Chapitre 5 : Rap catéchisme
Cette soirée était bien trop dangereuse, en termes de consommations, pour qu'un membre de l'équipe s'en réveille indemne. Le rap catéchisme cognant dans les enceintes, la fumée dégagée par les joints excitait au contraire le cœur de Lorenzo et bien sûr son cerveau qui lui suppliait une nouvelle gorgée de lean alors qu'il avait déjà avalé... Cela faisait longtemps qu'il ne comptait plus les bouteilles. Il savait qu'il était devenu dangereusement dépendant. Il continuait donc sans remords ou regrets. Il jouait avec la vie comme s'il était immortel bien que les plans de Dieu se caractérisaient par l'inattendu. Il ressentait le chaud, le froid, la douleur, l'invincibilité, il ne reconnaissait plus où il se trouvait mais la réalité résidait dans ce bourdonnement infini.
Les derniers souvenirs de Lorenzo étaient ceux d'une énième prise de ce poison qu'il sentit tel un liquide brûlant dans chacune de ses veines jusqu'à ce qu'il s'endorme. Son sommeil grouillait de faits qu'il semblait paradoxalement vivre... Le regard inquiet de Giovanna, cette housse protectrice sur un brancard, les lumières et les sirènes de l'ambulance, l'arrivée dans ce couloir blanc et froid, les voix lointaines des médecins et les cathéters dans les articulations de ses bras. Il commençait à avoir mal. Il devait absolument agir afin que cette douleur disparaisse.
Lorenzo ouvrit les yeux si soudainement qu'il regretta aussitôt ce geste. Il voyait trouble et cette vision l'effraya. Ses lunettes. Ses membres engourdis, il le remarqua lorsqu'il voulut se toucher le visage avec sa main droite. Les intraveineuses jouaient à la fois le rôle de l'antidote et celui de la douleur. Il grogna, son thorax éprouva un haut le cœur et il paniqua. Il étouffait, au...
Tu n'es pas seul, Lorenzo., La tonalité de Giovanna. Lorenzo en était certain, il pourrait la parier sur sa vie. Il tourna la tête abruptement, et ce geste lui déclencha un nouveau râle de souffrance. Pourquoi vivait-il ce cauchemar ? Il voulait se réveiller... « Même si tu t'es comporté de façon stupide. Coupable ou victime d'une overdose de lean, je ne suis pas juge mais tu es un idiot. ».
Lorenzo se concentra un instant sur sa respiration pour se persuader que ce mal dans ses membres n'était en vérité que psychologique. Il se convainquait depuis des années que le cerveau restait le maître incontesté dans la gestion des maladies. Penser que tout allait bien se révélait une stratégie comme tant d'autres. Cette dernière fonctionnait chez Lorenzo mais aussi pour Giovanna.
Tu es un idiot Harry Potter et tu vas perdre ; tout perdre., Les premières paroles de Lorenzo lui provoquèrent des lancinements insupportables. Une toux grasse donc d'autant plus étrangère le surprit au même niveau que Giovanna. La faiblesse le transperçait de tous les côtés et il implorait juste l'arrêt de cette situation.
Le vice a été un vêtement pour moi, maintenant il est collé à ma peau., Giovanna rétorqua d'un ton sec, ses pupilles plantées dans les yeux de Lorenzo qui décela une colère et déception intenses. Il se reprocha immédiatement la lâcheté par laquelle il avait agi. Il désirait juste... Il ne savait pas trop en réalité.
Les pensées de Lorenzo étaient si confuses qu'il demanda à Giovanna de quel film était extraite cette réplique. Plus rien de logique ne se déroulait dans ses réflexions. La fatigue approchait d'ailleurs de manière narquoise...
Reste avec moi Lorenzo. Lorenzaccio, d'Alfred de Musset. Ce personnage que le lecteur exècre à cause de la trahison dans sa propre famille... Cette histoire est le résumé d'un secret que tu comprends juste à la fin quand le héros avoue jouer un double-rôle afin de rétablir la paix., Giovanna se servit un verre d'eau grâce à la carafe présente sur la table de nuit. « Vois-tu où je veux en venir ? Je pense que tu n'assumes pas encore ton côté humain. Tu devrais y songer parce que tu es un homme intéressant. ».
Lorenzo ouvrit la bouche pour contredire Giovanna mais la referma de sitôt à cause d'un manque considérable d'arguments. Il se sentait piégé dans cette situation en jugeant son peu de réponses comme une preuve flagrante de faiblesse. Il voulait de toute façon se reposer et que Giovanna reste à ses côtés le plus longtemps possible.
Giovanna grattait son vernis à ongles pendant qu'elle lisait les résultats médicaux de Lorenzo. Ses traits de visage paraissaient sérieux, presque anxieux. La fatigue se devinait dans ses cernes qu'elle tentait tant bien que mal de dissimuler avec un maquillage correctif. Elle s'était également accordée une pause concernant ses écrits. Son corps désirait des jours de repos.
Giovanna et Lorenzo attendaient dans un calme absolu. Les seuls bruits perceptibles étaient la chasse d'eau qui fuyait et l'eau coulant des tuyaux de chauffage. Un silence régnait dans cette chambre. La météo exécrable n'arrangeait pas non plus leur moral. Ils ne souhaitaient que des nouvelles positives, qu'importe leur provenance.
Elle refusa encore trois appels, rongea sans réfléchir l'ongle de son index gauche et se maudit immédiatement de paraître nerveuse face à Lorenzo commençant tout juste à rassembler les pièces du puzzle de la soirée. Comment était-elle intervenue ?
Quelqu'un frappa enfin à la porte. Giovanna et Lorenzo levèrent la tête et il tenta péniblement d'indiquer à la personne qu'elle pouvait entrer. Un médecin s'engouffra ainsi que... Osirus Jack. Lorenzo se redressa en tentant tout de suite de dissimuler les douleurs qu'il ressentait jusqu'en bas des reins. Osirus garda ses yeux en direction du sol, tel un ami honteux de l'accident subi par son complice.
Monsieur Issa Lorenzo Diakhaté. Vous êtes en vie notamment grâce aux premiers soins prodigués par Mademoiselle Bianchi. Elle n'a pas cédé à la panique malgré votre état puisque vous êtes arrivés dans une position latérale de sécurité parfaite. Vous pouvez la remercier pour ces réflexes., Le docteur posa une main félicitée sur l'épaule de Giovanna dont elle ne tarda pas à tressaillir. Elle détestait les gestes d'affection, surtout ceux qui provenaient d'inconnus. « L'overdose est un acte très grave. Cela est le motif pour lequel je vous prescris un séjour obligatoire en maison de repos. ».
Lorenzo grogna car il savait pour la première fois de sa vie qu'il n'était pas en mesure de négocier. Il vivait dans ses abus depuis trop longtemps. Giovanna l'avait sauvé et cette abnégation devait être respectée. Il se tourna vers elle dont les traits de son visage s'étaient totalement transformés. Qu'est...
Grave frère ! Déjà elle a aps fui quand t'as vomi, elle a ensuite appelé les secours... WAllah c'est une bonne, on peut l'inviter pour..., Osirus s'interrompit dans son discours suite aux expressions ahuries de Giovanna et du praticien.
Les premiers rayons chauds, réconfortants et optimistes du soleil pénétrèrent dans la chambre, et cette lumière apporta un vent de fraîcheur pouvant être perceptible pour ceux qui possédaient ce pouvoir de l'imaginer. Lorenzo ressentait une terrible envie de dormir, mais en même temps, cette énergie incroyable. Il regarda une dernière fois le généraliste et son ami parce que Lorenzo présageait que ce dernier n'était pas venu seul. Il accepta sans broncher l'ordonnance et arrêta ses yeux sur l'attitude renfermée de Giovanna. Elle semblait terriblement ne pas être étrangère à cette catastrophe...
L'addictologue posa ses recommandations sur la table roulante et Osirus s'approcha afin de saluer son ami de sa main. Lorenzo était fatigué mais résistait pour interroger Giovanna. Il entendit même Zuukou Mayzie et Norsacce chuchoter entre eux jusqu'à ce qu'une infirmière ferme la porte.
Lorenzo épia Giovanna feintant de lire les articles courts publiés par des magazines avec une ligne éditoriale qui était loin de représenter un journalisme sérieux et respectueux. Elle paraissait fuir...
C'est qui la personne dont t'as jamais accepté l'overdose ?, Lorenzo accordait une confiance totale à son intuition. Il devait savoir ce que Giovanna cachait.
Je suis désolée Lorenzo., Giovanna afficha des traits imperturbables, se leva comme si elle avait été victime d'une décharge électrique et déchiffra cette écriture si spéciale en réajustant son écharpe. « Les visites sont autorisées tous les après-midis à la demande du patient et de son visiteur. Je connais cet établissement où le personnel est compétent et tolérant. Ils acceptent effectivement l'utilisation du portable et la seule condition pour que tu gardes ce lien vers l'extérieur est qu'ils voient ce que tu fais. C'est la raison pour laquelle je me suis permise d'enregistrer mon numéro. ». Debout devant Lorenzo, elle sembla hésiter à effleurer ses doigts sur ceux de l'homme qu'elle avait physiquement sauvé.
Sauf que Giovanna savait à présent que la guérison de Lorenzo ne dépendait que de lui. Le processus allait être long et difficile, surtout avec les questionnements incessants des personnes malades.
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