Je suis désolée, c'est un peu court, mais le prochain sera plus long !

Chapitre 17.

Hannibal savait qu'il avait fait vivre une expérience à Will que ce dernier n'avait jamais dû connaître. Il pouvait s'imaginer la manière dont le brun faisait l'amour avec sa femme : en levrette. De cette manière, il n'avait pas à regarder dans les yeux de sa compagne. Il n'était pas obligé de croiser son regard et de voir qu'elle était toute aussi humaine que lui. Quelque part, ça devait le rassurer. Il n'avait pas à se préoccuper de rien d'autre que leur corps l'un dans l'autre.

Mais Hannibal lui avait fait l'amour face à face, obligeant le brun à bien le regarder dans les yeux, tandis qu'il le pénétrait. Will avait vu le démon. Enfin, pour l'instant, il dormait, appuyé contre la fenêtre de l'automobile.

Un sourire étira les traits du psychopathe, alors qu'il faisait accélérer la voiture. Pour fêter leur rapprochement, il allait offrir une petite surprise à son amant. Il était persuadé que ça lui plairait...

***

Will se réveilla quelques heures plus tard. Le moteur de la voiture était arrêté et Hannibal n'était plus là. Esquissant un bâillement, il frotta ses yeux rougis et décida de sortir dans l'air frais et sec de l'automne.

Il entendit alors distinctement le sifflement d'un train. Il devait être proche d'une voie ferrée. S'avançant, il finit par distinguer la silhouette d'Hannibal au loin qui paraissait observer quelque chose par terre.

S'approchant, il arriva rapidement à la hauteur du Lituanien, écarquillant les yeux lorsqu'il découvrit ce qu'avait fait l'homme.

— Qu'est-ce que... ?

Hannibal se tenait là où la voie ferrée se divisait en deux. Sur une des voies, il avait ligoté et bâillonné cinq personnes et, sur l'autre, une seule.

— Vous devriez vous dépêcher, Will, le train arrivera dans moins de trente secondes.

Les yeux du bouclé se posèrent sur la manivelle qui permettait de faire bouger les voies. S'il l'actionnait, il pouvait faire dévier le train sur la personne qui était attachée seule, la condamner à une mort certaine, mais sauver les cinq autres. Ou alors, il pouvait ne toucher à rien et laisser le destin faire son œuvre et tuer cinq victimes...

Il accourut et posa les mains sur la manivelle, hésitant encore à l'actionner. Il voyait et entendait le train arriver sur lui de plus en plus rapidement.

— Si je vous disais que chacune des cinq personnes a déjà tué quelqu'un, alors que la sixième fait du bénévolat pour des œuvres caritatives, cela changerait-il quelque chose dans votre raisonnement ? lui demanda Hannibal en se pinçant les lèvres.

Le psychiatre analysait son patient comme s'il s'agissait d'un cobaye de laboratoire. Sa réaction l'intriguait.

Will était placé devant un dilemme dont il ne pouvait pas sortir gagnant. Et chaque seconde qui s'écoulait était comme un pas de plus vers une sentence de mort.

Les prisonniers ligotés sur la voie ferrée s'agitaient et tentaient d'hurler en-travers de leur bâillon, de plus en plus paniqué à l'approche du train dont le sifflement strident menaçait de les rendre sourds.

Le profiler n'avait jamais été moins sûr de lui. Il ne parvenait pas à faire un choix éclairé. Il lui semblait que sa raison avait désertée le chemin et qu'il ne lui restait plus rien d'autre que ses instincts.

Il en voulait à Hannibal pour avoir élaborer un stratagème aussi tordu pour le forcer à prendre une décision, le forcer à tuer contre son gré.

— Plus que dix secondes, Will. Qui sera au menu ?

Pour le psychiatre, toute cette mise en scène n'était qu'un simple présent. Will n'avait pas à se casser la tête, il lui offrait un meurtre à commettre – une libération – duquel il n'avait pas à se sentir coupable. Sa conscience pourrait toujours se dire qu'il y avait été forcé, alors que son esprit savourerait la beauté de la vision d'horreur et l'adrénaline que cela lui procurerait.