
critique : La Loi du Talion par @AlbusDumbledore5
@AlbusDumbledore5 m'a donc contacté pour avoir un retour sur sa création intitulée "La Loi du Talion".
Le résumé de l'histoire par son auteur :
Quand Ursula Rodriguez, tout juste nommée professeur-stagiaire, apprend qu'elle a été affectée à Mauns, petite et charmante bourgade tranquille d'à peine dix mille âmes coincée entre deux grandes vallées, c'est tout d'abord la grande joie. Car elle y voit là enfin l'occasion de tirer un trait sur son passé difficile et de rebondir pour une nouvelle vie, plus tranquille.Mais c'était sans compter l'arrivée en cours d'année, de ce nouvel élève mystérieux dans son collège d'affectation. Un élève qui, de l'avis de tous, pose particulièrement problème...ET comme si cela ne suffisait pas, voici qu'une série de disparitions toutes plus étranges les unes que les autres affecte la région toute entière....
J'ai lu plusieurs chapitres, comme à mon habitude, c'est à dire les premiers et les derniers, pour me faire une idée de l'introduction de l'histoire, son développement et l'évolution de la narration au bout de plusieurs jours ou semaines.
Le point fort du début du récit est qu'il démarre sur les chapeaux de roues.
Une bonne partie des personnages principaux sont introduits dès le premier chapitre et sont présentés dans le contexte central, c'est à dire au sein du collège où évolue l'héroïne, ses collègues et ses élèves.
La narration est enlevée et assez particulière, ce qui donne une impression un peu étrange à la lecture des premières pages. En effet, la syntaxe est plutôt complexe, avec des phrases parfois un peu alambiquées (mais correctes) et un style qui joue sur plusieurs tableaux : tantôt léger, tantôt travaillé, tantôt humoristique...
Je ne suis pas fan des harangues faites aux lecteurs où l'auteur s'adresse indirectement à eux en brisant le quatrième mur.
Point culture : le quatrième mur
Le quatrième mur au théâtre, c'est la partie du décor qui n'existe pas. Celle qui est ouverte sur le public : l'avant-scène où on voit les acteurs.
En fait, les trois autres murs sont le fond de scène, le jardin et la cour et forment l'espace scénique clos dans lequel évoluent les personnages. Le quatrième mur est donc une convention du spectacle par laquelle on considère qu'il y a un mur invisible, sorte de miroir sans teint où les personnages ne peuvent pas être conscients d'être vus. Quand on brise ce quatrième mur, ça veut dire que les acteurs peuvent s'adresser directement au public. L'effet de suspension de l'incrédulité (mécanisme par laquelle le spectateur se projette dans l'histoire et la tient pour vraie) est donc brisée et le spectateur a alors pleinement conscience qu'il regarde une fiction. Le principe a été repris tel quel en littérature. Quand on brise le quatrième mur, quand un personnage ou un auteur s'adresse directement au lecteur, ça veut dire qu'il cherche à créer un paradoxe. Par contre, si l'oeuvre est naturellement adressée au lecteur (par la harangue directe), ça veut dire qu'il s'agit d'un choix délibéré d'écrire une confession ou la restitution d'un entretien. Le lecteur est alors partie prenante en tant que personnage présent et passif. Le choix doit donc être entièrement assumé, sinon, ça donne des effets bizarres. Un bon exemple de personnage qui brise le quatrième mur est Deadpool, le mercenaire de Marvel. Il a cette particularité d'être conscient d'être un personnage dans une BD. Il lui arrive alors de donner des informations aux autres personnages des comics en mentionnant le numéro d'une page ><
De manière générale, c'est un effet qui marche bien pour tout ce qui prend la forme d'un journal ou d'un témoignage. Je l'utilise de temps en temps, mais je trouve que ça reste très délicat à manier :)
En général je trouve que casser ce quatrième mur dans un contexte de thriller à la troisième personne, c'est assez casse-gueule et ça brise la distanciation nécessaire pour monter dans le mystère ou le suspense (puisque c'est ce que l'auteur nous vend dans son résumé).
De même je ne suis pas non plus friand des textes qui jouent sur plusieurs niveaux ou sur plusieurs genres ou style à la fois. Je préfère quand il y a plus d'homogénéité dans la narration ou dans le choix du niveau de langage.
Ou alors, au contraire, j'aime quand justement, il y a de très nettes distinctions entre ces niveaux, quand c'est parfaitement assumé et quand ça sert un format multiple.
À titre d'exemple, "La Horde du Contrevent" de Damasio exploite à la perfection les différences d'écriture et de langage, puisque le livre est écrit en alternant les différents points de vue des personnages et que les chapitres sont aussi l'occasion de donner la parole à ces personnages aux caractères aussi variés que leur manière de s'exprimer dans la forme écrite.
Autre exemple, plus personnel cette fois-ci, il m'est arrivé d'écrire des nouvelles ou one-shot qui sont en fait composés de différents types d'écrits : narration à la première personne, scènes entièrement sous forme de dialogues, retranscription d'émission de télévision, interview de magazines, extraits de rapports d'enquêtes ou de notes de synthèse ou encore articles de presse... tout ça dans la même histoire.
Ce sont des effets que j'aime assez lire ou écrire.
Ici, dans le livre de @AlbusDumbledore5 il s'agit d'avantage d'un mélange de plusieurs approches simultanées. Le ton est à la fois léger, direct, amusant avec des effets comiques, mais aussi construits selon des syntaxes parfois lourdes et des phrases longues et compliquées.
Le rendu final est assez déroutant, mais pas catastrophiques.
J'ai remarqué que c'est souvent un trait caractéristiques des auteurs débutants. Ils cherchent à la fois à suivre des constructions qui leur semblent classiques ou en tout cas admises, et en même temps ils essaient de trouver aussi des formulation originales qui sortent de l'ordinaire pour se démarquer ou vouloir sortir des phrases clichées ou trop faciles.
Quand je me relis, je m'aperçois que je tombe moi aussi, toujours dans ce genre d'écueil de temps à autres :D
Un autre aspect de l'écriture de @AlbusDumbledore5 c'est sa propension aux descriptions, à la fois pour les lieux et les actions. À mon avis, il y a en sans doute trop et ça alourdit la fluidité.
J'ai d'ailleurs remarqué au fil des chapitres que le scénario avance très lentement et il faut attendre le chapitre 6 pour voir le premier événement qui vient bousculer le personnage principal et poser le début de l'intrigue.
Du fait du ton humoristique et des traits de caractères des personnages, de leur manière d'évoluer ou de s'exprimer, et même à travers les noms propres (pas mal de calembours), on est face à un thriller qui n'est pas tout à fait un thriller au sens propre du terme : thrill = frisson en français.
C'est un choix, celui de l'auteur. Mais à ce moment-là, je pense qu'il faut pleinement l'assumer et clairement, La Loi Du Talion navigue en permanence entre deux eaux.
Ce qui n'en fait pas pour autant un mauvais écrit, bien au contraire. C'est assez agréable à lire, les personnage et l'ambiance sont très plaisants et il y a des petites pointes d'humour ainsi que des petites réflexions acerbes plutôt bien pensées.
Pour moi, le défaut principal, ça serait surtout que l'intrigue piétine et a du mal à se mettre en place. La contextualisation autour de la ville par exemple, peut se faire de manière progressive et tout au long de l'histoire; pas forcément dans les premiers chapitres. Au contraire, les premiers chapitres doivent permettre de happer le lecteur et de le tenir assez vite attentif. Ce qui est d'ailleurs très bien fait dans le tout premier chapitre, mais qui tend à s'effilocher dans les suivants.
Je vais aussi me permettre une autre remarque sur un autre point.
Quand un auteur me demande de lire son histoire, je lis l'histoire mais aussi les commentaires.
Et je trouve dommage qu'un auteur, quand il fait cette démarche d'aller chercher des commentateurs ou lorsqu'il a la chance d'avoir des lecteurs attentifs qui prennent le temps de commenter et de corriger, ne se contente que du feedback.
C'est dommage parce que, en l'occurrence, @AlbusDumbledore5 a bénéficié dans les commentaires en interlignes ou en fin de chapitres de pas mal de conseils, de retours et de corrections de la part de ses lecteurs.
C'est dommage parce qu'il n'en a pas forcément tenu compte et il n'a pas corrigé les fautes signalées.
Je trouve que c'est contre productif et même assez néfaste.
C'est vraiment une chance d'avoir des lecteurs attentifs, motivés et bienveillants et quelque part, si on ne prend pas en compte leurs remarques constructives, on prend aussi le risque de les voir partir, sans doute frustrés d'avoir investis du temps et de l'énergie en vain.
C'est d'autant plus vrai sur Wattpad où les interactions entre auteurs et lecteurs sont primordiales.
Je finirai donc cette fiche de lecture en rappelant aux auteurs de toujours remercier leurs lecteurs, surtout ceux qui prennent le temps de corriger et de commenter des points assez fouillés. Et aussi, de ne pas oublier de corriger très vite les fautes relevées... Si on ne le fait pas tout de suite, on oublie et ça se perd dans le fil des notifications.
Du coup, j'en profite pour dire un immense merci à @ytruof @mayou82 @julie-2703 @Kananea @Asphodee @@PetitFantomeSale @Badlittlecream Eurydictine @MECrhisty @lucsaty @MiniMarjo @Majinaru @LovelyBurns et bien entendu @Kealcym et @Loulou1510 qui commentent régulièrement et me donnent conseils et retours avisés !
Vous êtes les meilleurs ! J'aime beaucoup ce que vous faites.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro