"Gabriel, tu vas m'écouter oui ?"

Je reste de marbre.

"Jean, je t'aimais. Mais tu m'a profondément blessé. Et tu ne pourras plus jamais refermer cette faille. Je dois parler avec quelqu'un. Je te laisse !"

Sur ce, je l'abandonne et pars voir Sowon. Je la retrouve dans les escaliers. Je capture son bras et la tire de force pour l'emmener avec moi dans les escaliers D. C'est l'escalier qui est à l'autre bout de l'escalier A, et c'est un endroit aussi désert.

"Lâche-moi, tu me fais mal.
- Sowon, je suis désolé, mais là je n'ai pas d'autres choix. Tu as vingt minutes pour m'avouer ce que Jean t'as fait.
- C'est une histoire réglée. J'étais bien avec mes amies là...
- Elles ne sont pas tes amies ! Et tu le sais !"

Je prends trop d'autorité, il faut que je me calme, en ce moment j'ai peur de ressembler à Jean.

"Désolé. C'est juste que je n'arrive pas à supporter l'idée que ce mec soit assez con pour faire ce genre de truc.
- Gabriel, j'en ai marre.
- Si tu veux que ça s'arrête, si tu veux que je t'aide, il faut que tu parles..."

Attends, il y a quelqu'un qui nous espionne là...

"Zahia ! Je t'ai vu !
- Mais-euh, fallais faire semblant de ne pas m'avoir vu !
- Rapproche-toi si tu veux.
- Ouiii."

Sowon ne comprend pas la situation. Ce n'est pas le sujet donc je passe cette étape.

"On est deux à vouloir t'aider. Sowon, il faut que tu nous aides...
- Mais je n'ai pas envie d'en parler.
- Tu sais à cause de qui je m'étais évanoui après le contrôle commun de SVT ?
- D'ailleurs t'as eu 17,75/20 pour ce contrôle. Dommage que Jean ait eu 18/20.
- Zahia tais-toi. Bref, c'est à cause de Jean. Ce mec n'est qu'un psychopathe qui doit aller en prison ! D'ailleurs, on devrait faire des recherches sur l'harcèlement sexuel et le viol, à combien d'année de prison c'est possible, et s'il y a une amende.
- Bonne idée Gabi ! s'écrit Zahia.
- Bref bref, donc moi aussi j'en ai marre de ce Jean, je le hais, je le déteste, je veux le tuer, et pour ça il faut que tu nous aide."

J'ai réussi à faire hésiter Sowon !! Dis oui, dis oui, dis oui...

"D'accords..."

Magique. C'est magique. Notre plan va pouvoir avancer.

...

"Gabriel !! Arrête de m'ignorer !!!"

Tout le monde se retourne vers sa voix. Moi, je ne me retourne pas. Je fais une grimace. Zut alors.

Je tourne les talons.

"Tiens, Jean. Ce n'était pas la peine de crier mon nom qui a résonné dans tout le couloir...
- Je sais que tu le fais exprès. Donc cette fois, suis-moi. Je veux te parler face à face."

Quand il se retourne j'essaie de m'enfuir à l'opposé sans faire de bruit mais...

"GABRIEL !!
- Oh, c'est bon ! J'arrive !"

Maintenant, tous les lycéens connaissent mon nom. Je vais devenir populaire oui !

On va dans l'escalier A. C'est un bon endroit je trouve, cet escalier. Il n'y a jamais personne sauf nous, quand on veut se parler en privée.

"Tu m'énerves, me déclare Jean.
- À ton avis, je le fais exprès ou non ?
- Tu m'énerves.
- Oui, je le fais exprès.
- Je n'arrive pas à comprendre pourquoi je ressens de l'empathie pour toi. Je ne comprends pas.
- Et moi je ne comprends pas pourquoi je ressens de la pitié pour toi. On est quitte, non ?
- Arrête de faire exprès ! Tu sais très bien que je déteste ça.
- Tu es tombé sur la mauvaise personne. Moi, je te connais. Je sais qui tu es. Je sais quand est-ce que tu mets ton masque. Je ne me ferai pas avoir deux fois."

J'ai pris goût à l'énerver. Je trouve ça hyper drôle, j'adore. Et quand il est perturbé aussi. Ah, je commence à être fou moi aussi.

"Je ne sais pas pourquoi, continue-t-il, mais le soir après l'événement passé au square je me suis senti mal. J'avais comme... des remords de t'avoir fait subir ça... Je m'excuse pour ce jour.
- Si tu es un humain, oui, c'est être normal ça. D'ailleurs, je te promets de ne plus te toucher. Je ne leverai plus jamais la main sur toi. Promis, juré, craché."

Je remarque qu'il a encore le bracelet que je lui avait donné sur son poignet.

"Et tu devrais jeter ce bracelet. Moi, je ne le porte plus à cause de toi."

Il s'arrête pour regarder son poignet gauche. Puis il déboutonne sa manche et la retrousse...

"Putain, dis-je, t'as encore recommencé ? Pourquoi tu montres ça à moi ? T'en es fier ? Tu veux que je t'applaudisse ? Pourquoi TU TE MUTILES ?
- Ça me fait du bien. Et je vois que tu t'intéresses à moi."

Tarré mental, cinglé, psychopathe, manipulateur, pervers, connard, pendard, frippon, coquin, salop, chenapan... Plus fou que lui tu meurs.

"Mais pourquoi tu veux que je m'intéresse à toi ?
- Qu'est-ce que j'en sais ? Je ne le sais pas. Tu es différent, je n'arrive pas à te comprendre, et ça me perturbe. Tu ne réagis pas comme les autres, tu ne te conduis pas comme les autres, je n'arrive pas à anticiper avec toi. Pourquoi ? Je ne sais pas ! Explique-moi pourquoi !"

Est-ce possible qu'un homophobe devienne homosexuel en l'espace d'un an ? Nan, pas possible... Sinon j'avais une hypothèse. Mais bon.

"T'es fou." répondis-je en rigolant à la fin.

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