Jour - 233
Là-bas, dans le coin, il y a Sowon. Elle est assise, recroquevillée sur elle-même... Je m'appriche d'elle.
"Sowon ?..."
Je l'entends ; elle pleure.
Je m'assoie à côté d'elle et la serre dans mes bras. Je ne sais pas pourquoi elle pleure. Tout se passait bien pourtant... Je ne sais ce qu'il lui arrive.
"Sowon...
- Ce n'est rien. J'avais juste envie de pleurer un coup."
Je sors mon paquet de mouchoir de la poche avant de mon sac.
"Sowon. Je voulais te dire pleins de choses. Comme par exemple euh... Reste comme tu es. N'essaie pas de changer. N'essaie pas de rentrer dans le troupeau de mouton alors que tu es une humaine différente. Tu es unique, et je t'apprécie car tu es Sowon. Quelle vie de chien dis donc ! Haha, mais faut faire avec. Et, tu sais, je suis toujours là pour t'écouter. Je ne partirais pas."
Je suis obligée en plus...
...
Sowon me demande à son tour si je vais mieux, parce qu'hier je n'arrêtais pas d'éternuer. J'allais mieux. C'est juste que j'avais le nez qui coulait...
"J'ai une question, me déclare Sowon.
- Oui ?
- Tu es trassexuel ? Ou bien une travestie ? Ou un homosexuel ?
- Hein ?? Comment ça ?
- Je ne sais pas, j'ai l'impression que tu es à la fois une femme et un homme..."
Sowon, tu as un œil de lynx !
"Ah bon ?
- Ouais.
- Ah...
- Et donc ?
- De quoi ?
- Je sais pas ! Euh... Tu es bien un homme ?
- Bah... c'est difficile à répondre.
- C'est-à-dire ?
- Me croirais-tu si je te disais que je venais du futur ?..."
Je fixe Sowon dans les yeux.
"Quel est le rapport ?
- Et qu'en faisant ce voyage dans le temps, j'ai changé de sexe ?"
J'ai l'impression qu'on fait la minute de silence tout à coup. Elle reste muette. Puis elle pouffe de rire.
"On pourrait écrire une histoire comme ça ! Franchement, pourquoi pas ? Soyons fous !"
Mais c'est vrai... Je ne mentais pas...
"Alors, est-ce que tu es homosexuel ?
- Je suis hétérosexuelle.
- Vraiment ?
- Je ne suis pas homosexuelle, mais hétérosexuelle."
Et du coup je suis homosexuel. Au moins, je crois que je ne suis pas bisexuel(le) pour l'instant. C'est déjà pas mal.
"Bon... Alors c'est qui ton crush ? Tu devrais avoir quelqu'un qui t'as tappé à l'œil, non ?"
Bah c'est Jean... NON ! NON ! C'ÉTAIT LUI ! J'ai dit "c'était" et non "c'est" ! Chuuuuut !
"Mais pourquoi tu me poses ces questions ?? Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça ?
- Alors tu es en couple avec quelqu'un ?
- Non ! Pourquoi ?
- Pourquoi quoi ? Je n'sais pas ! C'est juste comme ça. Bon, par ailleurs, en ce moment je trouve que tu traines un peu plus avec Jean.
- Ah, oui. Euh, c'est vrai ce que tu dis.
- Il est sympa ?
- Ouais, ça va.
- Ok."
Ouf, je l'ai échappé belle.
"Et toi Sowon ? Tu aimes quelqu'un ?
- Personne.
- Il n'y a pas un mec qui te plaît bien ou quelque chose dans ce genre...
- Non. Tout simplement car je n'ai pas d'amis. Quand on n'a pas d'amis, c'est dur de tomber amoureuse de quelqu'un. Moi, je veux juste avoir des vraies relations amicales pour commencer. Ensuite, on verra si je tombe amoureuse ou non. Faudrait vraiment bien chercher pour que je trouve celui qui me plaît... Ils sont si fous ces humains.
- Arrête d'être philosophique. J'ai l'impression d'écouter la prof de français.
- Hihi. Je ne l'ai pas fait exprès mais tant mieux si ça te saoule. C'est drôle d'embêter les autres en fait.
- T'es sérieuse ? Pfff..."
En ce moment je ne réfléchis plus. J'agis, je parle, je fais. C'est pourquoi je parle beaucoup.
Il faudrait que j'utilise la technique de tourner sept fois la langue dans la bouche avant de parler...
"Dis, Sowon, tu penses quoi de moi ?
- Si tu veux le savoir, je ne suis pas amoureuse de toi.
- Non, mais en tant qu'être humain.
- Bah tu n'étais qu'un être vivant parmi les autres qui suivait le troupeau de mouton, dirigé par des cons. Puis un jour tu t'es décidé d'arrêter d'être con, donc tu es sorti du troupeau pour devenir un être humain.
- La prof de français serait capable de dire ça...
- Mais qu'est-ce que t'as avec la prof de français ? Laisse-la tranquille non ?
- Ce n'est pas de ma faute si tu parles comme elle !"
Sowon est une fille comme tous les autres. Maintenant qu'elle me connait, elle s'exprime normalement. Elle me parle normalement. Elle est ordinaire avec moi. Ce n'est plus la petite fille timide et sans défense qui restait dans son coin pendant les récréations.
"Je te remercie Sowon. C'est grâce à toi que j'ai changé, et que je suis sortie du troupeau de mouton. Je souhaite que tu deviennes heureuse pour de vrai. J'attends toujours ce jour. C'est en pensant à toi. Pour ton bien. Vraiment."
Elle m'a regardé puis m'a souri.
"Un jour."
...
Une sirène commence à résonner sur Paris entier. Nous sommes le premier mercredi du mois, à midi pile. Cette sirène me rappelle tellement de souvenirs...
À chaque fois que cette sirène sonne, cette année, nous sommes en cours de maths. Et les maths, c'est cool. Donc j'ai des souvenirs cool.
Je crois que ma crise de folie s'est un peu apaisée... La maladie a pris le dessus.
Finalement, je suis devenue amies avec Sowon. Je suis bien avec elle. Par contre, je ne sais vraiment pas comment faire pour retourner dans mon corps... Les élèves l'ignorent comme d'habitude, mais quelques uns commencent à lui parler comme une personne normale.
Elle rit beaucoup plus qu'avant. Enfin, je la vois rire. Maintenant que je suis devenue son "ami".
Mais si elle est bien dans sa peau, pourquoi je ne retourne pas dans le futur, dans mon corps de femme ?
J'avoue que je commence tout juste à apprécier mon corps, et que je vais regretter de retourner dans l'autre corps, etc...
Mais bon. Je ne sais pas. Il y a sûrement un problème quelque part qui est resté... Sinon, je ne serais plus là...
Bon, moi qui croyais avoir fini mon boulot. Il me reste du travail à faire dans cette école apparemment.
-○°☆°○-
Pour vous dire la vérité, l'histoire n'a toujours pas débuté... Je ne vous en dit pas plus 😶
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