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Tout a commencé il y a cinq ans, le soir d'Halloween. J'avais prévu de sortir avec des amis. J'avais bossé sur mon costume depuis des semaines. On avait préparé des trucs supers cools pour la soirée : histoires d'horreur, films d'épouvante, jeux de rôles, nourriture, alcool... J'avais hâte, vraiment hâte, mais à la dernière minute, mes parents m'avaient ordonnée de garder mes petites sœurs. J'étais déçue, je l'admets. Pourtant, j'avais pris sur moi et sans broncher, j'avais accepté. Je les adorais ces petites crapules. Elles avaient beau être collantes et parfois m'embêter, elles restaient mes petites sœurs d'amour.
La soirée s'était bien passée. On avait été faire la tournée d'Halloween. Lise, ma plus jeune sœur, était déguisée en petite sorcière. C'était moi qui l'avais maquillé. Elle n'était pas peu fière de son costume. Mon autre sœur, Coralie, et moi l'avions suivi. On s'était toutes les deux dessinées des toiles d'araignée sur le visage, pour faire « genre ». En réalité, on était contentes d'aller avec Lise, juste parce que comme ça, on pouvait piquer quelques-unes de ses sucreries.
En rentrant, nous nous étions posé quelques secondes et Lise s'était empressée de manger ses bonbons. Je l'avais laissé faire, jusqu'à un certain point.
– Arrête de manger tes bonbons et va te laver les dents !
Je me souviens lui avoir lancé mon faux regard méchant. Elle avait souri, la bouche pleine de chocolat.
– Tu ne vas tout de même pas tout gober en un soir.
En riant, elle avait secoué négativement la tête, était descendue de sa chaise et avait filé dans la salle de bain. J'avais alors dit à Coralie :
– Quand elle sera au lit, on se fait un vrai Halloween ?
– Tu veux regarder des trucs qui font peur ?
Elle avait parfaitement compris là où je voulais en venir. Elle avait toujours été très perspicace.
J'avais rejoint Lise et l'avais aidé à se démaquiller. Malgré tout le sucre qu'elle avait ingéré, elle s'était mise en pyjama et avait filé sous les couvertures sans rien dire. Faire le tour du quartier l'avait exténué, ce qui n'était pas plus mal pour Coralie et moi. Nous allions pouvoir profiter de la soirée sans soucis. Du moins, c'est ce que je croyais.
– Alors, tu veux regarder quoi ?
Quand j'avais allumé la télévision, le plan d'un clown était apparu sur l'écran. Ces derniers temps, les informations ne faisaient que parler d'eux. Ils avaient répété durant près d'une semaine qu'il fallait être prudent, que des cinglés se déguisaient en clown pour agresser les gens. En période d'Halloween, les agressions devenaient plus faciles pour eux, les forces de l'ordre étaient donc sur le pied de guerre.
Coralie, aussi tordue que perspicace, m'avait lancé :
– J'aimerai bien en voir un. Juste le voir, pas me faire agresser. Genre juste être là, et le voir s'en prendre à quelqu'un dans la rue.
Je me rappelle clairement de cette scène. Perplexe, je m'étais tournée vers elle.
–Tu es cinglée ma pauvre sœur !
Nous avions ri. Ce côté taré, on le partageait toutes les deux. C'est sûrement pour ça qu'on avait fini par regarder l'épisode spécial de « Ghost Adventures ». Le chaudron de bonbons sur les genoux, on regardait avec admiration l'émission. Ce n'était pas effrayant, mais ça nous foutait quand même la chair de poule de temps en temps.
– Il parait que le soir d'Halloween, la barrière entre notre monde et celui des fantômes est plus fine. Il serait donc plus facile de rentrer en contact avec un esprit le 31 Octobre.
-Trop cool !
Un immense sourire traversait le visage de ma sœur.
– On devrait essayer de communiquer avec eux, ce soir !
En grimaçant, j'avais ouvert la bouche pour lui dire que c'était une mauvaise idée, parce que je savais que ça aurait mal tourné. Seulement, je n'ai pas eu le temps. Un rire provenant du couloir m'a coupé dans mon élan.
– Lise ! Retourne te coucher.
– Elle en fait toujours qu'à sa tête...
On avait ronchonné, avant de nous replonger dans notre épisode. Mais, quelques minutes plus tard, Lise s'était remise à rire. Elle était plus proche cette fois et j'avais grondé :
–Ne m'oblige pas à venir Lise !
Sans s'arrêter de rire, elle s'était mise à courir. Bougonne, j'avais pris mon courage à deux mains et m'étais levais du canapé.
–Tu me raconteras ce qu'il s'est passé hein !
– Ok !
Coralie n'avait pas lâché l'écran du regard. Je l'avais laissé seule dans le salon.
Avec une sensation étrange, j'avais allumé la lumière du couloir et avais filé directement dans la chambre de ma petite soeur. Je me souviens m'être dit qu'elle faisait semblant de dormir. Je l'avais quand même grondée.
– Ne fais pas semblant Lise. On t'a entendu.
Elle s'était relevée dans son lit, les yeux plissés. Sa petite voix endormie m'avait dit :
– Quoi ?
– Je veux que tu dormes maintenant ! Ne te relève plus.
– Mais je...
Je l'avais menacé de mon index.
– Pas de « mais ». Je ne suis pas idiote. Tu dors !
J'avais refermé la porte derrière moi et étais retournée dans le salon après avoir éteint dans le couloir.
Rapidement, ma sœur m'avait fait un résumé de ce qu'il y avait eu à la télé pendant mon absence. Nous avions continué à regarder l'émission. Lise n'avait pas fait un bruit de plus. La maison avait été extrêmement calme. Pourtant, lorsque j'avais relevé la tête vers le couloir, j'avais remarqué que la lumière du couloir était allumée.
Perplexe et, en même temps, étrangement inquiète, j'avais demandé à Coralie :
– J'avais bien éteint la lumière ?
– Oui, Lise a du se relever.
À cet instant, je perdais patience. D'un bond, je m'étais levée du canapé et avais filé dans le couloir. Pourtant, à mis chemin, un étrange sentiment avait envahi mon corps. Mes cheveux s'étaient dressés dans ma nuque. Mon cœur avait manqué un battement. Je m'étais arrêtée, presque pétrifiée. Alerte, j'avais jeté un regard derrière moi, vers le salon. Une silhouette venait de passer devant la porte. Inconsciemment, je sentais que quelque chose ne tournait pas rond. Je m'étais quand même rassurée en me disant que Coralie avait dû se lever pour aller chercher à boire.
Une boule au ventre, j'avais ouvert la porte de la chambre à Lise. Je l'avais trouvé endormi, pour de vrai. Il n'y avait aucun signe de mouvements. Elle avait l'air d'être dans un profond sommeil. J'avais du oublier d'éteindre la lumière, après tout, cela était possible.
J'étais repartis vers le salon, me faisant la remarque que j'étais stupide, que mes émissions sur les fantômes me montaient à la tête et me rendaient paranoïaque. Ma peur était pourtant justifiée.
Dans toute la maison, la lumière s'était soudain coupée, me laissant dans le noir complet. Un silence de plomb s'était abattu sur la maison. De panique, je m'étais figée et avais lâché un cri, avant d'hurler :
– Coralie, rallume !
La panique suintait par tous mes pores. Une chose me frôla. Une porte s'ouvrit. Quelque chose clochait et mon corps tout entier y réagissait.
– Coralie, si c'est une blague elle n'est pas drôle !
J'essayais d'avancer à tâtons. Mon cœur tambourinant dans ma poitrine. Les mains moites et tremblantes. De nouveau, j'entendis un rire, puis un courant d'air froid fit se dresser tous mes poiles.
– Coralie ! Je ne plaisante pas.
Ma voix n'était pas aussi assurée que je le voulais. Je commençais à douter d'une quelconque blague et j'avais raison.
Un flash rouge éclaira le salon, puis une musique de carrousel vient briser le silence de la nuit. J'étais paralysée. Je n'arrivais plus à respirer. Mes jambes menaçaient de céder sous mon poids. Je sentais qu'une chose horrible allait arriver.
Soudain, j'avais sentis une présence dans le noir. Quelqu'un s'était approché de moi et un souffle putride me fouettait maintenant le visage. En plus de l'évanouissement, j'étais proche de vomir.
– Je te remercie.
Un petit rire vint conclure cette phrase. La peur me rongeait de l'intérieur.
Brusquement, les lumières se rallumèrent. Dans ma main, je trouvais un grand couteau ensanglanté, dans l'autre un masque de clown. Un clown au sourire effrayant ; au nez rouge fait de sang ; et aux yeux noirs.
En hurlant, j'avais tout lâché sur le sol. Seulement, le mal était fait : mes mains et mes vêtements étaient maculés de sang. Le sang de mes petites sœurs.
J'avais échoué à les protéger, à faire mon...
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