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Chapitre 15 - Léonard

La buée recouvre le miroir jusqu'à ce que je passe mon poing dessus. Mon reflet apparaît partiellement, déformé par les gouttes d'eau. Mes cheveux blonds, encore mouillés, retombent en mèches désordonnées sur mon front. Il serait temps que je les raccourcisse un peu. Mes iris bleus ressortent comme deux éclats clairs, presque brillants sous la lumière du soleil qui passe par la fenêtre. Pour une fois, je ne remarque pas les rides qui se creusent à force de plisser les yeux. Non, aujourd'hui, mes traits semblent plus relâchés.

Arf. Je secoue la tête, agacé par cette constatation que je n'arrive pas à nier, et termine de me brosser les dents. Alors que je frotte machinalement, mes pensées dérivent. Partager une nuit avec quelqu'un comme Émilien était... différent. Puisqu'il ne voit pas, ça m'a forcé à être attentif d'une manière que je n'avais jamais expérimentée. Enfin, forcé n'est pas tout à fait le bon mot. C'était naturel. Presque trop, même. Et déstabilisant, je ne vais pas mentir. Pas étonnant que l'idée de partir avant son réveil m'ait traversé l'esprit.

Mais debout dans le noir, prêt à fuir comme une ombre, j'ai repensé à notre soirée. À sa manière de me parler, de me toucher. Émilien me trouble plus que je ne l'aurais cru possible. Il a cette façon d'être à la fois obstiné et conciliant. C'est agaçant. Fascinant. Mais surtout, dangereux. Alors j'ai hésité, longtemps, la main sur la poignée de sa chambre, puis je suis retourné me coucher. Peut-être que c'était pour lui. Peut-être pour moi. Franchement, je n'en ai aucune foutue idée. Ce que je sais, en revanche, c'est que rester m'a semblé juste.

En plus, il pleuvait encore des cordes à ce moment-là donc bon...

Je rince ma bouche et repose ma brosse à dents. Mes pensées traînent un peu trop longtemps sur le souvenir de ses mains, de ce mélange unique de contrôle et d'abandon pour que ça ne m'agace pas. Alors chassant mon sourire involontaire, je quitte ma salle de bain, enroulé dans une serviette. Une douche froide aurait été une bonne idée. Déjà que je suis à la bourre...

En passant dans ma chambre pour rejoindre mon dressing, je jette un coup d'œil à Love. Elle est allongée dans son panier à l'autre bout de la pièce et ses yeux me fixent, pleins de reproches silencieux.

— Désolé, ma grande, murmuré-je en la grattant entre les oreilles. Je me ferai pardonner tout à l'heure.

Boudeuse, elle ne lève même pas la tête. Je sais qu'elle n'apprécie pas sa gamelle automatique, mais je n'ai pas le choix à cause de mes horaires. Au moins, je suis assuré qu'elle reçoive toujours sa nourriture à l'heure. Hier soir, ce n'était pas une question de boulot, et je crois qu'elle l'a deviné.

Je termine de me préparer, enfile un polo propre, un short et des baskets. Sur le chemin vers la porte, Love me suit enfin. Son regard est un mélange d'espoir et de résignation.

— Promis, on se fera une longue balade dès que je reviens, lui assuré-je avant de partir.

Dans la voiture, mon humeur s'assombrit. L'idée de passer des heures chez Sarah ne m'emballe pas, même si je sais que je n'avais aucune raison de refuser l'invitation. Elle est mon amie depuis trop longtemps pour que je me défile sans une excuse valable. Mais, bon sang, je n'ai pas envie de passer l'après-midi à écouter son fils m'assommer avec le système solaire. Si au moins il variait les sujets... Huit mois ! Huit mois que je me coltine les mêmes anecdotes sur Mars, Vénus et Jupiter. Bon, j'exagère. En vérité, il me harcèle aussi avec ses cent questions à la minute. Je suis conscient que c'est l'âge où on découvre le monde, mais qu'est-ce que j'en sais, moi, dpourquoi les oiseaux ne tombent pas quand ils dorment sur une branche ? Je ne suis pas ornithologue.

Malgré tout, je continue de rouler jusqu'à la boulangerie pour acheter le dessert promis, puis jusque chez mon amie. Lorsque j'arrive devant sa maison, j'ai plus de trois quarts d'heure de retard par rapport à ce que je lui ai annoncé la veille. Non que ça me gêne.

Dès que Sarah ouvre la porte, ses yeux me scannent de haut en bas, puis de bas en haut. Son expression est un mélange d'exaspération et d'acceptation. Je ne suis pas connu pour être à l'heure de base, et de toute façon, je ne pouvais pas faire mieux. Il fallait bien que je rentre me doucher et fasse sortir Love.

— Un texto, ça t'aurait fatigué ? se plaint ma collègue. Heureusement que je me doutais que tu allais arriver en retard.

— Pas fait exprès, je me suis couché tard.

Les yeux de Sarah s'agrandissent une seconde avant de se plisser. Je ne l'ai pas envoyé chier comme je le fais d'habitude. Elle me scanne à nouveau, désormais suspicieuse, puis se décale pour me laisser passer.

— Tu es bizarre aujourd'hui, constate-t-elle en refermant la porte. Mais bon, avec toi, j'ai arrêté d'essayer de comprendre il y a des années.

Je fronce les sourcils, et me prépare à lui répondre qu'elle délire, mais son mioche débarque en portant un bouquin plus gros que lui. Même s'il n'a que cinq ans, Théo a hérité des gènes de géant de sa mère et en paraît physiquement trois de plus. Ça le fait passer pour plus con qu'il ne l'est alors qu'en réalité, il a un esprit vif pour son jeune âge.

— Léo ! Léo ! s'exclame-t-il. Regarde mon nouveau livre ! Il est beau, hein !

Sarah ricane à côté de moi tandis que je soupire, résigné.

— Super, ouais.

— Mon cœur, tu devrais emmener Léo dans le salon pour le lui montrer en attendant que je termine de préparer la salade, l'encourage-t-elle dans sa connerie.

— Ouais ! Et hier, après l'anniversaire de Slimane, maman m'a acheté un maza... un magazine ! Viens voir !

Bien évidemment qu'elle l'a fait. Je suis Théo jusqu'au salon, non sans jeter un regard par-dessus mon épaule. Du bout des lèvres, je mime silencieusement :

— Tu me revaudras ça.

Quand j'arrive, le mioche est déjà installé sur le tapis avec d'autres livres, ainsi qu'un magazine scientifique tout neuf, étalés autour de lui. J'aperçois des images de l'espace, d'étoiles et de planètes partout. Je me laisse tomber lourdement dans le canapé, juste derrière lui. Infatigable, Théo place aussitôt son magazine sur mes genoux pour que je le feuillette, avant de se mettre à tourner les pages de son nouveau bouquin. Pour le moment, il n'a pas l'air de trouver ce qu'il cherche, mais ça ne l'empêche pas de parler pour autant :

— Tu savais que Mars est rouge parce qu'il y a de la rouille ?

— Oui, marmonné-je.

— Et tu savais que Vénus est super chaude ? enchaîne-t-il sans attendre. À cause de son gros nuage qui garde toute la chaleur.

— Oui.

— Et tu savais que sur Jupiter, il y a une énooorme tempête ? C'est la Grande Tache Rouge !

— Oui.

Théo ne se laisse pas démonter par mon manque d'enthousiasme et continue de tourner les pages. De mon côté, mes yeux se baladent à la recherche d'une sortie de secours. J'aperçois Nolan à l'extérieur, en train de retourner la viande sur le grill du barbecue. Une grosse fumée blanche monte dans le ciel, tandis qu'il bouge en rythme sur une musique que je n'entends pas depuis le salon. Quant à Sarah, je sais qu'elle nous écoute depuis la cuisine et la soupçonne même d'y rester plus longtemps pour se venger de mon retard. Elle sait à quel point je déteste les questions de son fils.

— Et tu savais que Saturne est super légère pour sa taille ?

Mon regard revient se poser sur Théo. Par automatisme, je m'apprête à répondre « oui », mais une demi-seconde de réflexion me stoppe. En fait, je ne savais pas. Pour être honnête, ce genre de détail ne changera pas grand-chose à ma vie. Ce n'est pas comme si j'allais faire une croisière vers Saturne un jour. Mais autant je suis exaspéré par son enthousiasme sans fin pour l'astronomie, autant je ne vais pas lui mentir non plus.

— Non, dis-je en relevant un sourcil. Ça, je ne savais pas.

Erreur fatale. Ses yeux s'illuminent comme des phares. Avant que je n'aie le temps de regretter mon honnêteté, il se lance dans une tirade frénétique d'anecdotes sur Saturne.

— Bah si tu pouvais trouver une baignoire géante, genre vraiment énorme, comme ça ! s'exclame-t-il en écartant les bras au maximum. Saturne flotterait dedans !

Mon regard oscille entre ses bras trop courts pour illustrer l'immensité de la planète, et l'enthousiasme débordant sur son visage. Avec ses taches de rousseur et sa peau caramel, il a cette énergie pétillante propre aux gamins de son âge, comme si le monde entier était une aventure à découvrir. Ça fait longtemps que plus grand-chose n'est une aventure à mes yeux.

— Une baignoire géante ? murmuré-je, faussement intéressé. Reste plus qu'à appeler la NASA pour leur demander un devis.

— Oui ! C'est quoi un devis ?

— Un truc que tu comprendras quand tu seras grand.

Mais Théo n'écoute même pas ma réponse. Déjà reparti dans son livre, il semble déterminé à retrouver cette fichue page qui joue à cache-cache avec lui. Dans la pièce voisine, j'entends Sarah étouffer un rire. Visiblement, elle se délecte de mon supplice.

— C'est ça, ris ! crié-je. Tu feras moins la maligne quand il va commencer à te poser mille questions sur le sexe !

— C'est quoi le sexe ? demande alors Théo.

— Un truc que tu comprendras quand tu seras grand, répété-je.

Par chance, son père rentre, amenant avec lui l'odeur du barbecue. J'en profite pour me lever, délaissant le magazine sur le canapé. Il vient me saluer d'une poignée de main avant de se tourner vers son fils, qui continue de feuilleter les pages, insouciant de ce qu'il se passe autour de lui.

— Théo, va te laver les mains, s'il te plaît, lui dit-il en tapotant légèrement sur la table basse pour capter son attention. On va passer à table.

Ce dernier obéit à contrecœur et avec beaucoup de jérémiades. Son livre finit sur la pile conséquente du sol du salon. Une fois son fils parti, Nolan me sourit.

— Eh, Léo, tu savais qu'Uranus...

Je le stoppe d'un regard noir qui le fait rire. Il lève ses paumes devant lui en guide d'excuses.

— C'est Sarah qui m'a convaincu de te faire la blague, se dédouane-t-il.

— Je me demande bien comment elle est parvenue à ce miracle, toi qui te prétends incorruptible d'habitude.

— Tous les couples ont leur secret, rigole Nolan. En tout cas, ça fait plaisir de te voir.

Je hoche la tête et il m'entraîne jusqu'à la terrasse, où Sarah termine de poser la salade, des tranches de tomates et des pains à hamburger au centre de la table. L'odeur des steaks sur le barbecue emplit l'air. Puisque j'ai sauté le petit déjeuner ce matin, mon ventre gargouille.

— Eh bien... se moque ma collègue. On pourrait croire que tu n'as pas mangé depuis un moment.

— Ton père m'en a empêché, rétorqué-je. C'est qu'il est exigeant pour un vieillard. Il en redemandait même ce matin.

— Ceci explique cela, rigole Sarah.

Nolan nous regarde avec une expression perplexe, mais habitué aux simagrées de sa partenaire, il secoue la tête et passe à autre chose sans poser de questions.

Après quelques échanges de banalités sur la météo, nous nous installons enfin à table. Théo revient en courant et escalade la chaise à côté de moi. Sa main touche mon bras pour attirer mon attention.

— Léo ! s'exclame-t-il, son regard pétillant.

Je tourne légèrement la tête dans sa direction, juste à temps pour qu'il reprenne, comme s'il n'avait jamais été interrompu dans le salon :

— Alors, tu savais que sur Saturne...

Et voilà, c'est reparti. Qu'on m'achève.

***

Une heure plus tard, Théo s'est désintéressé des planètes pour se concentrer sur son trampoline. Je l'observe quelques instants, son rire ponctuant chaque bond, avant de détourner mon attention vers les adultes restants. Sarah découpe la tarte aux framboises que j'ai achetée en chemin. Nolan, à côté d'elle, pianote sur son téléphone avec une intensité qui laisse penser qu'il sauve le monde. Il doit juste être en train de parler sport avec son groupe de potes.

Mon regard glisse vers mon propre téléphone, posé sur la table. L'envie d'écrire à Émilien me traverse l'esprit. Je pourrais lui envoyer un message anodin, mais à quoi bon ? Nous n'avons rien établi entre nous, hormis cette unique nuit. Ce serait bizarre de lui demander comment il va, non ? Comme si j'essayais de...

Je secoue la tête, effaçant cette idée avant qu'elle ne prenne racine.

— Tu bosses demain ? demandé-je à ma collègue, optant pour la distraction la plus immédiate.

— Ouais, mais je ne fais pas la nuit. Toi, si, je crois ?

Je confirme d'un hochement de tête. Au moins, je me dis que ça gardera mon esprit occupé. Avec un peu de chance, je n'aurai pas une seconde pour penser à ce qu'il s'est passé hier soir. Durant le déjeuner, je n'ai pas arrêté de me perdre dans mes souvenirs de la nuit. C'est un peu agaçant. D'un autre côté, je reconnais que ça m'a évité de devenir fou en écoutant Théo me bombarder d'anecdotes. Comme quoi, il y a du positif dans toutes les situations merdiques.

— Papa ! Papa ! appelle soudain mon bourreau du jour. Viens voir !

Il est accroupi sur le trampoline, sûrement en train de suivre un insecte quelconque et avide de le montrer à son père. Ah, les mômes...

— Deux minutes, j'arrive ! répond ce dernier.

— Vite, viens !

Nolan enfourne la moitié de sa part de tarte, s'essuie la bouche puis se lève pour aller voir ce que son fils lui veut. Bon sang, ce que je ne pourrais pas. La patience, les questions incessantes, les jeux sans fin... Heureusement, la plupart de mes neveux et nièces sont déjà ados, et franchement, ce n'est pas plus mal. Dalia, la plus jeune de mon frère, n'a que neuf ans, mais les quatre autres commencent enfin à devenir plus intéressants. Maintenant, ils savent tenir une conversation sans demander pourquoi le ciel est bleu cinquante fois d'affilée. J'ai hâte que Théo en arrive à ce stade lui aussi. Quoiqu'une partie de moi se réjouit aussi à l'idée de le voir enquiquiner sa mère non-stop avec des questions gênantes.

D'ailleurs, Sarah ne dit rien depuis un petit moment. Ce n'est pas surprenant la connaissant, mais quand je me tourne vers elle, je croise son regard inquisiteur sur moi. Et ça, c'est déjà plus étonnant.

— Quoi ?

Je m'essuie la bouche par réflexe. Elle cligne des paupières, comme si elle se réanimait, puis termine à son tour son dessert.

— Je réfléchissais.

— À quoi, si ce n'est pas trop te demander ?

Elle attend, attend, attend et...

— À qui t'a fait cet énorme suçon dans le cou, lâche-t-elle platement. Tu ne l'avais pas hier après-midi.

Pardon ? Mon cœur rate un battement. Elle ment, c'est sûr. Instinctivement, ma main monte en direction de mon cou, mais je me retiens à mi-chemin. Pas question de lui donner quoi que ce soit. Je fais mine de me gratter le bras.

— Tu racontes n'importe quoi, grogné-je. C'est une piqûre d'insecte.

Cependant, sans aller vérifier, je ne peux pas savoir si mon excuse tient la route. Avec la buée sur mon miroir ce matin, je n'ai vu que le haut de mon visage. Quant à Émilien, il n'aurait rien pu remarquer non plus. Un soupir m'échappe, plus frustré qu'agacé. Si elle dit vrai, il fait chier. Il a dû le faire exprès, en plus.

Sarah reste immobile, l'air sérieux, comme si elle méditait sur une question philosophique d'une profondeur insondable. Son regard se fixe sur moi, aussi imperturbable que perçant.

— Un moustique donc... consent-elle finalement d'un ton égal. Dis-moi, il t'a embrassé avant de te sucer, au moins ? Parce qu'avec une marque pareille, on dirait qu'il était affamé.

Je plisse les yeux, exaspéré par son humour aussi nul que celui de ma sœur. Au moins, celui de Laura est tout public. Sarah, elle, se fiche pas mal de qui peut l'entendre ou non. Ses lèvres restent cette ligne fine et rose. Je jurerais qu'elle se réjouit de savoir que j'ai toujours une vie sexuelle active malgré mon mauvais tempérament, même si elle n'en montre physiquement rien.

— Si tu as fini de raconter des conneries, tu pourrais me passer la tarte ? rétorqué-je en tendant la main. Je te dis que c'est juste une piqûre.

Sarah observe ma main tendue comme si c'était la chose la plus intéressante qu'elle ait vue aujourd'hui. Après un instant de suspense inutile, elle pousse le plat vers moi. J'attrape l'assiette et me sers une seconde part, feignant une indifférence totale face à son sourire pince-sans-rire, qui commence pourtant à m'agacer.

— Tu es aussi doué pour mentir que pour passer inaperçu avec un suçon comme celui-là. Tu lui as bien rappelé que ce n'est pas le cou qu'il faut aspirer dans ce genre de situation, j'espère ? Quoiqu'il vaut mieux qu'il se contente de ça. Je n'ose pas imaginer l'état de ton matos s'il y a mis la même énergie.

Je soupire lourdement, posant ma fourchette un peu trop fort sur la table.

— Tu ne veux pas aller voir ce que ton mioche fait au lieu de me faire chier ?

— Oh, mais non, un truc comme ça ? Ça fait presque un an que j'attends, réplique-t-elle, un éclat de triomphe dans sa voix.

Un an ? De quoi elle parle encore ? Mon esprit mouline à toute vitesse. Pourquoi un an, bon sang ? Puis la réponse me frappe comme une évidence. Elle attend ça depuis... ma rupture avec Camille ? Mais pourquoi ? Qu'est-ce que ça change pour elle si je m'envoie en l'air ou non ? Arf, je m'en fous, en fait.

Je serre les mâchoires, confiant dans ma stratégie. Plutôt que de l'encourager, je vais continuer de tout nier en bloc. Elle n'est pas du genre à insister ou vouloir se moquer de toute façon, donc à moins qu'un détail m'échappe encore, ça va vite lui passer.

— Je n'ai rien fait, lui assuré-je.

Sarah acquiesce, sceptique, puis commence à empiler les assiettes vides.

— C'est justement ce qui m'intrigue, répond-elle. Si ta réaction pour « rien », c'est ça, je suis curieuse de découvrir ce que « quelque chose » pourrait donner.

— Tu ne veux pas aller faire autre chose, genre t'occuper de l'humain que tu as expulsé ? Il doit bien y avoir une planète qu'il ne connaît pas encore.

Elle rigole doucement, puis attrape un torchon pour essuyer ses mains. Son regard se plante dans le mien, me laissant comprendre que je vais finalement savoir la finalité de tout ce cirque. Il y a donc bien un détail dont je ne suis pas au courant. Mais lequel ?

— Je suis contente pour toi, Léo, tu le sais, et hier, je n'aurais fait aucun commentaire là-dessus, mais j'ai appris un truc juste avant que tu arrives, et je trouve ça marrant.

Je lève les yeux au ciel et récupère mon verre pour me donner une contenance. Je devrais l'ignorer, malheureusement, elle sait y faire et je suis faible. Son ton léger, presque conspirateur, me tire malgré moi de ma résolution de l'ignorer.

— Vas-y, l'encouragé-je. Qu'est-ce qui est drôle dans tout ça ? Parce que je ne rigole pas trop là.

Elle esquisse un sourire, celui qu'elle réserve aux moments où elle sait qu'elle a réussi à me faire céder. Rien de tout ceci ne semble être contre moi, et c'est précisément ce qui rend la situation un peu effrayante. Sarah qui trouve cette situation « marrante » par amitié ? Mauvais signe. Très mauvais signe.

— Devine qui vient dans le service demain.

Mon esprit fait le lien avant même qu'elle n'ait terminé sa phrase. Il n'y a qu'une poignée de personnes qui peut avoir cet effet-là sur ma collègue. Une fatigue soudaine, ou plutôt un déplaisir profond, s'installe. Je laisse échapper un soupir un peu trop sonore.

— Tu te fous de moi ?

— Pas là-dessus. Amélie en parlait dans notre groupe WhatsApp tout à l'heure. Elle le connaît alors elle était contente qu'il se soit porté volontaire le jour où elle était aussi de garde. Je n'ai pas tout lu, vu qu'avant de voir ta piqûre de moustique, le sujet ne m'intéressait pas spécialement.

Fais chier.

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