancienne prison. Dorénavant, la pièce principale s'étend sur quatre-vingt mètres carrés et est baignée de lumière grâce à l'ajout de nombreuses baies vitrées qui donnent sur le jardin. Du moins, quand il fait jour. Au loin, on peut tout de même apercevoir l'ombre des arbres fruitiers que j'ai plantés durant ma première année ici. À l'est, j'ai fait construire une piscine pour mes neveux et nièces, qui adorent s'y baigner durant les vacances d'été.

Je fais glisser la porte-fenêtre pour laisser sortir Love sur la terrasse en bois. Elle s'y précipite en courant après un oiseau qui a le malheur de se poser dans l'herbe. Pendant qu'elle s'amuse et fait ses besoins, je me déleste de ma veste que je laisse sur le dossier d'une chaise, puis me laisse tomber sur mon canapé.

Derrière moi, la salle à manger contient une table assez grande pour accueillir tout mon service si je le voulais. Et, au fond de la pièce, se trouve la cuisine. Ce doit être l'endroit où je passe le plus de temps maintenant que les travaux sont terminés. Cuisiner est l'une de mes passions quand je ne travaille pas. J'adore me plonger dans des recettes du monde entier.

Malgré mon besoin de calme, j'allume la télévision pour créer un bruit de fond. Je ne sais pas pourquoi le silence me dérange tant alors que c'est ce que je recherche dès que je sors pour me rendre au travail.

Dix minutes plus tard, le bruit d'une griffe contre la baie vitrée du salon m'indique que Love a terminé ses petites affaires. Je lui fais signe de faire le tour pour revenir par celle qui est déjà ouverte dans la cuisine, mais elle me fixe avec ses grands yeux tristes. Je soupire et me lève pour lui ouvrir. J'en profite pour remplir sa gamelle de croquettes, sur laquelle elle se jette aussitôt. Je vérifie que celle d'eau est encore pleine, ce qui est le cas, avant de retourner devant la télévision. Mais rien ne capte mon attention. Je sors donc mon téléphone et me mets à scroller sans but précis. Après trois articles sur divers sujets médicaux, j'en ai assez et bascule sur une application de rencontres.

Même si certains profils semblent prometteurs, je retombe vite dans une léthargie lassante. Aucun de ces hommes ne m'intéresse réellement. À mes yeux, ils ne sont que des photos accompagnées d'un pseudo, ce qui est bien loin de me garder intéressé. Je fais glisser chaque image dans le même sens sans les regarder plus d'une demi-seconde, jusqu'à ce que mon regard accroche des yeux gris. Durant un instant, je crois qu'il s'agit de Payet. Mais non, l'homme sur la photo ne lui ressemble pas. Celui-ci est blond comme les blés.

Agacé par la réaction inattendue de mon corps et cet éclat d'intérêt venu de nulle part, je ferme l'application, balance mon téléphone sur un coussin puis laisse tomber ma tête en arrière. Le plafond blanc me renvoie à mes pensées, vide et neutre.

Maintenant qu'elle a le ventre plein, Love saute sur le canapé pour se rouler en boule à côté de moi, ignorant royalement l'interdiction théorique de grimper dessus. J'ai fini par abandonner ce combat depuis longtemps. Ma main glisse sur son pelage noir, et nous restons ainsi durant de longues minutes.

Quand la musique d'une nouvelle pub retentit, mon téléphone vibre, attirant mon attention. Je tourne la tête et vois le numéro de ma sœur s'afficher sur l'écran. Comme souvent avec elle, c'est un appel vidéo. Je grimace, hésitant, mais comme je n'ai rien à faire, je finis par décrocher.

— Salut, Laura, dis-je avant même que l'image ne se dépixelise.

— Oncle Léo ! me répondent deux voix en chœur.

Le premier, Nathan, quatorze ans, a les mêmes yeux noisette que ma sœur. Quant au second, le plus jeune, Enzo, il a les joues rondes de son géniteur. Sur mon neveu, cela lui donne un air adorable, mais sur mon ex-beau-frère, ce trait le faisait passer pour un idiot. Ce qu'il est, soit-dit-en-passant.

— Coucou ! ajoute joyeusement ma sœur en apparaissant à l'écran au-dessus de la tête de ses fils.

Laura est une belle femme de quarante ans. Comme moi, elle garde ses cheveux blonds courts, bien que les siens le sont légèrement plus que les miens. Nous nous ressemblons beaucoup, si ce n'est la couleur de nos iris. Ceux de Léandre, notre ainé, et les miens sont d'un bleu hérité de notre mère.

— Comment ça va, les gars ?

— J'ai eu un seize en maths ! m'annonce Nathan sans attendre.

— C'est super, le félicité-je.

— Qu'est-ce que tu fais ? demande ensuite Enzo.

Je ne sais pas trop quoi leur répondre. Les enfants ont toujours le don de pointer du doigt ce que j'essaie d'éviter d'aborder, et leur expliquer que je ne faisais strictement rien à vingt-et-une heures trente un lundi soir revient à leur avouer que ma vie craint en ce moment. Par chance, je n'ai pas le temps de répondre, car Enzo, du haut de ses onze ans, change de sujet et m'achève avec une seconde question :

— Oncle Cam est avec toi ?

Je dois reconnaître que même si je m'en suis remis, mon cœur se serre un petit peu par nostalgie. Laura remarque sûrement le changement sur mon visage, car elle murmure quelque chose dans l'oreille de son fils pour lui rappeler qu'oncle Cam et oncle Léo ne sont plus ensemble depuis un moment.

— Je sais, souffle Enzo, mais hier, mamie a dit...

Je ne saurai jamais ce que ma mère a encore dit dans mon dos, car ma sœur s'empresse de récupérer le téléphone des mains de Nathan. Je la vois rougir alors qu'elle essaie de ne pas faire tomber le portable.

— OK, les garçons, vous avez dit bonsoir à Léo, maintenant dodo !

J'entends des protestations en arrière-plan pendant qu'elle les met au lit, et en profite pour me servir un verre d'eau dans la cuisine. Moins de trois minutes plus tard, le visage de Laura réapparaît à l'écran.

— Désolée, s'excuse-t-elle, essoufflée. Tu sais comment ils sont.

Malheureusement, oui. Je repose mon verre sur le plan de travail de l'îlot central, cale mon téléphone contre un régiment de bananes qui commencent à dépérir, puis m'accoude pour être à la hauteur de la caméra.

— Comment tu vas ? dis-je à la place.

Ma sœur n'a jamais été du genre réservé et se met à me raconter son weekend ainsi que sa journée. Je l'écoute, intervenant parfois pour poser une question ou deux, mais dans l'ensemble, une petite heure passe avant qu'elle ne réalise qu'il commence à être tard.

— Mais je dérive. Et toi, ça va ? Maman a dit que tu étais sorti ce weekend ? Est-ce qu'il a un petit nom ? me taquine-t-elle, comme elle l'a toujours fait.

— Son « petit nom » est Valentin, le fils de ma patiente à qui j'ai dû faire une césarienne en urgence à trois heures du matin, l'arrêté-je aussitôt.

La moue déçue de ma sœur me fait rire. Malgré sa relation désastreuse avec son ex-mari, elle restera toujours une romantique dans le fond. Il fallait bien qu'un des trois enfants Royer ait hérité du trait de caractère fleur bleue de notre grand-mère, car ni Léandre ni moi ne sommes de ce bois-là. Mon frère est même pire que moi : c'est à peine s'il se souvient de la date de son propre mariage.

— Pas de complications au moins ? m'interroge Laura.

— Non, rien du tout.

— Tant mieux alors. Ça me fera toujours rire de penser que tu fais naître des bébés en danger.

— Pourquoi ?

— Je ne sais pas. Un obstétricien gay qui déteste les enfants, voire les gens en général, avoue que c'est quand même un sacré comble.

Je ne vois pas en quoi c'est étrange. Je suis bon dans mon métier. Mes journées sont passionnantes... si on enlève certains aspects, bien sûr. Comme les gens, en effet. Je pourrais m'en passer sans problème. Mais le reste, je ne changerais pour rien au monde.

— Je ne déteste pas tous les enfants, répliqué-je. Regarde, je tolère bien tes mioches. Et je ne vois pas en quoi ma sexualité joue là-dedans. Il faut bien que je gagne ma vie comme tout le monde.

Je dois être plus sec que voulu, car les yeux de ma sœur se lèvent au plafond.

— Bon sang, pète un coup, Léo ! raille-t-elle. Ce n'était pas une critique. Je disais juste que c'est marrant, c'est tout.

— Mouais...

Dans la lumière tamisée de la cuisine, je fais glisser mon verre sur le plan de travail, comme pour m'accorder quelques secondes de plus avant de devoir replonger dans le tourbillon de la conversation. Accoudé sur l'îlot, je fixe la caméra et un soupir silencieux m'échappe.

— Au fait, je ne t'ai pas raconté ! s'exclame soudain Laura.

Tandis que j'écoute ma sœur blablater, chaque mot semble exiger de moi un effort pour rester concentré. Même mon rire, qui surgit en réponse à l'une de ses blagues sur ses collègues, sonne creux. Une lassitude s'infiltre en moi, mêlée à une envie de silence et de répit. Mais raccrocher au milieu de son histoire serait malpoli.

— Tu sais, je me dis parfois que tu n'es pas vraiment heureux dans ta vie. Pas dernièrement en tout cas.

Je sursaute comme si une main invisible m'avait tiré hors de mes pensées. En une fraction de seconde, le monde autour de moi retrouve ses couleurs et ses bruits. Je cligne des yeux, un peu désorienté, me demandant comment j'ai pu me perdre dans mes réflexions.

— D'où tu sors ça ?

La question m'échappe, ma voix mêlant une pointe de surprise tirant sur la défensive. J'observe Laura à travers l'écran, curieux de connaître sa réponse, tout en essayant de masquer le fait que j'étais ailleurs. Une ombre de gêne traverse son visage, et elle détourne un instant les yeux.

— Je ne sais pas, tu ne plaisantes plus comme avant. En tout cas, de moins en moins depuis que Camille et toi...

Elle ne termine pas sa phrase et mordille sa lèvre inférieure, un geste qui trahit son hésitation. De mon côté, ma mâchoire se crispe et je sais que l'angle de la caméra ne cache rien de ma réaction.

— Laura, Cam et moi, c'est du passé. Je suis juste fatigué en ce moment...

— Et ? m'encourage-t-elle.

Il faut que je lui donne un truc. Quelque chose qui m'est égal pour éviter d'avoir à entrer dans des sujets plus profonds.

— Et j'ai peut-être fait une connerie en sortant du boulot tout à l'heure, avoué-je. Je n'arrête pas d'y repenser depuis tout à l'heure. Même pour moi, c'est bas.

Elle hausse un sourcil, m'incitant à poursuivre sans me presser. Je n'en ai pas parlé à Sarah durant le dîner parce qu'elle se fiche de ce genre d'altercations, et je sais que Laura ne se moquera pas non plus. Au contraire, elle va adorer avoir l'occasion de me reprendre.

— J'ai... comment dire ? Peut-être insulté une personne handicapée ?

D'un coup, je ne vois plus que le plafond blanc de la maison de ma sœur, qui a laissé tomber son portable. Le silence qui suit de son côté est lourd, chargé d'incrédulité et de déception. Moi, je continue de jouer à déplacer mon verre entre mes mains. Finalement, son visage réapparaît à l'écran.

— Mais pourquoi ? Qu'est-ce que cette pauvre personne t'a fait ?

La pointe de culpabilité que je ressens me fait froncer le nez. Non que je pense qu'on ne peut pas s'engueuler avec une personne handicapée — ils sont comme tout le monde, capables d'être insupportables comme Payet parfois. Mais j'ai présumé que son attitude était de l'arrogance alors qu'elle n'était probablement qu'une conséquence de son handicap. J'ai insulté son handicap, et ça, ça me dérange plus que l'avoir insulté, lui. J'ai l'impression d'avoir triché.

— Il a... raté le cendrier ?

Je hausse une épaule. Maintenant que je me suis refait la scène plusieurs fois dans ma tête durant la soirée, je suis formel : cet idiot n'a pas réalisé qu'il avait jeté son mégot à côté de la poubelle. Mon Dieu, je suis vraiment un connard de première catégorie pour le coup.

— Tu as la possibilité de le revoir ? s'informe Laura.

Elle prend ce ton, celui qu'elle utilise avec ses enfants quand ils ont fait une bêtise.

— Je ne sais pas. Pourquoi je voudrais le revoir ?

— Crétin. Tu vas aller t'excuser et le problème sera réglé. Tout simplement.

Laura me fixe avec cette détermination qui lui est propre, une lueur d'intransigeance dans le regard.

— Je ne suis pas l'un de tes fils. Tu ne peux pas me dire ce que je dois faire.

Elle esquisse un sourire narquois, et je sais déjà que sa réponse ne va pas me plaire.

— Si tu avais été l'un d'eux, je t'aurais privé de jeux vidéos durant une semaine alors estime-toi heureux que je ne sois effectivement pas ta mère.

Je laisse échapper un grognement contrarié, mais au fond, je sais qu'elle a raison. Ça me fait juste chier de l'admettre. D'ailleurs, hors de question que je le fasse juste parce qu'elle me l'a dit. Plutôt mourir que d'obéir à ma petite sœur. Mais j'aimerais aussi qu'elle me lâche la grappe à ce sujet. Alors je lui jette un os pour ce soir :

— J'essaierai de voir ce que je peux faire, concédé-je, laissant planer une ambiguïté.

— Parfait.

Je détourne le regard, un sourire en coin se dessinant malgré moi sur mon visage. Je vais essayer, oui, mais sans y mettre trop de volonté non plus. Après tout, ce n'est pas comme si Payet et moi étions destinés à devenir les meilleurs amis du monde.

— Léo... me menace Laura, devinant mes pensées.

— J'ai dit que j'essaierai. Tu me saoules.

— Gamin.

— Tyran, répliqué-je du tac au tac.

Nous nous regardons en chiens de faïence à travers l'écran avant de rire ensemble. Malgré la lueur désapprobatrice qui persiste dans les yeux de ma sœur, je comprends qu'elle ne m'en veut pas trop. Même si elle sait que je ne suis pas le plus affable des hommes, elle doit se douter que je n'ai pas non plus fait exprès d'insulter monsieur Payet. Il suffira que j'ignore ses appels dans les prochains jours jusqu'à ce qu'elle oublie de me demander si je me suis excusé.

Un long « maman » se fait alors entendre de son côté, mettant fin à notre conversation. Je souhaite une bonne soirée à Laura, puis retourne m'installer près de Love. Mon esprit divague un instant, mais je finis par attraper une manette. Il est encore trop tôt pour dormir, et peut-être qu'un jeu me permettra de me changer les idées avant de me coucher. Après tout, personne ne peut me priver de jeux vidéos dans ma propre maison.

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