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Chapitre 4 - Émilien

Malgré mon envie de retrouver Victoire au plus vite, je ne peux pas me passer de ma canne. Je ne connais pas suffisamment cet endroit pour risquer de me prendre un mur. Et il est hors de question que cela arrive alors que le docteur Casse-Burnes est dans les parages, même s'il ne me regarde probablement pas. Peut-être qu'il se moque de cette altercation. Tant mieux, nous serons deux. Je n'ai que faire de Royer et de ses accès d'impolitesse répétés.

Lorsque j'atteins le bureau, guidé par les bandes plus épaisses au sol, l'infirmière qui m'a accueilli plus tôt m'interpelle de nouveau. Je reconnais sa voix légèrement essoufflée :

— Monsieur Payet, vous êtes déjà de retour ?

Son sourire se devine aisément. Après un hochement de tête, je replie ma canne et prends appui sur son bras. Alors qu'elle me guide vers les ascenseurs plus loin, j'entends le froissement de son col de blouse, signe qu'elle tourne la tête dans ma direction.

— Je n'ai pas pu m'empêcher de vous voir discuter avec le docteur Royer, chuchote-t-elle sur le ton de la confidence. J'espère que ce n'est pas un problème avec le bébé quand même.

— Non, rassurez-vous.

— Et vous êtes sûr que vous allez bien ? Vous avez l'air fatigué tout d'un coup.

« Bien » n'est pas le mot que j'aurais employé pour me décrire après mon interaction avec Royer. Cet homme est l'un des plus irrespectueux qu'il m'ait été de rencontrer. Certes, je ne peux nier l'aide qu'il nous a apportée hier. Sans lui, qui sait ce qu'il se serait passé pour Victoire et le bébé. Mais le reste de sa personnalité... Sa suffisance est aussi étonnante qu'insupportable. Le contraste entre sa compétence et son attitude quand il ne travaille pas est presque grotesque. C'est comme si deux personnes cohabitaient en lui : le médecin brillant et le prétentieux invétéré.

— Bien sûr, réponds-je simplement. Un petit différend avec le docteur Royer. Rien de grave.

À sa démarche qui ralentit, je comprends qu'elle voudrait que je développe. Cependant, moins je parle de ce crétin, mieux je me porte.

— Tant mieux alors. Entre vous et moi, vous n'êtes pas le seul à vous embrouiller avec lui, finit-elle par dire avec un rire. Il a sa petite réputation par ici.

Réputation d'abruti fini, oui.

Rien que la veille, à partir du moment où il a débarqué dans la forêt jusqu'à celui où il a fui avec sa chienne, il n'a cessé de me taper sur les nerfs. Ce ne sont pas les mots qu'il emploie, mais la façon dont il les prononce. Avec cette pointe d'insolence, comme s'il en savait plus que tout le monde. Bien sûr, je reconnais que je n'en menais pas large de mon côté. Je ne m'attendais absolument pas à ce que Victoire doive accoucher au milieu de la nature. Mais ma méfiance était légitime. Après tout, un inconnu total qui surgit de nulle part pour nous bombarder de questions parce qu'il se trouve qu'il est obstétricien. Pour ce que nous en savions, il aurait pu être un fou furieux échappé d'une unité psychiatrique. J'estime que j'avais le droit d'être sceptique face à sa soudaine envie de prendre les choses en main. Et ce soir... Ce soir, il a agi comme l'abruti qu'il est sans doute au quotidien. Victoire a beau le trouver charmant, désolé, ça ne marche pas sur moi, même s'il y a un truc qui m'échappe encore et qui titille ma curiosité. Arf. Je dois juste être allergique aux cons.

La soignante doit lire mes sentiments sur mon visage, car je sens sa main effleurer mon avant-bras dans un geste se voulant complice.

— Mais si on arrive à passer au-delà de la première impression, c'est un excellent médecin, blablate-t-elle sans se rendre compte que je m'en fiche. Il a été super quand ma fille a accouché.

— Hmm, hmm.

Nous montons dans l'ascenseur et je crois naïvement que l'infirmière en a terminé avec le sujet Royer. Je la sens s'éloigner pour appuyer sur le bouton de l'étage, mais une fois que les portes se sont refermées, elle reprend aussitôt, pour mon plus grand malheur :

— Et quand on y pense, c'est vraiment dommage, cette mauvaise réputation, parce qu'il est bel homme.

Pour ce que ça me fait. J'étouffe un ricanement désabusé :

— Comme quoi, le physique ne fait pas tout dans la vie. Tentez votre chance, qui sait.

— Monsieur Payet, glousse-t-elle en reprenant mon avant-bras, j'ai presque vingt ans de plus que lui. Ce n'est pas ce que je voulais dire, voyons. Je pense simplement que s'il était plus souriant, ce garçon serait déjà marié à l'heure qu'il est.

Par chance, les portes s'ouvrent, me sauvant de la nécessité de répondre. La vie personnelle de Royer m'intéresse peu. Il peut bien être célibataire, marié, divorcé, adepte des coups d'un soir ou des sciences occultes, ce n'est pas mon problème.

Nous sortons, ma main toujours sur le bras de l'infirmière bavarde, pour rejoindre la chambre de Victoire. Cette fois, mon cerveau déconnecte complètement de ce qu'elle me raconte.

— Et voilà, vous êtes juste devant la porte. Ah... qui est fermée, ajoute-t-elle rapidement afin que je ne me la prenne pas en pleine tête. Vous avez besoin d'autre chose ?

— Non, c'est gentil. Merci de m'avoir accompagné...

— Annabelle, précise-t-elle puisque je ne peux pas lire son badge.

— Merci, Annabelle.

— Avec plaisir. Bonne soirée.

Elle s'éloigne dans la direction d'où nous venons. Je toque puis entre dans la chambre en longeant le mur avec ma main. Pour être déjà passé ce midi, je connais à peu près l'emplacement de chaque meuble. Mais comme on n'est jamais à l'abri d'une surprise dans un environnement aussi changeant, je reste sur mes gardes. Les nouveaux lieux sont une plaie, mais on finit par s'habituer et se faire confiance. Ce n'est pas comme si j'avais le choix de toute manière.

— Lili ! m'accueille Vicky. Bien travaillé ?

Arf, encore ce surnom que je déteste. Toutefois, elle me l'a donné il y a si longtemps que je ne proteste même plus. Mon sourire s'agrandit alors que mes yeux défectueux captent un léger éclat de lumière sur ma droite. Rien d'utile, juste un flash minimaliste qui me permet de comprendre que la lumière est allumée, et donc que je ne l'interromps pas en plein repos. Malgré les circonstances hautes en couleur de la naissance de ma seconde nièce, ma sœur a fait un travail formidable hier. Je suis tellement fier d'elle. Accoucher en plein milieu d'un chemin avec pour seule aide un connard qui... Non, je ne vais pas aller par là. Je suis ici pour passer quelques minutes avec Victoire, pas pour ressasser mes rancœurs.

Je me glisse entre le lit et le berceau pour déposer un baiser contre sa joue.

— Plutôt bien, oui, dis-je avec un sourire, mais l'après-midi a été long. Et toi, comment tu vas depuis tout à l'heure ? Pas trop fatiguée ?

— J'ai fait une sieste.

Je l'entends renifler dans ma direction avant qu'un soupir lui échappe :

— Toi, tu as encore fumé avant de venir...

— Des nouvelles de David ? l'ignoré-je.

David, son partenaire, est en déplacement professionnel. Il devait rentrer dans quelques jours et ne plus repartir avant la date prévue de l'accouchement, mais le sort en a décidé autrement.

Elle me donne des nouvelles plus ou moins utiles, et je hoche la tête pour montrer que je l'écoute. Mon beau-frère travaille dans les relations internationales, et ses fonctions ont toujours été floues pour moi. Je ne saurais pas dire à quoi ressemble son quotidien exactement.

— Et Candice ? Tu as pu la voir ?

Il s'agit de sa fille de trois ans, ma nièce. Celle que nous étions partis récupérer hier chez la belle-mère de Victoire, mais qui, contre toute attente, est restée chez « mamie Jacky » une nuit supplémentaire à cause de l'arrivée précoce de sa petite sœur.

— Maman est passée la récupérer chez Jacqueline après le déjeuner, m'apprend ma sœur. Elle reste chez les parents jusqu'au retour de David. Son avion atterrit à neuf heures demain donc c'est juste pour cette nuit.

— OK, parfait. N'hésite pas si tu as besoin de moi pour la garder, je n'aurai qu'à prendre un jour de congé.

Victoire échappe un ricanement qui me fait comprendre qu'elle ne me croit pas. Il est vrai que je n'aime pas m'absenter du boulot si je peux l'éviter, mais garder ma nièce dans cette situation est un cas de force majeure. Nos parents ne sont plus en grande forme. S'occuper de leur petite-fille jusqu'à demain devrait aller, mais entre notre père qui peine à marcher sans sa canne et notre mère qui perd un peu la tête parfois, je préfère que Vicky sache que je peux prendre le relais si besoin.

Malgré sa sieste cet après-midi, elle doit être fatiguée, car je perçois un bâillement.

— Tu es sûre que tu ne veux pas que je m'en aille pour pouvoir te reposer ? réitéré-je en m'installant dans le fauteuil à côté du lit.

J'essaie d'être le plus discret possible afin de ne pas réveiller Charlotte dans son berceau. Son souffle régulier me rappelle qu'elle ne serait peut-être pas là si Royer ne nous avait pas prêté main-forte, et cette pensée relance mon agacement malgré mes efforts pour le mettre de côté.

— Ça va. Mais dis-moi plutôt pourquoi tu fais cette tête, s'enquiert Victoire.

— Quelle tête ?

— Comme si tu avais encore mis ta canne dans une crotte de chien en venant ici. Tu sais, avec tes sourcils froncés et tes lèvres pincées.

— C'est...

Je souffle, retire mes lunettes noires et les glisse dans ma poche avant de me frotter les yeux. Je crois que j'aurais préféré tomber sur une crotte de chien.

— J'ai croisé Royer en bas.

— Oh, le docteur d'hier ? Il est passé me voir tout à l'heure, m'apprend-elle.

Je sursaute presque. Vu la manière dont il s'est éclipsé la veille, je ne pensais pas qu'il viendrait rendre visite à Victoire aujourd'hui.

— Pourquoi ? demandé-je avec une pointe de méfiance.

Il n'est même pas le gynéco qui a suivi la grossesse. Ça ne colle pas avec le reste. Il y a un truc qui cloche.

— Prendre des nouvelles, voir si Charlotte allait bien. Il a été super. Quand je te dis qu'on a eu de la chance de tomber sur lui.

J'étouffe un grognement désabusé. Elle doit encore être shootée aux endorphines, la pauvre. Aucune chance qu'on parle du même homme.

— Je te jure, insiste-t-elle. En plus, tu râles, mais c'est pas toi qui as dû accoucher toute seule. Et tu sais quoi ? Il est même venu avec une boîte de chocolat pour me féliciter. Et toc ! Tu en veux un ?

— Non merci.

Je ne veux rien qui vienne de lui, même si mon estomac gargouille et que je n'ai rien avalé de plus qu'un sandwich triangle ce midi. J'entends un bruit sur ma droite, devinant que, malgré mon refus, Victoire, elle, se sert dans la boîte.

Lorsqu'elle reprend la parole, ses mots sont étouffés par les confiseries qu'elle mâche.

— Il te voulait quoi du coup ?

Je ne réponds pas tout de suite. Maintenant qu'elle me pose la question, je ne suis pas sûr de savoir pourquoi il m'a interpellé dehors. Je suppose que ce n'était pas pour m'insulter comme il l'a fait, mais une fois lancé, il n'est pas revenu sur ce qui l'a poussé à m'appeler au départ. C'est étrange, d'ailleurs. Mais bon, ça ne devait pas être si important s'il a oublié.

— Je ne sais pas. Probablement rien ?

— Et c'est ça qui te met dans tous les états ? se moque Victoire. Qu'il ne t'ait pas salué avec une révérence ?

Mes yeux se lèvent au ciel.

— Je ne suis pas « dans tous mes états ».

— Mouais... On dirait quand même qu'il a réussi à te déstabiliser et rien que ça, c'est un sacré exploit, monsieur Imperturbable.

Oui parce que je n'ai toujours pas compris ce qu'il insinuait ! Qu'est-ce qu'il entendait par une « personne comme moi » exactement ? Je sais que ma cécité n'est pas évidente, et je doute qu'il parlait des aveugles. Avec le temps, j'ai appris à regarder mes interlocuteurs en direction de leur visage, ce qui empêche souvent les gens de comprendre que je ne les vois pas. Mais même sans ça, il a bien dû s'en rendre compte, non ? Hier, Victoire me guidait quand on marchait. Donc il faisait forcément référence à... Oh et puis merde.

— Sincèrement, rit Vicky, qu'est-ce qu'il t'a dit ? Je t'ai rarement vu si décontenancé.

Je soupire. Si seulement je le savais moi-même. Techniquement, il ne m'a rien fait, c'est juste son attitude, son énergie, son... aura ? Un peu tout ça ? Difficile de trancher, et je n'ai pas envie de m'avancer sans y avoir réfléchi un peu plus.

— Rien, c'est juste... Je ne l'aime pas, d'accord ? On peut passer à autre chose ?

Et c'est ce que nous faisons. Nous discutons de tout et de rien. Après le passage d'une infirmière pour aider Victoire à allaiter ma nièce, je peux enfin la prendre dans mes bras sans craindre de la réveiller..

Assis sur le fauteuil, je fais glisser mon index entre ses doigts, faisant remonter des souvenirs. J'ai toujours adoré les enfants, leur innocence rafraîchissante et leur joie contagieuse. Quand j'ai perdu la vue, j'ai eu peur que cela gâche ces moments, mais non. C'est simplement différent de ce que j'aurais pu imaginer avant.

— Attends, dit ma sœur, je vais prendre une photo pour envoyer aux parents. Vous êtes trop mignons tous les deux.

Je perçois le clic caractéristique de son application photo au moment où elle nous immortalise. Je sais qu'elle désactive le mode silencieux sur son téléphone pour me permettre de suivre ce qu'il se passe autour de moi, et je ne la remercierai jamais assez pour ces petites attentions.

— Viens avec nous, l'appelé-je, on fera un selfie. Maman va adorer.

Avec un peu de difficultés, nous déplaçons le fauteuil pour qu'elle puisse se rapprocher sans quitter le lit, puis elle m'entoure de son bras libre.

— Souris ! m'ordonne-t-elle en me donnant un léger coup à l'arrière du crâne.

— Je souris.

— Souris mieux que ça alors. Voilà !

Elle glousse, et je crois que la photo est réussie, car elle l'envoie directement à nos parents sans proposer de la refaire.

Une fois réinstallée dans le lit, le silence s'installe rapidement, Vicky occupée avec son téléphone, et moi m'amusant avec la main minuscule de ma nièce.

— Ah, maman me dit qu'il y aura Natasha le weekend prochain. Je ne savais pas. C'est cool, elle pourra voir Charlotte comme ça. Ça fait un bail que je ne l'ai pas vue en plus.

Nous discutons un instant du repas chez nos parents, une routine mensuelle depuis que nous habitons tous de nouveau dans la même région, mais rapidement, l'heure de la fin des visites approche. Je me lève pour lui confier sa fille, qui n'a pas bronché. Après un étirement ou deux, je me baisse pour récupérer mon sac laissé au pied du lit, mais ma main ne rencontre que le vide.

— Vicky ? soupiré-je.

Naviguer dans une pièce inconnue est déjà compliqué, alors si je ne fais pas attention à l'endroit où je pose mes affaires... Chez moi, je m'en fiche, je finis toujours pas retrouver mes repères, mais à l'extérieur, cela devient vite stressant.

— Pardon, j'ai dû le bouger en prenant la photo, s'excuse-t-elle. Il est à un mètre sur ta gauche. Désolée.

Son ton contrit me fait sourire. Le fait qu'elle prenne le blâme alors que je suis sûrement responsable me touche toujours autant. J'embrasse donc sa joue pour lui dire au revoir, puis déplie ma canne.

— Quand est-ce qu'ils te laissent partir ? demandé-je.

— Mercredi si tout va bien.

— Cool, je repasserai demain soir alors. Embrasse David de ma part, OK ? Passez une bonne soirée toutes les deux.

— Merci, Lili. À demain. Rentre bien.

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